Squalll a écrit :
J'ai parfois pu discuter avec des communistes qui justifiaient le pacte germano-soviétique en expliquant qu'il n'avait rien d'unique et que de nombreux pactes avaient été conclus, dont celui entre Bonnet et Ribbentrop en 1938. Selon Ribbentrop, les Français sous-entendaient laisser aux Allemands les mains libres à l'est, ce que Bonnet niera par la suite.
Ils ne manquent pas de souffle. Mais on sait que les communistes ne sont jamais à court de rhétorique !
Là ils jouent sur le mot "pacte", comme si un pacte en valait un autre.
(Au passage, au moment de la signature du pacte Hitler-Staline, 20 députés communistes ont déchiré leur carte du Parti, ceux-là savaient bien qui avait réellement conclu un Pacte avec le diable.)
De toute façon, en 1938, après que Bonnet eût vendu à Munich - ou plutôt donné gratuitement - ce qui nous concernait, à savoir nos alliés tchèques, il pouvait toujours essayer d'orienter Hitler contre l'URSS, les alliés avaient trop cédé à l'Ouest pour éviter la guerre : ils avaient abandonné la Rhénanie et laissé Hitler annexer l'Autriche, et Chamberlain, qui n'avait pas d'armée, allait bientôt donner sa garantie militaire à la Pologne, comptant sur l'armée française.
Cette garantie assurait Staline que si Hitler l'attaquait, le passage obligatoire par la Pologne déclencherait l'entrée en guerre des Alliés occidentaux, ce qui constituait donc aussi, automatiquement, une garantie militaire donné à l'URSS, sans rien en échange.
Ce qui n'empêcha pas Staline de s'entendre avec Hitler : il calculait que la longue usure des deux adversaires, comme en 1914, allait lui donner quelques années plus tard - avec une armée requinquée - l'occasion de tirer les marrons du feu. Il allait être cruellement déçu.
(En revanche, il y a une chose qui va dans votre sens, c'est l'opinion de De Gaulle - forcément bien informé - une opinion qui pèse lourd, surtout dans des Mémoires de Guerre publiées après la mort de Staline : il écrit que Staline signa ce pacte "préférant partager sa proie [la Pologne] avec Hitler plutôt que devenir la sienne". Il donnait donc quittance à Staline, parce qu'il avait certainement estimé à l'époque que l'idée que Hitler commence par l'URSS n'était pas si folle. Ce que je trouve un peu déroutant, mais il avait pesé la combativité des Alliés, même en cas de guerre pour la Pologne : elle était nulle, inexistante.)
Citer :
Il y évoque notamment une des raisons de la frilosité française à conduire une alliance franche avec l'URSS. Les diplomates français jugeaient en effet peu crédible qu'Hitler s'attaque directement à l'URSS
Ces deux phrases sont contradictoires. Si Hitler ne veut pas attaquer l'URSS, alors il s'en prendra à la Pologne et à la France - et c'est bien ce qui se passera - ce qui devrait au contraire inciter les diplomates français à conclure à toutes forces une alliance de revers avec Staline.