Aigle a écrit :
La revue d'histoire diplomatique vient de publier un article "réhabilitant" la stratégie du colonel Beck, ministre des affaires étrangères polonais de 1932 à 1939 avec les arguments suivants : l'alliée française était déclinante et attentait à l'indépendance de la Pologne qui devait exister librement en jouant un équilibre entre l'URSS et l'Allemagne. Il n'y aurait pas eu d'alternative : se tourner vers Moscou aurait débouché sur la soviétisation du pays, se tourner vers Berlin aurait abouti à la vassalisation, se rapprocher de la France n'avait pas de sens vu la faiblesse croissante de la IIIè République...
Cette vision me semble excessive - car Beck s'est vraiment trompé en sous-estimant Hitler.
Déjà, la "politique étrangère de Beck" est celle de Pilsudki jusqu'en 1935, date de la mort du maréchal. Les quatre années suivantes, il suit grosso modo la même ligne.
Si quelqu'un a sous-estimé Hitler, ce sont plus les Franco-Britanniques que les Polonais, qui avaient proposé à Paris et à Londres une guerre préventive contre Hitler dès 1933! Devant leur refus quelque peu hautain, il ne restait plus beaucoup d'options à la Pologne que de faire le gros dos.
Aigle a écrit :
Absolument : ma vision du sujet est que la Pologne en optant en 1919/1921 pour un vaste territoire incluant de nombreuses minorités (biélorusses, lituaniennes, allemandes) et créant de nombreux contentieux avec tous ses voisins (sans oublier la Tchécoslovaquie dont ils revendiquaient Teschen je crois) s'interdisait d'avoir des alliés, multipliait les adversaires et implicitement les conduisait à s'allier entre eux contre elle !
On pourrait en dire autant d'à peu près tous les pays créés après la Première Guerre Mondiale. Remplacez "Pologne" par "Tchécoslovaquie" et "minorité lituanienne" par "minorité allemande", et vous avez presque la justification de l'annexion d'une partie de la Tchécoslovaquie par Hitler en 1938...