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Message Publié : 01 Juin 2017 7:26 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 05 Oct 2005 20:39
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Localisation : Lyon-Vénissieux
Bonjour

Est ce que les chômeurs français touchaient une indemnité chômage durant la crise économique des années 1930 en France, comme c'est le cas aujourd'hui ?
Il me semble bien que non, mais y a t-il eu des projets ou des tentatives pour créer un tel système ?

Merci.

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Message Publié : 23 Juil 2017 10:09 
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Polybe
Polybe

Inscription : 21 Sep 2010 13:45
Message(s) : 70
Bonjour,

N'étant pas trop spécialiste de la question, mais ayant sous la main une étude de Philippe Grandcoing sur le chômage à Limoges dans les années 1930 (dans Mémoire ouvrière en Limousin, 1936 - Le Front populaire en Limousin), je ne peux vous répondre que pour Limoges.

A Limoges, il existe des aides assurées en partie par la municipalité (de gauche, dirigée par Léon Betoulle) avec un fonds de chômage, des distributions de pain..., mais aussi des chantiers municipaux. Entre 1934 et 1936, la municipalité débourse 5.6 M de francs sur le fonds de chômage et plus de 3 M pour les chantiers municipaux. La ville est obligée de s'endetter pour faire face à ces dépenses.

Mais l'Etat, le département se mobilisent aussi... L'Etat subventionne à 60% les chantiers municipaux employant 70% de chômeurs.

Enfin, il existe aussi d'autres aides : en Limousin, les coopératives assurent aussi un secours aux chômeurs (l'Union à Limoges, l'USO à St Junien...).

Tout cela n'est évidemment qu'une réponse partielle, sur un territoire qui n'est pas la France, mais une région spécifique...

En espérant que tout cela aura pu vous aider...


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Message Publié : 23 Juil 2017 12:14 
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Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
Message(s) : 4385
Localisation : Versailles
Oreste a écrit :
A Limoges, il existe des aides assurées en partie par la municipalité (de gauche, dirigée par Léon Betoulle) avec un fonds de chômage, des distributions de pain..., mais aussi des chantiers municipaux. Entre 1934 et 1936, la municipalité débourse 5.6 M de francs sur le fonds de chômage et plus de 3 M pour les chantiers municipaux. La ville est obligée de s'endetter pour faire face à ces dépenses.
Mais l'Etat, le département se mobilisent aussi... L'Etat subventionne à 60% les chantiers municipaux employant 70% de chômeurs.
...


C'est très intéressant. Ces initiatives correspondent elles à ce qu'on a appelé le "socialisme municipal"?


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Message Publié : 24 Juil 2017 11:13 
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Polybe
Polybe

Inscription : 21 Sep 2010 13:45
Message(s) : 70
En terme de "socialisme municipal" je ne saurai trop répondre...
Existe-t-il dans d'autres communes ce système d'aides au chômage ou de chantiers ? je pense que oui, mais je ne saurai l'affirmer. Est-ce l'apanage des municipalités socialistes ? Je ne pense pas, mais je ne saurai toujours pas l'affirmer...
Par contre, ce qui est sûr, ce sont les liens entre les municipalités socialistes/communistes et les mouvements coopératifs... A Saint-Junien, le maire Lasvergnas est administrateur délégué de l'USO qui distribue des aides...

Peut-être que certains membres du forum peuvent nous éclairer sur le fonctionnement des aides aux chômeurs dans d'autres municipalités, socialistes, communistes, ou d'autres tendances politiques ??


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Message Publié : 30 Juil 2017 15:32 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 26 Août 2013 13:40
Message(s) : 17
Tel qu'aujourd'hui, il me semble pas... Par contre, il y a eu des initiatives auparavant... Des aides municipales existent parfois et le socialisme municipal en est un des porteurs, mais il peut être indirecte également... Pour être plus précis, les métiers (époques médiévale et moderne) puis les syndicats et les associations "professionnelles" peuvent pourvoir un temps au moins aux besoins... Pour ce qui est des années 1910 et 1920, je sais que certaines municipalités (comme Toulouse) donnent des subventions à des associations et à des "société de secours mutuelles"... La question est alors: comment sont utilisé ces fonds...


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Message Publié : 01 Août 2017 6:39 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 12 Nov 2009 21:20
Message(s) : 644
Localisation : 13
Le socialisme municipal est d'abord un concept juridique qui vise une certaine évolution jurisprudentielle des années 30 qui accepte l'intervention économique (limitée) des collectivités locales

C'est aussi un phénomène plus large et plus ancien , assez diversifié qui est bien raconté par wiki (avec des locomotives à Roubaix et Toulouse)

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Socialisme_municipal


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Message Publié : 01 Août 2017 16:36 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 25 Juil 2009 21:18
Message(s) : 1550
Localisation : Vienne (86)
Durant la crise des années 30, c’est bien la continuité, et non la mise en place, d’un socialisme municipal à Limoges.
Les ouvrages écrits par Philippe Grandcoing et Vincent Brousse, aux éditions des ardents, sur l’histoire de la mémoire ouvrière à Limoges, et plus globalement dans le Limousin, constituent une mine d’information sur le sujet.
Le dernier en date cité par Oreste « 1936 Le Front Populaire en Limousin » ne fait pas exception à la règle.
Il serait intéressant de savoir dans quelles proportions ce système « d’aide locale » a été en place durant les années trente.

Pour en revenir au cas Limougeaud, historiquement et culturellement ouvrier, le Limoges du XIXème et du début XXème est fortement industrialisé avec notamment des manufactures porcelaines (Haviland, Bernardaud,Royal….) de chaussures (Heyraud)…
Ces industries sont énormément pourvoyeuses d’emplois, pour l’industrie de la porcelaine on dénombre en 1880 30 à 35 fabriques pour 10 500 ouvriers en 1894 et pour l’industrie de la chaussure dont l’apogée se situe entre 1914 – 1918, où le conflit mondial gonfle les carnets de commande par la suite, on dénombre, en 1920, environ 70 fabriques pour pratiquement 8000 ouvriers.
D’autres industries animent la vie économique (Imprimerie, brasserie, petite métallurgie…)

La crise de 1929 entraîne une désindustrialisation progressive de la ville et de ses environs.

Concernant Limoges, le développement du socialisme municipal et davantage lié à la sociologie urbaine de la ville qu’à la crise de 1929.
En effet « la plupart des ouvriers apportent leur soutien dont ils attendent la protection des petits contre les gros, des réformes sociales, la fin des féodalités financières et industrielles… » (Cf Un siècle militant / Vincent Brousse, Philippe Grandcoing).

En fait le développement du socialisme municipal répond davantage à des cycles politiques locaux.
Pour Limoges, le développement d’une politique de socialisme municipal s’observe dès 1895, sous la municipalité d’Emile Labussière dont l’appartenance à un Radical Socialisme ouvert à la cause ouvrière n’empêchera pas l’essor du mouvement syndical et la reprise des grèves.

Sous la municipalité Labussière, ce socialisme municipal se traduit par une intense activité comprenant 1800 projets et la rédaction de 1600 rapports en quatre ans (Source : Le Département Rouge : République socialisme et communisme en Haute Vienne – Dominique Danthieux)
Certains projets visent à accompagner les transformations du cadre urbain mais d’autres s’inscrivent davantage au sein d’une démarche d’aide et d’assistance.
Comme les faveurs accordées aux organisations ouvrières (Subvention de la bourse du travail à hauteur de 13 300 Francs en 1899 / versement de 12 000 Francs aux caisses ouvrières du chômage) où le renforcement d’une politique sociale en subventionnant écoles et crèches au profit des plus démunis.

Pour les historiens locaux le socialisme municipal de Labussière, en s’efforçant d’intégrer davantage les ouvriers à la vie politique municipale, leur donne aussi les moyens de développer leur combativité et leur identité.

Cette politique s’interrompt, suite aux violents évènements de 1905 s’accompagnant d’une radicalisation du mouvement ouvrier, avec les municipalités plus modérées de Chénieux et Dantony.
L’élection du SFIO Léon Betoulle en 1912 jusqu’en 1956, (avec une parenthèse entre 1941 et 1947) consacre une réorientation du socialisme municipale en essayant de faire oublier l’ancien temps d’une action ouvrière trop radicale. Le congrès de Tours étant passé par là, les actions sociales de la municipalité sont moins dogmatiques et moins anticléricales mais nettement plus pragmatiques.
Avec par exemple en période de crise (de 1929 à 1931) la construction des premiers immeubles de la Cité des Coutures dotée de 540 logements. Elle poursuit la logique des cités ouvrières débutée en 1921 avec la cité Jardin Beaublanc.

Pendant l’entre-deux guerres l’action sociale, menée par différentes municipalités, permettant le versement d’indemnisation chômage est due à la mise en place, par l’Etat, d’un « Fonds national de chômage ».
En revanche je ne saurai dire si le versement de ces aides, à l’échelon local, étaient discrétionnaires ou soumis à un contrôle étroit de l’Etat.

_________________
> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )


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Message Publié : 13 Jan 2018 16:08 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 05 Oct 2005 20:39
Message(s) : 2063
Localisation : Lyon-Vénissieux
Je me permets de faire remonter ce sujet.

D'après WIKIPEDIA, en France,
Citer :
les chiffres officiels du chômage sur l'ensemble de la population active au milieu des années 1930 donnent un taux de 7,5 % .
alors que dans d'autres pays comme l'Allemagne ou les USA le taux de chômage dépassait les 25 % bien que la crise économique n'y pas ait été plus grave qu'en France si on regarde l'évolution du PIB ,
Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_D% ... _en_France

Comment expliquer cette relative faiblesse du chômage en France durant la grande crise, qui a assurer au pays une certaine stabilité politique ?
Les pertes humaines de la grande guerre ?

Merci de vos réponses !
;)

_________________
Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
Proverbe Albanais


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Message Publié : 13 Jan 2018 18:24 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 16 Jan 2010 19:18
Message(s) : 2953
Sans aucun doute oui,associé au fait de la relative grande proportion de fonctionnaires(déjà à l'époque) et d'agriculteurs. En 1940 ces deux secteurs totalisent près de la moitié des emplois....8173000 et1313000 sur 23400000 emplois.Jusqu'en 1940 la France reste pour moitié paysanne...Bien peu industrielle et relativement âgée ,des éléments essentiels qui amèneront le désastre de 1940


Dernière édition par Sir Peter le 13 Jan 2018 18:31, édité 1 fois.

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Message Publié : 13 Jan 2018 18:29 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
Message(s) : 2681
Sir Peter a écrit :
Sans aucun doute oui,associé au fait de la relative grande proportion de fonctionnaires(déjà à l'époque) et d'agriculteurs. En 1940 ces deux secteurs totalisent près de la moitié des emplois....8173000 et1313000 sur 23400000 emplois


Oui la France était encore très agricole et rurale ...et donc à l'écart des grands courants industriels internationaux ...

À cela s'ajoute le protectionnisme qui protégeait le marché intérieur pendant que les grandes entreprises exportaient peu hors des colonies ...et donc étaient peu sensibles aux aléas du grand commerce mondial ...


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