Ci-dessous une présentation des arguments soviétiques pour le pacte germano soviétique (par Valentin Berejkov interprète de Staline). En résumé, Staline n'aurait pas eu le choix. S'il avait refusé de faire le pacte, il se serait retrouvè seul face à Hitler, les anglais et français ne le secoueraient pas, trop heureux au contraire de voir allemands et soviétiques s'entredéchirer...
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Examinons les possibilités qui s'ouvraient devant le gouvernement soviétique à la fin de l'été de 1939. Imaginons que le gouvernement soviétique ait rejeté fa proposition allemande de pacte de non-agression. Dans ce cas, Hitler aurait présenté le refus du pacte comme la preuve des « visées agressives » de Moscou et aurait déclaré aux Allemands qu'en dépit de ses efforts à lut, Hitler, l'Allemagne n'avait pas d'autre issue que de frapper « préventivement » l'Union soviétique. Pendant ce temps, les "Munichois" qui dirigeaient alors les gouvernements de la Grande-Bretagne et de la France auraient été satisfaits : leur rêve, lancer Hitler contre l'U.R.S.S., se serait réalisé. L'Union soviétique aurait-elle pu compter sur l'aide de Londres, de Paris ou de Washington dans sa lutte contre l'Allemagne de Hitler? Tout montre qu'elle ne pouvait pas y compter. Etait-il même possible de compter sur la neutralité des pays occidentaux ? En fait, tout porte à croire que, dans ce cas, au lieu d'une coalition antihitlérienne, c'est une coalition antisoviétique qui aurait été conclue. L'Union soviétique se serait trouvée seule face à l'Allemagne. Les puissances occidentales, même si elles n'avaient pas participé directement à cette guerre, auraient probablement aidé Hitler en lui fournissant des matières premières et des armes. Même plus tard, lorsqu'on 1941 l'Union soviétique et la Grande-Bretagne se trouvaient dans le même camp, des milieux influents à Londres et à Washington ne voulaient pas la victoire du peuple soviétique. C'est ce que déclara ouvertement, par exemple, un certain Brabazon, oui était, à l'époque, ministre de l'Industrie aéronautique de Grande-Bretagne. Il affirma que * la meilleure issue à la guerre sur le front de l'Est serait la destruction mutuelle de l'Allemagne et de l'U.R.S.S., ce qui permettrait aux Britanniques d'occuper une position dirigeante... » On pouvait entendre des déclarations de ce genre aux Etats-Unis également- Rappelons la déclaration, en juillet 1941, de celui qui n'était encore qu'un sénateur et qui, plus tard, devint vice-président, puis président des Etats-Unis, Harry Truman : - Si nous voyons que 1*Allemagne a le dessus, nous devons aider !a Russie, et si nous voyons que la Russie a le dessus, nous devons aider l'Allemagne. Nous agirons de telle sorte qu'elles perdent ie plus de gens possible. » Devant un tel état d'esprit existant à Londres et à Washington, il n'est pas difficile de deviner de quel côté seraient allées les sympathies des milieux réactionnaires occidentaux si Hitler avait attaqué l'Union soviétique dès 1939. Il n'est également pas difficile de prévoir la position qu'auraient prise les militaristes japonais, qui convoitaient depuis longtemps l'Extrême-Orient soviétique. Ainsi, pour l'Union soviétique, la guerre, au lieu de commencer en juin 1941, aurait commencé en septembre 1939, et ce, dans des conditions extrêmement défavorables. On sait que c'est en 1940-1941 que l'Union soviétique commença à produire certaines armes modernes importantes : les chars "T-34, les bombardiers en piqué, les armes antichars, etc. Ainsi, la situation dans laquelle se serait trouvée l'U.R.S.S, en 1939 eût été très difficile.
Enfin, il ne, faut pas oublier les frontières à partir desquelles la guerre aurait commencé en 1939. La frontière avec la Pologne ennemie passait assez près de Minsk et de Kiev, Les Finlandais étaient pour ainsi dire aux portes de Leningrad. La Roumanie royale était tout près d'Odessa. Il aurait également très bien pu se produire que, dans une telle situation, les alliés de Hitler n'eussent pas été seulement la Finlande et la Roumanie, comme dans l'été de 1941, mais aussi la Pologne et les États de là Baltique. Il est indéniable que, malgré ces conditions extrêmement défavorables, le peuple soviétique serait sorti vainqueur de la guerre contre l'Allemagne hitlérienne. Mais les pertes causées par un tel conflit auraient pu être beaucoup plus grandes encore qu'elles ne le furent en réalité, et la guerre aurait pu durer beaucoup plus longtemps. Mais supposons un instant que l'Union soviétique n'ait pas pu soutenir le choc de l'Allemagne : c'est exactement ce que voulaient les "démocraties occidentales" ! Dans ce cas, après sa guerre à l'est, Hitler aurait pu vaincre sans difficulté - la France et la Grande-Bretagne. Il en serait résulté pour l'humanité une longue -période d'esclavage. Voilà ce que signifiait la politique à courte vue des occidentaux ! Il faut se rappeler à ce sujet la manière dont Staline expliqua l'esprit du pacte tout de suite après l'attaque de l'Allemagne contre l'Union soviétique. Dans son discours radiodiffusé du 3 juillet 1941, il déclara : "On peut se demander comment il est possible que le gouvernement soviétique ait pu signer un pacte de non-agression avec des gens d'aussi mauvaise foi que Hitler et Rîbbentrop. Le gouvernement n'a-t-il pas fait une erreur à cette occasion ? Bien sûr que non ! Un pacte de non-agression est un pacte de paix entre, deux Etats. C'est un pacte de ce genre que l'Allemagne nous avait proposé en 1939. Le gouvernement soviétique pouvait-il refuser une telle proposition ? Je pense qu'aucun Etat épris de paix dans le monde ne peut refuser un accord de paix avec une puissance voisine, même si à la tête de cette puissance se trouvent des criminels et des cannibales comme Hitler et Ribbentrop, et ce, évidemment, à une condition expresse : si cet accord n'entame ni directement ni indirectement l'intégrité territoriale, l'indépendance et l'honneur de l'Etat épris de paix. On sait que le pacte de non - agression entre l'Allemagne et l'U.R.S.S, a été un pacte de ce genre. Qu'avons-nous gagné en concluant un pacte de non-agression avec l'Allemagne ? Nous avons assuré un an et demi de paix à notre pays et nous lui avons donné la possibilité de préparer la riposte si l'Allemagne fasciste voulait nous attaquer malgré le pacte. C'est un avantage appréciable pour nous et un désavantage pour l'Allemagne. Qu'a gagné et qu'a perdu l'Allemagne fasciste en déchirant traîtreusement ie pacte et en attaquant l'U.R.S.S. ? Elle a gagné certaines positions avantageuses à ses armées pendant un certain temps, mais elle a perdu sur le plan politique, en se démasquant aux yeux du monde entier en tant qu'agresseur sanglant. On ne peut douter que ses avantages militaires temporaires seront un épisode pour l'Allemagne, et que pour l'U.R.S.S., l'immense avantage politique sera un facteur sérieux et durable qui servira de base à des succès militaires décisifs de l'armée soviétique dans la lutte contre l'Allemagne fasciste.
Valentin Berejkov
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