CNE_EMB a écrit :
Je l'ai dit plus haut : la Wehrmacht n'a pas les moyens lorsqu'elle débute "Barbarossa" de s'emparer de Moscou sans changer significativement son plan d'opérations ou les moyens qu'elle y attribue. Si ce n'est qu'un décalage dans le temps afin d'éviter les boues automnales d'octobre ou plus sûrement le froid sibérien qui sévit à compter de décembre, elle n'aurait pas eu les réserves nécessaires pour s'engager dans un combat urbain de grande ampleur - puisque Moscou aurait été défendue par les Soviétiques avec la dernière énergie, celle du désespoir. Je rappelle qu'il n'y a pas eu de "bataille de Moscou", au sens de combats dans la ville en elle-même. Cela n'aurait été qu'un Stalingrad avant l'heure, avec des Allemands encore plus faibles au début de la bataille qu'ils ne le seront fin août 1942.
A part un changement significatif dans le cours des évènements, je ne vois pas. Celui-ci aurait pu intervenir dans trois domaines :
1) une intervention militaire japonaise à partir de la Mandchourie en novembre 1941. Plutôt que la marine nipponne, ce sont les généraux de l'armée du Kwantung qui imposent leurs vues. L'intervention japonaise en Extrême-Orient, en y immobilisant des forces soviétiques, aurait permis d'égaliser les chances (sans garantir un succès décisif allemand, elle aurait eu pour conséquence de limiter toute réaction offensive soviétique d'ampleur - même si je suis de ceux qui relativisent l'impact des divisions "sibériennes" sur le cours de la campagne en décembre 1941) ;
2) un renforcement capacitaire conséquent, par exemple par le transfert massif de grandes unités à l'automne 1941 au détriment des commandements militaires protégeant la côte atlantique de Biarritz à Narvik et déployés dans les Balkans. Je ne parle pas d'une paire de divisions, mais bel et bien de prélever une partie significative de la trentaine (peut-être de la petite quarantaine ? Il faudrait que je compte, mais je crois me souvenir qu'en France seule il y a entre 29 et 32 divisions en novembre 1941, auxquelles il faut ajouter les unités stationnées face à la Mer du nord et en Norvège) de divisions subordonnées aux commandements militaires de France, de Belgique et de France septentrionale, des Pays-Bas, de Norvège. Peut-être qu'avec une vingtaine de divisions supplémentaires, des choses auraient pu être modifiées significativement (par exemple : relance de "Taifun" fin novembre 1941, pas d'évacuation de Rostov fin novembre, arrêt de tout ou partie des contre-offensives soviétiques de début décembre 1941) même s'il est douteux que cela ait modifié significativement le cours de la guerre à l'est ;
3) un changement de plan d'opérations par rapport aux actions menées à compter de juin 1941. Par exemple, au lieu de donner la priorité au centre, la donner au sud immédiatement ; plutôt que de foncer sur Kiev en août, foncer sur Moscou ; vaincre décisivement la contre-offensive soviétique de Smolensk en juillet 1941, etc.
On rentre là dans l'uchronie la plus totale, et quand on s'affranchit des faits, on peut tout imaginer - mais ce n'est plus de l'Histoire. En tout état de cause, avec le plan d'opérations "Barbarossa" et les forces disponibles le 22 juin 1941, atteindre les objectifs prévus et vaincre l'URSS décisivement ne me paraît pas du domaine du possible pour la Wehrmacht : elle a obtenu des succès foudroyants et d'une ampleur jusqu'alors inégalée dans l'histoire militaire, elle n'a pas commis d'erreur stratégique significative dans le cours de la campagne ; mais l'ours soviétique, s'il a chancelé à de multiples reprises, toujours battu, n'a jamais été vaincu et a finalement pris le dessus sur le dogue allemand.
CNE EMB
Des trois hypothèses que vous évoquez, seule une intervention japonaise en Mandchourie me semble pouvoir bouleverser fondamentalement le conflit. Peut-être pas en 1941 d'ailleurs mais en 1942, en dépossédant l'armée rouge de ses bases arrières de Sibérie et en s'emparant des complexes industriels qui forgent les armes des contre offensives. Le seul problème c'est que le Japon ne voit aucun intérêt à une telle intervention qui de toutes façons ne résoudrait en rien ses problèmes d'approvisionnement et que même les généraux du Kwantung gardent en mémoire la pitoyable prestation de l'armée impériale à Khalkin Gol.