Lebel a écrit :
Tous les militaires que vous citez ( à l'exception de Legentilhomme ) aprés quelques velleités de resistance , se sont vite ralliés à Pétain et a l'armistice , en estimant peu envisageable une continuation des combats en AFN ( une utopie de plus , dont on pourrait reparler )
Cette présentation des faits est doublement erronée.
Tout d'abord, contrairement à ce que vous affirmez, ils ont bien estimé possible de continuer la guerre en Afrique du nord. On peut qualifier cette position d'utopique, mais c'est une autre question. D'ailleurs si, dans un premier temps, de Gaulle a proposé de se placer sous les ordres de Noguès, c'est parce qu'il connaissait l'état d'esprit de ce dernier.
Ensuite, ils ne se sont pas rallié à Pétain, tout simplement parce que la question ne se posait pas en ces termes. Un fonctionnaire civil ou militaire n'a pas à se rallier au gouvernement, il exécute les ordres du gouvernement. C'est ce qu'ils ont tous fait dans la pure logique de la légalité formelle. Ils sont restés aux ordres du gouvernement constitué dans les formes légales. Legentilhomme a fait exception en décidant de se rebeller contre le gouvernement sur l'invitation de de Gaulle.
Lebel a écrit :
Quel etait l'etat de la France à ce moment : des milliers de refugiés sur les routes , une armée défaite et demoralisée , l' angoisse du lendemain , aucun sursaut national ........c'est dire que l'armistice , sous l'egide d'un heros national , Pétain , pouvait paraitre comme la fin des combats , l'espoir du retour à une vie normale ......c'est ainsi que je l'ai ressenti , enfant , comme beaucoup de mes compatriotes..... et ils n'etaient pas nombreux , ceux qui ne se sont pas resignés et ont repris les armes avec De Gaulle
La fin des combats en métropole était inéluctable et personne ne le contestait. Une armée défaite n'a d'autre solution que de se rendre si elle ne peut plus ni contenir l'assaillant ni se retirer. Mais l'alternative n'était pas soit exiger des soldats qu'ils se sacrifient inutilement jusqu'aux derniers, soit accepter un armistice, elle était soit que l'armée mise hors de combat capitule soit que le gouvernement convienne un armistice avec l'ennemi et ordonne aux forces de cesser le combat. C'est la seconde solution qui a été adoptée. Le motif allégué par Weygand était que, les militaires n'ayant pas démérité, ils ne devaient pas se déshonorer à capituler et qu'il appartenait à l'autorité politique, entièrement responsable de la défaite, de conclure un armistice. La première solution eut été d'ordonner une cessation des combats et de transférer ce qui pouvait encore l'être soit en Algérie, soit en Angleterre. Le gouvernement se serait alors replié à Alger et la métropole aurait été entièrement occupée et administrée par l'Allemagne directement. C'est cette dernière situation qu'ont vécue les Belges et les Néerlandais et il n'est pas évident que leur sort ait été pire que celui des Français.
Au niveau international, l'armistice était une déclaration officielle de défaite. La fin des combats en métropole mais avec continuation de la guerre outre-mer sous l'autorité d'un gouvernement resté indépendant manifestait la décision de rester aux côté des alliés et ainsi conserver une chance de se trouver ultérieurement dans le camp des vainqueurs. Pétain a pu, dans sa défense, exprimer l'opinion que l'appel du dix-huit juin était un coup de poker, mais le choix de miser sur la victoire de l'Allemagne l'était alors tout autant. De plus c'était le choix de perdre dans tous les cas.
Pour de Gaulle :
- Victoire de l'Allemagne, la France a perdu ;
- Victoire des Alliés, la France gagne avec ses alliés.
Pour Pétain :
- Victoire de l'Allemagne, la France, vassale de l'Allemagne a perdu.
- Victoire des Alliés, la France passivement délivrée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, ne peut prétendre à la victoire et reste sur sa défaite initiale.