cush a écrit :
Si ma mémoire est bonne, Foch voulait au contraire entrer en Allemagne, tout au moins pour occuper les rives du Rhin.
Non, Foch était partisan de l'armistice immédiate. C'est après l'armistice qu'il a manoeuvré pour favoriser l'émergence de mouvements séparatistes en Rhénanie - occupée par l'armée française - espérant séparer ces régions du reste de l'Allemagne, avant d'être rappelé à l'ordre par le gouvernement français. (J'imagine qu'on l'a empêché de jouer cette carte parce que cela revenait à torpiller les chances de la démocratie, de la république de Weimar. Ou peut-être plus simplement parce que Clémenceau estimait que ce n'était pas le rôle des militaires de faire de la politique à la place du gouvernement, un point sur lequel il était intransigeant.)
Foch accepte l'armistice immédiat en disant qu'il est inutile de continuer à sacrifier les soldats. Poincaré, président de la République, proteste que "l'on coupe les jarrets de notre armée." Clémenceau exigera un démenti ou un retrait de cette phrase.
Pétain, qui a maintenu l'offensive de ses troupes - offensive conjointe avec les Américains - jusqu'aux derniers jours de la guerre (et jusqu'au matin même du 11 novembre) poursuivra longtemps Foch de sa vindicte.
En fait, les militaires et les politiques français (et alliés) ont sous-estimé l'état de désagrégation de l'armée allemande, où bon nombre d'unités refusent de se battre. Certains soldats allemands rentrent même carrément chez eux. Manque de renseignement du côté français, je pense. La résistance allemande repose sur un nombre limité de divisions qui ont gardé leur combativité. Ils sabotent systématiquement les zones qu'ils évacuent, font sauter les ponts et piègent, minent tous les obstacles possibles, ce qui ralentit considérablement l'avance des alliés. Mais il aurait peut être suffi de quelques semaines supplémentaires pour assister à une débandade complète de l'armée allemande.
Le choix de l'armistice par Clémenceau a deux raisons essentielles : la lassitude des soldats français et de l'opinion, et surtout le refus américain d'envahir l'Allemagne.
Dans le climat de l'époque, la victoire alliée étant indiscutable, il était difficile de prévoir les conséquences à long terme de la non-occupation de l'Allemagne. D'ailleurs rien n'était écrit d'avance : sans la crise économique de 29, il n'y aurait pas eu Hitler.