Nebuchadnezar a écrit :
Pour comprendre ces hésitations, je pense qu'il faut bien définir ce que peut faire une escadrille à un bâtiment de ligne.
Un avion a semble-t-il deux modes d'attaques en 1941 : les torpilles et le bombardement.
Ce qui amène au questionnement :
- Torpilles
- Combien de torpilles faut-il pour couler un cuirassé ?
- Les torpilles de l'époque, qui ne vont qu'en ligne droite, sont-elles fiables techniquement ?
- Le torpillage est-il une opération précise ?
- Bombardement
- Combien de bombes faut-il pour détruire un cuirassé ?
- Comment s'effectue le bombardement ? En vol rectiligne ou en piqué ?
- Quelle protection procure les défenses anti-aériennes aux navires ?
Vous tombez à mon avis précisément à la question qui ne s'est PAS posée pendant la guerre du Pacifique, à l'exception notable de Pearl Harbor, dont le raid visait avant tout les cuirassés. (Pour l'occasion, les Japonais avaient modifié leurs torpilles pour qu'elles progressent dans des eaux de très faible profondeur, ce qui était le cas d'une partie de la rade.) Mais on parle là d'une attaque contre une flotte amarrée à quai et quasi-désarmée, avec un environnement anti-aérien négligeable.
Le fait majeur, c'est précisément que pour l'essentiel dans cette guerre, les avions embarqués ne seront guère utilisés contre des bâtiments de ligne. C'est le porte-avion qui est l'ennemi du porte-avions, parce que les batailles ont lieu "OTH" - over the horizon - très loin de la portée des canons des cuirassés. Il est donc à la fois l'outil offensif et la cible majeure.
A Midway, par exemple, Yamamoto, qui a perdu ses porte-avions, décide sagement de ne pas engager sa flotte cuirassée, qui naviguait un peu à l'écart.
Je ne vois que la bataille de Leyte pour faire exception :
- Tout d'abord la force cuirassée principale de Kurita surprend devant Leyte la flotte de soutien US, qui ne comprend que des PA d'escorte, d'ailleurs à court de bombes. - Elle bombardait l'ile. La flotte de combat de Bull Halsey est au diable.
Il faut savoir qu'au point de vue propulsion, un cuirassé est nettement plus rapide qu'un PA. L'amiral américain met ses PA d'escorte à la fuite et lance une attaque quasi-suicide de ses torpilleurs, qui se sacrifient face à ces monstres.
- ensuite Kurita se décourage bizarrement, alors qu'il avait les moyens de faire un carton, sur de vagues informations (fausses) que la flotte de combat US était proche. Il se sauve.
Pendant la poursuite, ses cuirassés seront attaqués par la flotte principale US, qui coule un des deux plus gros cuirassés au monde, le Mushashi, et un nombre important de navires classiques.
Ce second engagement répond davantage à vos questions : que peut l'aviation embarquée contre des navires de ligne, mais j'avoue que j'en connais peu les détails. Si j'ai le temps j'y reviendrai.
Je ne parle pas du raid suicide du Yamato - le sister ship du Musashi - contre Okinawa en juillet 45, sans couverture aérienne, qui encaisse 33 impacts de bombes et de torpilles, mais qui aurait sombré avec beaucoup moins.
Pour terminer, on peut signaler que TOUTES les attaques "horizontales" menées par des Forteresses Volantes ont été un échec complet. A Midway, celles basées à terre ne mettent pas une seule bombe au but. Il me semble qu'il y a eu aussi une déconvenue de ce genre contre le Tirpitz.