Dupleix a écrit :
En lisant "l'impardonnable défaite" de Claude Quétel, qui décrit dans le détail ces événements, j'ai été frappé par la similitude entre l'attitude du haut commandement de l'armée française en juin 1940 et celle du haut commandement de l'armée allemande en octobre/novembre 1918.
Dans les deux cas, on voit que les militaires (Weygand et Pétain, ou Ludendorf) cherchent à convaincre le pouvoir politique que la guerre est perdue, de manière à ce que ce soient les politiques qui portent la responsabilité de la défaite (signature de l'armistice plutôt que capitulation de l'armée) ; et ce dans le but de "protéger l'armée" quoi que cela veuille dire (sans doute se protéger eux-mêmes en tant que chefs de l'armée, et aussi conserver des troupes organisées pour pouvoir faire régner l'ordre contre un ennemi intérieur - la subversion communiste par exemple - qu'ils redoutent davantage que l'ennemi extérieur).
Une attitude qui dans les deux cas donne ensuite naissance à un discours rejetant toute la faute sur le pouvoir civil (les criminels de novembre / la 3ème république et son régime parlementaire).
Je ne suis pas d'acccord avec vous sur la comparaison entre l'état-major allemand en 1918 et l'état-major français en 1940.
En Allemagne en 1918, c'est l'état-major impérial qui a la main, non seulement dans la conduite de la guerre mais y compris très largement au plan politique.
En France en 1940 comme en 1914-1918, l'armée est aux ordres du pouvoir politique civil.
Sauf erreur de ma part, la décision de mai 1940 d'abandonner la stratégie défensive pour laquelle l'outil militaire de la France avait été construit n'est pas une décision de l'état-major mais bien une décision du gouvernement, prise pour des raisons politiques et non pas pour des raisons militaires.
Que l'état-major français ait commis une faute impardonnable en sortant du rôle qui aurait du rester le sien et en forçant la main au pouvoir politique pour cesser les hostilités, soit. Surtout face à cet ennemi-là.
Plus impardonnable à été la faute de Gamelin et de ses lieutenants quand ils n'ont pas su signaler au pouvoir politique que le changement stratégique de mai 1940 risquait de conduire à la catastrophe ni les convaincre d'y renoncer.
Mais pour résumer, en Allemagne c'est l'état-major qui a largement voulu, organisé et conduit la guerre de 1914-1918, alors qu'en France, outre les fautes de l'état-major, il y a effectivement aussi eu l'esprit post première guerre mondiale qui était largement au pacifisme, l'impéritie des institutions sur laquelle des démocrates incontestables étaient bien d'accord. Et ces facteurs civils ont eu un rôle plus déterminant encore que celui de l'état-major.
Or moralement, vu la nature de l'ennemi auquel on avait affaire, les dirigeants politiques étaient tout autant que les militaires tenus d'être compétents, courageux, cohérents et constants.