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Message Publié : 13 Déc 2012 0:54 
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Jean Froissart
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Rousski ne sait trop que faire.

Deux représentants de la Douma, prévenus par télégraphe, partent dare-dare de Petrograd pour rejoindre le Souverain (ou ce qu'il en reste) et l'amené à abdiquer. Ils n'en auront même pas le temps ...

Les télégrammes que reçoit Rousski de la capitale l'affolent en lui faisant découvrir, quoique de manière parcellaire, la catastrophe en cours : la ville est en pleine émeute, la garnison se rallie massivement à la révolution, tout le monde se met à bouger en même temps. Tout le monde sauf les bolcheviques, complètement pris de court et qui ratent totalement l'évènement.

Alexeïev, depuis Moghilev, suit aussi ces échanges de télégrammes, et se convaint que la monarchie est perdue. Il envoit alors à Rousski le message de bloquer le Tsar sur place cependant qu'il demande aux commandants d'armée des différents fronts, toujours par télégrammes, de lui faire part de leur opinion sur la situation.

Tous laissent tomber Nicolas II.

Alexeïev confie alors au général Rousski la charmante mission d'annoncer au souverain qu'il doit laisser la place, d'une manière ou d'une autre.

L'hypothèse d'une abdication en faveur d'Alexis est alors présentée au Tsar, ce qui est assez illusoire quand Petrograd est prise d'une folie furieuse anti-monarchiste. Cependant cette solution politique, d'attente et nécessitant la mise en place d'une régence, aurait permis un temps de stopper la déferlante.

C'est Nicolas II qui refuse ...

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"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


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Message Publié : 13 Déc 2012 0:56 
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Le malheureux Tsarevitch n'aurait jamais pu devenir Tsar, ne serait-ce que parce que l'hémophilie qui le minait l'aurait, dans l'état de la médecine de l'époque, tué immanquablement.

Mais ce qui est bien plus grave, c'est qu'avec ce refus Nicolas vient d'enterrer la monarchie Romanov avec lui.

L'empereur se replie alors complètement, plus encore qu'avant s'il est possible, sur son cercle familial, et fait savoir aux généraux qui l'entourent que la seule chose qui compte à ses yeux est sa famille, là-bas à Tsarkoïe Selo.

Certes la famille impériale, au destin atroce, ne peut qu'émouvoir. C'est cependant oublier qu'ainsi le Tsar lache les rênes sans envisager une seconde de se battre.

"De toute façon je suis né pour le malheur" ...

On comprendrait Louis XVI prononcer ces mots au pied de la guillotine, mais Nicolas II au milieu de ses officiers, alors que rien ne semble encore noué, jette une ombre fatale sur l'homme d'Etat qu'il avait été et qu'il venait insensiblement de cesser d'être depuis le début de la guerre.

Par son abdication "sans condition", le Tsar lance en effet la Russie dans l'inconnu puisqu'aucune solution n'est, ni proposée ni envisagée.

Dans la journée du lendemain, des députés de la Douma vont au Palais d'Hiver proposer le pouvoir au Grand-Duc Michel, cadet un peu nul de Nicolas. Par acquit de conscience et parce que le télégraphe fonctionne encore, on interroge l'ex-souverain sur cette idée : il fait part à nouveau de son refus, ce qui soulage considérablement son frère, complètement dépassé par les évènements et politiquement un peu en-dessous du zéro.

C'est bien gentil, tout ça, mais pendant ce temps on se tire à vue dans les rues de Petrograd. Il faut au plus vite faire rentrer la garnison dans ses casernes (170 000 hommes quand même) et les ouvriers dans leurs usines, et tous les autres, car en février 1917 les employés, les artisans, les professions libérales s'emballent aussi.

Un gouvernement provisoire est alors monté de toutes pièces avec ceux qui peuvent, et surtout ceux qui veulent; Kerenski est de ceux là.

Le général Kornilov, commandant d'une garnison qu'il ne contrôle plus du tout, est chargé d'une mission déshonorante dont il s'acquitte parfaitement : il procède à l'arrestation de l'impératrice et de ses enfants, à Tsarkoïe Selo. Kornilov, qui dans quelques mois va créer l'Armée des Volontaires, aux côtés (peu amènes) d'un Alexeïev horrifié par ce qu'il a participé à déclencher.

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Message Publié : 13 Déc 2012 0:58 
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Il va alors se produire une ignominie comme l'histoire en offre peu d'exemples.

Cependant que le Tsar déchu rejoint sa famille à Tsarkoïe Selo, l'une des questions (parmi quelques millions d'autres) qui se posent au gouvernement provisoire est de savoir que faire de la famille impériale.

Dans un premier temps, un choix illusoire est procédé à Nicolas lui-même, soit de s'exiler, soit de partir vers la Crimée.

Illusoire parce que le gouvernement provisoire, dédoublé et bientôt doublé par le Soviet de Petrograd, propose ce qu'il est absolument hors d'état d'organiser face à une véritable furie anti-monarchiste.

Alors il est proposé, via l'ambassadeur anglais Buchanan, à la Grande Bretagne d'être le refuge de la famille impériale (et pas des autres Romanov, fort nombreux et abandonnés à leur sort).

Buchanan relaie la demande, qui est adressée directement par les russes au Roi d'Angleterre en faisant appel au sens de la famille. Après tout le Tsar et le Roi sont cousins, et d'ailleurs presque jumeaux par l'apparence physique.

Le gouvernement anglais donne rapidement son accord de principe. Il est en mesure d'envoyer des navires de guerre puissants en Baltique et de sauver la famille impériale.

C'est Buckingham qui, à la stupéfaction de Downing Street, va stopper le mouvement. Les conseillers de George V lui ont fortement déconseillé d'accueillir les Romanov dont la présence pourrait s'avérer "gênante". Georges V couvre et laisse faire.

Le cabinet, qui a d'autres chats à fouetter à l'aube de l'offensive de la Somme, jette le gant. Les Romanov resteront en Russie.

Ce ne sont pas les rouges, c'est Kerenski qui va les envoyer en Sibérie, à Tobolsk dans un premier temps, après avoir lui-même pris le pouvoir, à la toute fin juillet 1917.

Leur sort est scellé, car la guerre civile commence à gronder et les bolcheviques, revenus de leur monumentale erreur de jugement de février, sont de plus en plus en force au Soviet.

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Message Publié : 13 Déc 2012 1:00 
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En avril 1918, alors que ça commence à brûler en Russie, le Sovnarkom (gouvernement révolutionnaire) donne l'ordre de transférer la famille impériale à Iekaterinbourg.

Les ordres de détention sont d'une parfaite clarté : ils doivent être gardés comme otages, mais si jamais il apparaissait possible qu'ils soient libérés ne serait-ce que par une jacquerie locale, il faut les passer au débit du compte.

En fait, mi juillet, la décision est prise de les liquider en tout état de cause.

L'approche de la première armée sibérienne blanche ne fera qu'accélérer l'exécution de l'ordre venu de Moscou.

Le 17 juillet 1918, le Tsar, son épouse et tous les enfants sont massacrés dans la maison Ipatiev ou ils étaient internés.

L'un des exécuteurs se nomme Imre Nagy. C'est un jeune bolchevique hongrois. La garde des Romanov a en effet été constituée volontairement de gardes rouges essentiellement non russes (restons prudents).

En 1956, Imre Nagy sera à la tête de la révolte de la Hongrie, et, arrêté par les soviétiques, sera pendu par le KGB pour menées contre-révolutionnaires ...

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Message Publié : 13 Déc 2012 1:12 
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Exit la famille impériale ....

Pour le reste du gigantesque clan des Romanov, ceux qui n'ont par eu la chance ou la volonté de quitter la Russie vont être liquidés, passés au débit du compte en gros et en détail.

Lénine a donné l'ordre définitif à la jeune Tchéka : "liquidez la lithanie". La "lithanie" en question était, dans l'ancien régime, l'habitude des églises orthodoxes de citer tous les membres des Romanov pour les confier à Dieu.

Ils seront donc liquidés comme ennemis du peuple, et ils ne vont pas être les seuls.

Le processus révolutionnaire combiné à la mise en place d'une véritable dictature va aboutir dès les premières semaines après octobre à la mise en place d'un système de terreur systématique, c'est-à-dire de mise à mort de toutes celles et tous ceux qui sont contre-révolutionnaires ou ennemis du peuple.

La lutte des classes est alors dénaturée en lutte des "races" : on est coupable par nature, et non par action, si l'on est "bourgeois", c'est-à-dire non prolétarien.

Des mains blanches et non abîmées par le travail mènent à la mort; des habits trop riches mènent à la mort; le système devient fou mais il est géré par Lénine qui orchestre cette mise à mort générale de tous les opposants de classe potentiels.

En mai 1918, Lénine met le frein en lançant le concept abscon de "capitalisme d'Etat". Mais peu importe, la machine est lancée. Le problème est que cette machine ne construit pas un monde nouveau : elle se concentre exclusivement sur l'anéantissement dans le sang du monde ancien. La grande Révolution est mal barrée ... et Gorki, et des dirigeants bolcheviques, le perçoivent avec angoisse.

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Message Publié : 13 Déc 2012 1:24 
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kathiacatt a écrit :
Bonjour,

Je fais actuellement des recherches sur la révolution russe, notamment, sur le gouvernement provisoire de 1917, et je me suis dit qu'un forum de passionnés d'histoires pouvait être la solution pour retrouver mes informations.
J'aurais aimé savoir, entre autres, si certains d'entre vous connaissent/ ont/ ou ont lu le livre :"The Russian Provisional Government, 1917, volume 3" de Robert Paul Browden, Aleksandr Fyodorovich Kerensky et/ ou: "La révolution russe en Ukraine: Mars 1917 -Avril 1918" de Nestor Ivanovich Makhno.

Si certains d'entre vous ont ces livres, merci de me le dire, car j'aurais des petites questions à poser.


Merci d'avance.


Chère Kathiacatt, je me permets une petite mise en garde concernant "the russian prosional government", ou "histoire du gouvernement provisoire russe". Kerensky, après avoir été l'un des fossoyeurs de l'ancien régime (qui partait de lui-même dans la tombe) a été responsable de l'un des plus grands ratages politiques de l'histoire russe, sinon du plus grand, en étant incapable pendant ses mois de ministère de lancer la Russie sur la voie d'une démocratie dotée d'une Constitution.

Ses mémoires sont sur ce point fascinants, car il a passé des années à essayer de se dédouaner d'une incompétence politique qui ne fait aujourd'hui plus débat.

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Message Publié : 13 Déc 2012 2:15 
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La Saussaye a écrit :
Absolument convaincu de son statut d'autocrate dans une Russie qui branlait de plus en plus dans le manche, il avait plus toléré qu'accompagné les tentatives de réforme de Stolypine.
Il est encore aujourd'hui assez difficile d'appréhender réellement dans quelle mesure, et à quel point, le Tsar était littéralement coupé de son peuple et des élites en train de se créer par l'écran opaque de la cour impériale et du cercle d'officiers supérieurs et généraux qu'il appréciait.

Je suis d'accord avec avec l'idée d'une pensée autocratique du Tsar (et ce qu'elle engage par rapport à l'idée d'une révolution libérale ou prolétarienne). Je ne suis pas d'accord, par contre, avec l'idée que le Tsar était coupé des élites. Au contraire, le Tsar Nicolas II a cherché à imposer ses propres élites aux régimes (à savoir les Premiers ministres conservateurs des trois premières Doumas) et s'est tenu auprès d'eux entre 1905 et 1911-1912. Stolypine agissait dans l'intérêt du Tsar et avec son aval, ce qui veut dire que le Tsar était en contact direct avec les technocrates de l'entourage de son Premier ministre.

La Saussaye a écrit :
Toujours est-il qu'à l'été 1916, en Russie, il semblerait qu'il n'y ait plus grand monde de tsariste, ce qui en soi constitue quelque chose de gravissime dans un état monarchique, puis un empire, qui s'était toujours défini en référence au souverain.

Je suis dubitatif quant à cette affirmation. Sur quelles sources vous appuyez-vous ?

La Saussaye a écrit :
L'on peut même se demander, à la lumière des témoignages et des évènements, si Nicolas II croyait encore lui-même à sa mission, sinon à son destin qu'il ne cessait plus de décrire comme inéluctablement funeste. "De toute façon je suis né pour le mallheur" sera sa seule réaction verbale lors de son abdication, devant des aides de camps tétanisés par ce total abandon de soi.
A partir de novembre 1916, celà commence à devenir un secret de polichinelle dans les sphères politiques de Petrograd "qu'on" envisage de déquiller le Tsar, ni plus ni moins.

Je suis relativement en accord avec cette idée, mais le principe de ces réformateurs est de remplacer le tsar par un autre, pas de bouleverser l'équilibre politique du régime par une révolution politique.

La Saussaye a écrit :
"On", ce sont indifféremment des personnalités de centre droit comme Milioukov ou Alexandre Goutchkov et, plus logiquement d'une certaine manière, des représentants de gauche à la Douma. Plus grave pour le régime en pleine guerre, une partie du haut commandement s'avère à l'écoute de ces propositions pré-révolutionnaires.

Ce passage m'intéresse beaucoup parce qu'il est, à mon sens, la question fondamentale de ce débat sur la révolution : quels sont les soutiens de la révolution ? Vous mettez bien en évidence l'importance des militaires, pivot de l'Etat russe dans son statut d'Etat belligérant, dans le processus révolutionnaire. La conduite des armées par le Tsar (et, par là, la fusion des pouvoirs politique et militaire) conduit à une cristallisation du pouvoir politique en raison des échecs militaires. Ce phénomène est la base de la contestation politique de la Russie des années 1915-1917.

La Saussaye a écrit :
Les scénarii qui se développent alors vont rarement jusqu'à la proclamation d'une république. L'idée qui semble alors prévaloir est d'imposer au Tsar une abdication en faveur de son fils, le Tsarévitch Alexis.

Je ne suis pas d'accord. Il me semble (et quelqu'un devrait confirmer demain, mais il est bien tard et je peine à reprendre mes sources) que le prétendant au trône imaginé dans un déplacement du pouvoir politique était le Grand-Duc Michel.

La Saussaye a écrit :
Mais les cheminots commencent à bloquer les voies et les convois. Le train est dévié vers l'est, puis repart vers le nord-ouest, effectuant un étrange zig-zag qui amène le Tsar dans les bras du commandement des armées du Nord, en l'espèce le général Rousski.

Je me souviens assez évasivement de cette histoire de problèmes sur les voies ferrées. Une situation analogue est dépeinte après l'abdication du Tsar Nicolas II, lorsque le prétendant au trône cherche à gagner la capitale pour affirmer son pouvoir auprès du corps politique. Où avez-vous trouvé cette information relatives au blocage des voies ferrées ? Quelles sont selon vous les motivations de ces cheminots (autonomes ou téléguidées par un groupe politique) ?

La Saussaye a écrit :
Deux représentants de la Douma, prévenus par télégraphe, partent dare-dare de Petrograd pour rejoindre le Souverain (ou ce qu'il en reste) et l'amené à abdiquer. Ils n'en auront même pas le temps ...

Par curiosité, qui sont ces représentants de la Douma ?

La Saussaye a écrit :
Alexeïev, depuis Moghilev, suit aussi ces échanges de télégrammes, et se convaint que la monarchie est perdue. Il envoit alors à Rousski le message de bloquer le Tsar sur place cependant qu'il demande aux commandants d'armée des différents fronts, toujours par télégrammes, de lui faire part de leur opinion sur la situation.
Tous laissent tomber Nicolas II.

Je n'ai pas souvenir d'une telle unanimité des réponses. De tenez-vous cette affirmation ?

La Saussaye a écrit :
Dans la journée du lendemain, des députés de la Douma vont au Palais d'Hiver proposer le pouvoir au Grand-Duc Michel, cadet un peu nul de Nicolas. Par acquit de conscience et parce que le télégraphe fonctionne encore, on interroge l'ex-souverain sur cette idée : il fait part à nouveau de son refus, ce qui soulage considérablement son frère, complètement dépassé par les évènements et politiquement un peu en-dessous du zéro.

Je ne suis pas d'accord sur ce refus du Grand-Duc Michel. Je me répète, il est tard et il faudrait que je reprenne tout cela à tête reposée, mais il me semble vraiment que le Grand-Duc Michel avait accepté la passation de pouvoirs, mais qu'il a été empêché en cela par le blocage des voies ferrées...

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Message Publié : 13 Déc 2012 2:26 
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Inscription : 03 Jan 2008 23:00
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Cher Jadis, vos questions sont nombreuses et directes dans leur propos !

Je ne manquerai pas d'y répondre, mais j'espère que vous me pardonnerez si je n'y répond pas dans l'ordre (de mon propre petit laïus) et donc de vos questions pertinentes.

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Message Publié : 13 Déc 2012 2:40 
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Commençons donc par votre première interrogation concernant l'hypothèse (ou le fait) que la Russie n'ait plus été tsariste fin 1916.

Les indices qui nous permettent de le supposer sont assez nombreux.

Pour n'évoquer que les classes privilégiées, je me permettrai de citer les mémoires de Félix Youssoupov, le journal de Maurice Paléologue et, intéressant car beaucoup plus loin géographiquement lorsqu'il écrit, la correspondance du général Broussilov à sa femme (éléments repris pour une grande part dans ses souvenirs).

D'autres souvenirs existent, tels ceux de Nina Berberova évoquant son père et le cercle intellectuel qu'il fréquentait.

Nous sommes partis de "l'extrême droite" avec le prince Youssoupov, lisons aussi Trotsky dans "ma vie" et balayons ainsi le prisme politique d'un pays qui ne connaissait rien de ce que nous appelons "politique". Trotsky, depuis ses positions, reste un témoin essentiel par l'intelligence de son analyse de ces années.

Quoiqu'absent de l'empire au début de la guerre, Trotsky en livrera plus tard dans ses mémoires une analyse implacable de l'effondrement du tsarisme, non uniquement par la guerre, vecteur de réalité, mais par la prise de conscience par les masses que le Tsar n'est plus leur "sauveur", mais leur exploiteur, lui et sa clique.

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Message Publié : 13 Déc 2012 2:48 
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Cher Jadis, vous mettez en question que, dès avant et lors de l'abdication, il est été proposé le Tsarévitch Alexis (avec évidemment une régence - qui aurait été sans doute proposée au Grand Duc Nicolas, oncle du Tsar) et non, ainsi que vous l'indiquez, le Grand Duc Michel.

Sur ce point, nous ne sommes pas dans le débat d'opinion, mais dans celui des sources. Les miennes proviennent de l'ouvrage d'Orlando Figes.

Je suis tout à fait prêt à suivre votre analyse de l'évènement.

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Message Publié : 13 Déc 2012 12:11 
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La Saussaye a écrit :
Cher Jadis, vous mettez en question que, dès avant et lors de l'abdication, il est été proposé le Tsarévitch Alexis (avec évidemment une régence - qui aurait été sans doute proposée au Grand Duc Nicolas, oncle du Tsar) et non, ainsi que vous l'indiquez, le Grand Duc Michel.
Sur ce point, nous ne sommes pas dans le débat d'opinion, mais dans celui des sources. Les miennes proviennent de l'ouvrage d'Orlando Figes.
Je suis tout à fait prêt à suivre votre analyse de l'évènement.

Deux choses sur ce point.
D'abord sur la question de la passation des pouvoirs de Nicolas (où je défends que celle-ci s'est faite en faveur du Grand-Duc Michel, le frère du Tsar, alors que vous arguez qu'elle s'est faite en faveur du Grand-Duc Nicolas, l'oncle du Tsar), la proposition de passation des pouvoirs a en réalité été fait aux deux personnalités politiques (proposition suite à laquelle le Grand-Duc Nicolas a décliné, comme vous le souligniez, cette proposition, alors que le Grand-Duc Michel a accepté, soutenu en cela par son frère, mais a été empêché dans cette régence par une blocage des voies ferrées conduisant à la capitale).
Ensuite, si j'ai bien le souvenir qu'Orlando Figes évoque la proposition de passation des pouvoirs au Grand-Duc Nicolas, il me semble qu'il évoque aussi le vrai passage des pouvoirs du Tsar à son frère.

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Message Publié : 13 Déc 2012 12:22 
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La Saussaye a écrit :
Cher Jadis, vos questions sont nombreuses et directes dans leur propos !

Je ne manquerai pas d'y répondre, mais j'espère que vous me pardonnerez si je n'y répond pas dans l'ordre (de mon propre petit laïus) et donc de vos questions pertinentes.

Je vous en prie, cher La Saussaye. Ne vous en faites pas pour l'ordre des questions.
Votre réponse était encore plus tardive que la mienne et relier les questions à vos réponses n'a pas été un exercice difficile ! ;)

La Saussaye a écrit :
Nous sommes partis de "l'extrême droite" avec le prince Youssoupov, lisons aussi Trotsky dans "ma vie" et balayons ainsi le prisme politique d'un pays qui ne connaissait rien de ce que nous appelons "politique". Trotsky, depuis ses positions, reste un témoin essentiel par l'intelligence de son analyse de ces années.

Quoiqu'absent de l'empire au début de la guerre, Trotsky en livrera plus tard dans ses mémoires une analyse implacable de l'effondrement du tsarisme, non uniquement par la guerre, vecteur de réalité, mais par la prise de conscience par les masses que le Tsar n'est plus leur "sauveur", mais leur exploiteur, lui et sa clique.

Je reconnais que la lecture des écrits historiques de Trotsky a son intérêt. Cependant, il faut relativiser de nombreux passages de son oeuvre, parce qu'ils visent à consolider le pouvoir soviétique (en fondant sa légitimité historique). La critique du tsarisme de Trotsky est peut-être trop générale et trop caricaturale face à une Russie tsariste aux mille facettes (bourgeoisie des villes, notables des campagnes, petit noblesse des campagnes, grandes noblesses des villes, corps militaire ; avec des variations au sein de ces catégories sociales selon les régions et la proximité des carrefours commerciaux).

La Saussaye a écrit :
Pour n'évoquer que les classes privilégiées, je me permettrai de citer les mémoires de Félix Youssoupov, le journal de Maurice Paléologue et, intéressant car beaucoup plus loin géographiquement lorsqu'il écrit, la correspondance du général Broussilov à sa femme (éléments repris pour une grande part dans ses souvenirs).

Youssopov dépeint une Russie en déclin, parce que cette image sert sa critique de l'influence du bien-connu Raspoutine.
Là encore, si l'histoire a son intérêt, il faut la prendre avec un certain recul.
Pour mieux comprendre la participation de l'extrême-droite russe à l'effondrement du régime tsariste, vous pouvez consulter l'ouvrage de Walter Laqueur, Histoire des droites en Russie, Des centuries noires aux nouveaux extrémistes (1996).

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Message Publié : 13 Déc 2012 18:41 
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Jadis a écrit :
kathiacatt a écrit :
J'aurais aimé savoir, entre autres, si certains d'entre vous connaissent/ ont/ ou ont lu le livre :"The Russian Provisional Government, 1917, volume 3" de Robert Paul Browden, Aleksandr Fyodorovich Kerensky et/ ou: "La révolution russe en Ukraine: Mars 1917 -Avril 1918" de Nestor Ivanovich Makhno.

J'imagine que vous voulez parler de l'ouvrage de Robert Paul Browder et de Alexander Kerensky (http://books.google.ie/books/about/The_ ... edir_esc=y). En ce qui me concerne, c'est le seul des deux ouvrages que vous évoqué que j'ai lu.


Effectivement, c'est de cet ouvrage dont je parlais.

La Saussaye a écrit :
kathiacatt a écrit :
Bonjour,

Je fais actuellement des recherches sur la révolution russe, notamment, sur le gouvernement provisoire de 1917, et je me suis dit qu'un forum de passionnés d'histoires pouvait être la solution pour retrouver mes informations.
J'aurais aimé savoir, entre autres, si certains d'entre vous connaissent/ ont/ ou ont lu le livre :"The Russian Provisional Government, 1917, volume 3" de Robert Paul Browden, Aleksandr Fyodorovich Kerensky et/ ou: "La révolution russe en Ukraine: Mars 1917 -Avril 1918" de Nestor Ivanovich Makhno.

Si certains d'entre vous ont ces livres, merci de me le dire, car j'aurais des petites questions à poser.


Merci d'avance.


Chère Kathiacatt, je me permets une petite mise en garde concernant "the russian prosional government", ou "histoire du gouvernement provisoire russe". Kerensky, après avoir été l'un des fossoyeurs de l'ancien régime (qui partait de lui-même dans la tombe) a été responsable de l'un des plus grands ratages politiques de l'histoire russe, sinon du plus grand, en étant incapable pendant ses mois de ministère de lancer la Russie sur la voie d'une démocratie dotée d'une Constitution.

Ses mémoires sont sur ce point fascinants, car il a passé des années à essayer de se dédouaner d'une incompétence politique qui ne fait aujourd'hui plus débat.


En fait, ma question concerne une personne citée dans le livre... mais comme je ne trouve aucun endroit où l'emprunter, je me tourne vers des personnes qui pourraient l'avoir, autrement dit, des passionnés d'histoire...(je pourrais bien le commander sur internet, mais je ne suis même pas sûre de trouver l'information que je cherche dedans...)

Normalement, c'est en page 1741 du volume 3... (enfin, d'après un extrait que j'ai pu obtenir sur internet, mais ça dépend sûrement des versions)... je cherche juste à savoir ce qui est dit d'un certain Dmitrenko... qui est-il et pourquoi il est cité dans ce livre...

Merci d'avance à ceux qui pourront me répondre :)


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Message Publié : 13 Déc 2012 23:23 
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kathiacatt a écrit :
Normalement, c'est en page 1741 du volume 3... (enfin, d'après un extrait que j'ai pu obtenir sur internet, mais ça dépend sûrement des versions)... je cherche juste à savoir ce qui est dit d'un certain Dmitrenko... qui est-il et pourquoi il est cité dans ce livre...

Je n'ai pas l'ouvrage sous la main, mais une maigre recherche sur la toile me dit que ledit Dmitrenko était un agronomiste de la Révolution russe. Cependant, il y a un autre Dmitrenko, plus contemporain, historien russe (semble-t-il), dont on trouve trace dans les notes de bas de page de l'ouvrage de Walter Laquer, The Dream That Failed (1994), à la page 199.

Je n'ai pas pensé à vous demander où avez-vous trouvé mention de ce nom (sur quel site, quelle page ?) et qu'en était-il dit ?

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Message Publié : 14 Déc 2012 18:33 
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Jadis a écrit :
kathiacatt a écrit :
Normalement, c'est en page 1741 du volume 3... (enfin, d'après un extrait que j'ai pu obtenir sur internet, mais ça dépend sûrement des versions)... je cherche juste à savoir ce qui est dit d'un certain Dmitrenko... qui est-il et pourquoi il est cité dans ce livre...

Je n'ai pas pensé à vous demander où avez-vous trouvé mention de ce nom (sur quel site, quelle page ?) et qu'en était-il dit ?


En fait, j'avoue que ce n'est pas à propos de quelque chose qui pourrait intéresser un passionné d'histoire... En fait, j'ai juste voulu vérifier si ce qu'on m'a dit sur mon arrière grand-père était vrai: il aurait fait parti (très très courtement) d'un gouvernement provisoire au début de la révolution russe, dans les affaire agraires, paraît-il... hors, jusqu'à présent, je n'avais jamais vu son nom nulle part, donc, je n'y croyais pas du tout... or en refaisant récemment une recherche, je suis tombée sur ce site : http://books.google.fr/books?ei=R2HLUJb-LcrNhAf2yYGoCg&hl=fr&id=wHEJAQAAIAAJ&dq=the+russian+provisional+government&q=dmitrenko#search_anchor

Et comme il y a à la fois son nom de famille "Dmitrenko" et "gouvernement provisoire" qui apparaît dans un même livre... je commençais à me dire que c'était peut être possible...
Mais le peu que je vois ne me permet pas de savoir si c'est le même Dmitrenko, ni ce qu'il était réellement...

Donc, je demandais à tout hasard...

D'ailleurs, où avez- vous trouvé Dmitrenko en tant qu'agronomiste de la révolution russe... j'ai cherché sur internet le nom de dmitrenko et révolution, et tombe principalement sur le dmitrenko contemporain...

Je suis désolée si je m'éloigne de votre sujet de révolution russe... tout en étant quand même dans le sujet, puisque je parle d'une personne qui l'a vécu... donc, j'espère que vous ne m'en voudrez pas trop...


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