Narduccio a écrit :
La 3ème vague était sûrement possible sans trop de conséquences pour la flotte japonaise, mais les amiraux pensaient qu'ils avaient déjà beaucoup bravé le sort. De plus, faut-il le dire, le résultat était déjà supérieur à leurs attentes les plus folles. Ils avaient déjà réalisé un exploit superbe. De ce point-de vue-là, une troisième vague, écrasant un ennemi déjà KO debout ... Et puis, il manquait un élément principal (mais qui , à l'époque, n'était pas perçu comme primordial) : les portes-avions.
Quand je joue sur Civilization, jeu de stratégie qui implique éventuellement des combats, ma philosophie est claire : quand on a pris une ville, si on peut achever quelques unités ennemies supplémentaires, avant de faire la paix, on le fait. C'est toujours autant qu'on ne reverra pas. (Dans le jeu, la fabrication d'une unité demande un délai, à savoir plusieurs tours de la production d'une ville.)
Je serais étonné que les militaires n'aient pas un principe de ce genre. (Il faudrait avoir l'avis de CNE_CEN.) Je sais que pendant la guerre de Sécession, la cavalerie nordiste avait pour principe :"Faites les courir ! Ne les lâchez pas, ne leur laissez aucun répit." Et c'est encore aujourd'hui le credo tactique de l'arme blindée cavalerie US.
Après deux vagues sans opposition digne de ce nom, les Japonais ont commis une erreur en n'enfonçant pas le clou pour détruire les réservoirs et les installations de la base. ça se faisait d'un coup d'aile.
Qu'est-ce qui les a retenus ? La certitude que le "capital-ship" étant le cuirassé, il n'y avait pour ainsi dire plus de flotte du Pacifique ? (Ce devait être d'ailleurs l'avis de l'US Navy elle-même au lendemain du raid...) Ou la peur d'être repérés et de se prendre un raid en retour, parce qu'ils ne savaient pas où étaient les porte-avions US, donc une menace latente ?
Hormis Yamamoto, on retrouvera cette "timidité" des amiraux japonais, je pense en particulier à l'acte manqué de l'amiral Kurita à Leyte, où il réussit à tomber sur toute la flotte de soutien devant les plages, dont il peut faire un carnage - les portes avions US d'escorte n'ont même plus de bombes de 250 kg : ils venaient de "traiter" l'ile, et ils sont nettement plus lents que les cuirassés japonais, dont les deux plus gros jamais construits, le Yamato et le Musashi - et voilà soudain Kurita qui retraite, sur le vague avis qu'une flotte US arrive, alors que la flotte de combat US est au diable.
Pourtant l'amiral US commandant la flotte de soutien, à bout de ressources, n'avait pu que tenter une attaque suicidaire de ses destroyers contre les monstres japonais, pour gagner du temps et essayer de sauver une partie du reste : les porte-avions d'escorte et évidemment les centaines de navires de charge.
S'il y avait avant le 7 décembre 41 une sorte d'arrogance occidentale à propos du Japon, je me demande si rapidement, et plus encore après la mort de Yamamoto, les amiraux japonais n'ont pas surestimé les Américains.