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 Sujet du message : Re: La "Shoah par balles"
Message Publié : 30 Mai 2009 14:57 
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Eginhard
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Anticlérical sans doute, mais intéressant à consulter.

Sur des faits que le grand public ne connait (connaissait) pas forcément. Et chacun est libre de croire ou non aux propos pourtant assez convaincants de ce site via ses sources et son contenu malgrè son titre.

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''L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.'' Paul Valéry


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 Sujet du message : Re: La "Shoah par balles"
Message Publié : 30 Mai 2009 17:39 
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Salluste
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Je n'ai jamais dit que c'était inintéressant. Au contraire. C'est évidemment un point de vue. On discutait ailleurs de la pertinence d'utiliser des sources partiales. Par exemple le livre de Benoist Mechin sur le désastre de 40. J'ai répondu que toute source est bonne à condition de bien situer son auteur.


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 Sujet du message : Re: La "Shoah par balles"
Message Publié : 30 Mai 2009 21:11 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Artigas a écrit :
Au sujet de la Shoah, il y'aura toujours l'étrange "silence" du Pape Pie XII ainsi que le rôle joué par l'Eglise, la papauté, le Zentrum envers Hitler et les nazis. (A quelques très rares exceptions près de prêtres notamment qui sauvèrent des juifs par exemple)En surfant sur internet j'ai trouvé un site assez bien documenté à ce sujet:
http://www.rationalisme.org/french/mora ... aire_2.htm
On y apprend notamment que le Pape Pie XII ainsi que le Vatican, l'Eglise catholique étaient au courant des massacres commis envers les juifs en Europe pendant la Seconde guerre mondiale par les nazis. Et soutenaientt dans "l'ombre" l'Allemagne nazie chrétienne.Plus grave ils protégèrent et cachèrent des criminels de guerre nazis, des membres de la milice française, de la LVF, ainsi que le tristement célèbre "enragé" oustachi Ante Pavelic.Il semble malheureusement que le lien ne fonctionne pas. :-|

Voici ce qu'on trouve aussi, Artagas, entre autres affirmations, sur le site dont vous faites état:

"Vous découvrirez que, comme d'autres prophètes bibliques, Mahomet semble l'une des plus fameuses supercheries historiques. Vous saurez aussi pourquoi, à quelle époque et en quelle langue a été écrit le Coran, et dans quel but. Bernard Raquin, psychothérapeute et formateur, a publié de nombreux ouvrages sur la spiritualité et le développement personnel."

Exemple d'ouvrage du nommé Raquin célébré sur son site: "Un juif nommé Mahomet"

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 Sujet du message : Re: La "Shoah par balles"
Message Publié : 30 Mai 2009 21:18 
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Eginhard
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Nous sommes très loin de la "shoah par balles".

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"Si, dans la pratique démocratique anglaise, l’opposition, selon un mot admirable, remplit un service public, dans les États totalitaires, l’opposition devient crime ", Raymond ARON.


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 Sujet du message : Re: La "Shoah par balles"
Message Publié : 30 Mai 2009 22:59 
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Artigas a écrit :
Au sujet de la Shoah, il y'aura toujours l'étrange "silence" du Pape Pie XII ainsi que le rôle joué par l'Eglise, la papauté, le Zentrum envers Hitler et les nazis. (A quelques très rares exceptions près de prêtres notamment qui sauvèrent des juifs par exemple)


C'est drôle, mais avant une certaine pièce qui fut jouée au début des années 60, Pie XII passait pour un ami des juifs et un sauveur des juifs. Il avait même été remercie pour cela par le premier président de l'État d'Israël. Mais, depuis 2 ou 3 décennies, il est de bon ton de nier cela.

Au fait, c'est vrai que nous sommes de plus en plus HS. Prière de recentrer le débat. Celui sur Pie XII a déjà été débuté sur un autre fil il y a quelques temps.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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 Sujet du message : Re: La "Shoah par balles"
Message Publié : 31 Mai 2009 15:26 
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Eginhard
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Alain.g a écrit :
Voici ce qu'on trouve aussi, Artagas, entre autres affirmations, sur le site dont vous faites état:

"Vous découvrirez que, comme d'autres prophètes bibliques, Mahomet semble l'une des plus fameuses supercheries historiques. Vous saurez aussi pourquoi, à quelle époque et en quelle langue a été écrit le Coran, et dans quel but. Bernard Raquin, psychothérapeute et formateur, a publié de nombreux ouvrages sur la spiritualité et le développement personnel."

Exemple d'ouvrage du nommé Raquin célébré sur son site: "Un juif nommé Mahomet"


Que recherchez-vous exactement Alain.g? :rool:

De la pure provocation gratuite, une conception de l'islam bien particulière au vue de certains de vos messages. La religion c'est avant tout croire en ayant la foi, en un message divin via des prophètes dans le cas de l'islam et le "sceau" des prophètes Muhammad . Sans le moindre fanatisme ou zèle aveugle qui peuvent mener vers l'intégrisme religieux. Une religion n'est pas sensée être une "arme"contre son prochain mais malheureusement, elle peut le devenir lorsque des personnes l'interprètent mal, de manière littérale ou ont le coeur remplit de noirceur.

Il y'a des sira (biographies officielles) qui traitent de sa vie de manière minitieuse comme celle du célèbre Al Tabari. Pour le Coran, vous blasphémez un livre saint de manière indirecte en soutenant la thèse d'un auteur qui n'est même pas un islamologue sérieux. Mais un simple psychothérapeute et formateur.

Navré pour ce message hors-sujet mais il y'a des limites à ne pas dépasser à un certain moment.

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 Sujet du message : Re: La "Shoah par balles"
Message Publié : 31 Mai 2009 16:33 
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Eginhard
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Pour en revenir au sujet, un article d'Édouard Husson très favorable au père Desbois. Il insiste sur la différence entre l'accueil négatif des chercheurs en France et l'enthousiasme reçu dans d'autres pays.


Citer :
L'Allemagne reconnaît l'importance des recherches sur la «Shoah par balles»

Elle a duré trois ans et fait deux millions de victimes. La «Shoah par balles», cet épisode presque inconnu de la Shoah, était menacé par l'oubli. Par ses recherches, Patrick Desbois l'en a sauvé. L'Allemagne vient de marquer une reconnaissance officielle à ses travaux.

Une nouvelle extraordinaire venue de Berlin ces jours-ci. La République Fédérale d'Allemagne vient de marquer une reconnaissance officielle aux travaux de recherche du Père Patrick Desbois sur la «Shoah par balles». L'enquête d'histoire orale menée depuis cinq ans par ce prêtre hors normes, formé par les regrettés cardinaux Decourtray et Lustiger, pour retrouver les témoins ou les survivants de la Shoah en Ukraine et localiser, ainsi, des centaines de fosses communes renfermant les restes des victimes de la barbarie nazie, sera soutenue financièrement par la représentation du peuple allemand et son gouvernement. Alors même que la crise est là, la République de Berlin ne fléchit pas dans son soutien au travail de mémoire.

Peut-on imaginer un symbole plus fort de la capacité de l'Europe à assumer la page la plus sombre de son passé? L'Allemagne soutient une initiative venue de France et destinée à réparer l'une des plus terribles violences de masse commises dans la partie orientale de l'Europe, celle qui a vu les totalitarismes se succéder.

Une zone encore incomplètement connue de l'histoire de la Shoah
La «Shoah par balles» est à la fois une zone encore trop peu explorée de l'histoire du génocide des Juifs et celle qui pourrait mettre le plus mal à l'aise les Allemands d'aujourd'hui: la Shoah des camps d'extermination est souvent rendue abstraite par le concept de «génocide industriel». On aurait eu affaire simplement à une perversion monstrueuse du goût allemand de l'organisation. La «Shoah par balles» (qui concerne deux millions de victimes sur les six millions du génocide), confronte la société allemande à la réalité d'un massacre sur le terrain, ville par ville, village par village, par des commandos dont les tueurs voyaient leurs victimes quand ils les tuaient.

Grâce aux travaux des historiens menés depuis une quinzaine d'années - en particulier en Allemagne, en Israël, en Pologne - on sait que cette partie de la Shoah s'est déroulée non pas en prélude à l'installation des camps d'extermination mais selon un processus exactement parallèle. La «Shoah par balles» s'est déroulée de l'été 1941 au printemps 1944. L'Ukraine, prise dans ses frontières actuelles, a perdu 500 000 Juifs en 1941; 700 000 en 1942; et encore 300 000 en 1943-1944. Il y a une face «industrielle» et une face «artisanale» du génocide des Juifs par les nazis et leurs auxiliaires collaborateurs. Et les recherches du Père Desbois et de ses équipes d'enquêteurs aident particulièrement bien à la comprendre.

Les institutions allemandes accompagneront donc un effort d'enquête gigantesque, qui s'appuie sur les travaux des historiens et les archives, pour localiser, tant qu'il existe des témoins vivants, les milliers d'endroits, en Ukraine et en Biélorussie (et peut-être demain, si le projet est suffisamment soutenu, en Pologne et en Russie) où l'on a massacré des individus innocents, hommes, femmes et enfants, tombés dans des fosses ensuite laissées à l'abandon pour beaucoup d'entre elles. Les Allemands savent bien que la mémoire de la guerre et de ses victimes doit inclure toute l'Europe, y compris les peuples de l'ancienne Union Soviétique qui ont été victimes de l'attaque militaire la plus massive jamais menée dans l'histoire.


Paris-Sorbonne soutient la recherche du Père Desbois
Je connais le projet du Père Desbois depuis 2005. J'ai d'emblée été impressionné par la convergence des mémoires qu'impliquait sa démarche. On avait un catholique, prêtre de surcroit, allant à la recherche des fosses où des victimes juives du nazisme attendent qu'on leur donne une sépulture et qu'on leur rende leur dignité d'être humain; un descendant d'une famille de résistants allant dialoguer avec des historiens et des experts allemands pour que son travail s'appuie sur le maximum de données fiables; un homme traité en «héros» par les mécènes du Musée de l'Holocauste de Washington mais qui a réussi à convaincre les Américains qu'il faut se débarrasser d'un antisoviétisme primaire et reconnaître l'importance des rapports des comités d'enquête soviétiques de 1944-45 pour compléter sérieusement l'enquête sur la «Shoah par balles».

J'ai été rapidement convaincu par la recherche sur le terrain. Patrick Desbois a un talent inné de chercheur. Il ne quitte pas un lieu où s'est passée une tuerie sans avoir résolu l'énigme que posent souvent, au départ, des témoignages incomplets ou contradictoires. A Busk, en Galicie orientale, il s'est obstiné pendant quatre ans, revenant sur les lieux, cherchant de nouveaux témoins, apportant des archives corroboratives et, pour finir, obtenant le soutien généreux du Mémorial de la Shoah pour que soit effectuée une recherche archéologique, qui est venue valider ce que la recherche patiente avait montré: contrairement à ce qu'avaient pensé longtemps les historiens, faute d'avoir accès à l'ensemble des informations, tous les Juifs de cette bourgade n'avaient pas été déportés à Belzec. Entre l'ancien cimetière juif de Busk et la rivière, dix-sept fosses communes ont été ainsi localisées, que les historiens n'auraient jamais connues sans cette recherche.

C'est en constatant la qualité du travail entrepris que Paris-Sorbonne a commencé, en 2006, à coopérer avec l'équipe de recherche de Yahad. Nous avons fondé le premier séminaire de recherche consacré principalement à l'histoire de la Shoah en Europe orientale. Dans quelques jours, les 15 et 16 juin, un colloque se tiendra, organisé par Yahad, l'association du Père Desbois, avec le Musée de l'Holocauste de Washington, le Collège des Bernardins et Paris-Sorbonne, pour faire l'histoire du premier négationnisme, celui des nazis eux-mêmes qui, à partir du début 1942, ont déterré et brûlé un certain nombre de corps de victimes juives dans le cadre de «l'opération 1005». Ce sera le premier colloque international sur le sujet.


Le premier projet français d'histoire de la Shoah d'envergure internationale
Quand on prend la mesure du travail accompli et de la convergence entre recherche historique et préoccupations mémorielles qu'a permis de réaliser la recherche de Patrick Desbois, le débat de «La Fabrique de l'histoire» consacré cette semaine à la «Shoah par balles» - en l'absence de Patrick Desbois! - apparaissait singulièrement décalé, en tout cas en ce qui concerne la contribution des historiens (il y avait aussi un membre américain du projet d'histoire orale de Steven Spielberg et un réalisateur français de talent qui semblaient très gênés, à la fin, par ce qui est devenu un déballage d'arguments bien peu scientifiques, allant jusqu'à mettre en cause la déontologie des équipes de Yahad)). On nous a expliqué que la recherche du Père Desbois était trop médiatisée, qu'il était scandaleux que son éditeur (Patrick Desbois, Porteur de mémoires, Michel Lafon, 2008) ou le documentariste qui a fait un film sur lui (Romain Icard, La Shoah par balles. L'histoire oubliée) diffusé en 2008, aient misé sur l'effet de nouveauté, de découverte, dans le public.

Quand bien même certains historiens ont eu la chance d'en savoir beaucoup depuis longtemps sur la «Shoah par balles», s'offusquer de ce que les médias aient un jour découvert et voulu faire découvrir à un large public la «Shoah par balles», c'est oublier que le chercheur spécialiste de l'histoire du génocide des Juifs ne vit pas dans une bulle. Il a une responsabilité civique. Et cela ne passe pas avec les générations. Chacune a besoin de s'approprier la mémoire de l'événement. C'est un besoin d'autant plus fortement ressenti aujourd'hui que les survivants et les témoins de l'événement disparaissent et que bientôt se posera la question d'un nouveau type de transmission de la mémoire. De ce point de vue, le projet de Yahad est exemplaire puisqu'il entreprend de rassembler, avant qu'il soit trop tard, dans la région où l'on connaît moins bien l'histoire du massacre, la plus grande quantité possible de souvenirs directs de l'événement pour les générations qui viennent.

Evidemment, toute recherche a ses biais méthodologiques, ses qualités et ses défauts. Mais je trouve bien corporatiste le réflexe consistant à faire comme si les historiens universitaires avaient le monopole du discours historique. La première fois que j'ai entendu parler Patrick Desbois, en 2005, au Mémorial de la Shoah, j'y ai vu un magnifique défi pour l'historien universitaire que j'étais, un défi à relever sur le plan scientifique.

Le contraste entre la réaction maussade, ces derniers temps, de quelques «historiens professionnels» en France et l'accueil enthousiaste fait au projet de Yahad par les chercheurs d'autres pays, comme l'Allemagne et les Etats-Unis, pose aussi, bien entendu, la question de l'ouverture des structures de la recherche, dans notre pays, à l'évolution de la recherche internationale. Un corps de chercheurs qui ne relèverait positivement le défi posé par l'enquête de Yahad révélerait son incapacité à se renouveler.

Il fut un temps où on aurait unanimement fêté, dans la communauté des historiens français, un chercheur autodidacte qui fait preuve d'audace méthodologique. Même si je suis fier que Paris-Sorbonne renoue avec la grande tradition d'ouverture et d'accueil aux innovations de l'historiographie française, j'espère que nous ne resterons pas les seuls à mettre en valeur le premier projet qui met notre pays en tête de l'innovation internationale dans la recherche sur la Shoah, qui nous met pour la première fois au niveau des chercheurs israéliens, allemands ou américains.

Il est vrai que la mauvaise humeur de certains est un hommage indirect au travail de Yahad, qui dérange mais qui nous donne l'occasion de parler de la Shoah dans les médias. Lui reprocher son succès, aller éventuellement jusqu'à lui refuser l''étiquette de chercheur ou d'historien estampillé, c'est une façon paradoxale de dire merci à Patrick Desbois. Pour ma part, je préfère une approche positive, celle d'un dialogue scientifique exigeant avec l'équipe de Yahad; car il ne faudra pas s'arrêter à la collecte des données; il y aura beaucoup à faire pour tirer tous les enseignements des informations recueillies par Patrick Desbois et ses équipes. On aura besoin de bien des concours pour comprendre toutes les implications des découvertes de la recherche de terrain.

Réjouissons-nous, pour finir, de ce que la République Fédérale d'Allemagne reconnaisse officiellement la valeur d'une recherche menée depuis la France au service de la mémoire européenne. A un moment où nos hommes politiques se demandent comment relancer la coopération entre la France et l'Allemagne, il y a là l'illustration concrète d'une coopération concrète entre nos deux pays

Source: http://www.marianne2.fr/L-Allemagne-rec ... 80174.html

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 Sujet du message : Re: La "Shoah par balles"
Message Publié : 31 Mai 2009 19:01 
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Pour l'intelligibilité du débat, je reproduis ci-dessous la tribune de Christian Ingrao et Jean Solchany paru l'an passé sur Nonfiction et qui préfigurait leur article paru dans la dernière livraison de Vingtième siècle:

Citer :
"Shoah par balles – l'histoire oubliée", tel est le titre percutant de l'émission Pièces à conviction diffusée sur France 3 le 12 mars 2008 à 20 h 50. L'enjeu était de sensibiliser le grand public à cette dimension de l'extermination des juifs d'Europe qu'ont été les fusillades massives de juifs soviétiques par les nazis à partir de l'été 1941. C'est avec le plus grand malaise que nous, historiens, avons suivi ce programme en deux parties, fait d'abord d'un documentaire de Romain Icard relatant l'entreprise d'exhumation de charniers menée en Ukraine par le père Desbois et son équipe, puis d'une discussion de la journaliste Élise Lucet avec le père Desbois et Simone Veil. La première minute de l'émission donne en effet le vertige. Des faits avérés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale sont présentés comme une découverte récente, due au "travail d'enquête méticuleux et acharné" du père Desbois. D'une voix forte, la journaliste Élise Lucet assène : "On croyait tout savoir, et pourtant" avant de lâcher ce qui se veut un scoop, "60 ans après, un homme, un prêtre catholique, nous révèle une autre réalité du massacre, un génocide sans camp, sans chambre à gaz". Un holocauste dont personne n'aurait parlé, tel est bien le message retenu par nombre de journalistes ayant visionné l'émission. Dans Télérama, Erwan Desplanques salue un prêtre catholique qui a découvert "presque par hasard" la Shoah par balles, réparé un "oubli historique majeur" et rendu "enfin hommage à ces morts de l'ombre". Dans le supplément télé du Monde, Olivier Zilbertin évoque un "holocauste longtemps tu", qui "aurait pu se perdre dans l'oubli, enseveli pour toujours".

Nous n'épiloguerons pas sur la totale absence de recul critique de certains journalistes. Plus préoccupante est l'attitude du Père Desbois qui n'a, nolens volens, fait aucun effort durant la discussion pour dissiper l'effet déplorable de la soi disant révélation. À une question d'Élise Lucet s'enquérant de ce qu'avaient écrit les historiens, il se contente d'évoquer le mur de Berlin, l'impossibilité pour les historiens allemands d'accéder aux archives soviétiques, et l'isolement d'un unique historien ukrainien. À l'entendre, ce n'est qu'en 2007, lors d'un colloque à la Sorbonne, que les choses sérieuses ont commencé, les historiens des deux côtés ayant enfin pu dialoguer. Le message délivré par les organisateurs de l'émission, le documentaire et les propos du Père Desbois est donc clair : la mise à jour de l'holocauste supposé oublié est à porter au crédit du seul Père Desbois. N'est-ce pas d'ailleurs ce que suggère fortement la couverture de son livre paru fin 2007, intitulé Porteur du mémoires, sur laquelle on peut lire "Un prêtre révèle la Shoah par balles"? Puisque le Père Desbois ne l'a pas fait à l'antenne et qu'il n'y avait sur le plateau aucun historien pour nuancer ses propos, rappelons quelques évidences connues non seulement des historiens, mais de quiconque un peu au fait de l'histoire de la Shoah. Les fusillades massives perpétrées en URSS occupée, notamment par les Einsatzgruppen, ont été abondamment évoquées à Nuremberg, où plusieurs dirigeants de ces unités ont été condamnés à mort lors de procès à la fin des années 40. Holocauste, le feuilleton américain de la fin des années 70 vu lors de sa première diffusion par plus de 100 millions de téléspectateurs, évoque par ailleurs longuement les fusillades massives. Le nom de Babi Jar, lieu du massacre de 33 771 juifs de Kiev en septembre 1941, est resté tristement célèbre, emblématique de ces crimes terrifiants, sur lesquels les historiens travaillent depuis les débuts de la recherche sur le nazisme. Dans La Destruction des Juifs d'Europe publié en 1961, Raul Hilberg consacre de très nombreuses pages aux "opérations mobiles de tueries". Les meilleurs historiens de la Shoah - Philippe Burrin, Christopher Browning, Peter Longerich, Saul Friedländer, et ce sans même parler des jeunes historiens allemands ayant fait un usage massif des archives est-européennes dès les années 1990… - ont longuement analysé la signification des fusillades massives. Doit-on vraiment répéter que la Shoah est un objet d'étude investi par de très nombreux historiens depuis plusieurs décennies ?

Certes, tout n'a pas été dit sur les fusillades massives. Le travail des chercheurs s'est effectivement intensifié depuis la chute du mur et l'accès aux archives soviétiques. Bien que sa finalité soit plus religieuse et mémorielle que scientifique, ce qui en limite la portée - l'enjeu étant de repérer les fosses des crimes commis en Ukraine afin qu'il soit possible d'ériger des mémoriaux -, le travail du Père Desbois constitue un apport appréciable, les témoignages collectés venant enrichir l'éventail des sources à la disposition des historiens. Mais laisser entendre, dans le cadre d'une émission grand public, que la "Shoah par balles" serait la découverte d'un homme quasiment seul, véritable justicier mémoriel auquel on "rend hommage", est proprement stupéfiant : les fusillades massives sont largement documentées dans les archives - occidentales comme est-européennes - et par les travaux des historiens.

Très problématique apparaît donc la manière dont le documentaire présente le travail du Père Desbois comme une entreprise d'administration de la preuve des crimes commis par les nazis. Au tout début, la voix off d'Anouk Grinberg s'interroge : "Comment prouver l'existence de la Shoah par balles ?". S'ensuit une présentation du travail du Père Desbois comme une enquête policière, des témoins indiquant les lieux du crime, un expert en balistique ramassant les douilles, la caméra pointant les ossements mis à jour. Mais taire le fait - fondamental - que la matérialité des fusillades massives est établie depuis très longtemps, suggérer, - ce qui est plus grave encore -, que la démonstration de la réalité de la Shoah par balles, dont personne ou presque n'aurait parlé jusqu'au Père Desbois, ne tiendrait qu'à des douilles et des ossements retrouvés il y a peu dans des taillis ou des bosquets, n'est-ce pas faire un cadeau aux derniers négationnistes ? Tel n'était pas, bien sûr, l'intention des organisateurs de l'émission ni celle du Père Desbois ou de Simone Veil, qui affirme elle aussi avoir découvert un autre aspect de la Shoah grâce au Père Desbois. L'effet n'en est pas moins désastreux.

Faute de temps et d'espace, nous passerons sur bien d'autres aspects de cette navrante soirée, marquée au sceau du tabou et du compassionnel ; une soirée qui fut non pas une leçon de mémoire, mais un pseudo scoop dont on peut légitimement se demander ce qu'il doit à la nonchalance, à l'ignorance, voire à l'imposture ; une soirée qui représente un exemple inquiétant de vulgarisation sensationnaliste et mal maîtrisée, contre lequel il est de notre devoir de nous élever, loin de toute crispation corporatiste. Car s'il devient possible d'affirmer, en "prime time", que des crimes ont été occultés soixante années durant alors qu'ils sont avérés et documentés depuis la fin de la guerre, la porte est ouverte à toutes les dérives. Et nous avons la candeur de croire que tel ne devrait pas être le cas.

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 Sujet du message : Re: La "Shoah par balles"
Message Publié : 31 Mai 2009 20:48 
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Artigas a écrit :
Que recherchez-vous exactement Alain.g? ... en soutenant la thèse d'un auteur qui n'est même pas un islamologue sérieux. Mais un simple psychothérapeute et formateur.
J'ai simplement voulu vous montrer que le site que vous avez cité sur Pie XII était un site sommairement anti-religieux, tous azimuts d'ailleurs, et que je ne le soutiens pas évidemment. Je crois qu'avant de recommander un site, comme vous l'avez fait, pour argumenter, il est prudent de le parcourir préalablement.

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 Sujet du message : Re: La "Shoah par balles"
Message Publié : 31 Mai 2009 21:07 
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Pie XII n'a rien à faire dans cette discussion. Il existe des fils sur la question, ne mélangeons pas tout.

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 Sujet du message : Re: La "Shoah par balles"
Message Publié : 01 Juin 2009 11:35 
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Guysen TV (télévision israelienne franchophone) publie aujourd'hui sur son site un long entretien avec P. Desbois qui revient notamment sur les critiques suscitées par son travail.


Citer :

C’est à travers l’association ‘Yahad-In Unum’ que vous poursuivez vos recherches. Celles-ci vont-elles se poursuivre encore longtemps ?

Au début on travaillait sur une région, l’Ouest de l’Ukraine, puis sur toute l’Ukraine. Aujourd’hui, du fait des changements politiques qui se sont opérés dans l’est, il nous est désormais possible d’avoir accès à des zones géographiques qui étaient jusqu’à présent fermées, et qui, nous le savons ont été aussi le théâtre d’assassinats de juifs en masse.
Des fosses communes dans lesquelles ont été enfouis les corps des juifs ont ainsi été repérées en Biélorussie et en Russie, et s’étendent même jusqu’en Ossétie (nord de la Géorgie).

Ce qui est important de signaler c’est que nombreuses de ces exécutions n’ont pas été signalées par les allemands à leur hiérarchie. Souvent, on ne trouve rien dans les archives allemandes, parce que Himler avait établi une concurrence pour déclarer le plus vite possible la ville ‘judenfrei’ (libre de juif). Les allemands établissaient donc des fausses déclarations dans ce sens, puis les SS retournaient sur les lieux pour tuer les juifs sans mentionner le nombre exact d’assassinats. Donc pour une exécution officielle, il y avait parfois 10 exécutions non déclarées.

Dans ces régions, il est intéressant de noter la diversité de la population juive qui comprenait des laics ayant participé à la Révolution russe, mais aussi des gens extrêmement religieux qui formaient les noyaux durs des centres spirituels du courant hassidique ou encore ces juifs des Montagnes, vivant en terre d’Islam, et dont une bonne partie repose aujourd’hui dans des fosses communes encore non localisées dans ces pays de l’Est. C’est donc tout un pan de l’histoire juive et de la Shoah qui est peut être connu des historiens, mais absolument pas par la population locale.
Car les morts n’ont pas pu parler.

Seuls quelques témoins des exécutions connaissent la réalité, et le temps nous est donc compté si l’on veut receuillir leur témoignages. Ces personnes connaissaient les juifs travaillaient chez eux, ou ont été contraints par les nazis à les aider dans leur sale besogne.

En ce moment même, une de mes équipes se trouve en Ukraine pour continuer les recherches. Nous luttons contre le temps, car les morts que l’on ne retrouve pas maintenant, on ne les retrouvera jamais.

Les archives sont importantes, mais sont insuffisantes, car les allemands ont essayés de se montrer comme des automates aux yeux de Berlin, mais ils n’étaient en fait que des assassins.
On sait par exemple que dans tous les villages, des femmes juives étaient gardées comme des esclaves sexuelles ou des ouvrières forcées. Comme il s’agissait d’une pratique interdite à Berlin, les allemands ne déclaraient pas ces femmes, et les tuaient juste avant de partir. Dans tous les villages, il existe ainsi une fosse commune des femmes que l’on met beaucoup de temps à trouver parce que personne ne veut en parler.

Nous avons également retrouvé la trace de petits ‘camps de travail’, dans l’enceinte desquels, lors du départ des SS, des fosses étaient creusées pour y enterrer la ‘main d’œuvre’ juive. Des exécutions massives que personne ou presque ne soupçonnait sauf certains habitants utilisés par les nazis pour travailler eux aussi dans le camp et que nous tentons de retrouver aujourdhui.

C’est important travail d’investigation qui nécessite des fonds, est-il suffisamment soutenu selon vous ?

Nous sommes énormément soutenus par différentes organisations, la Fondation pour la mémoire de la Shoah notamment, et Madame Veil qui nous a fait connaitre dans les médias, ainsi que d’autres fondation, et des personnalités, du monde chrétien également. Mais nous devons cependant nous activer pour pouvoir boucler notre budget, car de ce budget dépendra que l’on trouve ou pas les morts. On est donc obligé de déployer toute une recherche de fonds pour y parvenir, sachant que toute l’organisation est entièrement transparente.

Est-ce tabou de parler d’argent dans le monde catholique ?

Oui il s’agit du tabou suprême bien que notre action en particulier bénéficie d’un fort soutien. Il n’en demeure pas moins que nous avons aussi des ennemis…

Qui peut être l’ennemi d’une telle cause ?

Nos ennemis appartiennent à 4 catégories : l’extrême droite qui ne veut surtout pas que l’on s’attarde sur la Shoah, l’extrême gauche pour qui la Shoah ne fait que « servir le projet sioniste au détriment des palestiniens », une minorité musulmane qui commence à comprendre que notre travail est susceptible de modifier le nombre actuel des victimes et pour laquelle ce dossier commence véritablement à être encombrant. Enfin il existe aussi certains intellectuels, qui ne vont jamais sur le terrain mais se targuent de connaitre déjà la Shoah par balles, en disant que « le père Desbois n’a rien découvert ». Une chose est sure, quand il fait moins vingt en Ukraine je n’ai plus de conflit avec personne !

Vous avez été récompensé par différents pays pour votre travail, en quoi le doctora honoris causa qui vous a été décerné par l’université Bar Ilan de Tel Aviv était particulier à vos yeux ?

Tout d’abord il s’agissait du premier prix qui m’était remis en Israël, ce qui n’est pas anodin. Ensuite, le fait qu’il me soit décerné par Bar Ilan qui est une université religieuse, m’a beaucoup surpris et touché. Ce d’autant que lors de la même cérémonie, le Rabbin Lam, que je connais personnellement a lui aussi été distingué. En même temps je dois dire que notre lien avec les religieux devient de plus en plus profond, en partie parce que nous nous occupons des corps. Notre travail consiste en effet à faire en sorte que les corps des juifs assassinés soient protégés. La plupart des fosses communes sont aujourd’hui ouvertes par les voisins qui cherchent l’or des dents et sortent à cette fin, tous les os des défunts dehors. C’est affreux. Ce lien religieux est assez mystérieux pour moi mais assez encourageant d’autant plus que je sais que dans le judaïsme, les morts de la Shoa sont des Tsadikim (justes NDLR). Pour moi ce lien est un soutien de fond, parce que je sais que beaucoup de juifs prient pour notre travail.

Qu'entendez-vous par lien mystérieux ?

Parce que nous sommes deux religions sœurs, mais totalement asymétriques jusque dans l’au delà. Et pourtant assez paradoxalement on se rejoint dans l’ici bas. J’ai ainsi rencontré de nombreux responsables rabbiniques afin que tous les problèmes liés aux règles prévues par la Loi juive sur l’enterrement des corps soient aplanis.

Au début de votre travail, vous aviez effectivement rencontré quelques oppositions au sein du monde orthodoxe…

C’est exact, mais la question est désormais résolue. Nous n’ouvrons plus les fosses. On se contente de délimiter la zone afin que qu’elle soit assimilée à un cimetière et qu’elle ne puisse plus être profanée. Quand c’est possible, nous inscrivons le nom des victimes et la date de leur mort, afin qu’un Kadish soit prononcé par la communauté juive locale. Grace aux sources du village, aux registres tenus par les soviétiques après la guerre et les chiffres, parfois fiables, des allemands nous réussissons à établir un chiffre relativement précis des victimes qui sont enfouies dans les différentes fosses. Enfin nous retrouvons aussi très souvent des bijoux et des alliances que les femmes juives enterraient sous la terre, non loin de la fosse, avant d’être fusillées. Le dernier geste de refus de ces femmes et la preuve de la Shoah par balle, crime par crime.

Comment votre travail est-il perçu par votre hiérarchie ?

Des le début nous avons été soutenu par Benoit XVI et dans la réunion du saint Siège avec les Juifs qui s’est déroulée à Budapest, voilà un an environ, pour la première fois on m’a donné 40 minutes pour exposer mon travail devant tous les cardinaux, et ça a beaucoup changé l’ambiance. Au Etats-Unis également notre travail est désormais bien connu de l’Eglise, et cette reconnaissance représente un changement important pour nous.

Pensez-vous que ce travail vous vaudra prochainement une promotion au sein de l’Eglise ?

Ce n’est pas ce que je recherche. Plus je serais simple et plus je pourrais allez loin dans mon travail. C’est une chose d’être décoré et d’apparaitre dans les amphithéâtres, mais ce qui est important c’est d’aller dans les petits villages, avec de la boue, des oies et des chiens qui aboient et des gens très miséreux, pour receuillir des témoignages et faire ainsi savoir ce que les juifs ont subis dans ces endroits.

Vous vous rendez toujours autant sur le terrain ?

Oui absolument, je suis sur le terrain environ 5 mois par an. Je viens de finir un voyage en Bielorussie, j’y retourne en aout et en octobre prochain.

Un mot sur le pape et sa visite en Israël ?

Tout d’abord le pape Benoit XVI n’est pas le pape Jean-Paul II. Ceci dit, le pape a mis dès son arrivée à l’aéroport plusieurs points essentiels sur la table et qu’il a répété à plusieurs reprises : On se souvient de la Shoah et des six millions de victimes, le négationnisme n’a rien à faire avec nous dans l’Eglise, l’antisémitisme est « dégoutant » et enfin, deux Etats pour deux peuples. Le 5 e point fort de son voyage a été l’accent mis sur le dialogue inter-religieux entre juifs catholiques et musulmans, ce qui a énormément surpris son entourage.

Un autre aspect intéressant de son voyage a été le message de paix qu’il a voulu transmettre de la même façon aux politiques palestiniens et israéliens. Une démarche d’un genre un peu nouveau pour l’Eglise qui n’a jamais tenu spécialement à s’investir à ce niveau. Aller dans un camp de réfugiés palestiniens et dire que la paix ne pourra se réaliser tant que la paix inter religieuse ne se fera pas et tant qu’il n’y aura pas de réconciliation, c’est un évènement.

D’une façon générale, êtes-vous optimiste ou pessimiste pour l’avenir de la région ?

Je suis plutôt optimiste, ce qui fait réèllement peur c’est Tehéran, qui, s’il acquiert la bombe atomique, mettra en péril la paix mondiale. Mahmoud Ahmadinedjad est vraiment insensé, on l’a vu à Genève, et aujourd’hui le danger c’est lui.

Source: http://www.guysen.com/articles.php?sid= ... mis-%C2%BB


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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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 Sujet du message : Re: La "Shoah par balles"
Message Publié : 01 Juin 2009 14:22 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 01 Déc 2007 12:34
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Message modéré: j'ai certes reproduis l'entretien en entier, mais je ne crois pas utile de discuter ici des propos de Desbois qui ne portent pas sur le sujet qui concerne.

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''L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.'' Paul Valéry


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 Sujet du message : Le Père Desbois chahuté
Message Publié : 09 Juin 2009 19:14 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 09 Jan 2005 18:30
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Localisation : 95 France
Les travaux de l’association Yahad-In Unum sur la "Shoah par balles" en Union soviétique, médiatisés surtout à partir de 2007, d’abord par un livre de Patrick Desbois puis par une soirée sur Fr 3 le 28 mars 2008, ont engendré depuis la fin mai 2009 une polémique publique. Alexandra Laignel-Lavastine, une collaboratrice de ces recherches, a pris brusquement parti contre leur directeur sur France-Culture, le 27 mai, ce qui a entraîné son éviction du séminaire en Sorbonne d’Edouard Husson, co-animé par elle-même et par Desbois. (Voir l’interview de ce dernier par moi-même il y a un an pour le magazine Seconde Guerre mondiale http://www.delpla.org/article.php3?... .)

Un article anonyme de Idées@ jour sur la querelle, très déséquilibré en faveur d’Alexandra Laignel-Lavastine http://www.idee-jour.fr/spip.php?pa..., des stances éplorées d’Emmanuel Laurentin http://www.idee-jour.fr/spip.php?pa..., deux articles très partiaux, toujours dans le même sens, de Laurent Lemire ici même, le tout accompagnant l’offensive au long cours du couple Solchany-Ingrao commencée voici un an sur la Toile http://www.nonfiction.fr/articlecom... et relayée par une charge mesquine de Florent Brayard contre le dernier livre d’Edouard Husson http://www.laviedesidees.fr/Shoah-l... (critique point par point sur le site : http://www.delpla.org/article.php3?... ) : un forcing est fait en ce moment, par quelques personnes influentes, pour faire croire que la discipline historique est menacée d’abâtardissement par un prêtre catholique cherchant à confisquer les recherches sur le judéocide nazi et à les amener sur la voie en impasse d’un soutien de la politique vaticane envers Israël. Et comme ces recherches ont trouvé un relais universitaire en Sorbonne par le truchement principal d’Edouard Husson, ce grand germaniste reçoit sa part d’éclaboussures.

Parmi les tribunes utilisées, il faut distinguer celles qui sont fermées -courriers privés, sites Internet non interactifs, revues sur papier, émissions- et celles où le lecteur de passage peut apporter immédiatement son point de vue : Laurent Lemire l’emporte de beaucoup, de ce point de vue, sur Christian Ingrao, Jean Solchany et, last but not least, sur Alexandra Laignel-Lavastine.

Edouard Husson lui-même réplique sereinement, sur un site interactif et sur son blog qui ne l’est pas : http://www.marianne2.fr/L-Allemagne... http://www.edouardhusson.com/

Les agresseurs semblent s’ingénier à confondre plusieurs plans :

- le travail historique proprement dit et ses règles qui, comme des codes sportifs, s’imposent à tous, amateurs ou professionnels, et peuvent être transgressées par tous ;

- l’écho donné par les médias, sous leur responsabilité, aux travaux historiques ;

- les opinions et engagements du chercheur, qui lui offrent l’occasion d’exploiter les résultats de ses travaux dans une logique qui n’est pas celle de l’histoire.

De ce point de vue, on peut comparer deux interventions du Père Desbois sur la Toile. L’une où il tire des leçons politiques et religieuses de son expérience des tueries nazies, en compagnie de Bernard-Henri Lévy et en contrepoint du forum de Genève sur le racisme dit « Durban II » : http://news.catholique.org/24576-la... ; une interview dans laquelle, avant d’aborder certaines questions religieuses, il donne des précisions sur ses méthodes : http://www.guysen.com/articles.php?sid=10016 .

En d’autres termes : que Patrick Desbois n’ait pas de formation universitaire en histoire, et qu’il soit un prêtre catholique, occupant une position éminente dans les relations entre le Vatican et la religion juive, sont deux circonstances qui n’ont pas à entrer en ligne de compte quand on juge de ses travaux. A contrario, les allusions plus ou moins voilées à ces circonstances ne témoignent pas de la force des assaillants, ni de leur confiance dans leurs propres arguments, voire leurs propres travaux.

Edouard Husson, sur son blog, relève que les allégations très graves d’Alexandra Laignel-Lavastine sur les pressions que ferait Desbois pour formater les témoignages seraient, si elles étaient crues, pain bénit pour les négationnistes. Or justement, sur un site d’extrême droite, on trouve ce couplet de Robert Faurisson :

Citer :
En ce moment, en Ukraine, il est un prêtre catholique qui fait beaucoup parler de lui, le père Patrick Desbois, un Français, grand ami des juifs. Sa spécialité consiste à sillonner le pays à la recherche de « charniers juifs ». Il fait annoncer aux braves villageois ukrainiens qu’il va se rendre dans telle ou telle localité et qu’il entend y recueillir des témoignages sur les massacres de juifs commis par les Allemands pendant la guerre. Les habitants ont tout intérêt à pouvoir se vanter de posséder de tels charniers sur lesquels on édifiera des monuments qui attireront le touriste étranger. Les « témoins » se réunissent et mettent au point un récit. Le prêtre arrive ensuite au village et se fait photographier avec des paysans ou des paysannes qui lui montrent du doigt tel ou tel emplacement. D’abord, on peut s’étonner de l’âge de certains des témoins photographiés : ils ont manifestement moins que l’âge requis, qui serait normalement d’environ 80 ans. Mais il y a beaucoup plus étonnant : ces charniers supposés, on ne les ouvrira pas ; on ne procédera à aucune exhumation ni à aucune vérification matérielle, et cela sous l’admirable prétexte que la religion juive interdirait de toucher aux cadavres de juifs ; or il suffit d’ouvrir l’Encyclopedia Judaica (1978) à l’entrée « Autopsies [pluriel] and Dissection [singulier] » pour voir qu’il n’en est rien. Dans un seul endroit, à Busk, on a ouvert quinze fosses communes mais aucun des squelettes qu’on y a trouvés n’a été expertisé et les emplacements ont tous été ensuite recouverts d’une chape de ciment de sorte qu’aucune vérification ne sera vraiment possible à l’avenir ! Curieuse façon de respecter un cadavre selon la loi juive ! L’historien devra donc se satisfaire de ce que le père Desbois, un habile homme, nous dira que les témoins lui ont dit. Des chiffres non vérifiés de victimes non trouvées et non montrées iront ainsi s’additionner et, en fin de compte, on nous affirmera que l’Ukraine compte tant de charniers contenant tant de victimes juives. Et tout cela sous le sceau des représentants respectifs de l’Eglise catholique romaine, de l’association « Yahad-in-Unum » et de l’association « Zaka », laquelle se présente en « garante du respect des corps des victimes selon la loi hébraïque ». Comme à Auschwitz, le tourisme aura quelque chance de prospérer.


Il est exact, et Desbois s’en explique lui-même dans l’interview déjà mentionnée http://www.guysen.com/articles.php?sid=10016 , que Yahad-In Unum n’ouvre pas les fosses et que son passage aboutit souvent à ce qu’elles soient bétonnées... mais le fait est récent et Faurisson, censé d’après ce même site avoir visité l’exposition de 2007 au Mémorial de la Shoah, ne peut l’ignorer : entre 2002 et 2008 un grand nombre de fosses ont été fouillées, suivant un protocole alors convenu avec les rabbins, jusqu’à la première couche d’ossements. Les témoignages ont donc bel et bien permis de repérer un grand nombre de charniers ignorés, et d’exclure toute incertitude sur les raisons et les circonstances de la mort des victimes, de nombreuses photos exposées en 2007 étant là pour l’attester. Faurisson est bel et bien pris ici, grâce à Desbois, en flagrant délit de tri grossier de l’information en fonction de ce qu’il veut prouver.

Cela seul devrait inspirer plus de respect à ceux qui, au nom de motivations purement historiques, voudraient débattre des résultats de ces recherches.

Ils se ressaisiront, tout comme les éminents savants qui en 1997 s’étaient laissés aller à croire que les Aubrac cachaient quelque honteux secret ont, vers la fin du siècle, abjuré discrètement et enfin dit du mal du livre de Chauvy, en laissant entendre qu’ils l’avaient toujours fait http://www.delpla.org/article.php3?....

Car ces deux affaires ont plus d’un point commun.


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 Sujet du message : Re: Le Père Desbois chahuté
Message Publié : 09 Juin 2009 20:11 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 14 Avr 2005 10:11
Message(s) : 2082
Pourquoi cette attaque en règle ? La seule question qui me vient à l'esprit ...

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« Étudiez comme si vous deviez vivre toujours ; vivez comme si vous deviez mourir demain. » Isidore de Séville


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 Sujet du message : Re: Le Père Desbois chahuté
Message Publié : 10 Juin 2009 4:49 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 09 Jan 2005 18:30
Message(s) : 591
Localisation : 95 France
Question légitime !
Mais secondaire : l'urgence est de dégonfler la baudruche pour éviter que ne s'installe une suspicion, académiquement motivée, contre les très importantes découvertes de Yahad-In Unum.

Regardez ce qui se passe sur le blog très couru de Pierre Assouline : les commentaires partent comme souvent dans tous les sens, ce qui signifie que les "informations" initiales sont peu ou pas mises en doute : http://passouline.blog.lemonde.fr/2009/ ... -le-debat/ .


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