C'est surtout l'attitude de DV par rapport à mes remarques que je trouve débile, et quiconque lit le dossier aussi, du moins je l'espère pour ce quiconque : si on ne veut pas s'exposer à des contre-critiques, on incendie les livres dans des espaces privés.
Quant à ce qu'il dit de mon livre, puisque vous lui faites le cadeau empoisonné de le reproduire, je vais en dire deux mots :
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Les deux ouvrages diffèrent sensiblement par leurs ambitions comme par leurs qualités. Celui de François Delpla se présente, ainsi que l’annonce son titre « sensationnel »
et surtout très maladroit !
Je me suis aperçu qu'il aurait fallu du Vichy ou du Pétain : le nom de Mandel est aujourd'hui trop oublié.
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, comme une enquête sur les responsabilités dans la mort de Georges Mandel. Dès l’introduction, la thèse s’en dessine. L’ancien ministre de Paul Reynaud n’aurait pas été « vraiment » assassiné par la Milice.
première erreur de lecture. Pas "pas vraiment", pas du tout.
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Les responsabilités allemandes pèseraient d’un poids décisif
ici j'hésiterai entre incompréhension et lourdeur.
C'est,dit le livre, un crime allemand, point-barre.
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dans le crime du 7 juillet 1944, qui vit des Français abattre un ancien ministre d’une rafale de mitraillette en forêt de Fontainebleau. Pour en apporter la preuve, l’auteur reprend le fil des événements depuis la déclaration de guerre de septembre 1939. L’admiration qu’il ressent pour son sujet le pousse négliger les failles et les contradictions qui font de Georges Mandel un personnage complexe, irréductible aux instrumentalisations de la mémoire officielle
quel jargon, et surtout, quel manque de pertinence dans la lecture !
Je ne néglige nullement la complexité de Mandel, mais ne la mentionne qu'en fonction de mon sujet. C'est qu'aux yeux de Hitler -ceux qui comptent le plus, me semble-t-il, dans un espace dominé par lui-, il est l'incarnation même du Juif ennemi de l'Allemagne, et ce pendant deux guerres mondiales et tout le temps qui les sépare ! Bras droit de Clemenceau lors du "crime de novembre" (1918), il est pendant toutes les années 20 et 30 l'homme politique européen qui défend le plus le traité de Versailles, n'étant rejoint par Churchill que vers 1932 (et encore, en 1932 Winston agite encore l'idée de réviser le traité pour éviter les nazis, mais laissons cela pour le moment). Et bien sûr il passe, non sans quelque raison, pour le plus "belliciste" dans l'auberge espagnole du gouvernement Daladier, en 1939. Hitler certes veut la guerre, mais ne pardonne pas pour autant à ceux qui, à Londres ou Paris, y ont le plus poussé !
Cela dit, attention : je ne dis pas du tout que Hitler le tue par rancune; au contraire, il se fait de ce "bellicisme" un aiguillon pour faire marcher droit Pétain. Je sais, c'est un peu compliqué. Lisez donc le livre !
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. A telle enseigne que Nicolas Sarkozy, qui lui consacra un ouvrage en 1994 , ne s’est guère référé aux mânes de son prédécesseur au ministère de l’Intérieur dans ses discours. Tout à son œuvre de mémoire, François Delpla procède donc par recoupements, glissements et surinterprétations pour défendre sa thèse.
Sarkozy, vraiment, rien à faire ici ! Quant aux "recoupements, glissements et surinterprétations", vous m'accorderez peut-être que cela demanderait à être précisé d'une part, démontré d'une autre, fût-ce sur un exemple ? eh bien nous l'attendrons en vain.
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La mort de Georges Mandel aurait été, sinon décidée, du moins voulue par Hitler lui-même. Faire de l’auteur de Mein Kampf le véritable assassin de Mandel rehausse symboliquement la victime…
pur procès d'intention : je déduis tout des textes et rien d'un besoin que j'aurais de rehausser qui ou quoi que ce soit.
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La démonstration de François Delpla pèche toutefois par manque de rigueur. Elle surestime la cohérence de l’appareil d’Etat nazi, alors que les travaux les plus récents insistent sur les tendances centrifuges qui le parcouraient, sans aller jusqu’à parler d’ « anarchie autoritaire » . La tendance à l’autonomie vis-à-vis du parti et de l’Etat qui s’observait dans de nombreux services administratifs ou forces armées, jusque dans la SS des années de guerre, ne freina pas du reste la mise en œuvre de la Solution finale : elle en fut peut-être une condition . (...) On l’aura compris, Qui a tué Georges Mandel ? repose sur une lecture strictement intentionnaliste des discours nazis. La mort de Georges Mandel, comme l’extermination des Juifs d’Europe, aurait été envisagée très tôt, puis différée jusqu’à l’été 1944 pour des raisons tactiques.
dans ces deux passages, il y a sans doute la clé de la faiblesse de cette critique. Son auteur cherche désespérément à raccorder le propos au peu qu'il connaît du sujet : le débat entre intentionnalisme et fonctionnalisme. Le viol de texte pour le faire entrer dans une grille se double de l'inconvénient de l'âge de celle-ci : les travaux que Valence croit les plus récents ont une grosse vingtaine d'années ! Toutes les études récentes, même si elles se réclament du fonctionnalisme (en perte de vitesse; cela dit, je ne me proclame ni ne me suis jamais dit intentionnaliste), réévaluent à la hausse le rôle du centre.
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Pour justifier l’intérêt de son travail, François Delpla n’avance d’autres sources nouvelles que les papiers personnels d’un commissaire de police affecté à la garde de Georges Mandel en 1940-1941 à Vals-les-Bains, dans l’Ardèche. C’est un peu mince.
C'est sa lecture qui l'est !
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Comment ces documents pourraient-ils informer les circonstances d’un crime commis trois ans plus tard, alors que la France commençait à être libérée ? A moins d’estimer que dès 1941, la liquidation de Mandel était décidée…
je ne dis cela ni de près, ni de loin.
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Cette lecture des faits disculpe la Milice de sa responsabilité, pour n’en faire qu’un instrument docile de la volonté nazie ; elle dérange le lecteur par son manque de nuance .
là encore, boomerang !
Le livre apporte de nombreux documents et les analyse dans toutes leurs nuances... un art qui semble bien étranger à Valence !
mais surtout, qu'est-ce que l'histoire a à faire d'inculper ou de disculper ?
et accessoirement : se faire l'instrument docile de la volonté nazie, ce n'est peut-être pas se rendre coupable de quelque chose ?!!
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Le style de cette enquête sur la mort de Georges Mandel achève de dérouter par ses approximations. Est-il opportun d’écrire d’Hitler qu’il « n’a pas dit son dernier mot » en juillet 1944
ô que oui !
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, des chefs des SS qu’ils forment un « noyau (…) très concentré de nazis fanatiques et néanmoins capables »
oui oui oui oui !
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ou de comparer Hitler et Goebbels à « des gamins en train de jouer un bon tour » ?
absolument, quand c'est le cas, et cela l'est en l'occurrence : il est question des émissions d'un faux émetteur radiophonique, et de cela seulement.
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On s’en veut de sourire lorsque Camille Chautemps est qualifié par François Delpla de « /radical mollasson »
ah oui bien sûr, à la mi-juin 40 c'est un dur de dur !
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, Pétain d’ « octogénaire dynamique » ou Charles Maurras de « militant royaliste très particulier » …
et si je dis que David Valence est un critique mollasson mais très original ?
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L’ouvrage se referme avec un mélange de respect pour le travail effectué
tiens donc ? vous en auriez parlé à l'insu de notre plein gré ?
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et de sentiment de gâchis à constater que ce labeur a été mis au service d’une argumentation insuffisamment rigoureuse.
désolé, ce n'est pas chez vous que j'irai prendre des leçons à cet égard !
Mais Phocas va maintenant se faire un plaisir de nous dire ce qu'il a trouvé, dans ce texte, d'intéressant.
PS.- L'ouvrage tout à fait estimable de Jeanneney me paraît, bien que plus favorablement, tout aussi mal critiqué par DV, qui néglige notamment le fait qu'il a près de 20 ans et qu'en conséquence beaucoup de passages sont caducs.