Vendôme a écrit :
Pas d'accord, le vainqueur est celui qui est maitre du champs de bataille à la fin du combat, c'est ainsi qu'on détermine la victoire ou la défaite depuis l'antiquité.
Il est heureux que certains aient eu une approche différente de la vôtre sur d'autres sujets, sinon l'héliocentrisme n'aurait jamais vu le jour !
Si c'est si simple, alors pourquoi est-il généralement considéré que les Américains ont perdu lors de l'offensive du Têt en 1968 ? Ou les Allemands en 1918 (qui ont encore intégralement leurs armées déployées à l'étranger, sur un terrain
conquis) ? Ou même les Français en Algérie en 1962, ou encore les Franco-Britanniques à Suez en 1956 ?
Vendôme a écrit :
Une bataille est affaire de tactique uniquement, du moins pendant son déroulement, ce qui se passe avant et après sont du domaine de la stratégie.
Je ne vois pas trop le rapport. Que voulez-vous dire, qu'une victoire ne peut être que tactique, ou que stratégique ? Il y a des dizaines d'exemples de victoires tactiques qui conduisent à un échec stratégique (les Occidentaux depuis 1945 en sont même experts ! Mais puisque vous semblez aimer l'Antiquité, il vous suffira de prendre l'exemple de Pyrrhus), et des exemples moins nombreux mais réels de succession d'échecs tactiques qui amènent à un succès stratégique (ainsi du Nord-Vietnam battu continuellement de 1965 à 1973 mais qui remporte pourtant la guerre ; mais sur le sujet de la Seconde Guerre mondiale on peut parler de la contre-offensive soviétique de Smolensk en juillet 1941, qui est une défaite tactique mais un succès opératif d'ampleur). And so what ?
Vendôme a écrit :
Je ne vois pas bien quels objectifs les allemands atteignent à cette période.
Eh bien il faut mieux regarder. Vu la disproportion des forces, ils sont contraints à une attitude défensive, tandis que le pouvoir politique leur donne l'ordre de gagner du temps pour mettre en oeuvre ses "Wunderwaffen" ou autres solutions miracles qui inverseront le cours de la guerre. Dans ce cadre, mener une stratégie de freinage (déclinée au niveau tactique, c'est une évidence, mais vu votre remarque ci-dessus, il ne me semble pas inutile de le rappeler) assortie d'objectifs limités (par essence, compte tenu de leur potentiel réduit par rapport à celui de leurs adversaires) est l'un des seuls choix viables. Force est de constater qu'ils réussissent plutôt bien à freiner l'avance alliée, puisque numériquement dominés largement sur tous les fronts, avec une armée de plus en plus affaiblie, ils tiennent à distance pendant près de deux ans la plus forte coalition de l'Histoire. Ce n'est pas exempt de déroutes (en Normandie avec la poche de Falaise, en Ukraine avec "Bagration", mais il y a de nombreux autres exemples), mais ce n'est pas exempt de succès non plus.
C'est sûr que si vous estimez que le seul objectif possible était "gagner la guerre" à partir de 1943 pour l'Allemagne, vous ne tomberez jamais d'accord avec moi. Mais il est évident que plus personne n'y pense après "Zitadelle" et "Husky" (déjà qu'à compter de décembre 1941, la tendance était plutôt à la morosité...).
Vendôme a écrit :
il y a bien quelque combats locaux ici ou là
Ouch. Définissez "combats locaux". On parle d'armées qui s'affrontent sur plusieurs théâtres d'opérations et regroupent plusieurs millions d'hommes et un matériel titanesque. Il ne s'agit pas de "combats locaux", mais d'une guerre linéaire quasiment jusqu'au bout, menés par des ensembles puissants de grandes unités organisées.
Vendôme a écrit :
mais en Italie les allemands ont été battus, ils n'ont pas empêché la prise de Rome, ils ont capitulé en 1945.
Oui, les Allemands ont été battus, c'est une évidence et je ne crois pas que quelqu'un ait osé dire qu'ils avaient gagné la guerre. Mais de 1943 à 1945, ce n'est pas une succession infinie de victoires alliées et de défaites allemandes. Comme souvent il y a alternance, plus gris que noir et blanc, tout ça tout ça.
Pour l'Italie, ils ont retardé la prise de Rome de cinq bons mois, et ils se sont accrochés au terrain de manière à être encore implanté sur le territoire italien au printemps 1945. Cela témoigne plutôt de leur capacité à durer et à s'accrocher...
Vendôme a écrit :
Market Garden est un succès relatif, surement par une victoire
Définissez succès relatif, et définissez victoire. En atteignant leurs objectifs et en empêchant les Alliés d'atteindre les leurs, ils ont clairement obtenu une victoire. Ce qui vous pose problème, c'est le concept même de bataille défensive, avec le fait d'échanger du terrain contre des délais.
Je suis d'accord pour dire que ce n'est pas une victoire de nature à inverser le sort des armes, mais crénom ils ont empêché que la guerre se termine à Noël, tout de même !
Vendôme a écrit :
les allemands ont perdu beaucoup de terrain important, ils n'ont pu le reprendre, cette opération a marqué les esprits parce que c'est le principal échec allié de cette époque.
Ils n'ont jamais essayé de le reprendre, sauf peut-être avec "Herbstnebel" - qui est un échec net pour le coup. Le terrain n'est qu'un "point décisif" éventuel (désolé de parler technique) parmi beaucoup d'autres, et on peut aisément le sacrifier au profit d'un plus grand bien. C'est la plus grande erreur militaire d'Hitler de ne pas l'avoir compris, d'ailleurs.
Vendôme a écrit :
Après la Normandie et l'Ukraine, les allemands ont pu rétablir de nouvelles lignes très en arrière, parce qu'ils avaient encore un grand réservoir humain, nullement par un succès militaire ou une manœuvre quelconque.
Mais le "grand réservoir humain" (sic, cf. le message de Pierma), s'il n'a pas d'action sur le cours des évènements, si les nouvelles lignes ne bloquent pas ou ne ralentissent pas la progression alliée, expliquez-moi à quoi il sert. C'est bien parce que jusqu'à ce que leur espace stratégique soit réduit à néant les Allemands se sont battus et ont obtenu entre deux défaites ou échecs des succès ou des victoires d'ordre tactique qu'ils ont pu rétablir des lignes défensives...
Vendôme a écrit :
En quoi font ils "l'économie des moyens" ils ont été contraint de capituler avec des dizaines de milliers d'hommes à Matz, Breslau, Budapest, hommes qu'ils leur ont manqué dans des combats plus décisifs.
Quand 80 000 soldats, pour les trois-quarts des Volkssturmanner, tiennent Breslau face à plusieurs armées soviétiques, cela s'appelle économiser ses moyens (en immobilisant ceux de l'ennemi en plus forte proportion que l'on est soi-même fixé) ; quand les troupes de troisième rang qui constituent la 462. Infanterie Division tiennent Metz pendant un mois face à toute la Third US Army de Patton, cela permet pendant ce temps-là d'envoyer des forces mobiles à un autre endroit où elles sont plus utiles, c'est encore de l'économie des moyens. Pareil pour Budapest.
Je vous conseille, pour le coup, de (re ?) lire vos classiques, en l'occurrence Foch.
Vendôme a écrit :
Les allemands auraient pu éviter une fin aussi désastreuse pour leur armée et leur pays.
Je suis bien curieux de savoir quelle est votre position sur le sujet limité au cadre 1943-1945, au-delà des habituelles "tartes-à-la-crème" sur la "résistance" et le complot du 20 juillet 1944.
CNE EMB