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Message Publié : 21 Nov 2014 13:42 
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Narduccio a écrit :
Je ne pense pas qu'on puisse dire qu'ils ont gagné la bataille d'Arnhem. Les alliés n'ont pas atteints leurs objectifs, mais une bataille où on recule la ligne de front de 100 km en quelques jours ne peut pas vraiment se nommer une victoire.


Cela dépend complètement de l'intention du général en chef, de la réalisation de son effet majeur, et de la nature du combat.
Ainsi, si l'intention du chef est d'attirer une force ennemie en vue de la contre-attaquer de flanc sur son second échelon, réussir à attirer la force à détruire, donc lui laisser gagner du terrain, est une condition nécessaire à l'obtention du succès.
De même, si l'effet majeur (condition essentielle à la réalisation de la mission) est par exemple de conserver l'unité qui constitue son centre de gravité (source matérielle ou immatérielle de la puissance d'une force militaire), la reculer pour éviter de l'engager peut être prioritaire sur la conservation du terrain.
Enfin, si la nature du combat décidée par le chef est défensive, avec des composantes de jalonnement ou de freinage en vue de porter un coup d'arrêt et ultérieurement de mener une contre-attaque, il est même essentiel d'échanger du terrain contre du temps.

En l'occurrence, pour Arnhem, les Allemands ont sciemment, devant la disproportion des moyens, choisi d'engager une défense dans la profondeur leur permettant dans un premier temps de constituer une masse de manoeuvre, et dans un second d'être ainsi capable de contre-attaquer et de réduire les points d'appui parachutistes isolés dans leur dispositif. Vu qu'ils ont atteint les objectifs qu'ils s'étaient fixés, je ne vois pas en quoi on les priverait d'un succès indéniable.
A contrario, les Alliés, selon leur plan d'opérations, devaient conquérir une ligne de débouché sur le Rhin leur offrant une porte d'entrée dans la Ruhr. Ils n'y sont pas arrivés.

Arnhem est une très belle victoire défensive allemande obtenue par une force pourtant très réduite (au moins initialement), sur un ennemi disposant d'une supériorité numérique et matérielle conséquente. Il n'était pas du tout écrit, lorsque "Market Garden" débute, que les Allemands réussiraient à empêcher les Alliés de pénétrer de vive force dans la Ruhr. Ils y sont arrivés.

CNE EMB

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Message Publié : 21 Nov 2014 18:21 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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CNE_EMB a écrit :
@cush : les Carpathes sont abordées par les Soviétiques début septembre 1944 seulement. A la fin de l'hiver 1943-1944 et au début du printemps 1944, ce sont essentiellement les combats pour les poches de Tcherkassy (janvier-février) et Kamenets-Podolski (mars-avril) qui animent le secteur méridional du front de l'est.
CNE EMB

il y a quand même l'offensive des 2eme et 3eme fronts d'Ukraine (Koniev et Malinovski) qui a pour objectif la Roumanie en avril puis début mai, offensive stoppée net par les 8eme et 6eme armées (Wöhler et Hollidt) allemandes et les 3eme et 4eme armées roumaines. Les deux contre attaques qui suivent (Katia et Sonia) sont d'après Lopez une défaite tactique soviétique et amènent Staline à renoncer à la Roumanie.


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Message Publié : 21 Nov 2014 18:38 
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C'est plutôt un axe offensif secondaire qui vise à poursuivre l'effort initié à la fin de l'hiver et à pénétrer en Roumanie et qui est effectivement arrêtée.
Elle tient au moins autant aux insuffisances soviétiques (impréparation, secteur qui n'a pas l'effort) qu'à la défense germano-roumaine, même si effectivement l'attaque soviétique est enrayée.
En revanche, ce ne sont pas tant les Carpathes qui sont visées que la Roumanie (à la rigueur les Alpes transylvaines...), et votre question portait bien sur les Carpathes, non ?

L'Armée rouge se rattrapera en août avec la défection de la Roumanie et la destruction complète de la 6. Armee.

CNE EMB

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Message Publié : 21 Nov 2014 19:29 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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CNE_EMB a écrit :
C'est plutôt un axe offensif secondaire qui vise à poursuivre l'effort initié à la fin de l'hiver et à pénétrer en Roumanie et qui est effectivement arrêtée.
Elle tient au moins autant aux insuffisances soviétiques (impréparation, secteur qui n'a pas l'effort) qu'à la défense germano-roumaine, même si effectivement l'attaque soviétique est enrayée.
En revanche, ce ne sont pas tant les Carpathes qui sont visées que la Roumanie (à la rigueur les Alpes transylvaines...), et votre question portait bien sur les Carpathes, non ?

L'Armée rouge se rattrapera en août avec la défection de la Roumanie et la destruction complète de la 6. Armee.

CNE EMB


J'avais en tête les Carpates effectivement (les objectifs de cette offensive, Iassy et Kichinev sont au pied des Alpes de Transylvanie qui constituent les Carpates méridionales). Lopez semble plutôt penser qu'il ne s'agit pas d'un axe secondaire dans l'esprit de Staline et que celui-ci vise à s'emparer de la Roumanie, des pétroles de Ploesti et à placer ses pions dans les Balkans face à un Churchill dont on sait la fixation qu'il fait sur ces mêmes Balkans. Au vu des effectifs (théoriques il est vrai car comme vous le signalez, les 2eme et 3eme Ukraine sont au bord de l'épuisement) engagés (1 million d'hommes - théorique - et 1600 blindés), je serais assez tenté de le suivre dans son raisonnement. Toujours d'après Lopez, c'est de l'échec de cette opération que serait née "Bagration".


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Message Publié : 22 Nov 2014 13:31 
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Je suis plus sceptique, il est bien dans la manière pragmatique de la Stavka de planifier une série d'offensives sur plusieurs axes et de voir où l'ennemi est "dur" et où il est "mou". Le reste n'est que d'exploiter toute faille avec les réserves conséquentes patiemment constituées.
Ainsi, les contre-offensives de l'hiver 1941-1942 se font-elles sur l'intégralité du front ; de même, "Uranus" en novembre 1942 n'est que le second axe offensif retenu, le premier visant le saillant allemand de Rjev (opération "Mars"), etc, etc.

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Message Publié : 24 Nov 2014 11:59 
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Thucydide
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Aucune victoire proprement dite, quelque succès défensifs provisoires, ça permet de relativiser la valeur de l'armée allemande.


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Message Publié : 24 Nov 2014 21:00 
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Ca permet sans doute de relativiser le mythe qui l'entoure pour des raisons souvent peu avouables, mais c'est très insuffisant pour en déduire qu'il n'y a aucune qualité et qu'elle ne réalise aucune performance dans les deux dernières années du conflit.

Tout simplement parce qu'une armée qui a perdu l'initiative depuis l'été 1943 ne peut stratégiquement mener d'autres combats que défensifs - c'est induit puisqu'elle ne peut que réagir aux coups qu'on lui porte.
Dans ce cadre, confrontée à la plus grande coalition de l'Histoire, le plus étonnant est le temps qu'elle a mis avant de capituler, montrant une capacité de résilience que seuls les Soviétiques peuvent se targuer de surpasser...

CNE EMB

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Message Publié : 24 Nov 2014 21:41 
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CNE_EMB a écrit :
[...]montrant une capacité de résilience que seuls les Soviétiques peuvent se targuer de surpasser...

CNE EMB


Et encore les Soviétiques ont-ils passé les deux premières années de combat en sacrifiant leurs effectifs dans des conditions souvent folles. Les Allemands au contraire font preuve d'une adaptation à la défensive impressionnante. Je veux dire que c'est pensé et réfléchi - une chose que les Soviétiques envahis, pris par l'urgence, ont mis du temps à faire.

Par exemple, c'est Manstein, inspecteur de l'arme blindée, sauf erreur de ma part, qui met l'accent sur la production d'automoteurs antichars (Les Sturmgeschütz ?) plus faciles à produire que les chars - il n'y a pas de tourelle - et qui se montrent d'une efficacité redoutable face aux blindés tant russes que occidentaux. Dans le même esprit, le fusil d'assaut 44 est destiné à doter d'une grande puissance de feu des jeunes recrues pas forcément très entraînées au tir de précision.

On voit apparaître des généraux qui montrent une compétence spéciale dans les situations difficiles. Je pense par exemple à Model, qui n'hésite pas à transgresser sans le dire l'ordre habituel d'Hitler - ne pas reculer d'un pouce - quitte à lui dire le contraire. (Ils ont déjà été cités, par vous-même il me semble.)

Bref,alors que la Wehrmacht est vaincue définitivement à Koursk, et qu'on ne parierais pas grand chose sur la capacité allemande à résister à la suite, ils vont encore tenir deux ans, et faire preuve - le terme est le bon - d'une faculté de résilience inattendue.

(J'ai toujours du mal à écrire cela sans penser à Anne Franck - et combien d'autres - à qui un effondrement allemand aurait sauvé la vie.)

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Message Publié : 24 Nov 2014 23:25 
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Pierma a écrit :
Par exemple, c'est Manstein, inspecteur de l'arme blindée, sauf erreur de ma part, qui met l'accent sur la production d'automoteurs antichars (Les Sturmgeschütz ?) plus faciles à produire que les chars - il n'y a pas de tourelle - et qui se montrent d'une efficacité redoutable face aux blindés tant russes que occidentaux.


Il s'agit en fait de Guderian, qui est inspecteur des troupes blindées à compter de mars 1943 ;)
Quand on regarde les "as" allemands de l'antichar, on s'aperçoit effectivement qu'ils proviennent majoritairement des unités de canons d'assaut (Sturmgeschütze Abteilungen ou Brigaden), qui est un compromis très efficace entre puissance de feu, protection (en raison de sa silhouette basse très profilée) et surtout faible coût de production !

Pour le reste, je répète mon message plus haut : les victoires ne se mesurent plus - si tant est que ce fut jamais le cas - à la conservation du champ de bataille. Ca n'a aucun sens dans une guerre moderne, déjà que ça n'en représentait que peu avant. Une victoire, c'est réussir à réaliser ses objectifs et empêcher son adversaire d'atteindre les siens. A ce titre, réduits à la défensive à compter de l'été 1943 sur tous les fronts, les Allemands vont se révéler extrêmement coriaces, et leur dénier tout succès ou même toute victoire au titre qu'ils perdent du terrain, c'est nier qu'ils réussissent fréquemment à atteindre leurs objectifs - certes limités, contexte oblige - en empêchant leurs adversaires de faire de même. J'ai relevé l'exemple de "Market Garden", mais on peut parler de l'intégralité de la campagne d'Italie avec la défense en profondeur des diverses lignes défensives qu'ils y édifient ou la mise en échec de l'opération "Shingle" à Anzio entre janvier et juin 1944 (avec notamment la destruction de trois bataillons des cinq bataillons de Rangers américains combattant à l'ouest, pourtant si vantés, lors de la bataille de Cisterna...), ou encore du rétablissement quasi-miraculeux qu'ils opèrent - bien aidés il est vrai par une logistique alliée défaillante - après leurs débâcles de Normandie ou d'Ukraine à l'été 1944.

Ils mènent basiquement une stratégie générale de freinage, échangeant du temps contre du terrain, comportant des volets contre-offensifs, pour "se donner de l'air" et infliger des pertes substantielles à leurs ennemis quand la situation le permet, et constituent quand ils le peuvent des points de fixation qui "amarrent" le front et permettent l'économie des moyens (j'ai cité Metz ou Aachen à l'ouest, on peut aussi évoquer Breslau ou Budapest à l'est).

Non, l'échec allemand, indéniable, réside dans l'incapacité du Reich à s'imposer à l'URSS à l'automne 1941, ou à un degré moindre à vaincre les Britanniques décisivement en Afrique du nord en 1942. En 1944-1945, le sort en est jeté depuis déjà pas mal de temps et il ne s'agit que de gagner du temps pour retarder l'inévitable (et à l'est, jusqu'au dernier moment, pour évacuer les populations civiles).

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Message Publié : 25 Nov 2014 0:21 
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CNE_EMB a écrit :
Il s'agit en fait de Guderian, qui est inspecteur des troupes blindées à compter de mars 1943 ;)

Au temps pour moi. :oops:

Votre analyse résume parfaitement les deux dernières années de guerre. Je pense à la phrase qu'on prête à De Gaulle passant par Stalingrad en route pour rencontrer Staline :
- Tout de même, quels soldats ! - les officiers soviétiques présents se rengorgent... - Les Allemands, je veux dire... (Tête des Soviétiques !) :mrgreen:

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Message Publié : 25 Nov 2014 9:10 
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Thucydide
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CNE_EMB a écrit :
Ca permet sans doute de relativiser le mythe qui l'entoure pour des raisons souvent peu avouables, mais c'est très insuffisant pour en déduire qu'il n'y a aucune qualité et qu'elle ne réalise aucune performance dans les deux dernières années du conflit.


Il lui arrive de résister avec acharnement et les alliés ont souvent mis en avant ces combats pour glorifier leurs propres victoires, on pense à Omaha Beach par exemple, mais en fait, le 6 juin, les allemands ont été facilement battus, la résistance a été faible partout, sauf à Omaha.
Il est plus glorieux de vaincre un ennemi coriace forcément, mais globalement les allemands n'ont eu que des défaites partout de 43 à 45 et des grosses. Je ne vois rien de bien impressionnant la dedans.


CNE_EMB a écrit :
Tout simplement parce qu'une armée qui a perdu l'initiative depuis l'été 1943 ne peut stratégiquement mener d'autres combats que défensifs - c'est induit puisqu'elle ne peut que réagir aux coups qu'on lui porte.


Elle mène plusieurs offensives, dans les Ardennes, en Alsace et en Hongrie.
Pour faire une comparaison historique, en 1812 Napoléon a perdu l'initiative, pourtant jusqu'à la fin, il gagne plus de batailles qu'il n'en perd, preuve que l'Allemagne manquait de génie militaire à ce moment là.

CNE_EMB a écrit :
Dans ce cadre, confrontée à la plus grande coalition de l'Histoire, le plus étonnant est le temps qu'elle a mis avant de capituler, montrant une capacité de résilience que seuls les Soviétiques peuvent se targuer de surpasser...

CNE EMB


Je ne vois pas ce qu'il y a d'étonnant, à l'été 1943 les alliés occidentaux n'ont pas encore débarqué en Normandie, quand aux soviétiques, ils sont encore à Koursk, forcément il y a encore de la marge.
Dans les grandes offensives (Bagration, France 1944, Oder 1945) les allemands reculent autant et aussi vite que les alliés de 39 à 42.

Plus grande coalition de l'histoire, c'est à prouver, l'Allemagne possède la plus puissante armée du monde jusqu'en 1945, son infériorité est à relativiser.


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Message Publié : 25 Nov 2014 9:39 
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Thucydide
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CNE_EMB a écrit :

Pour le reste, je répète mon message plus haut : les victoires ne se mesurent plus - si tant est que ce fut jamais le cas - à la conservation du champ de bataille. Ca n'a aucun sens dans une guerre moderne, déjà que ça n'en représentait que peu avant. Une victoire, c'est réussir à réaliser ses objectifs et empêcher son adversaire d'atteindre les siens.


Pas d'accord, le vainqueur est celui qui est maitre du champs de bataille à la fin du combat, c'est ainsi qu'on détermine la victoire ou la défaite depuis l'antiquité.
Une bataille est affaire de tactique uniquement, du moins pendant son déroulement, ce qui se passe avant et après sont du domaine de la stratégie.


CNE_EMB a écrit :
A ce titre, réduits à la défensive à compter de l'été 1943 sur tous les fronts, les Allemands vont se révéler extrêmement coriaces, et leur dénier tout succès ou même toute victoire au titre qu'ils perdent du terrain, c'est nier qu'ils réussissent fréquemment à atteindre leurs objectifs - certes limités, contexte oblige - en empêchant leurs adversaires de faire de même. J'ai relevé l'exemple de "Market Garden", mais on peut parler de l'intégralité de la campagne d'Italie avec la défense en profondeur des diverses lignes défensives qu'ils y édifient ou la mise en échec de l'opération "Shingle" à Anzio entre janvier et juin 1944 (avec notamment la destruction de trois bataillons des cinq bataillons de Rangers américains combattant à l'ouest, pourtant si vantés, lors de la bataille de Cisterna...), ou encore du rétablissement quasi-miraculeux qu'ils opèrent - bien aidés il est vrai par une logistique alliée défaillante - après leurs débâcles de Normandie ou d'Ukraine à l'été 1944.


Je ne vois pas bien quels objectifs les allemands atteignent à cette période. il y a bien quelque combats locaux ici ou là mais en Italie les allemands ont été battus, ils n'ont pas empêché la prise de Rome, ils ont capitulé en 1945.
Market Garden est un succès relatif, surement par une victoire, les allemands ont perdu beaucoup de terrain important, ils n'ont pu le reprendre, cette opération a marqué les esprits parce que c'est le principal échec allié de cette époque.
Après la Normandie et l'Ukraine, les allemands ont pu rétablir de nouvelles lignes très en arrière, parce qu'ils avaient encore un grand réservoir humain, nullement par un succès militaire ou une manœuvre quelconque.

CNE_EMB a écrit :
Ils mènent basiquement une stratégie générale de freinage, échangeant du temps contre du terrain, comportant des volets contre-offensifs, pour "se donner de l'air" et infliger des pertes substantielles à leurs ennemis quand la situation le permet, et constituent quand ils le peuvent des points de fixation qui "amarrent" le front et permettent l'économie des moyens (j'ai cité Metz ou Aachen à l'ouest, on peut aussi évoquer Breslau ou Budapest à l'est).


En quoi font ils "l'économie des moyens" ils ont été contraint de capituler avec des dizaines de milliers d'hommes à Matz, Breslau, Budapest, hommes qu'ils leur ont manqué dans des combats plus décisifs.


CNE_EMB a écrit :
Non, l'échec allemand, indéniable, réside dans l'incapacité du Reich à s'imposer à l'URSS à l'automne 1941, ou à un degré moindre à vaincre les Britanniques décisivement en Afrique du nord en 1942. En 1944-1945, le sort en est jeté depuis déjà pas mal de temps et il ne s'agit que de gagner du temps pour retarder l'inévitable (et à l'est, jusqu'au dernier moment, pour évacuer les populations civiles).
CNE EMB


Les allemands auraient pu éviter une fin aussi désastreuse pour leur armée et leur pays.


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Message Publié : 25 Nov 2014 10:11 
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Vendôme a écrit :
Après la Normandie et l'Ukraine, les allemands ont pu rétablir de nouvelles lignes très en arrière, parce qu'ils avaient encore un grand réservoir humain, nullement par un succès militaire ou une manœuvre quelconque.

Ce n'est pas le cas. Les Allemands font face au contraire à une pénurie de combattants, et sont obligés dès le début 44 d'appeler des jeunes dont l'âge dépasse à peine les 14 ans. (Au début ce seront des HitlerJugend volontaires, mais bientôt ils prendront tout le monde.) De plus sur un champ de bataille, un homme n'en vaut pas un autre, et ils perdent en qualité, avec des novices qui viennent remplacer les vétérans tombés en Russie ou ailleurs.

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Message Publié : 25 Nov 2014 11:29 
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Vendôme a écrit :
CNE_EMB a écrit :
Ca permet sans doute de relativiser le mythe qui l'entoure pour des raisons souvent peu avouables, mais c'est très insuffisant pour en déduire qu'il n'y a aucune qualité et qu'elle ne réalise aucune performance dans les deux dernières années du conflit.


Il lui arrive de résister avec acharnement et les alliés ont souvent mis en avant ces combats pour glorifier leurs propres victoires, on pense à Omaha Beach par exemple, mais en fait, le 6 juin, les allemands ont été facilement battus, la résistance a été faible partout, sauf à Omaha.


Omaha, c'est plus la somme d'une série de dysfonctionnements coté alliés qu'une réussite coté allemand. Il aurait suffi de peu de choses pour que la situation tourne autrement. Il aurait suffit de décider de délivrer les chars directement sur les plages, comme ont fait d'autres chefs de plages. Ou alors, si le bombardement initial avait été un peu plus réussi, ou ...

Les historiens, et me semble-t-il surtout les historiens militaires américains, ont relevé depuis longtemps la somme d'erreurs qui ont fait qu'Omaha a été un massacre pour les premières vagues par rapport à ce qui s'est passé sur d'autres plages.

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Message Publié : 25 Nov 2014 11:49 
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Vendôme a écrit :
Pas d'accord, le vainqueur est celui qui est maitre du champs de bataille à la fin du combat, c'est ainsi qu'on détermine la victoire ou la défaite depuis l'antiquité.


Il est heureux que certains aient eu une approche différente de la vôtre sur d'autres sujets, sinon l'héliocentrisme n'aurait jamais vu le jour !

Si c'est si simple, alors pourquoi est-il généralement considéré que les Américains ont perdu lors de l'offensive du Têt en 1968 ? Ou les Allemands en 1918 (qui ont encore intégralement leurs armées déployées à l'étranger, sur un terrain conquis) ? Ou même les Français en Algérie en 1962, ou encore les Franco-Britanniques à Suez en 1956 ?

Vendôme a écrit :
Une bataille est affaire de tactique uniquement, du moins pendant son déroulement, ce qui se passe avant et après sont du domaine de la stratégie.


Je ne vois pas trop le rapport. Que voulez-vous dire, qu'une victoire ne peut être que tactique, ou que stratégique ? Il y a des dizaines d'exemples de victoires tactiques qui conduisent à un échec stratégique (les Occidentaux depuis 1945 en sont même experts ! Mais puisque vous semblez aimer l'Antiquité, il vous suffira de prendre l'exemple de Pyrrhus), et des exemples moins nombreux mais réels de succession d'échecs tactiques qui amènent à un succès stratégique (ainsi du Nord-Vietnam battu continuellement de 1965 à 1973 mais qui remporte pourtant la guerre ; mais sur le sujet de la Seconde Guerre mondiale on peut parler de la contre-offensive soviétique de Smolensk en juillet 1941, qui est une défaite tactique mais un succès opératif d'ampleur). And so what ?

Vendôme a écrit :
Je ne vois pas bien quels objectifs les allemands atteignent à cette période.


Eh bien il faut mieux regarder. Vu la disproportion des forces, ils sont contraints à une attitude défensive, tandis que le pouvoir politique leur donne l'ordre de gagner du temps pour mettre en oeuvre ses "Wunderwaffen" ou autres solutions miracles qui inverseront le cours de la guerre. Dans ce cadre, mener une stratégie de freinage (déclinée au niveau tactique, c'est une évidence, mais vu votre remarque ci-dessus, il ne me semble pas inutile de le rappeler) assortie d'objectifs limités (par essence, compte tenu de leur potentiel réduit par rapport à celui de leurs adversaires) est l'un des seuls choix viables. Force est de constater qu'ils réussissent plutôt bien à freiner l'avance alliée, puisque numériquement dominés largement sur tous les fronts, avec une armée de plus en plus affaiblie, ils tiennent à distance pendant près de deux ans la plus forte coalition de l'Histoire. Ce n'est pas exempt de déroutes (en Normandie avec la poche de Falaise, en Ukraine avec "Bagration", mais il y a de nombreux autres exemples), mais ce n'est pas exempt de succès non plus.

C'est sûr que si vous estimez que le seul objectif possible était "gagner la guerre" à partir de 1943 pour l'Allemagne, vous ne tomberez jamais d'accord avec moi. Mais il est évident que plus personne n'y pense après "Zitadelle" et "Husky" (déjà qu'à compter de décembre 1941, la tendance était plutôt à la morosité...).

Vendôme a écrit :
il y a bien quelque combats locaux ici ou là


Ouch. Définissez "combats locaux". On parle d'armées qui s'affrontent sur plusieurs théâtres d'opérations et regroupent plusieurs millions d'hommes et un matériel titanesque. Il ne s'agit pas de "combats locaux", mais d'une guerre linéaire quasiment jusqu'au bout, menés par des ensembles puissants de grandes unités organisées.

Vendôme a écrit :
mais en Italie les allemands ont été battus, ils n'ont pas empêché la prise de Rome, ils ont capitulé en 1945.


Oui, les Allemands ont été battus, c'est une évidence et je ne crois pas que quelqu'un ait osé dire qu'ils avaient gagné la guerre. Mais de 1943 à 1945, ce n'est pas une succession infinie de victoires alliées et de défaites allemandes. Comme souvent il y a alternance, plus gris que noir et blanc, tout ça tout ça.
Pour l'Italie, ils ont retardé la prise de Rome de cinq bons mois, et ils se sont accrochés au terrain de manière à être encore implanté sur le territoire italien au printemps 1945. Cela témoigne plutôt de leur capacité à durer et à s'accrocher...

Vendôme a écrit :
Market Garden est un succès relatif, surement par une victoire


Définissez succès relatif, et définissez victoire. En atteignant leurs objectifs et en empêchant les Alliés d'atteindre les leurs, ils ont clairement obtenu une victoire. Ce qui vous pose problème, c'est le concept même de bataille défensive, avec le fait d'échanger du terrain contre des délais.
Je suis d'accord pour dire que ce n'est pas une victoire de nature à inverser le sort des armes, mais crénom ils ont empêché que la guerre se termine à Noël, tout de même !

Vendôme a écrit :
les allemands ont perdu beaucoup de terrain important, ils n'ont pu le reprendre, cette opération a marqué les esprits parce que c'est le principal échec allié de cette époque.


Ils n'ont jamais essayé de le reprendre, sauf peut-être avec "Herbstnebel" - qui est un échec net pour le coup. Le terrain n'est qu'un "point décisif" éventuel (désolé de parler technique) parmi beaucoup d'autres, et on peut aisément le sacrifier au profit d'un plus grand bien. C'est la plus grande erreur militaire d'Hitler de ne pas l'avoir compris, d'ailleurs.

Vendôme a écrit :
Après la Normandie et l'Ukraine, les allemands ont pu rétablir de nouvelles lignes très en arrière, parce qu'ils avaient encore un grand réservoir humain, nullement par un succès militaire ou une manœuvre quelconque.


Mais le "grand réservoir humain" (sic, cf. le message de Pierma), s'il n'a pas d'action sur le cours des évènements, si les nouvelles lignes ne bloquent pas ou ne ralentissent pas la progression alliée, expliquez-moi à quoi il sert. C'est bien parce que jusqu'à ce que leur espace stratégique soit réduit à néant les Allemands se sont battus et ont obtenu entre deux défaites ou échecs des succès ou des victoires d'ordre tactique qu'ils ont pu rétablir des lignes défensives...

Vendôme a écrit :
En quoi font ils "l'économie des moyens" ils ont été contraint de capituler avec des dizaines de milliers d'hommes à Matz, Breslau, Budapest, hommes qu'ils leur ont manqué dans des combats plus décisifs.


Quand 80 000 soldats, pour les trois-quarts des Volkssturmanner, tiennent Breslau face à plusieurs armées soviétiques, cela s'appelle économiser ses moyens (en immobilisant ceux de l'ennemi en plus forte proportion que l'on est soi-même fixé) ; quand les troupes de troisième rang qui constituent la 462. Infanterie Division tiennent Metz pendant un mois face à toute la Third US Army de Patton, cela permet pendant ce temps-là d'envoyer des forces mobiles à un autre endroit où elles sont plus utiles, c'est encore de l'économie des moyens. Pareil pour Budapest.
Je vous conseille, pour le coup, de (re ?) lire vos classiques, en l'occurrence Foch.

Vendôme a écrit :
Les allemands auraient pu éviter une fin aussi désastreuse pour leur armée et leur pays.


Je suis bien curieux de savoir quelle est votre position sur le sujet limité au cadre 1943-1945, au-delà des habituelles "tartes-à-la-crème" sur la "résistance" et le complot du 20 juillet 1944.

CNE EMB

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