Dalgonar a écrit :
Les grèves qui ont abouti aux négociations donnant lieu aux accords Matignon en 1936 ont-elles été caractérisées par la violence?
Je ne sais pas répondre à cette question (si ce n'est qu'elles n'ont pas laissé ce souvenir-là) mais il faut souligner qu'il s'est agit, très fréquemment, de grèves avec occupation des usines.
Un mode d'action qui n'était peut-être pas totalement inédit, mais en revanche jamais vu à cette échelle.
On a une foule d'images d'archives de l'époque, où l'on voit par exemple des femmes ravitailler leurs maris, qui remontent des paniers, à l'aide de ficelle, le long des murs de l'usine. (je ne sais pas si cette scène était courante où si elle a donné l'occasion d'un scoop pour les actualités cinématographiques, mais l'idée, certainement juste, est que les ouvriers sont barricadés et qu'il faudrait une armée pour les déloger.)
On comprend bien que ce contexte d'occupations massives est peu favorable à la violence de rue. (Même s'il a horrifié les patrons de l'époque : d'abord parce que c'était une atteinte au sacro-saint principe de la propriété privée - sentiment de transgression dont on n'imagine plus la force, ce mode d'action étant devenu banal - mais aussi parce qu'il évoquait toute une imagerie de "soviets d'usine" et de révolution.)
A noter qu'il s'agissait d'occupations "sans casse", les ouvriers (et de toute façon leur encadrement syndical, lorsqu'il existait) tenant par dessus tout à ne pas être pris pour des voyous, voleurs ou vandales.
En particulier, dans les installations "à feu continu" - donc H24 comme on dit aujourd'hui - telles que les hauts fourneaux, les fonderies ou les verreries, ils ont pris les mesures de sauvegarde ou d'entretien des feux pour ne pas les endommager. (Si vous laisser refroidir un haut fourneau, vous le retrouvez rempli avec un mélange contenant entre autre du fer solidifié, je ne sais même pas si c'est rattrapable.)