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Message Publié : 10 Oct 2018 19:53 
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Je tombe sur un article qui signale la parution d'un ouvrage au sujet intéressant : comment les correspondants étrangers ont-ils pu passer à côté de la nature criminelle de ce régime ?

Citer :
"Berlin 1933": l'aveuglement de la presse étrangère face aux nazis

Comment la presse internationale a-t-elle pu ignorer la montée de la violence nazie dans les années 1930? Les journalistes n'ont pas su voir les signes annonciateurs de l'horreur en Allemagne, explique le journaliste français Daniel Schneidermann dans son nouveau livre.


https://www.levif.be/actualite/europe/berlin-1933-l-aveuglement-de-la-presse-etrangere-face-aux-nazis/article-normal-1036277.html

A noter ce point un peu étonnant : les deux journaux français à alerter à longueur d'éditions sur la violence des nazis sont l'Humanité et La Croix.
Deux journaux qui sont en désaccord sur tout sauf sur cela, ce qui préfigure en quelque sorte des alliances de la Résistance.

On pourrait élargir cette problématique en se demandant comment la France des années 30 a pu être cette "nation d'autruche" qui faisait dire à Daladier :"Ah les cons ! S'ils savaient..." (Propos apocryphe ou non, peu importe.)

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Message Publié : 10 Oct 2018 20:32 
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Philippe de Commines
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Très bonne idée de sujet Pierma !

Dans un autre fil, consacré à un opuscule malmené, j'y fais référence en partageant le lien d'une émission sur France Culture https://www.franceculture.fr/histoire/hitler-1933-pourquoi-la-presse-na-t-elle-rien-voulu-savoir
Comme d'habitude on patauge dans une myopie suicidaire ou, par peur du Rouge, par une volonté de défendre une Germanophilie artificiellement illusoire, la presse des années 30 va regarder le bout de ces godasses au lieu de s'occuper de la réalité. Une léthargie du discernement géopolitique, une de plus, qui au final va finir par coûter très cher.

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Message Publié : 11 Oct 2018 4:52 
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Il est très facile de critiquer l'aveuglement quand on connait la fin de l'histoire.

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Message Publié : 11 Oct 2018 6:44 
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Marc Bloch
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Jean-Marc Labat a écrit :
Il est très facile de critiquer l'aveuglement quand on connait la fin de l'histoire.


Ne faisait on pas alors aussi une confusion avec le régime fasciste italien, dictature finalement relativement paisible, malgré quelques traits cocasses, plus ridicules que vraiment dangereux ?


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Message Publié : 11 Oct 2018 7:39 
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Philippe de Commines
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Jerôme a écrit :
Jean-Marc Labat a écrit :
Il est très facile de critiquer l'aveuglement quand on connait la fin de l'histoire.


Ne faisait on pas alors aussi une confusion avec le régime fasciste italien, dictature finalement relativement paisible, malgré quelques traits cocasses, plus ridicules que vraiment dangereux ?


Vous avez voulu dire paisible ou prévisible ?

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Message Publié : 11 Oct 2018 8:40 
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Jerôme a écrit :
Ne faisait on pas alors aussi une confusion avec le régime fasciste italien, dictature finalement relativement paisible, malgré quelques traits cocasses, plus ridicules que vraiment dangereux ?


On voit que vous n'avez pas vécu sous un tel régime ... :rool: Des témoignages que j'ai pu en lire, ce n'est pas pour rien si certains ont préféré abandonner de belles situations pour venir faire n'importe quel travail en France ou aux USA. Et quand on abandonne un pays contraint et forcé, car on craint pour sa vie et celle de ses proches ... Pour ceux-là, la dictature ne fut pas "paisible". Les traits cocasses et ridicules, vu de maintenant, signent simplement l'échec de certains programmes. Échec inhérent à de tels régimes (et ils existent aussi en ce qui concerne l'Allemagne nazie).


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Message Publié : 11 Oct 2018 8:46 
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Jean-Pierre Vernant
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Un régime paisible, on dirait même agréable et sympathique... Pierre Milza pour l'Histoire :

Citer :
QUEL EST LE BILAN DE LA RÉPRESSION FASCISTE ?

On comprend dès lors la faible représentativité des opposants à la dictature - qu'il s'agisse des antifascistes en exil ou des quelques milliers de militants engagés dans une résistance intérieure qui ne trouvera une audience importante qu'avec l'occupation allemande. Cette relative faiblesse est-elle le résultat du système terroriste imposé aux Italiens pendant plus de vingt ans ? La réponse allait de soi, il y a un quart de siècle, pour la gauche marxiste et marxi-sante, dominante à cette date dans le paysage historiographique italien, incapable d'admettre qu'il pût y avoir consensus, au moins passif, des masses, à l'égard d'un régime « piloté par le capital ». Une position brutalement remise en cause par Renzo De Felice qui fit scandale, il y a une vingtaine d'années, en établissant l'existence d'une adhésion à peu près unanime des Italiens au fascisme.

Soyons clair. Le régime fasciste n'a pas été tendre pour ses ennemis. Son histoire commence et s'achève par des épisodes d'une extrême violence, et la chape de plomb qui s'est abattue sur le pays à partir de 1926 est bien réelle. Au début des années 1930, lorsque se développe une agitation sporadique provoquée dans certaines villes par la hausse des prix et par la montée du chômage, on évalue à environ 20 000 par semaine les interventions policières - visites d'édifices publics et privés, perquisitions, saisies d'armes et de matériel destiné a la propagande antifasciste, etc. Du milieu de 1930 à la fin de 1934, période qui coïncide avec la phase aiguë de la grande dépression, la police politique (l'OVRA*) a procédé à près de 6 (XX) arrestations, pour la plupart des militants du PCI et du mouvement antifasciste Giustizia e Liberté.

Toutes ces arrestations ne donnaient pas lieu à un procès devant le Tribunal spécial (chargé de juger les délits contre l'État fasciste, depuis la simple manifestation d'opposition individuelle jusqu'à la tentative d'assassinat du chef du gouvernement), moins encore à une condamnation, bien que, jusqu'au début des années 1930, le nombre des prévenus politiques frappés d'une peine de prison (d'une durée moyenne d'un peu plus de cinq ans) fût resté relativement élevé : 219 en 1927, 636 en 1928, 519 en 1931. Il tombera ensuite à quelques dizaines par an, avant d'atteindre un nouveau pic à la veille de la guerre, dû à un certain réveil de l'antifascisme, en liaison avec la guerre d'Espagne, plus qu'à une aggravation de la répression.

Les très rares sentences qui furent prononcées, et exécutées, le furent à la suite d'une tentative ou d'un projet d'attentat contre Mussolini (Michèle Schirru, Angelo Sbardellotto), ou encore d'une action terroriste d'envergure (Domenico Bovone). Quant aux déportés (confinati) dans les îles ou dans des régions isolées du Mezzogiorno, leur effectif global se serait élevé, selon une statistique de décembre 1940, à 12 310 personnes : 9 806 avaient été libérées, 97 étaient décédées, 2 504 restaient privées de liberté, dont 719 « apolitiques » c'est-à-dire condamnés pour un délit de droit commun, pour leur présumée appartenance à la mafia, ou pour homosexualité.

Cela étant, le maintien officiel de l'État de droit, qui est l'une des caractéristiques du régime fasciste, ne protège pas ses adversaires supposés contre d'éventuelles représailles exécutées par des membres du parti ou de la Milice, et généralement couvertes par le pouvoir. Jamais plus ces actions punitives n'atteindront l'étendue et la violence des premières années du fascisme. Il s'agit le plus souvent de passages à tabac ou de l'administration d'huile de ricin - une invention des fascistes - à un individu isolé, ayant manifesté, par son comportement ou par ses propos, son hostilité envers le régime ou envers son chef. Témoignages divers et rapports de police révèlent néanmoins que ces règlements de comptes peuvent aboutir à des lynchages, donc à mort d'hommes. De toute manière, ils suffisent à entretenir une menace larvée de recours à la violence généralisée.

Mussolini n'est pas le dernier à jouer tactiquement du souvenir de la terreur squadriste pour décourager d'éventuels opposants.

A la fin de 1929, alors qu'il vient tout juste de s'installer au palazzo Venezia, il déclare regretter de ne pas avoir « mis au poteau » ses ennemis au lendemain de la « marche sur Rome », mais ajoute qu'il est temps encore de reprendre en main un vieil instrument : « C'est un outil, précise-t-il, qui vous était très sympathique, et peut-être avez-vous déjà compris de quoi je veux parler ? » Et la foule de scander : « Il manganello ! il manganellos !» - le gourdin qu'utilisaient les fascistes pour frapper leurs adversaires.

Certes, l'État fasciste, on le sait aujourd'hui, met en place, à partir de 1938, un véritable antisémitisme d'État (cf. encadré, p. 42). On est loin toutefois de la terreur de masse et des procédures d'élimination non seulement des opposants politiques les plus déterminés, mais de pans entiers du corps social, qui caractérisent, à la même époque, les régimes hitlérien et stalinien.

Quant à Mussolini, s'il peut se montrer inexorable quand il s'agit de faire exécuter des adversaires qui ont voulu attenter à sa vie, il n'a rien d'un tyran sanguinaire. Plus le temps passe, plus le fossé qui sépare sur ce point le Duce d'un Hitler, d'un Staline, ou même d'un Franco, tend à se creuser. Plus nombreuses sont, dans le domaine judiciaire, les interventions du chef du gouvernement visant à faire prononcer des remises de peine ou à accorder des grâces : pour la seule année 1938, plus de 500 condamnés à la réclusion ou à la déportation seront ainsi libérés.

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Message Publié : 11 Oct 2018 9:29 
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Philippe de Commines
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En revanche le fascisme Italien a une singularité bien particulière, celle de faire école.
https://www.canalacademie.com/ida7286-Le-fascisme-italien-dans-la-perspective-de-l-histoire-europeenne.html

Je m'autorise un léger glissement chronologique :mrgreen: :arrow: en vous renvoyant vers une très bonne émission diffusée hier sur France Culture dans "Du grain à moudre" sur les ressorts de ces mouvements populistes.
Je crois que, même aujourd'hui, l'Italie se distingue tout particulièrement dans l'impulsion des moments populistes.
https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/du-grain-a-moudre-du-mercredi-10-octobre-2018

Mais nous sommes déjà loin de la presse.

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Message Publié : 11 Oct 2018 10:20 
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Le sujet est passé de Berlin à Rome :mrgreen:

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Message Publié : 11 Oct 2018 10:29 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Le sujet est passé de Berlin à Rome :mrgreen:


1500 kms entre l'enfer et le paradis lol

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Message Publié : 11 Oct 2018 11:08 
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Jerôme a écrit :
Jean-Marc Labat a écrit :
Il est très facile de critiquer l'aveuglement quand on connait la fin de l'histoire.


Ne faisait on pas alors aussi une confusion avec le régime fasciste italien, dictature finalement relativement paisible, malgré quelques traits cocasses, plus ridicules que vraiment dangereux ?


Je pense plutôt qu'on faisait la confusion avec les divers régimes dictatoriaux qui ont eu lieu à divers moments de l'histoire et où aucun pouvoir n'avait réussi à mettre en place des systèmes de contrôle de la population aussi efficaces que ceux développés par les régimes totalitaires que sont le régime nazi en Allemagne, le régime fasciste en Italie, le régime franquiste en Espagne et le régime stalinien en Russie. Ce n'est pas pour rien que l'on a inventé ce nouveau nom : régime totalitaire. Mais, ce nom a été forgé par la suite, quand on a vraiment compris la nature différente de ces régimes par rapport à un régime dictatoriale classique. Comme l'a dit si bien Jean-Marc, quand on connait la fin de l'histoire, il est facile de critiquer. Mais, les contemporains ? Ils jugent en fonction de ce qu'ils connaissent et de ce qu'ils apprennent. En révisant leurs jugements quand ils apprennent des choses nouvelles.

L'autre point qu'on oublie, c'est la mondialisation des médias. Aujourd'hui, je peux savoir tout ou presque de ce qui se passe autour du monde. A l'époque c'était moins le cas. Il suffit d'aller voir les journaux de l'époque pour voir qu'une partie des nouvelles au sujet du régime nazi font quelques entrefilets dans la presse, avec quelques fois des articles plus conséquents de la part des envoyés spéciaux. Et pourquoi ? Parce que le but des patrons de presse de l'époque était le même que celui de ceux d'aujourd'hui : vendre et donc donner à lire aux lecteurs ce qu'ils désiraient voir. Les lecteurs de l'époque étaient peu intéressés par les péripéties des politiques exotiques des autres pays. Ils préféraient suivre les péripéties de la vie politique française et de la vie locale


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Message Publié : 11 Oct 2018 16:10 
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Sans parler du fait que nous passions de Rome à Berlin, je trouve cette tentative d'analyse comparée discutable : encore les spectres de l'anachronisme et du déterminisme (quant à la comparaison Trump/Hitler... :rool: enfin bref, passons, je préfèrais ne pas avoir lu ce passage !).
L'Europe des années 1930 n'a rien à voir avec notre monde, prétendre l'inverse n'a aucun sens et engendre raccourcis et jugements hasardeux.
Personne n'aurait vu la véritable essence du nazisme ? Quel scoop ! Déjà Lyautay prescrivait en préface de la version française de Mein Kampf que "tout Français devait lire ce livre". C'est en dire long sur l'aveuglement des contemporains !
De là à n'y percevoir que de la complaisance - certes, parfois, car la réaction internationale d'après 1918 n'avait pu éradiquer le bolchevisme en URSS et que la droite traditionnelle allemande (un peu forcée dans ses plans de reconquête du pouvoir) garantissait une forme de légitimité/respectabilité au NSDAP - , c'est un pas que je ne franchirais pas.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 11 Oct 2018 17:14 
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Duc de Raguse a écrit :
Personne n'aurait vu la véritable essence du nazisme ? Quel scoop ! Déjà Lyautey prescrivait en préface de la version française de Mein Kampf que "tout Français devait lire ce livre". C'est en dire long sur l'aveuglement des contemporains !
De là à n'y percevoir que de la complaisance - certes, parfois, car la réaction internationale d'après 1918 n'avait pu éradiquer le bolchevisme en URSS et que la droite traditionnelle allemande (un peu forcée dans ses plans de reconquête du pouvoir) garantissait une forme de légitimité/respectabilité au NSDAP - , c'est un pas que je ne franchirais pas.

Pour ma part j'ai tendance à penser que le grand public, en France, préférait ne rien savoir sur une éventuelle montée des périls en Allemagne.

La perspective d'une nouvelle hécatombe était insupportable, et ces Français des années 30 ne voulaient surtout pas entendre parler du risque d'une Allemagne redevenue agressive, et encore moins du risque de guerre.

C'est triste, parce qu'on sait comment ça s'est terminé, mais dans le contexte de l'époque je pense que tous les arguments étaient bons pour se rassurer : Hitler n'était qu'un dictateur de plus - un homme d'ordre - les Allemands ne voulaient pas remettre ça, etc...

Et autant les militaires que les politiques ont fourni à ce peuple la politique qui pouvait le rassurer : la Ligne Maginot infranchissable, Hitler avec qui "on pouvait s'entendre", etc...

Oh certes les esprits lucides - Lyautey parmi bien d'autres - ont été nombreux, mais ils ont été impuissants à inverser la tendance.

Ce qui vaut pour le peuple vaut sans doute aussi pour les journalistes envoyés outre-Rhin. Je pense qu'ils n'ont rien vu parce qu'ils ne voulaient rien voir, pour le dire brutalement.

Il est significatif que les deux journaux qui gardent le plus les yeux ouverts soient La Croix et L'Humanité : dans les deux cas, des journalistes qui peuvent avoir en Allemagne des contacts parfaitement conscients qu'il se passe quelque chose d'anormal. Les communistes allemands (tant qu'il y a eu des communistes allemands...) étaient bien placés pour mesurer la violence et la détermination de leurs adversaires, et les catholiques allemands (l'église, en particulier) avaient sans doute reniflé très tôt le parfum de paganisme - ou d'idolâtrie - et de mépris de la vie humaine qui montait du chaudron nazi. (Au point de susciter - début 37 ! - une encyclique du Pape précisément sur ces aspects.)

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Message Publié : 11 Oct 2018 17:47 
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Jean Mabillon
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Je crois que deux éléments de contexte peuvent être évoquées.

D'une part, bien des gens ont cru que Hitler, encadré par Hidenburg et Papen, appuyé sur l'Armée, se bornerait à restaurer le Reich de 1914 ...

D'autre part, on dira ce que l'on voudra, mais je suis plus proche de l'avis de Jérôme que de celui de Pedro : en 1933, l'URSS de Staline était infiniment plus effrayante que l'Italie fasciste ...


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Message Publié : 11 Oct 2018 18:24 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Aigle a écrit :
D'autre part, on dira ce que l'on voudra, mais je suis plus proche de l'avis de Jérôme que de celui de Pedro : en 1933, l'URSS de Staline était infiniment plus effrayante que l'Italie fasciste ...


Où ai-je dit cela? Je rappelle seulement la violence intrinsèque du régime fasciste en citant un historien... Par contre le fait qu'un intervenant qualifie le fascisme italien de régime "paisible, malgré quelques traits cocasses, plus ridicules que vraiment dangereux" ne vous dérange pas? Sérieusement... Et si la répression en Italie est sans commune mesure avec ce qui s'est passé en Allemagne et en URSS la politique agressive de conquête de l'Italie est loin d'être une poésie, en particulier en Ethiopie.

Il y a une gradation entre ne pas sombrer dans l'horreur stalinienne et être un régime sympathique...

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