Bernard haulotte a écrit :
Donc en URSS, les officiers allemands s’imprègnent des idées des Russes au sujet des formations blindées.
Kazan est un centre opérationnel à compter de 1926, si ma mémoire ne me joue pas de tour. Les Allemands y envoient des "stagiaires" jusqu'en 1933. Il est très vraisemblable que les idées soviétiques y aient été étudiées.
Et Rapallo a également initié des échanges moins formels, des discussions ou des débats plus ouverts, par le simple fait de se fréquenter mutuellement. Et cela jusqu'aux plus hauts niveaux des hiérarchies allemande et soviétique.
Bernard haulotte a écrit :
Schématiquement, j’ai l’impression qu’ils y voient le moyen de parfaire leur sacro-sainte maneuvre d’enveloppement
Schématiquement, je suis d'accord avec vous. Même si ce n'est pas "leur sacro-sainte" manoeuvre. Disons qu'ils ont intériorisé absolument les enseignements de Clausewitz, et que la manoeuvre d'encerclement est celle qui apparaît offrir les résultats les plus décisifs et les plus rapides - et ce ne sont pas les exemples de Metz et de Sedan, ou encore de Tannenberg, qui vont les détromper dans les années 1920. Ni même celui de la Marne, qui est la preuve qu'un encerclement est la garantie du succès - encore faut-il le réussir.
Bernard haulotte a écrit :
tandis que les Russes développent la percée du front adverse, suivie du mouvement rapide dans la profondeur qui désarticule le dispositif ennemi.
Les Soviétiques analysent et commentent leurs propres expériences de 1918 à 1921. Dans les campagnes de la guerre civile, la mobilité stratégique et la capacité à agir dans la profondeur du dispositif ennemi ont été décisives.
Pour les deux armées, l'héritage particulier lié à leurs expériences nationales spécifiques justifie cela.
Bernard haulotte a écrit :
Sait-on au moment de Kazan, si chez les Russes le concept de percée dans la profondeur par une formation blindée était déjà abouti?
Les fondements de ce concept sont exposés dans
Stratégie, de Svetchine, publié en 1926, et surtout les deux ouvrages de Triandafilov,
L'échelle des opérations des armées modernes et
Les caractéristiques des opérations des armées modernes, publiés respectivement en 1926 et 1929. Il est donc vraisemblable que ces lectures aient été connues des Allemands, si ce n'est même commentées par eux.
Bernard haulotte a écrit :
S’ils l’avaient communiqué aux Allemands ? Ceux-ci se sont-ils livrés à des séances de « brainstorming » pour comparer les mérites respectifs des deux méthodes ? Ou s’il n’ont simplement pas pensé/osé remettre en cause le dogme de l’enveloppement ?
En revanche, ce n'est pas parce qu'un concept est diffusé formellement qu'il est aussitôt adopté. Il est donc possible que les Allemands n'y aient guère prêté d'attention, à plus forte raison parce qu'ils n'avaient pas de raison de remettre en cause le "dogme" (sic) de l'enveloppement.
De plus, les deux concepts ne sont pas exclusifs l'un de l'autre, il me semble.
CNE EMB