Pierre-Ambroise XIII a écrit :
Quelle était la nature des relations franco-allemande du point de vue du "peuple" ?
Que pensait exactement le francais moyen des allemands, quelques années aprés avoir perdu un ou plusieurs proches durant la Grande guerre ?
Croyait-il en un avenir plus chaleureux entre les deux peuples ? Ou pensait-il qu'éternellement ils se feraient la guerre ?
Comment les intellectuels français perservaient-ils ce paradoxe germanique : une nation de savants, de scientifiques, d'artistes et d'avant-guardistes au mains de militaires et de politiques puissants et hostiles à la France ?
Marc Sangnier organisa, en 1921, à Paris, un congrès démocratique international, auquel fut conviée l'Allemagne (comme l'Autriche). L'abbé badois Metzger, comme le rappelle Olivier Prat (dans « La Paix par la jeunesse : Marc Sangnier et la réconciliation franco-allemande (1921-1939) »,
Histoire@Politique, 2010), prit part au discours de clôture à la demande de Sangnier, ce qui marque un premier pas vers une réconciliation des intellectuels et de certains politiques. Ces derniers, d'ailleurs, sont loin d'être de sinistres inconnus, ce qui crédite l'événement : Jean-Louis Rolland, Jules Prudhommeaux, Dietrich von Hildebrand , le comte Harry Kessler, etc.
Du point de vue de la population, le même Marc Sangnier organisa, en 1926, le Congrès de Bierville, premier congrès international des jeunes, au cours duquel, comme le rappelle Olivier Prat (Ibid), se côtoient lors des discours le juriste français Louis Rolland et l'historien allemand Hermann Platz. Là encore, des intellectuels participent à cette réconciliation franco-allemande et cherchent à cimenter une amitié des peuples. Cependant, à cette même occasion, un premier schisme apparaît entre pacifistes radicaux et modérés.
Du point de vue des scientifiques, enfin, l'Allemagne fut exclue de l'International Research Council (1919) jusqu'en 1926. Anne Rasmussen rappelle, à ce titre, dans « Réparer, réconcilier, oublier : enjeux et mythes de la démobilisation scientifique, 1918-1925 » (in
Histoire@Politique, 2007), que les scientifiques allemands se rattachèrent à l'idée du révisionnisme, notamment à partir du Traité de Rapallo, ce qui
complique les relations franco-allemandes en termes scientifiques.