Nous sommes actuellement le 27 Avr 2024 4:03

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 5 message(s) ] 
Auteur Message
Message Publié : 06 Oct 2003 13:01 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque

Inscription : 01 Juil 2003 14:45
Message(s) : 130
Localisation : N Belgique / Bruxelles / Bruxelles-Capitale
Que pensez-vous de ce personnage ?

"La discipline n'est qu'un instrument pour conduire une communauté dans une direction, pas pour l'éduquer dans une voie unique." (Otto Strasser)

Né le 10 septembre 1897 au sein d'une famille bavaroise dont le père fonctionnaire professait des idées sociales-chrétiennes, Otto Strasser s'engagea comme volontaire dès août 1914. Il fut blessé à deux reprises et il obtint le grade de lieutenant d'artillerie en 1917. Vers la fin du conflit, il fut proposé à l'ordre de Max Joseph, une fort rare distinction qui conférait la noblesse, mais l'armistice l'empêcha de la recevoir. Après la guerre, il entama des études en droit et en économie. Membre du parti social-démocrate, il dirigeait l'association étudiante qui regroupait les anciens combattants de gauche. Lors d'un congrès, il rencontra Zinoviev qui l'attira vers les thèses bolcheviques et le convainquit de la nécessité d'une alliance entre l'Allemagne et l'Union soviétique.
Lorsqu'en avril 1920, Kapp et le général Lütwitz tentèrent un putsch, afin d'instaurer un gouvernement autoritaire et conservateur; Otto Strasser prit la tête de quelques centuries rouges pour les combattre. Les ouvriers de la Ruhr déclenchèrent une grève générale et, faute de soutien populaire, le coup d'Etat échoua. Dans le but de rétablir le calme, le gouvernement passa un accord avec les grévistes socialistes, mais les communistes voulaient poursuivre la lutte. Non sans perfidie, les ministres sociaux-démocrates utilisèrent les corps francs qui avaient soutenu Kapp pour écraser la rébellion bolchevique! Ecœuré par un tel comportement, Otto démissionna du parti.

Les débuts du NSDAP

De son côté, son frère aîné Gregor s'était engagé au Deutsch Arbeit Partei, le futur NSDAP. Il avait profité de sa profession de pharmacien à Landshut qui faisait de lui un notable de province. Surtout, il avait transformé l'association d'anciens combattants qu'il présidait en section nationale-socialiste au printemps 1920, ce qui lui permit de devenir le premier gauleiter du parti. Il vouait déjà une profonde estime à Hitler qui n'était encore qu'un obscur politicien provincial. En octobre 1920, il invita Otto à un repas en compagnie du général Lüdendorff et de Hitler. Les deux personnages éprouvèrent une immédiate et réciproque antipathie dont ils ne se départiront jamais.
Pendant que Gregor se consacrait corps et âme à la politique, Otto poursuivit ses études. Il lut Spengler et se convertit aux thèses de Moeller van den Bruck. A la fin de son doctorat, il devint conseiller au Ministère de l'alimentation, puis cadre d'un Konzern. En 1923, sur les instances de son frère, il prit sa carte au NSDAP et il fournit des articles doctrinaux au "Völkischer Beobachter", l'organe du parti, sous le pseudonyme d'Hulrich des Hutten. Gregor participa au putsch manqué de 1923, mais il échappa à la prison. L'année suivante, il emportait un siège de député.
Durant son séjour en prison, Hitler laissa sciemment les factions nazies s'entredéchirer. A sa sortie, en décembre 1924, le parti était secoué par les querelles internes, les conflits idéologiques et les rivalités personnelles. Dès lors, Hitler pouvait se poser en sauveur et en arbitre des conflits. Par la suite, il usera souvent de cette technique pour asseoir son autorité, jouant des divisions qu'il entretenait au sein du mouvement. En attendant, Hitler ne contrôlait réellement que le Gau de Munich. Tirant les leçons de son échec, il avait décidé de transformer son parti putschiste en organisation de masse qui prendrait les rennes du pouvoir par la voie légale.

Conquérir le nord

Le NSDAP était surtout implanté en Bavière, il fallait partir à la conquête du reste de l'Allemagne. Gregor proposa à Hitler de se charger du nord du pays. Hitler, qui connaissait ses talents d'organisateur, lui confia cette tâche. Gregor disposait de plusieurs atouts. Député, il jouissait de l'immunité parlementaire et possédait une carte de libre circulation, alors qu'Hitler ne pouvait quitter la Bavière et était inéligible depuis sa condamnation. Gregor avait de l'éloquence et il pouvait compter sur les talents de journaliste de son frère. Otto démissionna de son emploi et il fonda les Kampf Verlag (Editions Combat) avec son indemnité de licenciement. Toutefois, il n'occupa aucune fonction officielle, ce qui limita son influence aux cadres du nord de l'Allemagne.
En quelques semaines, les frères Strasser implantèrent des structures en Prusse, Saxe, Hanovre et Rhénanie. Ils créèrent l'"Arbeitgemeinschaft der nord- und westdeutschen Gauen der NSDAP" (la communauté de travail des gaus nord et ouest allemand). Ils fondèrent aussi un journal, le "Berliner Arbeiterzeitung" et un périodique doctrinal, les "Nazionalsozialistische Briefe". Parmi les cadres de la communauté, on trouvait Lutze, le futur chef de la SA et Josef Goebbels, le plus "national-bolchevique" de l'équipe. Les frères Strasser avaient remarqué les qualités de ce dernier, qui était alors l'attaché parlementaire d'un député nationaliste, et Gregor l'avait engagé comme secrétaire particulier.
Dans le nord industrialisé de l'Allemagne, les socialistes et les communistes tenaient le terrain. Le programme sommaire en 25 points du NSDAP, rédigé en 1920, s'avérait insuffisant et inadapté pour convertir les classes moyennes et les ouvriers. Par conséquent, les deux frères s'attelèrent à l'élaboration d'un nouveau programme à la fois anti-capitaliste et anti-marxiste. Mais les tentatives de définition du national-socialisme déplaisait à Hitler qui préférait, pour des raisons tactiques, ne pas divulguer sa pensée. Il ne désirait pas avoir de réel programme tant qu'il ne serait pas en mesure de l'imposer. Il aspirait au pouvoir et pour l'obtenir, il considérait qu'il suffisait de promettre la grandeur et la prospérité de l'Allemagne.
Au Reichstag, Gregor déposa un projet de loi un projet de loi sur la limitation des taux d'intérêts et l'expropriation des holdings et des banques. Il proposa également que les députés nazis joignissent leurs voix à celles des socialistes et des communistes pour voter une loi sur la confiscation des biens des anciennes familles régnantes, mais Hitler désavoua son initiative, car il devait ménager ses financiers, comme l'industriel Thyssen.

Les congrès de Hanovre et Bamberg

En novembre 1925, les dirigeants de la communauté assemblés en congrès à Hanovre adoptèrent le programme des frères Strasser en remplacement des 25 points. Le programme de Hanovre prônait la nationalisation des grandes entreprises et des banques ainsi que la limitation de la propriété privée. L'Allemagne et l'URSS devaient s'allier dans une guerre de libération nationale contre les puissances impérialistes occidentales. La question de l'"expropriation des princes" revint également sur le tapis. Les débats furent houleux et les délégués de Hitler ne purent se faire entendre. Goebbels ou un gauleiter aurait même exigé l'exclusion du parti du "petit bourgeois Adolf Hitler".! Dès lors, Gregor devenait le rival d'Hitler dont l'autorité au sein du NSDAP ne dépassait guère la Bavière.
Hitler contre-attaqua en février 1926, il convoqua un congrès à Bamberg en semaine. Comme la plupart des délégués du nord travaillaient et n'avaient pas assez d'argent pour se payer le voyage, la tendance Strasser fut mise en minorité. De surcroît, Goebbels rallia le camp du futur chancelier. Hitler fit voter l'inaltérabilité des 25 points, ce qui mettait les frères Strasser en position de fractionnistes. Ensuite, Hitler proposa une conciliation à Gregor en lui offrant le poste de chef de l'organisation du parti afin de le neutraliser. Isolé, Gregor dut céder, néanmoins, il conservait son indépendance et restait un concurrent gênant. Il accepta le compromis par discipline de parti, mais aussi parce qu'il croyait que la dérive conservatrice et pro-capitaliste d'Hitler était due aux mauvaises influences de son entourage qu'il pensait pouvoir contrebalancer en restant au sein du NSDAP.
Par conséquent, Otto Strasser était isolé avec quelques cadres sympathisants. En récompense, Hitler récompensa le ralliement de Goebbels en le nommant gauleiter de Berlin, afin qu'il concurrençât Otto Strasser dans la capitale. Dans son journal l'"Angriff", Goebbels se livra à une surenchère socialiste pour réduire l'influence d'Otto Strasser dans les milieux ouvriers. De son côté, Hitler exclut les partisans de Strasser du NSDAP et les remplaça par des affidés les gauleiters favorables à l'aile gauche du parti. Le parti multiplia les tracasseries administratives et les SA vinrent troubler les meetings de Strasser.
D'un point de vue électoral, Hitler voulait séduire la droite conservatrice et obtenir le soutien de la haute finance. A cet effet, il limita la phraséologie anticapitaliste et intensifia les campagnes anticommunistes et antisémites. Pour Otto Strasser, Hitler trahissait la révolution socialiste au profit de la réaction. Il était convaincu que le parti devait adopter une ligne résolument révolutionnaire pour recueillir l'adhésion des ouvriers déçus par un parti social-démocrate trop lié aux bourgeois et un parti communiste aux ordres de Moscou. Selon lui, la fondation du IIIe Reich passait par une révolution menée aux côtés des marxistes qu'il faudrait ensuite convaincre de l'inutilité de la lutte des classes et de l'internationalisme. Contre vents et marées, malgré les tentatives d'intimidation musclées, Otto Strasser continua de défendre ses positions révolutionnaires au travers de ses publications qui rencontraient un certain écho, surtout dans la SA.

La rupture et la création de la NSKD

En avril 1930, les syndicats ouvriers de Saxe décrétèrent une grève générale. Strasser mit ses journaux au service de la cause, en particulier le "Sächsicher Beobachter". Le patronat s'en plaignit à Hitler qui adressa un ultimatum à Strasser. Le 21 mai, Hitler, de passage à Berlin, l'invita en son hôtel afin d'aplanir leurs différends. Il se fit tantôt cauteleux, tantôt menaçant. Hitler voulait que Strasser dissolve ses "Editions Combat" qui concurrençaient sa propre presse, en échange il lui proposa des postes avantageux Mais Strasser n'était ni peureux ni vénal, il ne céda rien. Le 3 juillet, il démissionnait du NSDAP et le 4, il publiait un compte rendu de son entrevue avec le Führer sous le titre "Un portefeuille de ministre ou la révolution" .Il dénonça la dérive bourgeoise d'Hitler dans un article intitulé "Les socialistes quittent le NSDAP". Dans ces articles retentissants, il dénonçait l'organisation du NSDAP qui était devenu un parti de caciques dont la ligne s'éloignait de plus en plus des 25 points "immortalisés" à Bamberg. Il traitait Hitler de traître à la révolution socialiste et il attaquait le "Führerprinzip" selon lequel chacun devait se soumettre à sa tactique opportuniste au détriment de l'idéologie. Opposé au bellicisme d'Hitler, il écrivit cette phrase qui ferait tomber de son sus un de nos antifascistes actuels : "Pour nous, le national-socialisme a toujours été un mouvement anti-impérialiste et dont l'esprit devait se borner à conserver et à assurer la vie et le développement de la nation allemande sans aucune tendance à dominer d'autres peuples et d'autres pays". En guise de réponse, Hitler s'empressa d'exclure les derniers partisans d'Otto Strasser.
De son côté, il fonda la "Nazionalsocialistische Kampfgemeinschaft Deutschland" (NSKD). Dès lors, il existait deux partis nationaux-socialistes distincts. De nombreux transfuges du NSDAP dont plusieurs gauleiters rejoignirent les rangs de la NSKD. Autour de ce noyau, il tissa des liens avec d'autres groupes völkisch ou nationaux-bolcheviques tels que le "Wehrwolf" (loup-garou), le "Jung deutsche Orden" ou le "Mouvement révolutionnaire des paysans". En outre, des intellectuels sympathisaient avec le mouvement au travers de groupes comme le "Tatkreis" (le "Cercle d'Action") qui éditait la revue "Die Tat", très lue dans les milieux nationalistes et militaires. Le mouvement lança la revue "Die deutsche Revolution" qui tirait à 10.000 exemplaires. En décembre 1930, la NSKD comptait 5000 adhérents, 6000 au printemps suivant, ce qui était évidemment dérisoire en regard des 300.000 membres du NSDAP. Néanmoins, Otto Strasser caressait le projet de rassembler tous les opposants révolutionnaires à Hitler, les nationalistes comme les communistes.
Le 25 août 1930, le parti communiste allemand (KPD) publiait sa "Déclaration programme pour la libération nationale et sociale du peuple allemand". Le texte enthousiasma les cadres du NSKD qui avaient affirmé que seule la question de l'internationale les séparaient encore du KPD. Mais les dirigeants de la NSKD s'illusionnaient en croyant que les communistes abandonneraient une partie de leur dogme, il s'agissait avant tout d'une prise de position tactique visant ramener dans le droit chemin les ouvriers qui votaient pour le NSDAP.
Dans un premier temps, les militants de la NSKD et du KPD collaborèrent sur le terrain et participèrent à leurs meetings réciproques, mais les deux directions ne s'entendaient pas, d'autant qu'une partie de ses militants passaient au parti communiste. Bien involontairement, Otto Strasser avait créé une passerelle entre les nationaux-socialistes et les communistes, la NSKD attirait des militants nazis sur sa droite, mais elle perdait les siens sur sa gauche; elle fonctionnait comme une pompe aspirante-refoulante.
Au printemps 1931, les SA de Berlin se révoltèrent contre le parti pour des raisons essentiellement alimentaires (leur traitement n'était plus versé, car le NSDAP avait de problèmes financiers). Sous la conduite de Stennes, ils occupèrent la résidence du gauleiter Goebbels qui se réfugia à Munich. Les SA s'emparèrent de l'imprimerie et publièrent l'"Angriff" pour leur compte. Afin de mater la fronde, Hitler recourut aux services de Röhm qui venait de rentrer de Bolivie. Avec l'aide des SA de Munich, des SS et de la police, il mata la rébellion. Du coup, plusieurs milliers de SA berlinois firent sécession et quelques centaines adhérèrent au NSKD. Le commandant Ehrhardt, un ancien chef de corps franc anti-hitlérien qui était un agent de la Reichwehr, joua l'entremetteur entre Stennes et Strasser, afin qu'ils unifiassent leurs forces au sein d'une structure commune. Malheureusement, des journaux nazis et communistes divulguèrent la nouvelle, soulignant qu'Ehrhardt avait versé de l'argent aux deux hommes, ce qui entraîna une crise au NSKD. Pour Strasser, peu importait d'où venait l'argent, mais, dans l'affaire, il perdait son image de révolutionnaire; puisqu'il avait composé avec le gouvernement, il ne paraissait plus assez radical aux yeux de certains militants. Nombre de membres quittèrent le mouvement durant l'été. En septembre Stennes lui-même claquait la porte. De toute manière, l'activiste Stennes et l'intellectuel Strasser ne pouvaient s'entendre. A l'automne, les troupes de Strasser étaient réduites à 2000 hommes.

Le Front noir

Le 6 septembre 1931 paraissait le premier numéro de la revue "Die schwarze Front" qui donnera son nom au mouvement rénové. Lancée sans fond de caisse, elle rencontra un succès immédiat. Mais, vu la répression, les membres du "Front noir" se résolurent à entrer dans la clandestinité. Ses effectifs étant réduits, le "Front noir" se concevait comme une école de cadres et il agissait par la diffusion de ses publications et de ses tracts. Il possédait ses troupes d'assaut, les SA noirs qui chassèrent plusieurs fois les bruns des réunions à coup de pieds de table, malgré leur infériorité numérique. Les militants saluaient à la romaine au cri de "Heil Deutschland!". L'insigne était composé d'une croix gammée ajourée d'un marteau et d'un glaive…
En décembre 1932, von Scleicher devint chancelier. Il considérait qu'il était plus facile de s'entendre avec Gregor Strasser plutôt qu'avec l'imprévisible Hitler. Il lui proposa donc le poste de vice-chancelier et de Premier ministre de Prusse dans une coalition avec les nazis. Mais Gregor ne parvint pas à convaincre Hitler de participer au gouvernement, par conséquent il démissionna. Fatale erreur! Car il laissait le champs libre au Führer qui mit main basse sur l'organisation du nord. Toutefois, le limogeage de Gregor apporta un regain de vigueur au Front noir qui recueillit 4000 adhésions.
Quelques semaines plus tard, Hitler prenait le pouvoir. Dès le 4 février le gouvernement nazi déclarait le "Front noir" illégal. Le 28 Otto Strasser quittait Berlin, échappant de peu à l'arrestation. Nombre de ses camarades moins chanceux ou moins délurés connurent la prison, la torture et la mort. Otto ne se séparait plus jamais de son revolver qui lui sauva la vie à plusieurs reprises. Il ordonna aux militants qui n'avaient pas été repérés de s'engager dans l'armée, la police, les SS ou les SA, afin de poursuivre le travail de sape idéologique. Le 30 juin 1934, Gregor Strasser était arrêté puis exécuté par la Gestapo.
Otto entama un long et périlleux périple qui le mena à Vienne, puis à Prague d'où, pendant plusieurs années, il inonda le Reich de ses pamphlets; puis il s'enfuit en France et enfin au Canada. Pendant et après la guerre, il rédigea plusieurs ouvrages, en partie autobiographiques, sur l'Allemagne. A son retour au pays, en 1955, il essaya vainement de lancer un parti, l'"Union sociale allemande". Il décéda en 1974.

*
* *

De 1919 à 1924, le NSDAP était un groupe révolutionnaire et putschiste. Avant le coup d'Etat manqué de 23, Hitler n'était pas encore le principal leader du NSDAP, il ne prit la tête du parti qu'après sa sortie de prison et la mise au pas, par étape, de l'aile gauche. Le NSDAP se métamorphosa en mouvement de masse et abandonna ses conceptions révolutionnaires et socialistes. En réalité, c'est une des formes du national-socialisme qui a remporté la victoire. Un IIIe Reich gouverné par la tendance Strasser aurait certainement présenté un aspect fort différent de celui dont nous avons connu l'avènement. En effet, Strasser prônait une politique étrangère pacifique et il ne voulait pas gouverner avec les Konzern.
Pourtant, aujourd'hui, toute personne qui professe des sentiments nationalistes se voit traitée de "nazi", comme si l'hitlérisme était la seule expression possible du nationalisme. L'idée implicite étant de faire croire que les idées identitaires mènent irrémédiablement à l'horreur. Depuis la chute du mur de Berlin, l'idéologie communiste subit le même sort, on déterre les morts pour l'accuser des pires maux. Quand fera-t-on le procès du libéralisme, ce système qui s'est bâti sur la souffrance, la misère et l'abaissement au rang d'animal de millions d'hommes au 19e siècle ?
Or, les luttes entre courants au sein du NSDAP et la scission de la NSKD montre que le national-socialisme n'était pas, loin s'en faut, un bloc monolithique intangible. Nos médias contemporains occultent également par simplisme l'existence de nombreux et variés groupes völkisch, nationaux-révolutionnaires et nationaux-bolcheviques. En outre, ils entretiennent une confusion entre le national-socialisme et l'hitlérisme. Soulignons au contraire que ces mouvements nationalistes moins connus furent parmi les premiers résistants à Hitler.
A notre sens, le NSDAP mérite l'étiquette d'"extrême-droite" à partir du moment où il a renoncé à l'aspect révolutionnaire et anticapitaliste des 25 points. En revanche, les authentiques nationaux-socialistes comme Strasser ne peuvent entrer dans cette catégorie, ils sont des nationalistes de gauche, des révolutionnaires au même titre que les communistes ou les premiers socialistes.

Frédéric Kisters

Sources :

Karl Dietrich BRACHER, Hitler et la dictature allemande, Paris, 1995 (1er éd. 1969)
Louis DUPEUX, Stratégie communiste et dynamique conservatrice. Essai sur les différents sens de l'expression "national-bolchevisme" en Allemagne, sous la République de Weimar (1919-1933), Paris-Lille, 1976
Jean-Pierre FAYE, Langages totalitaires, Paris, 1972
Patrick MOREAU, "Socialisme" national contre hitlérisme : le cas Otto Strasser, dans La révolution conservatrice dans l'Allemagne de Weimar (dir. Louis DUPEUX, Paris, 1992, p. 377-389
Otto STRASSER, Hitler et moi, Paris, 1940
Idem, L'aigle prussien sur l'Allemagne, New York Montréal, 1941
Idem, History in my time, Londres, 1941
Idem, Mein Kampf, Frankfurt-am-Main, 1969
Otto Strasser et Victor ALEXANDROV, Le Front noir contre Hitler, 1968
On trouvera un compte-rendu de la dernière rencontre entre Otto Strasser et Hitler les 21 et 22 mai 1930 sur le site http://www.unité-radicale.com. les 25 points sont disponibles sur plusieurs sites historiques.
catégorie, ils sont des nationalistes de gauche, des révolutionnaires au même titre que les communistes ou les premiers socialistes.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : N.S.D.A.P
Message Publié : 24 Nov 2004 23:13 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 24 Nov 2004 23:10
Message(s) : 1
Localisation : Normandie
Bonjour,

Je suis en Deug II d'Histoire et je travaille en ce moment pour un exposé sur un texte daté du 4 juillet 1930 et qui commence par: les socialistes quittent le N.S.D.A.P Lecteurs, membres du parti, Amis!
J'ai vu dans votre article que vous y faisiez allusion alors je voulais savoir si vous aviez plus d'infos à ce sujet ou des références bibliographiques à me donner.
Merci d'avance.
Julien


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 23 Avr 2005 0:39 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 23 Avr 2005 0:22
Message(s) : 4
Localisation : Paris
Otto Strasser a été un authentique opposant nationaliste à Hitler que l'on peut définir comme national-socialiste de gauche.

On peut comparer son action à celle d'Ernst Niekisch, le fameux "national-bolchevik" (c'est à dire favorable à l'alliance Allemagne-URSS) dirigeant du groupe "Widerstand" et auteur de "Hitler, une fatalité allemande".


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 02 Déc 2006 18:34 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 30 Juil 2003 21:44
Message(s) : 1678
Localisation : Lorraine
John smith a écrit :
Otto Strasser a été un authentique opposant nationaliste à Hitler que l'on peut définir comme national-socialiste de gauche.

On peut comparer son action à celle d'Ernst Niekisch, le fameux "national-bolchevik" (c'est à dire favorable à l'alliance Allemagne-URSS) dirigeant du groupe "Widerstand" et auteur de "Hitler, une fatalité allemande".

Comment définissez vous un "national-socialiste de gauche" à la différence d'un national-socialise tout court ?


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 01 Juil 2007 12:19 
Les distinctions sont pertinentes eu égard àl'Histoire des années 30 mais aujourd'hui on ne peut plus pênser comme à lpoque. Le "protectionnisme" en marche dans et malgré la mondialisation apparait semblable, cependant...
On ne peut jouer le jeu que si tout le monde respecte les règles du dit jeu!
Le problème d'Hitler était une vision folle qui se sépara et dont se séparèrent nombre de ses amis...même les plus intimes des débuts comme les Hansfstaengl (éditeurs de Hitler)
Le nationalisme allemand rassemblait des Juifs allemands et des Allemands de souche...qui combattirent dans les tranchées avec statistiquement plus de juifs que leur nombre de - de 1% des Allemands n'eût espéré en rassembler!
L'Hitlerisme était une doictrine raciale antijudaïque délirante qui faisait passer loin derrrière, toute autre préoccupation stratégique...(En Juillet 1944, les trains de "vieillards" pour les chambres à gaz passaient avant les trains de marchandises du Front).
Il n'est pas étonnant qu'Hitler ait usé de la folie meurtrière anti juive datant de siècles en arrières en Allemagne pour galvaniser la masse des crétins. Les vrais hommes de gauche étant condamnés, comme en Russie d'ailleurs, à fournir des cibles aux pelotons d'exécutions....


Haut
  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 5 message(s) ] 

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 38 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB