Daniel Laurent a écrit :
Dans le IIIeme Reich, il n'y a qu'un seul décideur, Hitler.
Il semblerait, sauf erreur de ma part, que vous donnez dans la thèse de Ian Kershaw "travailler en direction du Fuhrer". Correct ?
Non, le "travailler en direction du fuhrer" de Kershaw existe bien, ici comme ailleurs, mais il complète d'autres processus de décision tels que ceux que j'ai mentionné: d'une part les cas où Hitler a l'idée et décide, et d'autre part des cas où l'idée vient de compagnons nazis et il approuve et décide. Tous ces mécanisme coexistent. la réalité est ainsi, elle est inhérente à tout pouvoir, nazisme compris.
Dans ces deux derniers cas, Hitler est pénalement et historiquement responsable. Et c'est pour celà que la distinction intentionnalistes-fonctionnalistes est artificielle et même peut-être bien suspecte, car elle a des sous-entendus quand à la responsabilité d'Hitler dans les méfaits et les crimes du nazisme, si j'ai bien compris. Elle ne peut, en tout état de cause, être admise à mon avis de juriste, pour cette raison et d'autres (réalité du pouvoir).
Dans tous les cas, Hitler qu'il ait eu ou non l'intention, est pleinement responsable de tous les crimes du régime nazi, sauf cas particulier d'initiatives hors système ou si le lien avec le régime est ténu.
Je ne crois pas que la proposition Kershaw remplace le processus de décision du pouvoir nazi, elle est, pour lui également, en plus. Et le génocide par exemple, pour illustrer le raisonnement, ne relève pas d'un "travail en direction". Ce serait trop facile. Il est impensable qu' Hitler n'ait pas su et donc ne soit pas responsable. L'affaire est "trop grosse". Je ferme l'illustration.
Idem pour l'incendie du Reichstag, Hitler a au moins approuvé et donc ordonné, c'est pareil en droit de la responsabilité que si l'idée venait de lui. Comme le génocie, l'affaire est trop capitale pour l'avenir d'Hitler pour que même Goering ait pu décidé tout seul !!!