Citer :
Pour le reste, le comportement de la Wehrmacht montre tous simplement que 6 à 7 années d'endoctrinement suffisent à entrainer un peuple aux pires abjection. Un historien allemand a écrit sur le sujet, je vais rechercher dans mon tas de bouquins...
Il y a de ça et il est certain que l'endoctrinement nazi a pu jouer un grand rôle sur le comportement des soldats allemands, surtout à l'Est.
Mais il faut dire qu'il est facile pour un peuple, et pour son armée, d'adopter une idéologie qui en fait un peuple supérieur qui peut prétendre légitimement à dominer d'autres peuples considérés comme inférieurs. L'idéologie nazie a suscitée ce qu'il y a de pire en l'homme, a exploité l'espèce de délire mégalomaniaque, haineux et violent qu'il y a dans l'esprit humain. Mais les exactions dont les soldats de tous les camps se sont rendu coupables sont, je pense, surtout dus à la dureté d'un conflit qui a été le plus violent de l'Histoire.
Certes, ce sont les idéologies totalitaires de part et d'autre (pour le front de l'Est au moins qui de loin a été le plus brutal en Europe, mais le cas du Japon est édifiant aussi..... et peut-on qualifier les états de guerre totale des pays occidentaux de démocraties à ce moment?) qui ont succité et encouragé cette violence, mais il ne faut pas se faire d'illusion, l'état de guerre en lui-même implique ce type de comportement. C'est quelque chose qui est en nous. C'est la nécessité de vivre ensemble la plupart du temps qui l'a réffréné, et encore.
Quand tous les repères moraux sont abolis, qu'on a soudain le droit de tuer, la possibilité plus que probable d'être tué, que l'on a le droit d'utiliser tous les moyens à disposition pour vaincre l'ennemi, les repères moraux qui servent habituellement de vernis à la civilisation s'envolent comme des fétus de paille. Toutes les guerres de l'histoire sont parsemées d’exactions abominables. C'est parce que c'est dans l'homme, malheureusement. La cruauté, la mesquinerie, la jalousie font partie de l'esprit humain, et lorsque la masse, la violence quotidienne, et, en effet, une idéologie qui exalte ces aspects entrent en scène, le soldat, qui était un être "civilisé" et plus ou moins "moral" lorsqu'il est dans l'illusion de la civilisation, devient une machine à tuer dans un contexte de guerre (et c'est ce qu'on lui demande!). Reste la question du choix et du libre arbitre.... Qui sait ce que nous aurions fait à leur place?
La série allemande "generation war" montre un personnage qui a ce parcours (bien que ça manque de subtilité, ça a au moins le mérite d'aborder ce sujet). Au début, c'est un jeune allemand pas vraiment nazi (même au contraire) avec une vie tout ce qu'il y a de plus "normal". Puis il est envoyé sur le front de l'Est. Et au bout de quelques temps, il exécute des enfants et des civils sans sourciller, obéit sans discuter aux ordres. C'est notre environnement qui définit nos repères et nos comportements. Quand notre environnement abolit ces repères, nos comportements peuvent changer du tout au tout. Malheureusement le bien et le mal n'existent pas dans l'absolu, ce sont des constructions culturelles et mentales de l'humanité.
Quand on commence à abolir ses propres repères moraux, on ne peut revenir en arrière. J'avais lu une étude sur la psychologie de "bourreaux" durant divers conflits du XXème siècle. Quand on commence à commettre certains actes (au début juste par peur ou pour obéir à des ordres), on est pris dans une spirale et il est quasiment impossible de revenir en arrière psychologiquement.
Tout ça pour dire que l'armée allemande de la seconde guerre était composée d'hommes pris dans un des conflits les plus violents et cruel de l'histoire de l'humanité, d'individus coincés entre deux idéologies sans pitié et plongés quotidiennement dans une brutalité et une horreur qu'on a du mal à imaginer. Là dessus, ils sont parfaitement semblables à leurs soit-disant ennemis russes et autres. "La guerre, ce sont des hommes qui se massacrent mais ne se connaissent pas pour le compte d'hommes qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas" (à peu de choses près pour la citation).
Dans un sens, oui, tous ont été des victimes. Mais beaucoup de soldats allemands ont été à la guerre par esprit de revanche, pas à reculons. Et le nazisme n'aurait jamais eu pignon sur rue si il n'avait pas trouvé écho chez le peuple allemand. Quelque part, les êtres humains font leurs choix, ils doivent en assumer les conséquences. Comment dire après de telles horreurs "c'est pas ma faute, on m'y a poussé". Chacun a sa part de responsabilité, y compris le civil qui est resté à l'arrière mais qui par son travail et sa soumission a soutenu une idéologie et un effort de guerre. Il est trop facile de se mettre en colère, d'élire ou de soutenir des courants politiques violents pour exprimer cette colère, de se retrouver dans une situation abominable et de soutenir tout d'un coup "c'est pas ce que je voulais, c'est pas ma faute". Nous sommes tous responsables du monde tel qu'il est.
Du coup, la reconstitution de cette période est pour moi un manque de respect envers les victimes, mais aussi envers ceux qui ont soufferts de la folie humaine en général. Mettre un uniforme vert de gris lorsqu'on est un occidental bien portant et bien nourris (vu le coût du matériel pour ce genre de "loisir", c'est quand même réservé à des personnes plutôt aisées) du XXIème siècle pour aller faire le gugusse le week end, en effet, c'est juste indécent et nauséabond.