Je vous conseille la biographie de Pierre Joannon qui m'a passionnée, et qui est trés complète.
Le personnage centrale est Micahael Collins, mais l'on y voit apparaitre tous les acteurs de cet épisodes de l'histoire.
Michael Collins
Monday 28 August 2006
Michael Collins
Sur une route d’Irlande mourrait, il y a 84 ans, Michael Collins, victime d’une terrible guerre civile. Né en 1890 dans l’Irlande occupée d’alors, Michael Collins fut très tôt sensibilisé au nationalisme. Il part vivre une dizaine d’année à Londres pour travailler, à 15 ans, après la mort de son père. C’est là qu’il devient l’un des membres de l’Irish Republican Brotherhood, en 1909. Il en devient rapidement l’un des chefs.
Collins rentrera en Angleterre en 1916, l’année des Pâques sanglantes. Lors de l’insurrection, il combat avec Patrick Pearse. Tout comme lui, il sera arrêté et emprisonné. Mais il aura eu le temps de comprendre les raisons du désastre de 1916. Il orientera à sa sortie de prison le nationalisme irlandais sur les voies de la guérilla.
Il intègre un nouveau mouvement nationaliste, le Sinn Fein dont il devient député. A la veille de la guerre d’indépendance, il dirige les services de renseignement de l’IRA, préside l’IRB et devient bientôt ministre des Finances. Il n’a pas trente ans.
A l’issue de la guerre, Collins est chargé par Eamon de Valera – le président des républicains avec lequel il existe de fortes tensions – de négocier un traité avec Londres. Collins obtient la création d’un Etat irlandais mais intégré à l’empire ; de plus il doit concéder la partition avec l’Irlande du nord.
C’est une trahison pour nombre de nationalistes qui déclenchent alors une guerre contre le nouvel Etat, malgré le soutien du peuple irlandais à Collins. Il devient Premier ministre du nouveau gouvernement, puis se retire pour devenir commandant de la nouvelle armée irlandaise. C’est lors d’un campagne sur ses terres natales, le Corkj, que Collins tombera dans une embuscade. Il y périra, à l’âge de 31 ans.
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[Ce texte de Michel Déon constitue sa préface au Michael Collins de Pierre Joannon. La Table Ronde. 300 pages, reproduit in Enqupête sur l’Histoire, juin-juillet 1997, n°21]
«L’opposition fait toujours la gloire d’un pays. En un sens, les plus grands hommes d’une nation sont ceux qu’elle met à mort. » Ces mots de Renan, Pierre Joannon aurait pu les placer en exergue de son livre. Ils résument l’ action et la fin de Michael Collins. Déjà, de l’opposition, Balzac disait qu’ elle était la vie. La vie et la gloire, Michael Collins a pu s’enorgueillir de les avoir rendues à l’Irlande, premier pays à secouer le joug de la Couronne. S’il ne fut pas le seul artisan de cette libération, il en fut certainement le général sans la volonté implacable duquel les combattants de l’ombre auraient peut-être abandonné la lutte.
Il faut qu’ on le sache, tout ce que Pierre Joannon, éminent spécialiste de l’histoire irlandaise, rapporte de la répression anglaise est vrai. Ces exactions furent commises au lendemain de la Première Guerre mondiale déclenchée pour que les peuples eussent le droit de disposer d’eux-mêmes. C’est dans ce climat euphorique orchestré par un Woodrow Wilson sombrant dans la plus sénile des mégalomanies, que Londres décida qu’il n’y aurait pas d’Irlande libre. De grands noms surgissent au cours de cette histoire. Lloyd George, Winston Churchill. Leur ignorance de la situation, leur mépris pour les Irlandais, la manière dont ils couvrirent d’un voile pudique ou cynique les réactions insensées des Black and Tans et des Auxiliaires, ternit à jamais leur mémoire.
Comment dans ces circonstances, une poignée de soldats, l’embryon de l’Irish Republican Army a-t-elle réussi à faire plier le genou au plus grand empire du monde ? Mais rien ne s’explique sans le « tout ou rien » propre au caractère irlandais. Là où d’autres militants auraient renoncé, les échecs, la torture, l’ assassinat galvanisaient ces quelques hommes dont l’ action ferait basculer l’ opinion, car, il faut le dire, la révolution irlandaise n’ est pas née d’une facile unanimité. Contre elle, l’IRA avait la nonchalance aussi naturelle au pays que son énergie et sa bravoure, la lassitude générale après tant d’échecs et la neutralité pas toujours bien bienveillante du clergé. Le soulèvement de 1916 auquel Michael Collins participa restait surtout dans la mémoire des habitants des taudis dublinois comme l’ occasion inespérée d’un fantastique pillage. Ceux qui rêvaient, envers et contre tous les échecs, d’une Irlande libre en furent amèrement et cruellement déçus. Ils purent se demander si la nation irlandaise existait encore, si elle avait survécu à des siècles d’oppression, à la grande famine de 1845-1849, si leur sacrifice avait un sens. Il fallait d’abord retrouver cette nation irlandaise, la réveiller et peut-être même la violer. Le moyen employé, à tâtons, sans réelles directives, sans une vraie doctrine, est le premier exemple pratique de ce qu’ on a appelé trente ans plus tard dans le monde: la guerre révolutionnaire. Mao Tsé-toung n’en est pas l’initiateur. L’initiateur en est Michael Collins, le fils d’un petit fermier du comté de Cork.
Dans le panier de crabes des révolutions, il faut, pour survivre aux événements, aux luttes intestines, aux haines inévitables, des tempéraments de fer, un mépris total de la mort et, peut-être, une sorte d’intuition quasi magique du destin. Moins subtil qu’un Childers, moins politicien qu’un Brugha, moins sinueux qu’un Valera, Michael Collins possédait quelque chose de plus: la force intérieure que rien ne peut entamer. Il avait aussi la baraka et son aventure est à peine croyable, en liberté dans un Dublin où abondaient les indicateurs, il traversait les barrages sur sa vieille bicyclette, gouailleur et sûr de soi. Il aurait dû être arrêté, abattu, pendu ou fusillé cent fois sans une chance qui fait aujourd’hui paraître bien pâles les héros des bandes dessinées. Cette chance a été un des éléments de sa certitude. Il avait toutes les raisons de se croire l’homme du destin qu’une main invisible protégeait. Michael Collins est un caractère entier, mais un aussi un caractère joyeux. Ce n’était pas un saint. Il aimait boire, il aimait les femmes et rien ne lui plaisait plus que de tomber la veste pour un amical combat de boxe. Une révolution n’atteint pas ses objectifs sans un homme de cette trempe. Mais en dehors de ce goût frénétique de la vie, on verra, dans la première biographie qui lui est consacrée par un Français, quelle fut son intelligence tactique. C’est un vrai général qui sait où frapper et quand il le faut, masquer la faiblesse de ses troupes et de son armement par des coups d’audace, et, mieux encore, engager ses combattants dans un processus irréversible.
Qui croira que l’attaque aux environs de Cork d’une section d’ Auxiliaires anglais ait eu pour seul but de liquider quelques tortionnaires. En vérité l’embuscade déclenchait les événements en chaîne: rage, vengeance, répression aveugle. Du pillage et de l’incendie de Cork est née l’unanimité du peuple irlandais. C’est là le génie de Michael Collins, génie cruel, cynique, mais nécessaire si l’on veut la victoire à tout prix. Homme d’action il se doublait aussi d’un homme politique, ce que les professionnels lui pardonnèrent mal.
Le jour venu, il sut composer. Le pays avait assez souffert. Le reste viendrait fatalement. Il en avait la certitude et il avait raison.
Y a-t-il une justice immanente ? Ou est-il permis de croire qu’en s’offrant aux coups comme il le fit, Michael Collins entendait payer le sang versé sur son ordre ? L’ apprenti sorcier avait déclenché un mécanisme qui, avec tout ce qu’a d’explosif le tempérament irlandais, devait se retourner contre lui. Ses hommes avaient trop pris goût à la mort. Bravement, comme un héros, il monta à son tour en ligne et ce furent ses compatriotes qui l’assassinèrent pour justifier le mot de Renan.
Le héros s’écroula. On le croyait invincible.
Ce n’était qu’un homme. Ils avaient fini par l’oublier.
Michel Déon.
Titre : Michael Collins
Auteur : Pierre Joannon
Paru le : 01/02/1997
Editeur : LA TABLE RONDE
Isbn : 2-7103-0761-8 / Ean 13 : 9782710307617
Prix Decitre : 16,65 €
Prix éditeur : 17,53 €
Actuellement indisponible M'alerter lorsqu'il sera disponible
Caractéristiques : Broché / 298 pages
Dimensions / poids : 14,1cm x 20,6cm x 2,3cm / 0,375kg
Thème : histoire et sciences politiques
Thème associé : histoire de l'irlande
Pour les Irlandais, il est le " Big Fellow ", l'homme qui a réussi à mettre en échec toutes les forces conjuguées d'un empire qui s'étend, au lendemain de la Première Guerre mondiale, jusqu'aux confins du globe. Pour les anglais, qui ont mis sa tête à prix, Michael Collins est le stratège le plus diabolique d'une armée de l'ombre et de la nuit. Dublin est son royaume. Il y règne sans partage et sans peur. D'une folle imprudence, il ne se cache pas, conspire à visage découvert, boit sec et n'hésite pas à faire le coup de poing avec ses compagnons. Sa ténacité a raison d'un régime colonial vieux de sept cents ans. En 1921, Michael Collins met fin aux hostilités et signe avec Lloyd George et Winston Churchill un traité qui donne l'indépendance à la plus grande partie de l'île. Eclate alors une guerre civile atroce. Dans cet ultime et tragique affrontement entre frères ennemis, Collins rencontrera à la fois la victoire et la mort, fusil au poing, au bord d'une route verdoyante de son comté natal. Cette vie pleine de bruit et de fureur, de sang et de larmes, de rires et d'espoir, a été portée à l'écran par Neil Jordan, le plus talentueux réalisateur irlandais contemporain. Son film Michael Collins a obtenu le Lion d'or du Festival de Venise 1996, tandis que le prix d'interprétation masculine allait à Liam Neeson, qui incarne de façon bouleversante le rôle-titre.
L'aube écarlate
Les Pâques sanglantes de Dublin
Le temps des illusions
L'holocauste des justes
Frongoch
Le triomphe du Sinn Fein
Evasions
Rebuffades diplomatiques
Exécutions sommaires
Les frères ennemis
Le temps des Janissaires
Tirez à vue
Terence Mac Swiney
Le dimanche sanglant
Ypres-sur-la-Lee
Un pas en avant, deux pas en arrière
Le retour de de Valera
Succès de la propagande rebelle
Colombes et faucons
Libérez Mac Eoin
La trêve
La guerre civile
Beal nam Blath.
Historien spécialiste de l'Irlande, président de l'Ireland Fund de France, rédacteur en chef de la revue Etudes irlandaises et docteur honoris causa de la National University of Ireland, Pierre Joannon a organisé et animé plusieurs séminaires sur l'Irlande contemporaine.