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Freud et son exil
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Auteur :  Robert Spierre [ 06 Nov 2019 20:16 ]
Sujet du message :  Freud et son exil

Sigmund Freud a pu, heureusement, quitter l'Autriche après l'Anschluss notamment grâce à la "rançon" versée par Marie Bonaparte, pionnière de la psychanalyse en France.
Hélas, ses 4 soeurs, très âgées, ont fini leur existence dans les chambres à gaz.

J'avais lu que Marie Bonaparte n'avait point eu l'argent nécessaire pour faire sortir d'Autriche, sous emprise nazi, les 4 soeurs.

Je suis tombé par hasard sur cet article

https://www.lexpress.fr/culture/livre/l ... 82017.html

qui fait référence à quelque chose de particulièrement "violent", à savoir que Freud aurait, finalement, "sacrifié" ses soeurs.

En savez-vous plus sur la question ?

Auteur :  Pierma [ 06 Nov 2019 23:24 ]
Sujet du message :  Re: Freud et son exil

Mouais... Freud est vraiment, ainsi que la psychanalyse, le personnage le plus vilipendé qui soit, et souvent par des gens qui en auraient bien besoin. :rool:

L'autre aspect est la prise de conscience par les Juifs du danger qui pesait sur eux : selon les pays et les circonstances, elle a pu être assez rapide, ou à l'inverse très tardive.

Il est déjà confondant que lui-même se soit laissé encager en Autriche par l'Anschluss (il aurait pu émigrer bien avant) alors même qu'il avait jugé de longtemps le nazisme comme un mouvement inquiétant. Il disait par exemple que "ses ressorts inconscients étaient évidents et malsains."

il se savait lui-même visé (En Allemagne, ses ouvrages alimentaient volontiers les autodafés) mais il refusait d'émigrer. Il est possible qu'à Vienne, où régnait une certaine liberté, malgré l'agitation du parti nazi, on n'ait pas vu venir un danger mortel : surprise de l'Anschluss, d'abord, en mars 38, mais d'autre part la Nuit de Cristal - qui devait dissiper toute équivoque sur leur sort chez les Juifs du Reich - n'aura lieu qu'en novembre.

Freud a émigré dès l'Anschluss et l'arrivée des nazis. D'après Wiki, c'est pour sa fille Anna que Marie Bonaparte paya une rançon, tandis que lui-même obtenait la permission de sortie pour 16 personnes, en échange d'un texte signé à la Gestapo, reconnaissant qu'il avait été parfaitement traité par le nouveau pouvoir : s'agissant d'un personnage aussi connu, les nazis tenaient encore à leur image. (D'où l'accusation implicite de Michel Onfray : ce bon pour acquit signifie qu'il a négocié avec la Gestapo et cédé à leur demande.)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud#Derniers_travaux,_exil_et_mort

D'après Wiki, ses soeurs très âgées ne se sentaient pas menacées, du fait de leur âge, et n'ont pas demandé à figurer sur cette liste. Il a 82 ans cette année là, mais ses soeurs sont ses cadettes. On pourrait toutefois se demander si après la Cristallnacht il n'aurait pas dû enfin prendre conscience du danger et tenter d'obtenir leur sortie, mais il est probable qu'entre temps les prix avaient dû monter... à supposer que ce fût encore possible. :rool:

il mourra l'année suivante, à Londres, peu après la déclaration de guerre.

Dans l'article sur Marie Bonaparte, le rôle de celle-ci est présenté ainsi :
Citer :
Marie Bonaparte intervient personnellement, en faisant jouer ses relations sociales et diplomatiques, afin de permettre à Freud et à sa famille de quitter l'Autriche passée sous domination nazie. Elle verse aux nazis une « rançon » (l'article précise en note qu'il s'agit d'une "taxe de sortie" sur ses biens, ce qui signifie qu'on rackettait les Juifs qui partaient, mais exclut l'idée d'une rançon versée pour sa fille) de 4 824 dollars, que Freud lui rembourse à son arrivée à Londres. Freud, sur son trajet vers Londres, fait une escale à Paris, où il est reçu chez la princesse, rue Adolphe-Yvon. Elle envoie vers Freud le médecin Antoine Lacassagne pour soigner le cancer de la mâchoire dont il est atteint depuis 1923.


En fait, l'information qui manque pour reprocher à Freud, sans doute possible, l'abandon de ses soeurs me semble la suivante : furent-elles inquiétées au moment de la Cristallnacht ? (Dans la négative peut-on imaginer qu'il se soit encore bercé d'illusions sur la portée de sa notoriété ?)

A la lecture de ses dernières activités - et sans parler de sa maladie - je pense qu'il ne vivait plus que pour son travail et son oeuvre, mais c'est une simple impression.

Auteur :  Robert Spierre [ 06 Nov 2019 23:53 ]
Sujet du message :  Re: Freud et son exil

Pierma a écrit :
Mouais... Freud est vraiment, ainsi que la psychanalyse, le personnage le plus vilipendé qui soit, et souvent par des gens qui en auraient bien besoin. :rool:.
Freud, après avoir pris connaissance des autodafés commis par les nazis :

« Quels progrès n'avons-nous pas faits ! Au Moyen Âge, ils m'auraient brûlé vif ; aujourd'hui, ils se contentent de brûler mes livres."

Quelle immense preuve d'humour, et d'autodérision. B)
Je n'ose imaginer, au XIXème siècle, ce qu'il lui a fallu comme énergie/volonté pour affirmer ses théories sur la sexualité et sa présence inaliénable "au sein" de la psyché humaine.
Le grand destructeur d'illusions, à l'instar de Nietzsche.

Pierma, merci pour votre intervention.

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