Jadis a écrit :
Pierma a écrit :
Il n'en reste pas moins que la France a été battue en 6 semaines par une avant-garde blindée, appuyée de près par l'aviation, pratiquement sans que le gros de la troupe ait à tirer un coup de fusil.
J'ai entendu de plusieurs anciens combattants lorrains l'anecdote de ces régiments arrivant en Alsace par la route des Vosges, fait prisonniers avant même d'avoir pu tirer un seul coup de fusil et rapidement déportés en Allemagne dans des camps de prisonniers militaires.
De ce que j'en sais, c'est l'inverse qui a eu lieu. L'entr"e des allemands en Alsace se situe après la traversée du Rhin à Neuf-Brisach le 15 juin 1940. Dès le 11 juin, l'artillerie avait été retirée des bords du Rhin et était replié soit sur Gérardmer, soit vers le Doubs. On peut se poser des questions sur le replis vers les Vosges dans les conditions de l'époque. Les troupes françaises de couverture se retirèrent des bords du Rhin suite aux ordres reçus. Elles furent protégées par des petites unités d'infanterie appuyés par des petits tanks démodés. A l'approche des troupes allemandes Colmar fut déclarée ville ouverte et les troupes françaises se sont retirées vers la vallée de Munster. Ce sera le cas pour toutes les vallées sous-vosgiennes. De nombreux soldats se sont étonnés du fait qu'on leur fasse franchir les Vosges, alors qu'ils s'attendaient qu'on les évacue vers le sud où ils espéraient être intégrés à des unités chargés de bloquer les allemands...
Les allemands sont donc rentrés à Colmar le lundi 17 juin 1940. Les français avaient détruit en partie certains ponts comme le pont de Horbourg situé à l'est de Colmar. Les allemands, qui se présentaient en libérateurs en Alsace, ont tout de suite demandé un certain nombre d'otages qui devaient être fusillés s'il y avait des incidents suite à leur arrivée ... Sachant que la ville avait été évacuée au début de la drôle de guerre et qu'il ne restait que peu de monde ... La plupart de ceux qui restaient étaient des fonctionnaires devant assurer les derniers services de l’État.
Strasbourg fut occupée le 19 juin. A Strasbourg, les militaires français ont évacué vers le Nord. Mais il n'avaient pas le choix, les allemands venaient du sud. L'occupation d'Altkirch, au sud du Haut-Rhin a lieu le 21 juin. L'essentiel de l'occupation se déroula de manière assez pacifique. Mais, ce ne fut pas le cas partout. A Wihr-au-Val, les allemands essuyèrent quels tirs isolés. Ils ont bombardé le village avec des obus incendiaires. Par la suite, la propagande allemande tenta d'accréditer la thèse que le village avait été rasé par les français en se retirant. Au Marstein et au Honeck, la résistance française dura jusqu'à la signature de l'armistice avec des combats acharnés. Au Donon et à Mutzig, le colonel Schwartz fit durer les combats jusqu'en juillet 1940 et ne se rendit qu'après en avoir eu l'injonction directe de Vichy. Dans les Vosges, il y avait environ 500 000 soldats français encore libres au moment de l'armistice. Celui-ci aurait du leur garantir la liberté... Il n'en fut rien et ils allèrent rejoindre les 700 000 soldats faits prisonniers lors de l'occupation de l'Alsace.
Ces informations sont tirées de l'ouvrage de Marie-Joseph Bopp Histoire de L'Alsace sous l'occupation allemande. Un livre publié en septembre 1945 et qui fait la part belle a de nombreux témoignages directs. Voici comment se termine le chapitre sur l'invasion de l'Alsace en juin 1940 :
Citer :
Les futurs historiens de la campagne allemande contre la France ne manqueront pas de critiquer sévèrement le plan du grand quartier général français d'avoir dirigé les troupes d'élites, après l'évacuation de la ligne Maginot, vers l'ouest, dans les Vosges, et non vers le Sud. Là, un nouveau front, s'appuyant sur la frontière suisse et défendant aux Allemands l'accès de la vallée du Rhône, aurait pu avoir de plus grandes chances de stopper l’offensive allemande vers le sud. Au moins, un plus grand nombre de Français auraient échappé à la captivité qui était inévitable après l'encerclement des troupes réunies près de Gérardmer.
L'auteur n'étant pas un militaire, je pense que sa remarche vient d'observations et de remarques qui lui ont été faites par des militaires. L'Alsace n'a pas été envahie par des troupes blindées et fortement motorisées. Si les remarques viennent d'officier qui ont participé à la suite de la guerre, comme ils connaissaient les limites du Blitzkrieg, cette remarque est logique. Mais, si elle a été faite à l'auteur avant 1942-43, ce qui est possible, la plupart des prisonniers de guerre d'origine alsacienne ayant été libérés dès juillet-août 1940, cela montrerait que certains dans l'armée française auraient eu l'intuition de cette faiblesse logistique.