Alain.g a écrit :
Selon Wikipedia: " En Allemagne, les théories de Charles de Gaulle sont suivies avec intérêt en haut lieu, Albert Speer rapportant notamment qu'Adolf Hitler avait lu à plusieurs reprises le livre de De Gaulle et qu'il affirmait avoir beaucoup appris grâce à lui. "
Si Hitler a lu à plusieurs reprises vers l'armée de métier de de Gaulle selon Albert Speer, source fiable, ainsi qu'il l'affirme dans son ouvrage " Au cœur du Troisième Reich " ( Arthème Fayard, Paris, 2010, p. 440. ), il devient difficile de nier l'intérêt de l'ouvrage.
Personne ne nie l'intérêt de l'ouvrage, mais son exploitation militaire potentielle est quasiment nulle. D'ailleurs, ni Speer ni Hitler ne sont des militaires ou des connaisseurs de la chose militaire (en admettant que les faits rapportés par Wikipedia soient vérifiés).
Je le répète : de Gaulle a une approche originale d'un problème qui ne l'est pas du tout, celui du service militaire. Mais cette approche est très peu militaire, et beaucoup politique. Loin d'être ce qu'on lui prête être, c'est-à-dire une fulgurance visionnaire concernant l'emploi des chars, il s'agit d'une réponse atypique à la question classique de savoir comment organiser nos forces armées dans le contexte de l'époque, tiraillé entre un pacifisme militant, les nécessités de la défense nationale, le phénomène des classes creuses, et les restrictions budgétaires simultanément au siphonnage des crédits par la ligne fortifiée frontalière. Une réponse atypique probablement afin de se distinguer dans un concert de voix discordantes assourdissant, et vraisemblablement s'inspirant (et non inspirant) concernant l'emploi de la force mécanique de théories déjà développées en Allemagne à un niveau bien plus poussé - en attendant qu'elles soient effectivement mises en pratique, progressivement, avec l'Erweiterung des forces terrestres allemandes d'octobre 1934 et surtout à partir d'octobre 1935.
A ce titre, le côté révolutionnaire de l'emploi des chars chez de Gaulle, c'est peanuts. A part dire qu'il faut se doter d'une arme cuirassée qui serait le fer de lance du l'armée professionnelle, de Gaulle ne dit rien de particulier sur l'emploi des chars. Il n'en est à l'époque même pas un technicien* !
* L'a-t-il d'ailleurs été un jour ? Fantassin depuis sa sortie de Saint-Cyr, il a commandé le 19e Bataillon de Chasseurs à Pied, une unité d'infanterie, entre 1927 et 1929, et n'occupe que des postes outre-mer (Liban, 1929-1931) et d'état-major avant de prendre le commandement du 507e Régiment de Chars de Combat en 1937, qui est sa première affectation dans ce qu'on n'appelle pas encore l'arme blindée. Outre ce commandement qu'il occupe encore à la déclaration de guerre, il est commandant des chars de la Ve Armée après la mobilisation, et nommé à la tête de la 4e Division Cuirassée en mai 1940 : il a passé moins de trois ans de sa carrière dans un emploi lié aux chars... A l'inverse, Guderian, à qui on le compare si complaisamment, s'il est transmetteur initialement, entre dans les troupes motorisées allemandes en 1922, ne les quitte qu'épisodiquement entre 1924 et 1930 quand il sert au sein de l'état-major de la 2. Division ou du Truppenamt, et plus du tout après 1930...
CNE503