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Message Publié : 18 Août 2008 20:15 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 30 Juil 2003 21:44
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Localisation : Lorraine
J'ajouterais que les Allemands eux-mêmes avaient pris en compte dans leur plan de guerre, la ligne Maginot comme élément défensif français valable. Sinon, pourquoi prévoyaient-ils une réédition de la 1ère guerre mondiale avec des combats étalés sur des années ? Si j'en crois Karl Heinz Frieser, que Hektor cite dans ses sources, c'était bien cette guerre-là que prévoyaient les Allemands, et non le fameux "Blitzkrieg" qui a surpris tout le monde, y compris les allemands eux-mêmes.

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Message Publié : 19 Août 2008 9:56 
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Polybe
Polybe

Inscription : 19 Juil 2007 12:07
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Localisation : Barbezieux
HEKTOR a écrit :
Ce fil avait bien commencé. lol
Je m'étais même dit, tiens pour une fois, voilà un débat de haute tenue sur un sujet pareil.
Et paf, ça n'a pas loupé, nous voilà repartis sur les vieux clichés, les idées reçues et entretenues, les vieux mensonges propagés par Vichy au procès de Riom (Rions !), avec l’expression de notre nombrilisme si caractéristique.

Donc on va se répéter, mais tant pis. Notez que je ne prétends pas détenir la Vérité, mais enfin, j’essaye d’être factuel en m’appuyant sur des travaux parus sur les dix dernières années, voire plus.

1 - La doctrine militaire française, construite à partir des années 20, est défensive.
Une doctrine défensive ce n'est pas simplement une attitude mentale.
C'est construire tout ce qui concourt à cette doctrine.

Donc on citera pêle-mêle :
- les fortifications (une Ligne Maginot conçue pour être un barrage frontière de l'Allemagne et de la Suisse afin de déporter les combats – et les destructions – hors des frontières)
- une arme blindée de soutien (à faible autonomie, à vitesse réduite, à effectif en tourelle réduit, mais à armement relativement puissant)Ca na sert donc à rien
- une infanterie formée au terrassement (oui) et à la défensive (non) appuyée par une artillerie puissante
- un système logistique à faible autonomie reposant sur le chemin de fer
- une doctrine d'emploi basée sur la contre-attaque tactique, etc.

Comme je l'ai dit plus haut, voir le document suivant.

Et on comprend bien qu'une telle stratégie ne se change pas en six mois, après la défaite de la Pologne. Un char conçu pour rouler à 20 km/h avec 50 km d'autonomie, voire moins en tout-terrain, ne va pas magiquement doubler ou tripler ses caractéristiques.

2 - Pourquoi une doctrine défensive ?
C'est une réaction directe au traumatisme des saignées de la guerre précédente.
"Plus jamais ça" est le leitmotiv de l'entre-deux-guerres, ne l'oubliez pas.
Le monde politique français dans son ensemble atteint un consensus généralisé sur cette question, parce que cette stratégie est perçue comme la moins coûteuse en vies humaines dans le cas d'un nouveau conflit. Nouveau conflit qui apparaît vite comme inévitable.
Dans la population française, il aurait semblé inconcevable d'opérer des actions offensives, vues comme hyper coûteuses en vies humaines. C'est une des raisons de la passivité française à la réoccupation allemande de la Rhénanie.

3 - Pourquoi ne pas avoir changé de doctrine ?
Le tournant, c'est la guerre d'Espagne de 1936. La révélation n'est pas le rôle du char, mais surtout celui, totalement imprévu de l'avion d’appui au sol. Lorsqu'il est combiné à un assaut d'infanterie, appuyé de chars, l'avion a un effet dévastateur, tous les observateurs militaires de l'époque l'ont relaté. Ce fut la confirmation avec la campagne de Pologne.
L’avion amène donc un effet de rupture démoralisante, qui permet l’exploitation par des unités mobiles. Ceci a été perçu par tout le monde en 36. Car la question n’était pas de savoir comment exploiter, mais plutôt de savoir comment obtenir la rupture de fronts retranchés.

D'où la relance de programmes d'armement et la reconception des doctrines militaires dans le monde entier, et pas seulement en France. Car le monde avait pris modèle sur la France et sa doctrine défensive. Cela impliquait de changer intégralement la conception des armements lourds, de changer les programmes industriels, de changer les mentalités aussi. Quand la guerre éclate en 1939, le changement s’est initié depuis deux ans seulement. C’était trop tôt malgré l’énergie déployée par Paul Reynaud à partir de 1938.
On prévoyait, en France, d'atteindre le niveau requis pour une doctrine opérationnelle offensive seulement à partir de 1942, notamment pour la fourniture d'artillerie antichar et anti aérienne à des niveaux massifs, plus une aviation capable d’appuyer efficacement l’infanterie. En attendant, tout reposait sur la diplomatie. Et c’est donc à reculons, en toute connaissance de cause, que la France s’engage dans la guerre le 3 septembre 1939, en sachant qu’elle n’est pas prête.


4 - Toutes les armées alliées du monde ont dû faire face à une stratégie allemande imparable
Oui imparable.
Je sais que je vais en faire sursauter plus d’un, mais il en est ainsi.

Sous les conditions suivantes :
- surprise
- moyens minimums (ce ne serait pas plutôt maximum?) en hommes, matériels et logistiques au point de rupture
- suprématie aérienne du à l'imbécilité des généraux (on utilise les nouveaux appareils pour l'instruction et les vieux au combat; et on laisse des escadrilles en AFN et dans le sud car la guerre va durer longtemps, et l'inertie des politiques qui ont lancé un programme d'armement trop tardif
aucune offensive allemande de type stratégique ou opérationnelle n'a pu être contrée par aucun belligérant quel qu'il soit pendant toute la durée de la guerre (sauf la Russie, mais il vrai que l'effort allemand était réparti sur un plus large front).

Pourquoi ?

Parce que la doctrine militaire allemande, magistralement outillée, a revisité le principe du "coup massif" ou Schwehrpunkt, cher à Napoléon (qui se disait "rapide comme l'éclair" dans les bulletins de la Grande armée).Ce qu'on a appelé après-coup le Blitzkrieg, n'est en fait qu'un nouvel usage de vieux principes de dynamique stratégique et de manœuvre existant déjà dans l'antiquité (voir la bataille de Cannes remportée par Hannibal en 216 avant JC)Quel est le rapport entre une doctrine stratégique et une manœuvre tactique, splendide il est vrai.
Aussi grâce aux bombardiers en piqué, les Allemands ont réussi à obtenir la puissance de feu nécessaire pour faire sauter n'importe quel verrou rapidement mais l'armée française n'avait pratiquement pas de DCA.

La percée sur la Meuse n'a pas été obtenue par les Panzer comme on le dit trop souvent.
C'est l'infanterie d'assaut, les sapeurs, mais surtout l'aviation d'appui tactique, les Stuka, qui ont emporté la décision, rapidement. Réduisant une à une les positions fortifiées sur le fleuve, et surtout les positions d'artillerie françaises, les avions nazis ont littéralement troué le front en provoquant la démoralisation parmi les troupes qui le défendait (pas forcément, des unités bien encadrées, disciplinées se défendaient).
Et cette tactique a été employée systématiquement par les Allemands avec très grand succès jusqu'en 1943, jusqu'à ce que d'une part, leurs adversaires retournent cette stratégie à leur avantage, et que d'autre part, les Allemands perdent leurs atouts tactiques (supériorité aérienne, logistique, etc.)

En 1940, la France et ses alliés pensaient pouvoir juguler un coup de massue de forte ampleur, mais la rapidité d'action allemande sur la Meuse et la petite distance de deux cent cinquante km à parcourir jusqu'à la mer n'ont laissé aucune chance au commandement français.
Dix jour a suffi pour obtenir une victoire décisive, faute d'espace. On ne le dit jamais.
Devant une telle pression, ni les Britanniques en AFN (pardon?), ni les Russes, ni les Américains (pardon?où cela) ni personne n'a été capable d'arrêter l'armée allemande dans ces conditions de toute la guerre. Le Russes s'en sont sortis grâce à leur immense espace, échangeant constamment du terrain contre les coups de boutoir des Panzer.
Évidemment, la France n'a pu employer une telle stratégie.

La victoire finale, en 1945, n'a été enfin obtenue que grâce à un combat d’usure sur le Front russe et une guerre contre l'outil industriel allemand mené au cœur du Reich, le privant des moyens logistiques (carburant) et industriels qui avaient permis ses succès.

5 – Pourquoi est-il vain de comparer les armements respectifs pour expliquer la défaite ?
Il s’agit de la sempiternelle comparaison entre le nombre de chars des belligérants, ou de leurs qualités et défauts. On croit pouvoir toujours expliquer la défaite avec des millimètres de blindage, ou un calibre de canon (aligner des chars avec des canons incapables de percer le moindre blindage, ne disposant pas de radio et n'ayant pour ainsi dire aucune autonomie, cela n'aide pas).
Inutile !
Les russes se sont fait balayer en 41 alors qu’ils possédaient trois fois plus de chars que les Allemands (environ six mille), dont mille T34 et KV1, le premier étant le meilleur char de toute la guerre (Voir ce document qui explique la doctrine russe et les raisons de la défaite). Cet exemple devrait à jamais éteindre ces discussions d’apothicaires que l’on nous ressert périodiquement ; mais non, on en reparle encore et toujours.
On a longtemps affirmé que si les Allemands avaient gagné en 1940, c’était à cause d’une supériorité numérique en blindés. On sait aujourd’hui que c’est faux. Les deux camps possédaient sensiblement le même nombre d’engins(faux, lors de la campagne de France, les alliés alignent 4204 chars contre 2439 pour l'Allemagne.).
On a aussi comparé l’organisation respective de ces chars, en affirmant que les Allemands les avaient regroupés et pas les Français. Encore faux, en 1940, les Français possédaient le même nombre de grandes unités blindées si on compte les DCR (4)incomplètes manquent de moyens , en particulier la 4ème de de Gaulle; de plus elles sont isolées (1ère en Belgique par exemple) alors que les divisions allemandes sont concentrées , les DLM (3) et les DLC (3) chaque unité possédait moins de chats que que son homologue allemande.
Bref, ces discussions sont inutiles. La France aurait possédé deux fois plus de blindés que les Allemands, que le résultat aurait certainement été le même.

En conclusion
La défaite française de 1940 n'a donc rien d'exceptionnel dans le contexte militaire des années 40. La France, comme de nombreux autres pays, s’est heurtée à un redoutable adversaire qui a su optimiser ses ressources au maximum pour emporter la décision.
La France a perdu, comme les Britanniques, comme les Canadiens, les Américains, les Russes, les Belges, les Polonaisce n'est pas compliqué avec une armée obsolète, etc.
Le plan français était bon, y compris la prise en compte de la Ligne Maginot dans le dispositif (les explications données au début de ce fil sont suffisantes pour ne pas y revenir).
Le plan allemand, et son exécution, lui était simplement supérieur.
C’est la seule explication valable à cette défaite.
Vous ne prenait pas en compte l'armement, le commandement, l'organisation exacte... La blietzkrieg marche contre un adversaire non préparé, disposant d'un armement inférieur, etc; dans le cas contraire, cela ne sert à rien et c'est une stratégie de court terme comme le montre la défaite finale des allemands
@+

Sources :
- Gérard Saint-Martin - L'arme blindée française tome 1 Mai-juin 1940 – Economica 1998
- KH Frieser – Le mythe de la guerre éclair – Editions Belin 2003
- Collectif - La Campagne de 1940 – Tallandier 2003
- Bruno Chaix - En mai 1940, fallait-il entrer en Belgique ? – Economica 2002
- Patrick Facon – L’armée de l’air dans la tourmente – Economica 2005
- Roger Bruge – Tous ses ouvrages sur la Ligne Maginot – Fayard – 1975 à 1980
- Lire aussi Marc Bloch - L'étrange défaite - Folio, témoignage d'un historien, écrit en 1940.

-Historia n°702 de juin 2005.
-Comme des lions de Dominique Lormier
-Documents du CEHD et du CDEF

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"Le génie est un métier au-dessus de nos forces, il embrasse trop de chose pour qu'un homme le puisse posséder dans un souverain degré de perfection."
Sébastien le Prestre, marquis de Vauban.


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Message Publié : 19 Août 2008 10:07 
Il ne faut pas prendre Frieser au pied de la lettre:

- Le plan Allemand "Fall Gelb" est une percée suivie d'une exploitation dans les Ardennes, destinée à faire une guerre courte. L'Allemagne n'a pas les moyens d'une guerre longue. Si Hitler attaque, à ce moment, à cet endroit, c'est qu'il veut en finir, et vite.

- Ce qui surprend les militaires Allemands, ce n'est pas le Blitzkrieg, mais son succès au delà des espoirs. L'avance est plus rapide que prévu, la réaction Alliée faible ou inefficace. La Wehrmacht est structurée pour le Blitzkrieg. Ce n'est pas un hasard, c'est voulu. Les PanzerDivisionen, l'aviation, les communications, tout est créé et entraîné pour cela.

Ce n'est pas le succès de la percée et l'efficacité de l'exploitation qui vont surprendre les chefs de la Wehrmacht, mais la vitesse de l'avance qui va les inquiéter: les PzDiv vont vite, trop vite pour l'infanterie qui doit couvrir leurs flancs et occuper le terrain conquis. Il y a un réel risque qu'une contre attaque Alliée coupe "la Faux" à un endroit. Cette contre attaque ne viendra jamais...


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Message Publié : 19 Août 2008 13:59 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15838
Localisation : Alsace, Zillisheim
A Vauvout, ce n'est pas la peine de citer en entier un message, surtout s'il est très long, pour apporter une petite précision ou des commentaires. Cela alourdi inutilement la discussion et la rend particulièrement pénible à suivre.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 19 Août 2008 14:11 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 17 Mars 2008 11:47
Message(s) : 401
@ Cuchlainn

Comme le souligne Chef Chaudar, la doctrine du front continu est une constante historique de toute la guerre.
On ne conçoit pas de principe défensif différent à cette époque.
C'est d'ailleurs un concept tellement fort qu'il sera même adapté à l'offensive par Einsenhower pour la campagne de France de 44-45 (Broad Front).
Comme je l'ai écrit dans mon précédent message, la question qui a hanté tous les état-majors de l'entre-deux-guerre (surtout chez les Allemands d'ailleurs), c'était :
"comment percuter un front défensif organisé" ?
D'où l'usage révolutionnaire de l'aviation d'appui, "l'artillerie aérienne", mais aussi par exemple la mise en place de grandes unités parachutistes. L'aviation ne servait jusqu'alors que de moyen d'observation, pour simplifier. C'est ici que l'on peut parler de retard français, car de toutes façon, l'armée de l'air n'a jamais été jugée sérieusement par le haut commandement, depuis ses débuts.

L'irruption de blindés sur les arrières des lignes de front ne sont que la conséquence de la rupture et son produit d'exploitation multiplié par la vitesse et le terrain extrêmement défavorable à la défense de la vallée de la Somme (Charodrome). C'est la vitesse qui a empêché l'armée française de se repositionner malgré toutes les tentatives, et on retrouve le même phénomène dans toutes les batailles de rupture de la guerre.

@ Chef Chaudar

Non, je ne suis pas en colère. Passionné oui, en colère non, jamais !

Je ne reviens pas sur l'intégralité de vos remarques, n'étant pas expert es blindés.
Je vous renvoie vers l'excellent ouvrage de Gérard Saint-Martin, dans lequel j'ai puisé mes informations. Je suis toujours preneur d'autre références si vous en avez de meilleures à me conseiller.

Pour ce qui concerne les grandes unités, j'en parlais simplement pour illustrer mon propos qui revient à dire que les chars français n'étaient pas tous dispersés en petits paquets, mais qu'une bonne partie d'entre eux étaient bien concentrés dans des GU, et en même nombre que les Allemands (dix).

Évidemment, on ne peut pas comparer une panzerdivision et une Division Légère de Cavalerie. Ce n'était pas mon but.
Pour ma part, je pense (avec certains spécialistes) que ce qui se rapproche le plus d'une panzerdivision de 1940, c'est la DLM, d'ailleurs employées plus qu'en couverture et reconnaissance à Gembloux.

Il ne faut prendre aucun ouvrage au pied de la lettre, ni Frieser, ni personne d'autre.
Cela dit, Frieser démontre, comme le souligne Karolvs, que le Blitzkrieg n'est pas le fruit d'une doctrine théorisée à l'échelle de la Generalität, mais le résultat de réflexions personnelles mises en pratique sur le terrain avec des résultats qui ont dépassé tous les espoirs.
Dans ses mémoires, Guderian insiste bien sur la solitude qu'il a ressentie juste avant la guerre, puisque le Haut commandement de la Wehrmacht lui refusait toute aide (un mur de refus).
Les démonstrations de KH Frieser sont argumentées et sourcées (travail scientifique) et donc au minimum, pour le contredire, il faudrait fournir un travail du même niveau, et pas simplement exprimer des opinions personnelles. Cela étant écrit sans aucune animosité.


@Vauvout

Je regrette qu'en grande partie, vos réflexions ne soient pas argumentées et fassent autant référence à de vieux clichés sur l'armée française de 1940.
En outre vous renvoyez vers deux documents qui n'ont qu'un lointain rapport avec ce que j'écris, voire carrément hors sujet (une étude sur la doctrine dans l'histoire, et la défaite de 40 vue par les Russes).
En réalité, je ne vois pas où vous voulez en venir puisqu'au surplus, certaines de vos remarques confortent ma démonstration.

Je répondrai toutefois plus avant sur votre conclusion.

Citer :
Vous ne prenait pas en compte l'armement, le commandement, l'organisation exacte... La blietzkrieg marche contre un adversaire non préparé, disposant d'un armement inférieur, etc; dans le cas contraire, cela ne sert à rien et c'est une stratégie de court terme comme le montre la défaite finale des allemands.


Je prends totalement en compte et l'armement, et le commandement et l'organisation. ET je vous répète une fois de plus que la défaite apparaît uniquement dûe au plan allemand et à son execution. Je persiste et je signe.

Le Blitzkrieg (qui n'est pas nouveau), fonctionne contre n'importe quel adversaire si les conditions de puissance, de surprise et couverture aérienne sont réunies. Bien armé, pas armé, avec ou sans moral, avec ou sans commandement d'élite, etc.
Les Américains se sont fait botter les fesses plusieurs fois (à Mortain ou dans les Ardennes en 44 par exemple), sauvés au final par leur aviation. Mais les percées initiales avec exploitation ont bien eu lieu. Et l'armée américaine était correctement armée, commandée, approvisionnée.
La question ici n'était pas de savoir si le Blitzkrieg est ou n'est pas une bonne stratégie. De toutes façons, c'est une tactique. Mais de rappeler que la cause de la défaite n'est pas la Ligne Maginot comme l'a parfaitement écrit Franck67.


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Message Publié : 19 Août 2008 18:06 
Concernant les chars Français, voir les sites chars-francais.net, achtungpanzer.com et le forum ATF40 qui héberge celui de la revue GBM.

Citer :
Pour ma part, je pense (avec certains spécialistes) que ce qui se rapproche le plus d'une panzerdivision de 1940, c'est la DLM, d'ailleurs employées plus qu'en couverture et reconnaissance à Gembloux.


Pas d'accord: à Gembloux, les DLM sont utilisées en couverture pour la mise en place de divisions d'infanteries, conformément à la tactique Française. Elles se retireront une fois le travail accompli.

Citer :
Cela dit, Frieser démontre, comme le souligne Karolvs, que le Blitzkrieg n'est pas le fruit d'une doctrine théorisée à l'échelle de la Generalität, mais le résultat de réflexions personnelles mises en pratique sur le terrain avec des résultats qui ont dépassé tous les espoirs.


Poussons le raisonnement: les Allemands attaquent dans les Ardennes en sachant qu'ils vont se faire repousser et mener une guerre d'usure? un peu de sérieux... L'exploitation est le but du Plan Jaune.

Quelle stratégie n'est pas le "fruit de réflexions personnelles mise en pratique sur le terrain"? La guerre éclair est voulue par Hitler, qui prépare, avec Von Manstein, une attaque puissante et ciblée, permettant une percée débouchant sur un endroit favorable à l'exploitation par des troupes motorisées, donc rapides. Troupes motorisées qui ont été regroupées dans des unités novatrices par Guderian, qui exploite à fond la puissance des chars et du combat interarme, pour en faire autre chose que de simples unités de cavalerie à la DLM. Si ce n'est pas là de la Blitzkrieg, il faudra qu'on m'explique ce que c'est et pourquoi les Hitler, Von Manstein et Guderian mettent sur pied une telle armée, une telle stratégie, sans savoir à quoi elle va servir?

Que la Generalität ne soit pas convaincue importe peu. Le vrai Chef, c'est le Führer. Les vrais exécutants, les Rommel, Guderian et autres. Sur le plan de Von Manstein. Comme vous le dites, Guderian essuie un "mur de refus". Mais ses théories sont imposées et appliquées.

Quand à Frieser "scientifique", beaucoup de spécialistes militaires, s'ils lui reconnaissent un réel travail de fond sur le suivi de la Campagne de France, sont plutôt réservés sur ses réflexions sur le côté politique, ou stratégique. Je vous conseille de vous renseigner plus avant. Et on pourra en discuter sur un sujet plus ciblé.

Le Forum n'est pas un lieu ou l'on peut discuter en profondeur de son travail. Mais j'ai lu son livre. Et ses réflexions sur le fait que la Blitzkrieg est imprévue tombe à l'eau quand il compare, lui même, la Wehrmacht à une lance, les PzDiv formant la pointe, le reste des troupes, la hampe. Et, pour moi, une lance est une arme purement offensive, à la différence du bouclier, qui frappe puissamment et pénètre loin...


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Message Publié : 19 Août 2008 18:16 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
Message(s) : 5364
Citer :
Comme le souligne Chef Chaudar, la doctrine du front continu est une constante historique de toute la guerre. (...)

L'irruption de blindés sur les arrières des lignes de front ne sont que la conséquence de la rupture et son produit d'exploitation multiplié par la vitesse et le terrain extrêmement défavorable à la défense de la vallée de la Somme (Charodrome). C'est la vitesse qui a empêché l'armée française de se repositionner malgré toutes les tentatives, et on retrouve le même phénomène dans toutes les batailles de rupture de la guerre.


Oui, c'est logique qu'il n'existe rien d'autre. Mais en ce qui concerne les Français en 1940, il est plus juste de parler d'obsession. Je crois même que c'est sur ce forum, il y a longtemps, que j'en ai entendu parler. Obsession, parce que c'est la seule chose à laquelle on pense en présence de Panzer II et d'automitrailleuses sur ses flancs ou dans son dos; ou bien en présence, à une plus vaste échelle d'espace, de la fameuse Faux. Ainsi, que ces éléments n'aient réussi la percée que sur un front très étroit, que leurs flancs soient très exposés, et surtout, que l'infanterie ne suive pas en masse, à aucun moment les Alliés ne l'imaginent. La doctrine du front continu n'est pas forcément mauvaise en soi, ce qui l'est, c'est l'avoir en tête avec une telle rigidité.


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Message Publié : 19 Août 2008 22:18 
Absolument d'accord.

La limite d'efficacité de la Blitzkrieg est le moment où l'adversaire dispose des mêmes moyens puissants et hautement mobiles, qui lui permettent de contre attaquer où et quand il veut (un genre de Blitzkrieg "en défensive"). Si les Français avaient disposé de leurs troupes motorisées pour une contre offensive, au lieu de les aventurer en Belgique et jusqu'en Hollande, si ses chefs avaient attendu le moment propice pour couper la Faux, en y mettant le tout soigneusement épargné, au lieu de tenter d'aveugler le flot des Panzer et dilapider ainsi ses réserves par petits paquets...

Mais bon, le Front doit être continu.


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Message Publié : 20 Août 2008 11:49 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 30 Juil 2003 21:44
Message(s) : 1678
Localisation : Lorraine
Chef chaudard a écrit :
Poussons le raisonnement: les Allemands attaquent dans les Ardennes en sachant qu'ils vont se faire repousser et mener une guerre d'usure? un peu de sérieux... L'exploitation est le but du Plan Jaune.

Je ne suis pas spécialiste de la chose militaire, aussi je ne peux formuler que des suppositions et des questions. C'est ainsi que je pousse le raisonnement.
Une supposition : la guerre longue à laquelle s'attendaient initialement les Allemands ne signifiait nullement une guerre de position. Ils n'excluait nullement l'offensive avec l'exploitation du terrain gagné si la percée réussissait.
Une question : le Plan Jaune prévoyait-il la guerre-éclair donnant la victoire rapide (quelques semaines) et définitive qui est arrivée (prise de la capitale française, destruction de l'armée française) ?
K.H. Frieser ne prétend pas que la guerre-éclair n'a pas eu lieu ; il montre seulement que l'opinion selon laquelle les Allemands avaient "programmé" un Blitzkrieg qui devait foudroyer la France en quelques semaines est fausse, et qu'un tel plan n'existait pas.

Citer :
La guerre éclair est voulue par Hitler, qui prépare, avec Von Manstein, une attaque puissante et ciblée, permettant une percée débouchant sur un endroit favorable à l'exploitation par des troupes motorisées, donc rapides. Troupes motorisées qui ont été regroupées dans des unités novatrices par Guderian, qui exploite à fond la puissance des chars et du combat interarme, pour en faire autre chose que de simples unités de cavalerie à la DLM. Si ce n'est pas là de la Blitzkrieg, il faudra qu'on m'explique ce que c'est et pourquoi les Hitler, Von Manstein et Guderian mettent sur pied une telle armée, une telle stratégie, sans savoir à quoi elle va servir?

Ils n'ont pas mis sur pied une armée destinée à mener une guerre-éclair qui doit donner la victoire sur la France en 3 semaines. Au printemps 1940, sur les 157 divisions que comptait l'Allemagne, 10 seulement étaient des divisions blindées et seulement 6 divisions d'infanterie étaient mécanisées. Le reste marchait à pied ou à cheval. Manstein et Guderian savaient qu'il y avait là de quoi gagner une bataille-éclair, mais -au risque de me répéter- il n'y avait aucun plan conçu pour abattre la France dans une guerre-éclair.

Citer :
Quand à Frieser "scientifique", beaucoup de spécialistes militaires, s'ils lui reconnaissent un réel travail de fond sur le suivi de la Campagne de France, sont plutôt réservés sur ses réflexions sur le côté politique, ou stratégique. Je vous conseille de vous renseigner plus avant. Et on pourra en discuter sur un sujet plus ciblé.

Pour commencer, on peut écouter ce qu'en dit le général Michel Forget : http://www.canalacademie.com/Le-Mythe-de-la-guerre-eclair-La.html

Citer :
Le Forum n'est pas un lieu ou l'on peut discuter en profondeur de son travail. Mais j'ai lu son livre. Et ses réflexions sur le fait que la Blitzkrieg est imprévue tombe à l'eau quand il compare, lui même, la Wehrmacht à une lance, les PzDiv formant la pointe, le reste des troupes, la hampe. Et, pour moi, une lance est une arme purement offensive, à la différence du bouclier, qui frappe puissamment et pénètre loin...

Il compare l'armée allemande de mai 1940 à une lance à la pointe en acier trempé mais à la hampe vermoulue.
Mais je crains qu'on s'éloigne du sujet Ligne Maginot...

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Message Publié : 20 Août 2008 20:55 
Bon, je vois qu'il faut aller un peu plus loin...

Citer :
Une supposition : la guerre longue à laquelle s'attendaient initialement les Allemands ne signifiait nullement une guerre de position. Ils n'excluait nullement l'offensive avec l'exploitation du terrain gagné si la percée réussissait.


On peut même dire l'inverse: il excluent si peu l'offensive que leur armée est structurée pour elle et pas du tout pour la défensive. Pas de percée, pas de victoire...

Croyez-vous qu'Hitler ignore l'état de son économie et presse ses subordonnés pour une attaque à l'Ouest dès que possible après la campagne de Pologne pour entrer plus vite dans une guerre d'usure? Le temps joue pour les Alliés. Hitler le sait. Il lui faut attaquer au plus vite, et gagner. Que la Generalität n'en soit pas consciente est dans l'ordre des choses: Hitler ne dévoile ses projets que quand il le veut, quand ça l'arrange.

Citer :
Ils n'ont pas mis sur pied une armée destinée à mener une guerre-éclair qui doit donner la victoire sur la France en 3 semaines. Au printemps 1940, sur les 157 divisions que comptait l'Allemagne, 10 seulement étaient des divisions blindées et seulement 6 divisions d'infanterie étaient mécanisées. Manstein et Guderian savaient qu'il y avait là de quoi gagner une bataille-éclair, mais -au risque de me répéter- il n'y avait aucun plan conçu pour abattre la France dans une guerre-éclair.


Et ils ont concentré tous les moyens disponibles dans ces quelques divisions, au détriment des autres. Pourquoi? Pour gagner une bataille éclair? Pensez-vous, comme on semble le penser de plus en plus, que Hitler est un imbécile heureux qui n'a pas saisi toutes les implications d'une entrée en guerre? Encore une fois, même si les exécutants n'ont qu'une vue stratégique limitée, Hitler voit plus loin. Je ne prétend pas qu'il ait prévu la chute de la France en quelques semaines, mais il essaie, par une action rapide, de mettre hors jeu les Alliés. Une bataille majeure gagnée, c'est la paix signée sur le tambour.

Citer :
Il (Frieser) compare l'armée allemande de mai 1940 à une lance à la pointe en acier trempé mais à la hampe vermoulue.


Absolument. Une pointe en acier trempé qui va pénétrer profondément les défenses Alliées. La Blitzkrieg.

Sur Hitler et la Blitzkrieg:

http://www.delpla.org/article.php3?id_article=95
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=114 (avec votre serviteur dans le rôle du Candide)


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Message Publié : 21 Août 2008 10:19 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 17 Mars 2008 11:47
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Ce fil traite du procès fait à la Ligne Maginot, qui reste dans l'inconscient collectif comme l'exemple de la gabegie et de la bêtise politico-militaire qui a amené la défaite de 1940. Bref le cliché dans toute sa splendeur.
Alors que comme l'a démontré Franck67 dans plusieurs messages ici, ce dispositif défensif a totalement rempli le rôle pour lequel il était destiné. Je ne vais pas y revenir, ses démonstrations sont suffisantes. Au besoin, reportez-vous aux excellents ouvrages de Roger Bruge, le grand spécialiste de la ligne Maginot.

Je souhaite simplement rebondir sur le débat concernant le Blitzkrieg, en ayant conscience d'être un peu hors-sujet, mais ce que j'ai à dire est important. Je laisse les administrateurs juges et libres de déplacer cette contribution au besoin.

Car en effet, un point important que je souhaite relever, c'est que l'ensemble des historiens qui tentent de traiter le sujet de la défaite de 1940 au plan militaire opèrent une confusion flagrante. Ils confondent les plans tactiques et les plans stratégiques. Et je réponds ici particulièrement à Chef Chaudar qui se fait l'écho de cette confusion.

1 - Fall Gelb est un plan stratégique visant un résultat décisif adopté par la Generalität
La question du stratège c'est : comment gagner à coup sûr dans des délais raisonnables ?
Deux possibilités sont toujours jugées décisives : soit la capture des centres vitaux de l'ennemi, comme sa capitale (c'était le plan Schlieffen), soit détruire son armée, ou une part si importante que tout combat devient illusoire. C'est Fall Gelb dans sa version Manstein.
On le sait Fall Gelb a connu de multiples changements, une version -altérée- du plan Manstein ayant été finalement choisie en février-mars 1940.
Ce que voulait le haut commandement allemand était donc l'exécution de ce plan, sans qu'il soit fait nulle part référence à une quelconque rapidité d'exécution. L'objet était de réaliser une rupture au centre du front allié, de couper en deux leur dispositif défensif et de capturer les 1ere et 7e armées françaises, le BEF, les armées belges et hollandaises.
En d'autres termes, Fall Gelb pouvait parfaitement se réaliser sans Blitzkrieg !

2 - Le "Blitzkrieg" est un plan tactique développé empiriquement et appliqué clandestinement par Guderian
Ce que démontre Frieser, c'est qu'il n'existait pas de doctrine du Blitzkrieg en Allemagne. Le Haut commandement allemand n'avait pas adopté ces vues. L'ensemble de l'armée allemande était à plus de 90% composée d'infanterie non-motorisée et d'artillerie et de train hippomobile.
La doctrine de la Wehrmacht était par contre offensive. Mais offensive ne rime pas forcément avec Blitzkrieg, il ne faut pas confondre les deux notions.

Rappelons que ce qui a été appelé après-coup Blitzkrieg comporte deux volets essentiels :
a) La rupture par l'usage combiné de forces spéciales et d'aviation d'assaut, dont on a vu l'exemple type à Sedan. Frieser démontre que l'exécution de cette partie du plan n'a pas été celle prévue par les supérieurs de Guderian (p.169). Initialement, on avait prévu un bombardement de saturation de 20 mn. Mais Guderian s'étant mis d'accord avec le général de la Luftwaffe Loerzer en dehors de la voie hiérarchique, il obtint une intervention continue de la Luftwaffe sur le secteur pendant toute la durée de la journée du 13 mai ; avec les conséquences dévastatrices sur le moral français que l'on connaît. Jamais Guderian n'aurait obtenu le même niveau de rupture avec le plan prévu.

b) L'exploitation lointaine par des forces motorisées, sans souci de la protection des flancs.
Ici aussi, il ne s'agit pas d'un plan de manœuvre accepté par le Haut commandement allemand, mais une décision d'exécution opérationnelle, qui a même amené le limogeage (de très courte durée) de l'impétueux général Guderian.
Guderian dit lui même (p. 78 de ses mémoires) que "le seul objectif donné par ses supérieurs était la conquête d'une tête de pont sur la Meuse et que le reste jusqu'à Abbeville fut réalisé de sa propre initiative".

Avancer vite oui, mais que voulait dire vite en 1940, alors que l'on avait encore présent en mémoire les trois années d'immobilisme total du front entre 1915 et 1917 ? En 1940, avancer de dix km par jour, c'est aller vite.
Vingt km, c'est aller très vite. Quarante km par jour, c'est aller trop vite.

Car en effet, le char pour la Wehrmacht, comme pour les Français, avait une valeur tactique, et non pas opérationnelle. Son rôle était de réaliser une rupture et une irruption tactique sur les défenses en profondeur de l'adversaire. Puis d'attendre que l'infanterie occupe le terrain conquis, et on continuait ainsi de suite. C'était cela la doctrine offensive de la Wehrmacht en 1940.
La révolution amenée en pratique par Guderian était de foncer droit devant sans attendre personne, et là cette vision n'était partagée par personne au Haut commandement allemand.

Frieser montre donc que c'est en désobéissant aux ordres que Guderian a obtenu ce résultat exceptionnel, et non-pas en respectant un plan ou une doctrine préétablie par le Haut commandement de la Wehrmacht, voire voulue par Hitler.
Et donc, devant les espaces grandissants entre les pointes blindées et l'infanterie, on a connu plusieurs Haltbefehl qui n'ont été que la réaction logique d'un commandement axé sur ses doctrines devant un subordonné qui ne les respectaient pas.

Donc affirmer que le Blitzkrieg est une doctrine de la Wehrmacht voulue par Hitler, planifiée et exécutée avec l'aval du Haut commandement allemand est parfaitement inexact.
C'est cette démonstration argumentée et sourcée que fait KH Frieser et qui pour le moment, n'a pas été contredite au même niveau scientifique. M. Delpla ne démontre aucunement que Frieser a tort. Il dit simplement qu'il a tort. Ce n'est pas suffisant pour moi.
Le Blizkrieg de Guderian est donc une tactique mise au point par lui même en dehors de toute validation hiérarchique, laquelle était totalement indépendante du plan jaune et a donc fonctionné au delà de toutes les espérances, y compris des siennes.

3 - La victoire allemande de 1940 est l'association d'un plan stratégique décisif avec une exécution tactique révolutionnaire.
Fall Gelb pouvait être mis en œuvre sans Blitzkrieg. Le Blitzkrieg pouvait être mis en oeuvre sans plan jaune.
La combinaison des deux a donné un niveau de victoire totalement décisif en un temps record.
Les Allemands n'ont plus jamais connu une telle association après 1940. Le Blitzkrieg ayant si bien fonctionné en 1940, il a complètement aveuglé Hitler, qui s'est cru génial, alors qu'il n'avait rien à voir avec la réussite au plan tactique. Il a seulement participé à la sélection du plan final de Fall Gelb. La Wehrmacht a cru pouvoir s'affranchir de véritables plans stratégique à portée décisive, ne laissant les rennes de la victoire qu'à la seule tactique.

Si Barbarossa de juin 41 démontre la valeur du Blitzkrieg de manière encore plus brillante qu'en mai 1940, il aura manqué le plan décisif qui amène une victoire totale dans des délais raisonnables.
D'un autre côté, on peut considérer que la contre-offensive des Ardennes de décembre 1944 est du même tonneau stratégique que mai 40 avec l'objectif du port d'Anvers, mais là c'est le Blitzkrieg qui n'a plus fonctionné, faute de moyens et d'un rapport de densité inversé dans le massif des Ardennes par rapport à mai 1940.

Donc en conclusion, il convient bien de ne pas confondre le plan stratégique avec le plan tactique, qui sont bien distincts dans la campagne de mai 1940 comme pour le reste de la guerre.
L'un est bien issu des réflexions du Haut commandement allemand, avalisé par Hitler et a été mis en œuvre.
L'autre est un ensemble de tactiques imaginées par un homme seul et exécutées "sous le manteau" avec prodige en désobéissant à son commandement.
C'est à mon sens la clé de la compréhension d'une campagne comme mai 1940, et du côté implacable des plans militaires allemands.

Sources :
- KH Frieser - Le mythe de la Guerre éclair - Belin 2003
- B. Lemay - Biographie critique d'Erich von Manstein - Perrin 2006
- H. Guderian - Souvenirs d'un soldat - Plon 1954
- Lévisse-Thouzet et al - La campagne de 1940 - Tallandier 2001


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Message Publié : 21 Août 2008 13:22 
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Marc Bloch
Marc Bloch
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Inscription : 09 Août 2006 6:30
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Merci Hektor pour cet article construit et argumenté, qui rappelle le genre de ceux que l'on trouvait sur la Forum Passion Histoire il y a qq années. :P

_________________
" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "


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Message Publié : 21 Août 2008 13:45 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 23 Déc 2004 6:42
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Enki-Ea a écrit :
Karolvs a écrit :
Enki-Ea a écrit :
Oui, mais il y avait une autre possibilité: la terminer sur la frontière belgo-allemande.

Cette possibilité n'existait pas. On n'imagine pas la France poursuivre sa ligne Maginot en Belgique, et la construction par les Belges d'une ligne faisant face à l'Allemagne (ou à un autre pays) eût été la négation même de sa neutralité.

C'est justement ce que je dis. Une partie du problème vient de la neutralité ambigue de la Belgique. Elle est officiellement neutre (donc ne veut pas continuer la Ligne sur sa frontière avec l'Allemagne) mais, en même temps, compte quand même sur les démocraties occidentales (donc on ne peut continuer la Ligne jusqu'à la mer, nous séparant de ce fait de notre allié belge).

Relis le sujet car tu commets une grossière erreur due à une certain chauvinisme français voulant rejeter les causes défaite sur les autres pays : les Belges n'ont jamais demandé que la ligne s'arrête à leur frontière, c'est justement tout l'inverse : ils ont demandé qu'elle sont continuée jusqu'à la mer mais Pétain, alors ministre de la guerre a refusé !
Ca devient lourd de tjs se répéter.
En 1931 déjà , le baron Gaiffier, ambassadeur de Belgique en France demandait que la Ligne sont continue.

Petit extrait piqué sur le forum de la SGM à Francis :

Citer :
A propos de la ligne Maginot, quelques petites considérations que j'ai déjà livrées sur d'autres espaces de discussion et que je recopie ici.

Pourquoi n'a-t-on pas prolongé la ligne Maginot jusqu'à Dunkerque ? C'est la question que tous les Français se posaient dès 1926 et qu'ils se posent encore aujourd'hui ! La réponse était : il faut ménager la susceptibilité des Belges. Après le naufrage de mai/juin 1940, il était bien sûr commode de désigner un responsable et de perpétuer le mythe de la susceptibilité des Belges.

En réalité, la Belgique a toujours souhaité la prolongation de la ligne Maginot le long de ses frontières. A diverses reprises, elle insista auprès des autorités françaises pour fortifier les frontières Nord jusqu'à la mer. Les Belges n'étaient pas dupe du choix délibéré du commandement français. Il était évident qu'en cas d'agression,les Allemands contourneraient la ligne Maginot en passant par la Belgique... ce que souhaitait les Français.
En 1931, lorsque le baron de Gaiffier, ambassadeur de Belgique à Paris, insista auprès de Pétain, ce dernier répondit sans ambages qu'il était opposé à la prolongation de la ligne Maginot:
Citation:
"car il entendait se réserver la possibilité d'une guerre de mouvement en Belgique (...) il ne voulait pas renoncer à un aussi beau terrain de manoeuvre, qu'il considérait comme sien"

Quelques points de repères :

- 17 décembre 1926. Le problème de la frontière du Nord est au centre du débat lors de la réunion du Conseil supérieur de la Guerre. Une majorité se dessine en faveur de l'entrée des troupes françaises en Belgique dans le cas où celle-ci serait à nouveau envahie par l'Allemagne. Pétain se prononce sans ambiguïté en indiquant que la question de savoir si l'on doit fortifier ou non la frontière du Nord est sans importance.
Citation:
La situation est telle, affirme-t-il, qu'en tout état de cause nous aurons à nous porter en avant. Si la Belgique est avec nous, nous la renforcerons sur la ligne Anvers-Namur-Meuse. Si elle est contre nous, il n'y a rien à redouter au début, tant qu'elle n'aura pas été appuyée par l'adversaire. Alors nous entrerons chez elle pour y chercher un champ de bataille défensif.


- 28 mai 1932. Au cours d'une réunion en présence d'Albert Lebrun, président de la République, le général Gamelin donne lecture d'une lettre de Pétain :
Citation:
Le problème de la défense du Nord a été réglé le 18 janvier 1927 conformément (...) La Commission de Défense des Frontières a émis l'avis de se borner, en temps de paix, à effectuer quelques travaux sommaires de points d'appui (...), ces points d'appui devant jalonner la base de départ des armées du Nord en prévision de leur avance en territoire belge. Il s'agissait donc alors non d'organiser un front défensif, mais de préparer aux bords de la frontière un équipement mobile du champs de bataille et d'assurer son transfert rapide en Belgique.


Un peu plus tard, Pétain s'oppose à la fortification de la frontière du Nord (réclamée par les élus du Nord) à laquelle le ministre de la Défense nationale (Piétri) souhaite consacrer 250 millions. Les militaires se demandent si ces 250 millions ne seraient pas plus judicieusement utilisés dans d'autres branches de la Défense nationale.

Bref, sans nous appesantir, les Belges furent effectivement susceptibles :
- par l'attitude de l'état-major français qui considérait le territoire belge comme un superbe champs de manoeuvre et, à cette fin, refusait la prolongation de la ligne Maginot jusqu'à la mer.
- par la réoccupation allemande de la Rhénanie sans réactions des alliés. C'était le pacte de Locarno qui volait en éclat. La Belgique se retrouvait en première ligne, sans le tampon rhénan pour garantir une relative sécurité.
On comprendra mieux pourquoi la Belgique s'engagea sur la voie de la neutralité.

Bien cordialement,
Francis.


C'est d'ailleurs un argument qui n'a pas de sens car les Belges ne redeviennent neutre qu'en 1935 et vont justement fortifier la frontière belgo-française (de façon symbolique certe).

@ Chef Chaudard, les Belges avaient tout de même sérieusement modernisés leurs fortifications et revu leur stratégie de défense mais bon, là je vais devoir revoir quand même mes sourçes.


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Message Publié : 21 Août 2008 14:27 
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Savinien a écrit :
les Belges avaient tout de même sérieusement modernisés leurs fortifications et revu leur stratégie de défense mais bon, là je vais devoir revoir quand même mes sourçes.


Il est quand même paradoxal que nos amis Belges, du moins jusqu'à l'affaire de Mechelen, aient massé des troupes en face de la frontière française. Il est non moins vrai qu'après cette affaire, la coopération entre les deux Etats-major fut plus que succinte, ne facilitant guère l'élaboration d'un plan de défense commun. Les Alliés entrèrent en Belgique quasiment à l'aveuglette.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 21 Août 2008 14:48 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 23 Déc 2004 6:42
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Jean-Marc Labat a écrit :
Savinien a écrit :
les Belges avaient tout de même sérieusement modernisés leurs fortifications et revu leur stratégie de défense mais bon, là je vais devoir revoir quand même mes sourçes.


Il est quand même paradoxal que nos amis Belges, du moins jusqu'à l'affaire de Mechelen, aient massé des troupes en face de la frontière française. Il est non moins vrai qu'après cette affaire, la coopération entre les deux Etats-major fut plus que succinte, ne facilitant guère l'élaboration d'un plan de défense commun. Les Alliés entrèrent en Belgique quasiment à l'aveuglette.

Il n'y a rien de paradoxal là dedans : les Belges veulent juste prouver leur neutralité aux Allemands.


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