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Message Publié : 20 Juin 2017 16:13 
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Walsingham a écrit :

Cette guerre n'aurait donc pas dut être nécessaire si les alliés n'avaient pas été aveugles, incompétents, ... (je suis conscient que nombre d'entre eux avaient leurs motivations et que c'est facile de juger après coup, mais vous voyez l'idée.). C'est le sens de "the unnecessary war".

Ceci dit cela n'enlève rien au sens de votre propos Pierma (auquel j'adhère par ailleurs).

Voila fin du HS :)

Merci. Mon explication était plausible, mais c'est bien d'avoir l'explication exacte.

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Message Publié : 20 Juin 2017 20:43 
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Eginhard
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Christian Destremau, dans son livre, "Ce que les alliés savaient", prétend que les japonais avaient essayé d'intoxiquer les américains pour une attaque majeure nippone sur les Philippines pour cacher l'objectif principal de Pearl ! Il est vrai que chez les ricains, personne ne s'attendait à une attaque sur Pearl-Harbor.

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Message Publié : 21 Juin 2017 12:44 
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Pierre de L'Estoile
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Pierma a écrit :
En clair ils veulent mettre les Américains dehors et les empêcher "à tout jamais" d'y remettre les pieds. leur objectif, et le défi à relever est bien celui-là. Il semble qu'il allait même jusqu'à la mainmise, ou au moins la neutralisation navale, de l'Australie !

Dans ces conditions Roosevelt a réagi de la façon que vous indiquer - pas question de leur laisser une telle mainmise, et aucun accord n'est possible avec des gens comme ça - et lui a répondu par la guerre totale : il est allé jusqu'à Tokyo !

On reste confondu de la méconnaissance japonaise concernant les USA : croire qu'ils allaient plier après Pearl Habor est déjà gros - mais on peut invoquer une différence de culture - la folie c'est de ne pas mesurer la puissance industrielle des USA.

A croire que mis à part Yamamoto, qui y avait fait des études, la haute hiérarchie japonaise n'était jamais sortie de chez elle. :rool: Un empire aveugle et idiot, au total.
Je crois que c'est bien ainsi qu'il comprendre la deuxième guerre mondiale.

On peut s'interroger sur la réaction qu'aurait eue le gouvernement britannique si, après la bataille d'Angleterre, le gouvernement allemand avait sollicité un armistice au Royaume-Uni. Ce dernier aurait probablement répondu par des propositions sans exiger une capitulation sans conditions. Mais quelles propositions ? Il ne pouvait être question pour lui d'accepter de baisser les armes tout en laissant l'Allemagne dominer la France, la Belgique, les Pays-Bas, la Norvège, la Pologne et la Tchécoslovaquie. Comme il était illusoire d'espérer que l'Allemagne libère les territoires qu'elle occupait, le Royaume-Uni était contraint de rester en guerre. L'initiative de mettre fin aux combats ne pouvait venir que de l'Allemagne, mais celle-ci ne l'a pas prise et, l'eût-elle fait, c'eût été à des conditions inacceptables pour le Royaume-Uni. Même après le débarquement de juin 1944, alors que la défaite ne faisait plus de doute, ce que quelques esprits plus lucides que les autres avaient bien compris, comme Rommel ou von Rundstedt qui, à Keitel lui demandant ce qu'il fallait faire a répondu : « La paix, bande d'idiots ! », Hitler est resté jusqu'au bout obstiné sur son plan démentiel de domination de l'Europe par la race aryenne. En fin de compte, les Alliés n'ont jamais eu le choix. Ils ont mené une guerre totale parce qu'ils y ont été contraints.

Il en a été de même dans le Pacifique. L'obstination et le manque de sens des réalités étaient du même ordre en Allemagne et au Japon. Roosevelt avait certes déclaré qu'il faudrait en finir et, pour cela, aller jusqu'à Tôkyô. Mais il aurait fort probablement été heureux de conclure un armistice sans envahir le Japon si le gouvernement impérial en avait pris l'initiative après les premières défaites en 1942. Cependant il aurait exigé au minimum un retrait du Japon de la Chine, des Philippines et des Indes Néerlandaises. Or la Sphère de coprospérité asiatique n'était pas plus négociable que ne l'était le Lebensraum pour l'Allemagne. Des deux côtés, c'était le même fanatisme. La junte militaire japonaise était dans le même état d'esprit que le clan des intransigeants qui refusaient toute concession aux Etats-Unis et autres puissances occidentales dans les années 1850. Leur mot d'ordre était : Dévotion envers l'Empereur, chasser les étrangers (ou barbares, terme synonyme) - Sonnô joi - Comment les chasser ? Ce n'était pas précisé. Il fallait chasser les barbares, point. Les pragmatiques, dont la ligne de conduite était d'accepter ce qu'on n'était pas en mesure de refuser tout en s'attachant à moderniser le pays aussi vite que possible afin de le hisser au rang des grandes puissances, l'avaient emporté et avaient assez bien réussi. Mais ce succès a servi les ambitions des fanatiques parvenus au pouvoir dans les années 1930 de sorte que Roosevelt n'eut d'autre choix que de vaincre totalement le Japon pour y faire le ménage.


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Message Publié : 21 Juin 2017 16:49 
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Narduccio a écrit :
C'est la même chose pour Pearl Harbor. L'attaque japonaise, ainsi que la déclaration de guerre que s'apprête à faire l’ambassade japonaise aux USA suffira à retourner l’opinion. On n'a pas besoin, dans ces conditions-là, à laisser couler ce qu'on considère à l'époque comme ses meilleurs bateaux et à laisser l'occasion d'essayer de couler une flotte ennemie !
On peut rajouter qu'aucun chef d'Etat ne prendra le risque de commencer une guerre par une défaite. Même si l'opinion publique ne sombre pas dans le défaitisme - ce dont la France venait de montrer un brillant exemple ;) -, il y a gros à parier que les adversaires politiques du dirigeant demandent sa tête, son imprévoyance le disqualifiant pour mener le combat.

Pierma a écrit :
On reste confondu de la méconnaissance japonaise concernant les USA : croire qu'ils allaient plier après Pearl Habor est déjà gros - mais on peut invoquer une différence de culture - la folie c'est de ne pas mesurer la puissance industrielle des USA.
On s'éloigne ici du sujet initial, mais j'aimerais tout de même exprimer mes doutes sur l'irrationalité japonaise. Nous ne sommes pas sur la terre ferme, où les gros canons l'emporteront irrémédiablement. Mais dans l'immense Pacifique, où les flottes sont tributaires des bases navales. En causant de grands dommages aux bases américaines de Pearl Harbor et Midway, quelles possibilités les Japonais auraient-ils laissé aux Américains ? De faire opérer leurs porte-avions depuis San-Francisco, à 5800 km à l'Est ?
Image
Le second volet de leur stratégie est également prometteur : conquérir un chapelets d'iles et les doter d'aérodromes afin de former un périmètre défensif. Les Japonais ont bien compris l'avantage des avions contre les navires et comptent ainsi sécuriser leur flanc. Dans les années 1930, les opérations amphibies que nécessitent la conquête d'une île défendue, dont la barrière de corail empêche les navires d'approcher, paraissent effroyablement coûteuses.
Les Japonais supposent - comme les Allemands et de nombreux Européens - que les démocraties n'ont pas les moyens politiques d'une guerre totale. Ils ont tort. Mais plus tard, dans un tout autre contexte, les Viet-Namiens montreront que l'opinion américaine n'apprécie pas les conflits qui durent et peut forcer son gouvernement à abandonner ses objectifs.
Donc : oui, le plan japonais était téméraire et comportaient des inconnues gigantesques, mais ce n'était pas pour autant la mouche qui s'en prend à l'éléphant.

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Message Publié : 21 Juin 2017 17:38 
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Merci pour votre carte, qui est excellente.

Dites, pour avoir toutes les bases utilisables par les USA, cela supposait d'avaler aussi l'Autralie, ce qui est tout de même un gros morceau.

De fait c'est la première base d'opération alliée, et c'est là que vont avoir lieu les premiers engagements de la reconquête : la bataille de la mer de Corail, puis l'engagement en Nouvelle-Guinée et à Guadalcanal.

(Je compte Midway pour rien, là il y a le décryptage US et un gros coup de chance dans le déroulement de la bataille "OTH" - Over the Horizon - qui voit les Américains réussir un "strike" tout à fait inattendu.)

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Message Publié : 21 Juin 2017 19:13 
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Eginhard
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Le vrai problème pour les japonais, c'est l'inexistence de matières premières sur leur territoire et l'obligation d'avoir une flotte marchande considérable (ce qui n'était pas le cas, puisque les nippons avaient 6 millions de tonnage, soit moins d'un tiers que la flotte marchande britannique !) et les bateaux de guerre pour les escorter. Or, les sous-marins américains ont fait un carton et ont asphyxié assez rapidement l'économie nippone ! Je parle même pas des porte-avions américains de la classe Essex ni du Hellcat qui à partir de l'automne 43 a détruit totalement la chasse nippone.

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Message Publié : 21 Juin 2017 19:50 
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Pierre de L'Estoile
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Citer :
On peut rajouter qu'aucun chef d'Etat ne prendra le risque de commencer une guerre par une défaite.
C'est pourtant ce qu'a fait Napoléon III.

Je reste convaincu de l'irrationalité japonaise. Certes, en neutralisant les forces américaines dans le Pacifique, les Japonais auraient placé les Etats-Unis en fâcheuse posture. Ceux-ci auraient alors probablement, comme vous l'imaginez, dans un premier temps tout au moins, opéré à partir de San Francisco. Sur terre comme sur mer, c'est celui qui dispose des canons les plus gros et les plus nombreux qui finit par l'emporter et il est beaucoup plus facile de transporter des canons sur mer que sur terre. Projeter une importante force navale à 5800 km de distance était dans les possibilités des Etats-Unis. Une grande marine est peu tributaire de bases terrestres si elle dispose des navires logistiques nécessaires. Rappelons que la marine américaine avait été capable au début du dix-neuvième siècle de régler le problème des pirates barbaresques. Pour se rapprocher du théâtre d'opérations, les forces américaines auraient pu installer des bases en Australie et en Chine, peut-être aussi en Indochine et elles auraient progressé d'île en île comme elles l'ont fait mais en partant de plus loin.

Rendons-nous à l'évidence : les forcesjaponaises n'ont pu neutraliser les forces américaines du Pacifique. L'attaque de Pearl Harbour a été un grand succès initial, mais elle a aussi mis en évidence les limites des capacités japonaises. L'amiral Yamamoto avait prévenu son gouvernement que la supériorité japonaise ne durerait pas plus d'un an. La suite des événements lui a donné raison.

Le Japon était certes une grande puissance mais il ne pouvait cependant rivaliser avec les Etats-Unis ni par sa démographie, ni par son niveau technologique ni par ses capacités industrielles. L'amiral Yamamoto l'avait bien compris : le Japon bénéficiait d'un avantage initial mais l'aventure ne pouvait que mal se terminer.

A cette erreur d'appréciation, s'en est ajoutée une deuxième. Tout comme les nazis, les Japonais étaient convaincus de leur supériorité morale. Les Américains leur ont appris qu'eux aussi en avaient.

La guerre du Viet-Nâm s'est déroulée dans un tout autre contexte et les enjeux étaient tout autres. Il n'y a pas de comparaison possible.


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Message Publié : 21 Juin 2017 21:03 
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Tietie006 a écrit :
Or, les sous-marins américains ont fait un carton et ont asphyxié assez rapidement l'économie nippone !

On en parle peu, mais c'est l'exemple d'une guerre sous-marine réussie.

Dans l'autre sens, les Japonais jugeaient peu honorable de s'attaquer à des transports, de sorte que toute la chaîne logistique américaine a fonctionné dans une relative tranquillité.

Progresser d'ile en ile est une belle formule, mais le volume de la logistique nécessaire pour assurer... le ravitaillement des ravitailleurs a été colossal. L'US Navy a réussi à surmonter le problème majeur du Pacifique : les distances.

(Pour se faire une idée, il suffit de savoir que le Pacifique, à lui seul, pourrait contenir toutes les terres émergées du globe.)

Qu'on pense par exemple au volume de transports nécessaires simplement pour les Seebees - acronyme pour CB : Construction Battallions - qui aménageaient les bases au fur et à mesure.

J'ai jeté un oeil sur l'article Wiki en anglais, c'est impressionnant : 325 000 "employés" !
https://en.wikipedia.org/wiki/Seabees_in_World_War_II

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Message Publié : 21 Juin 2017 23:33 
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Grégoire de Tours
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Barbetorte a écrit :
Je reste convaincu de l'irrationalité japonaise.

Barbetorte a écrit :
Le Japon était certes une grande puissance mais il ne pouvait cependant rivaliser avec les Etats-Unis ni par sa démographie, ni par son niveau technologique ni par ses capacités industrielles. L'amiral Yamamoto l'avait bien compris : le Japon bénéficiait d'un avantage initial mais l'aventure ne pouvait que mal se terminer.

Barbetorte a écrit :
A cette erreur d'appréciation, s'en est ajoutée une deuxième. Tout comme les nazis, les Japonais étaient convaincus de leur supériorité morale. Les Américains leur ont appris qu'eux aussi en avaient.


Commettre une erreur d’appréciation ne signifie pas forcément être irrationnel.
Dans son livre «choix fatidiques » Ian Kershaw décrit de manière passionnante le processus de cette prise de décision. Elle comporte à mon sens une part rationnelle et une part irrationnelle.

La part rationnelle me semble être la suivante :
- il y a (presque) consensus au sein des dirigeants japonais pour dire que se soumettre aux exigences américaines (évacuer la Chine, l’Indochine, etc) est inacceptable pour le Japon, qui y perdrait les ressources et le prestige nécessaires à son statut de grande puissance. Et aussi apparemment pour penser qu’un affrontement surviendra tôt ou tard avec les USA, concessions ou pas. On peut se dire que cette appréciation est erronée, mais en fait on n'en sait rien - c'est la différence entre le politique qui doit prendre une décision en avenir incertain, et l'historien qui regarde ce qu'il s'est passé....
- à partir de ces hypothèses, un peu comme l’Allemagne avec la Russie en 1914, les dirigeants arrivent à la conclusion que la Japon a de meilleures chances de gagner la guerre maintenant que plus tard, en ayant abandonné des territoires et des ressources.

La part irrationnelle de la décision prise par « le Japon » est que, telle que décrite par Kershaw, elle résulte d’un jeu d’acteurs entre les représentants de l’armée, de la flotte, des affaires étrangères et de l’économie, dans lequel chacun (en particulier les deux premiers) a davantage en vue les intérêts particuliers de son lobby que les intérêts généraux du Japon. Une difficulté qu’aucun premier ministre ne parvient à surmonter.

J’ai le sentiment qu’en disant aujourd’hui : « le Japon a été fou de déclarer une guerre qu’il ne pouvait pas gagner », on se trompe d’approche : pour la quasi totalité des dirigeants de l’époque, la question était : la guerre étant inéluctable, quel est le meilleur moment et la meilleure manière de la déclencher ?
Malgré un manque criant de statistiques fiables, Tojo estimait : « nous pouvons nous débrouiller tant bien que mal en 1942 et 1943. Nous ne savons pas ce qui arrivera après 1944. ».
De manière un peu cynique, je dirais qu’en s’étant rendu en août 1945 et seulement après deux bombes atomiques, le Japon a fait un peu mieux que les prévisions de Tojo, ce qui semble vouloir dire que leur décision de 1941 a été rationnelle.

Quant à la supériorité morale (qu’il faut remettre dans le contexte de ces années 30-40 où le racisme était une chose très partagée), même s’il est certain que ce sentiment était répandu dans certains milieux militaires, je ne suis pas du tout convaincu que cela ait joué dans la décision au plus haut niveau (cela n’apparaît pas dans le récit de Kershaw)


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Message Publié : 22 Juin 2017 16:06 
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Pierre de L'Estoile
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Barbetorte a écrit :
C'est pourtant ce qu'a fait Napoléon III.
Pas vraiment un modèle de réussite ! :P
Mais dans notre sujet, je pensais surtout à une défaite délibérée. Le pauvre Napoléon III s'était laissé persuader par ses généraux que son armée, à qui il ne manquait "pas un bouton de guêtre", serait à Berlin en quelques jours.
Citer :
Projeter une importante force navale à 5800 km de distance était dans les possibilités des Etats-Unis. Une grande marine est peu tributaire de bases terrestres si elle dispose des navires logistiques nécessaires.
Mais, avant le début de la guerre du Pacifique, avait-on une idée de la portée d'une escadre aéronavale ? Les Japonais ont surpris tout le monde en attaquant à 2500 km de distance (des îles Kouriles à Hawaii).

Pierma a écrit :
Dites, pour avoir toutes les bases utilisables par les USA, cela supposait d'avaler aussi l'Autralie, ce qui est tout de même un gros morceau.

De fait c'est la première base d'opération alliée, et c'est là que vont avoir lieu les premiers engagements de la reconquête : la bataille de la mer de Corail, puis l'engagement en Nouvelle-Guinée et à Guadalcanal.
Les Japonais ont envisagé, puis rejeté la possibilité d'envahir l'Australie. Leurs actions en Mer de Corail visent à l'isoler des Etats-Unis pour empêcher ces derniers d'y établir des bases, tout en maintenant la côte nord à portée de raids aériens.

Je suis d'accord qu'après Guadalcanal, le périmètre japonais comportait un trou qui rendait la stratégie caduque. Mais qui aurait pu le présupposer en 41 ?

Dupleix a écrit :
Malgré un manque criant de statistiques fiables, Tojo estimait : « nous pouvons nous débrouiller tant bien que mal en 1942 et 1943. Nous ne savons pas ce qui arrivera après 1944. ».
Merci pour vos informations. Peut-on dire que le Japon se considérait déjà comme l'agressé avant d'attaquer ? Ce genre de victimisation est courant dans les régimes totalitaires. De fait, sa stratégie vis-à-vis des Etats-Unis est défensive : une fois le périmètre sécurisé, il n'y a plus qu'à attendre et repousser les assauts américains. Tout repose sur le calcul que les Etats-Unis renonceront à reconquérir un espace (vide...) en considérant les moyens à mettre en oeuvre et les pertes à prévoir.

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Message Publié : 22 Juin 2017 19:18 
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Citer :
Peut-on dire que le Japon se considérait déjà comme l'agressé avant d'attaquer ? Ce genre de victimisation est courant dans les régimes totalitaires.

Ce n'est pas une victimisation irrationnelle.

Mon sentiment est que Roosevelt, en décidant un embargo sur le pétrole à destination du Japon, met leur armée et plus encore leur marine virtuellement à genoux. (Le Japon a commencé la guerre avec seulement 6 mois de stock stratégique disponible.)

Roosevelt pense-t-il qu'ils vont plier et se retirer de Chine, ce qu'il espère ?

Ou entend-il carrément les pousser à la faute et à la guerre, compte-tenu du sentiment de supériorité qui règne aux USA.

C'est ça le vrai mystère Roosevelt. Comme il n'a pas écrit ses mémoires, on restera réduit aux conjectures. :?:

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Message Publié : 22 Juin 2017 23:33 
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Nebuchadnezar a écrit :
Barbetorte a écrit :
C'est pourtant ce qu'a fait Napoléon III.
Pas vraiment un modèle de réussite ! :P
Mais dans notre sujet, je pensais surtout à une défaite délibérée. Le pauvre Napoléon III s'était laissé persuader par ses généraux que son armée, à qui il ne manquait "pas un bouton de guêtre", serait à Berlin en quelques jours.
C'est vrai que ce n'était pas intentionnel. Mais je crois qu'il faut se garder d'appliquer ce qui paraît une évidence telle : aucun chef d'Etat ne prendra le risque de commencer une guerre par une défaite à un événement comme l'attaque-surprise de Pearl-Harbour qui n'est pas à proprement parler une défaite mais plutôt un coup dur infligé en traître par l'ennemi. Laisser, voire inciter l'adversaire à frapper le premier afin de disposer d'un motif suffisant pour entrer en guerre contre lui, me paraît tout à fait envisageable. Mais, en fait, je crois que ce qui a été reproché au président Roosevelt est plus d'avoir manoeuvré pour que les japonais décident d'entrer en guerre que de les avoir laissé attaquer en se gardant de mettre les forces en alerte. C'eût été parfaitement inutile. L'attaque en soi était un motif bien suffisant et le congrès aurait aussi bien accepté l'entrée en guerre si les pertes avaient été minimisées grâce à une défense bien préparée. L'accusation de manœuvre est, elle, plus sérieuse. L'attaque de Pearl Harbour a été la réponse à l'embargo. Si le président Roosevelt ne l'avait pas imposé, Pear-Harbour n'aurait pas été attaqué. Mais c'était alors laisser le Japon mettre à exécution son plan de domination dans le Pacifique. Il est finalement difficile de reprocher à Roosevelt cette décision d'embargo.

Nebuchadnezar a écrit :
Mais, avant le début de la guerre du Pacifique, avait-on une idée de la portée d'une escadre aéronavale ? Les Japonais ont surpris tout le monde en attaquant à 2500 km de distance (des îles Kouriles à Hawaii).
La portée est déterminée par les réserves de carburant. Si la force dispose de ravitailleurs suffisants et de la capacité de défendre ces ravitailleurs, il n'y a pas de limite de portée. Ce qui a posé problème dans l'opération japonaise sur Pearl-Harbour n'a pas été une question de rayon d'action mais de discrétion. Il fallait parcourir une longue distance sans se faire repérer afin d'assurer l'effet de surprise.

Nebuchadnezar a écrit :
Peut-on dire que le Japon se considérait déjà comme l'agressé avant d'attaquer ?
Oui, l'embargo sur le pétrole et l'acier était, de la part des Etats-Unis, un acte d'hostilité caractérisé.


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Message Publié : 23 Juin 2017 8:30 
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Barbetorte a écrit :
Nebuchadnezar a écrit :
Barbetorte a écrit :
C'est pourtant ce qu'a fait Napoléon III.
Pas vraiment un modèle de réussite ! :P
Mais dans notre sujet, je pensais surtout à une défaite délibérée. Le pauvre Napoléon III s'était laissé persuader par ses généraux que son armée, à qui il ne manquait "pas un bouton de guêtre", serait à Berlin en quelques jours.
C'est vrai que ce n'était pas intentionnel. Mais je crois qu'il faut se garder d'appliquer ce qui paraît une évidence telle : aucun chef d'Etat ne prendra le risque de commencer une guerre par une défaite à un événement comme l'attaque-surprise de Pearl-Harbour qui n'est pas à proprement parler une défaite mais plutôt un coup dur infligé en traître par l'ennemi. Laisser, voire inciter l'adversaire à frapper le premier afin de disposer d'un motif suffisant pour entrer en guerre contre lui, me paraît tout à fait envisageable. Mais, en fait, je crois que ce qui a été reproché au président Roosevelt est plus d'avoir manoeuvré pour que les japonais décident d'entrer en guerre que de les avoir laissé attaquer en se gardant de mettre les forces en alerte. C'eût été parfaitement inutile. L'attaque en soi était un motif bien suffisant et le congrès aurait aussi bien accepté l'entrée en guerre si les pertes avaient été minimisées grâce à une défense bien préparée. L'accusation de manœuvre est, elle, plus sérieuse. L'attaque de Pearl Harbour a été la réponse à l'embargo. Si le président Roosevelt ne l'avait pas imposé, Pear-Harbour n'aurait pas été attaqué. Mais c'était alors laisser le Japon mettre à exécution son plan de domination dans le Pacifique. Il est finalement difficile de reprocher à Roosevelt cette décision d'embargo.


De nombreux historiens interprètent la volonté des USA de sanctionner le Japon comme l'une des causes de la guerre dans le Pacifique. Mais, en fait, la plupart reconnaisse que la communauté internationale ne pouvait pas laisser le Japon se comporter tel qu'il le faisait. Donc, il fallait prendre des mesures et, comme elles restreignaient la liberté des nationalistes japonais, on allait de toutes façons vers la guerre. Bref, à moins de laisser le Japon se comporter en prédateur international envers d'autres nations, il n'y avait pas d'autres solutions que la guerre.

Là, où cela pose problème est que la Japon ne faisait que reprendre le modèle colonial de l'Europe occidentale, qui reprenait lui-même le modèle des empires de l'antiquité et de l'époque médiévale. Bref, depuis des millénaires dès qu'un état en avait eu la possibilité, il avait envahi son voisin pour le soumettre. Le Japon de 1930 n'avait simplement pas compris que le paradigme ancestral était en train de changer avec l'instauration de la SDN. Mais, il agissait l'instar des allemands, des italiens et des soviétiques...

Après,, effectivement, l'embargo américain fragilisait d'autant plus l'économie japonaise qui avait déjà du mal à fournir les matériels qui étaient nécessaires à une guerre moderne. On a parlé de guerre inutile, celle-là aussi, si les nationalistes japonais avaient réfléchi rationnellement, ils seraient arrivés à la conclusion que cette guerre était inutile car ils n'avaient pas de possibilité de la gagner

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Message Publié : 23 Juin 2017 8:38 
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Barbetorte a écrit :
Nebuchadnezar a écrit :
Barbetorte a écrit :
C'est pourtant ce qu'a fait Napoléon III.
Pas vraiment un modèle de réussite ! :P
Mais dans notre sujet, je pensais surtout à une défaite délibérée. Le pauvre Napoléon III s'était laissé persuader par ses généraux que son armée, à qui il ne manquait "pas un bouton de guêtre", serait à Berlin en quelques jours.
C'est vrai que ce n'était pas intentionnel. Mais je crois qu'il faut se garder d'appliquer ce qui paraît une évidence telle : aucun chef d'Etat ne prendra le risque de commencer une guerre par une défaite à un événement comme l'attaque-surprise de Pearl-Harbour qui n'est pas à proprement parler une défaite mais plutôt un coup dur infligé en traître par l'ennemi. Laisser, voire inciter l'adversaire à frapper le premier afin de disposer d'un motif suffisant pour entrer en guerre contre lui, me paraît tout à fait envisageable. Mais, en fait, je crois que ce qui a été reproché au président Roosevelt est plus d'avoir manœuvré pour que les japonais décident d'entrer en guerre que de les avoir laissé attaquer en se gardant de mettre les forces en alerte. C'eût été parfaitement inutile. L'attaque en soi était un motif bien suffisant et le congrès aurait aussi bien accepté l'entrée en guerre si les pertes avaient été minimisées grâce à une défense bien préparée. L'accusation de manœuvre est, elle, plus sérieuse. L'attaque de Pearl Harbour a été la réponse à l'embargo. Si le président Roosevelt ne l'avait pas imposé, Pear-Harbour n'aurait pas été attaqué. Mais c'était alors laisser le Japon mettre à exécution son plan de domination dans le Pacifique. Il est finalement difficile de reprocher à Roosevelt cette décision d'embargo.


Point suivant, parlons tactique et stratégie. Il peut être tentant de laisser l'adversaire conduire la première attaque. Voire de faire comme si c'était le cas et les nazis ont monté plusieurs affaires qui laissaient entendre qu'en fait ils ne faisaient que répondre à des attaques commandos contre leurs intérêts. Mais personne n'était dupe.

Revenons dans le cas de Pearl Harbor. Imaginons que l'entourage de Roosevelt ait sut le lieu et l'heure de l'attaque japonaise. La meilleure réaction aurait été de monter un piège où on allait porter un coup fatal à la marine japonaise au moment où elle s'attendait à frapper son grand coup. Bref, les bases de l'ile auraient été en alerte maximale, les navires prêts à appareiller pour se lancer à la rencontre de la flotte japonaise, les portes-avions auraient été placés judicieusement et les avions américains prêts à intervenir. L'attaque surprise aurait été suffisante pour acter de l'état de guerre. Avec la mise hors combat de plusieurs navires japonais ... Commencer une guerre en étant l'agressé et en même temps le vainqueur de la première bataille, n'est-ce pas mieux ?

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Message Publié : 23 Juin 2017 8:50 
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Narduccio a écrit :
L'attaque surprise aurait été suffisante pour acter de l'état de guerre. Avec la mise hors combat de plusieurs navires japonais ... Commencer une guerre en étant l'agressé et en même temps le vainqueur de la première bataille, n'est-ce pas mieux ?

C'est un argument suffisant pour clore le débat, à mon avis.

Comme dirait Pierre de Siorac, le héros de Fortune de France :" C'est raison parler".

La seule réserve est qu'il aurait fallu la jouer fine, les Japonais ayant sur l'ile des espions capables de signaler les préparatifs. Si ce n'est pas fait au dernier moment et furtivement, les Japonais vont se choisir une autre cible. (Midway, probablement, même si le résultat est moins intéressant pour eux.)

Mais c'était jouable. Si Roosevelt avait été informé des plans japonais, il aurait eu son "jour d'infamie" avec une victoire à la clé !

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