Escalibure a écrit :
Bon vous allez dire que je m'obstine : mais comment peut-on avoir confiance à ce point en des gens qui font plus que de vous haïr ? Parce que on a beau parler de ruses diverses de la part des nazis, des arrestations à domicile..., il a bien fallu que les juifs aient confiance en eux pour aller à ces lieux de rendez-vous.
Il me semble que c'est la combinaison de plusieurs facteurs parmi lesquels je retiendrai :
La méthode
Le secret
Le bon sens
La peur
L'instinct de survie
L'espoir
L'indifférence
La résignation
La méthode : les allemands ont procédé étape par étape sur une assez longue période avec les populations juives (et d'autres). 1) identifier les juifs ; 2) rassembler les juifs ; 3) déporter les juifs ; 4) exterminer les juifs.
Ce qui fait qu'au moins jusqu'à l'étape 3, ils ont fait en sorte qu'ils collaborent en utilisant des subterfuges. Par exemple, le Judenrat (sorte de conseil municipal juif) était chargé de la plupart des tâches administratives et de police, bien entendu, sans savoir ce qui attendait la population.
Le secret : depuis l'arrivée au pouvoir des nazis, l'Allemagne - et ensuite les territoires occupés, s'est couverte de camps. Seule une infime partie d'entre-eux a servi à l'extermination, qui ne concernait qu'un petit nombre de fonctionnaires allemands.
Autant l'immense système concentrationnaire était devenu parfaitement banal, compte tenu de la quantité de gens enfermés à laquelle s'ajoutait des millions de prisonniers de guerre, autant le système d'extermination pouvait rester dissimulé derrière cette masse.
Ce qui fait que lorsque le processus d'extermination a commencé (hors territoires soviétiques qui se trouvaient derrière le front), il n'a véritablement circulé que des rumeurs sur ce qui s'y passait, rumeurs évidemment réprimées dans la mesure du possible par les nazis avec une certaine efficacité. Personne ne pouvant directement témoigner de ce qui se passait réellement dans ces camps, mis-à-part les tortionnaires eux-mêmes.
Le bon sens : énormément de gens n'y tout simplement pas cru. Cela semblait tellement dénué de bon sens de massacrer toute une population dont la force de travail, les qualifications, etc. auraient été utiles à l'effort de guerre. Pendant plusieurs années, ces gens ont été persécutés (parfois massacrés), mais il n'y avait jamais rien eu de systématique. On gardait confiance dans le fait que, si l'on se tenait à carreaux, on survivrait.
La peur : pour soi, mais avant tout pour ses proches, sa famille, ses enfants, parents et amis. Beaucoup de gens étaient regroupés avec toute leur famille et ne pouvaient se permettre de lui faire courrir de risque. Les tortionnaires étaient le plus souvent des brutes sadiques qui exerçaient impunément leur droit de vie et de mort et il n'y avait aucun doute sur la nature du risque.
L'intinct de survie : plus on est opressé, plus on devient hérmétique à la souffrance, on se focalise sur l'instant présent, rester en vie, on ne fait plus de projet d'avenir, on ne se rebelle plus, etc.
L'espoir : tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, on serre les dents.
L'indifférence : fuir, mais pour aller où ? pourquoi faire ? on sera repris et l'on souffrira encore plus. Très peu de gens ont été capable d'aider les fuyards car pour eux-même se posait la même question de la survie, s'alimenter, échapper à la répression, etc.
La résignation : chez certaines personnes, lorsque la souffrance est devenue extrême, qu'elles n'ont plus la force de lutter et qu'elles ont perdu tout espoir, elles accueillent la mort avec résignation, le plus souvent dignement.