Soyez plus prudent dans votre approche, de Villaret. Mieux vaut être humble en posant une question et reconnaître que l'on y connaît rien, que d'insérer des suppositions ("à mon sens", "à mon avis") qui irriteront les uns et les autres.Ceci étant dit, la question du rapport de la noblesse au régime nazi est très intéressante du point de vue historique. Pour Hitler et son entourage, courtiser la noblesse allemande et la faire participer à l'Etat nazi était un élément de renforcement des institutions. Pour la noblesse allemande, se rapprocher du régime nazi pouvait apparaître soit comme une opportunité de carrière, sentiment assez fort chez la jeune noblesse, soit comme une compromission odieuse, vision des choses qui se trouve plutôt chez la vieille noblesse.
Jonathan Petropoulos explique que le rapport de la noblesse au régime nazi a connu trois phases :
- Une première phase de rapprochement (1933-1940), où le régime nazi s'est appuyé sur le ralliement de figures de la monarchie allemande ;
- Une seconde phase d'hésitation (1940-1941), lors de laquelle succombèrent le prince Wilhelm (1940) et l'ancien Kaiser (1941) et où le ralliement au régime fut remis en question. Petropoulos cite, pour exemple, les funérailles du prince Wilhelm "boudée" par une partie de la noblesse allemande au prétexte de ses accointances avec le régime nazi ou encore l'opposition de l'entourage de l'ancien Kaiser à ce que ses funérailles soient célébrées à Berlin ;
- Une troisième phrase de conflit (1942-1945), pendant laquelle le régime nazi mit en place une surveillance des nobles allemands, une mise au ban des organes du parti et de l'armée (principalement après la tentative d'assassinat de juillet 1943).
Source : PETROPOULOS, Jonathan,
Royals and the Reich: The Princes von Hessen in Nazi Germany, 2006.
Le rapport de la noblesse allemande est régime nazi n'est cependant si simple à étudier :
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Eagle Glassheim explique, par exemple, que la noblesse de Bohême a été moins encline à se rallier au régime nazi et a ainsi fortement nourri la résistance au nazisme ;
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Mark Hewitson estime, pour sa part, que le ralliement de la noblesse allemande a été facilité par l'attachement de la République de Weimar à marginaliser les nobles du Deuxième Reich. Il explique ainsi que, dès 1920, un ensemble de lois fut en place pour diminuer les privilèges politiques et sociaux de la noblesse. En 1929, Stresemann rendit caduc la participation de tout membre du Reichstag à la corporation des nobles (DAG) créée après-guerre. D'où, selon Hewitson, un empressement à rallier le régime hitlérien et ses promesses de participation politique renouvelée pour la noblesse.
De Villaret a écrit :
Quelle était la situation prévalant entre la Wehrmacht et la SS ?
CNE_EMB a écrit :
Vos généralisations sont outrancières : il y avait des nobles au sein des SS, et des roturiers nazis fanatiques parmi la Wehrmacht...
En 1943, 5 des 64 gradés de la SS allemande (Oberst et Obergruppenführer) sont issus de la noblesse.
Au sein de l'OKW, pour la même année, aucun gradé n'est issu de la noblesse. Au sein de la Wehrmacht, de manière plus générale, 40% des généraux sont issus de la noblesse (16% parmi les brigadiers-généraux). Au sein du corps des officiers, cette proportion se situe autour de 27.5%.
Source : MARCUSE, Herbert, GILBERT, Felix, "The Significance of Prussian militarism for Nazi imperialism: Potential tensions in United nationspsychological warfare", in NEUMANN, Franz (dir.),
Secret Reports on Nazi Germany: The Frankfurt School Contribution to the War Effort, 2013, pp. 67-68.