CNE503 a écrit :
N'y avait-il pas, de plus, plus de mérite à faire le pari insensé de la France libre en Angleterre ou dans des colonies lointaines ralliées, en 1940 ou 1941, qu'à entrer en résistance sur le territoire national en 1943 ou 1944 comme l'ont fait la majorité des résistants "intérieurs" ? N'est-ce pas cela, aussi, que de Gaulle a voulu mettre en valeur ?
Au début, de Gaulle a besoin de ralliements. Il est normal qu'il nomme Compagnons de la Libération des gens qui se rallient aux Français Libres. A ce moment-là, les premiers mouvements de la Résistance intérieure commencent à se créer puis à s'organiser. Certains mouvements appartiennent ou sont soutenus par divers services secrets, dont les services secrets anglais. A certains moments, de Gaulle semblera considérer les membres des réseaux qui renseignent les anglais, sans être inféodés aux Français Libres comme des espions à la solde de l'étranger ...
Lorsque nait la confrontation avec Giraud, de Gaulle ira chercher une partie de sa légitimité auprès de la résistance intérieure qui a été regroupée par Jean Moulin et qui va reconnaitre de Gaulle comme le seul représentant de la France Libre à l'extérieur. Lors de la Libération du territoire national, de Gaulle est heureux d'être "adoubé" par les Français, ce qui permet à la France d'échapper à l'AMGOT. Mais dans le même temps, il se méfie des maquis y voyant des germes d'un possible guerre civile. Il va donc minimiser le rôle des mouvements internes. Dans le même temps, il mène une double politique d'intégration dans l'arme française et de dissolution des mouvements qui ne veulent pas intégrer l'armée.
Par la suite, il va donner libre cours à l'image d'une France Résistante viscéralement opposée aux allemands et aux collaborateurs. On ira jusqu'à inventer la résistance
passive. Quand on clôt les listes de l'Ordre, on est un peu à la bascule entre 2 "moments". De Gaulle n'a plus besoin des mouvements de la Résistance intérieure. Ceux qui ont pu ont été intégrés dans l'armée française. Une partie des dirigeants des mouvements a rejoints les partis traditionnels et l'Union commence a voler en éclat. Mais la fiction d'une Nation qui résiste en masse ne s'est pas encore mise en place. La réalité est encore trop fraiche dans les mémoires et de nombreuses personnes se souviennent qu'ils furent nombreux a soutenir Pétain au moins pendant quelques mois. La liste est donc l'image de la vision de de Gaulle du début de l'Ordre au moment de sa clôture : la Libération de la France a surtout été le fait des militaires qui ont rejoint la France Libre au cours des années de guerre. Même si en 43, le CNR a légitimé de Gaulle contre Giraud.