Citer :
Quant à la politique de collaboration, elle n'est nullement inscrite dans l'armistice
Ah bon ? Et lisez-donc ceci, cela vous éclairera l'esprit :
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Article 3 : Dans les régions françaises occupées, le Reich allemand exerce tous les droits de la puissance occupante. Le gouvernement français s'engage à faciliter par tous les moyens l'exercice de ces droits ainsi que l'exécution avec le concours de l'administration française. Le gouvernement français invitera immédiatement toutes les autorités et tous les services administratifs français du territoire occupé à se conformer aux règlements des autorités militaires allemandes et à collaborer avec ses dernières d'une manière correcte. "
Extrait de la convention d'armistice du 22 juin 1940.
C'est cet article et non la personnalité de Laval qui a fait Montoire ou le reste. En acceptant l'armistice n'importe quel gouvernement était tenu de suivre cette politique.
Or, ce n'est pas Laval qui la négocié - il n'était pas dans le gouvernement - mais bien Pétain, Weygand, Baudouin ou encore Darlan.
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vous semblez faire preuve d'une ardeur juvénile pour défendre Laval, comme si vous découvriez le dossier: ne viendriez-vous pas de lire le livre de René de Chambrun, le gendre de Laval
Absolument pas mon cher !
Il est vrai que j'ai lu ce livre, il y a plus de 5 ans, tout comme les notes de Laval rédigées dans sa cellule, rassemblées par sa fille Josée.
Mais, je veux surtout insister sur la volonté de faire de Laval le seul responsable de la collaboration. Or, le 22 juin 1940, tout était dit...
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Si l'on vous suit, il faut être logique: Laval est finalement infiniment moins coupable que Pétain. Je ne vous suivrai pas dans cette voie parce qu'elle n'est pas historique...
Pourquoi ? Parce que la majorité des historiens préfèrent défendre le vainqueur de Verdun que celui de la Stresa ? Un militaire victorieux qu'un des meilleurs président du Conseil des années 1930 ?
Pétain est moralement défendable, parce que de Gaulle lui même l'excusa pour son grand âge - et sa sénélité - et qu'il fut un des rassembleurs de la Première Guerre Mondiale. Mais en analysant froidement la chose, Pétain avait toute sa lucidité ( allez voir les témoignages du docteur Ménétrel, de ses proches ) et c'est Laval qu'on sacrifia sur l'autel de la bêtise et du mensonge !
Tous les actes de Laval n'étaient rien sans l'avis de Pétain, ne l'oublions pas ! Laval était comme chaque ministre un exécutant de Pétain et n'avait aucune initiative. Il ne fallait surtout pas troubler l'ordre du jour lors du Conseil des ministres, voulu par Pétain. Il était trop jaloux de son pouvoir et vaniteux pour le partager avec qui que ce soit. C'est une des raisons pour lesquelles, Laval fut écarté en décembre 1940. Question cynisme et ingratitude - Laval avait fait tout le boulot le 10 juillet - Pétain n'avait pas d'équivalant !
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Résister à l'Allemagne et à ses empiètements continuels de l'armistice, préparer le repli en AFN, encore possible jusqu'en novembre 42.
Alors là, vous me décevez Roy-Henry...
Avec quoi pensiez-vous réliser cela ? 100 000 hommes armés très très légèrement ( juste capables d'arrêter Laval et les anciens hommes politique de la IIIème République...
) ? Vous savez très bien que Vichy se vautrait dans la collaboration depuis l'armistice. Avec une bande de réac qui trouvait le moment tel une "divine surprise"...
La peur de l'Allemagne était encore forte, tout comme l'anglophobie - ce que partageaient Laval et Pétain.
Vous allez me parler de la flotte. Eh bien, son sabordage réfléchit bien toute la politique de Vichy : l'hésitation et l'incompétence !
Mais dans cette politique, inutile de braquer l'Histoire sur Laval comme tentait déjà de le faire les proches de Pétain. Pétain, Ménétrel, Alibert, Pucheu, Darnand, et surtout Darlan et Weygand, sont bien plus responsables que lui dans la conduite de la politique de Vichy.
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Personnellement la politique de Laval me parait être dominé par le pragmatisme et non par l'idéologie
Absolument, tant au niveau de la politique extérieure ( seule prérogative - et encore... - que lui laissait Pétain ) que dans la politique intérieure.
Il n'a adhéré à aucun moment à la politique de Révolution Nationale !
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" Laval avait joué. Il avait perdu". Sans doute dans son gouvernement, déployant pour soutenir l'insoutenable toutes les ressources de la ruse, tous les ressorts de l'obstination, chercha-t-il à servir son pays. Que cela lui soit laissé! " (Mémoires de Guerre).
Cette citation résume bien la politque de Laval, je n'ai rien à ajouter...
Laval voulait aussi prendre une revanche avec ceux qui l'avaient fichu à la porte en 1935. Un président du Conseil qui se retrouve sénateur de province, cela donne des idées de retour sous certaines conditions...
Je ne rejette en tout cas pas responsabilité de Laval : il a fait un choix - d'ailleurs peu défendable en 1943-1944 -, mais il s'y est tenu. Il devait payer, cela fut fait, mais dans des conditions bien lamentables.
Par contre, je suis outré que des ponts d'or soient bâtis pour d'autres ( Pétain, Weygand, Darlan...) et que Laval tienne seul la barque de la responsabilité de la collaboration. Or c'est à peu près le discours qui est tenu un peu partout.
Hé bien il est faux, voilà tout !
duc de Raguse.