Borsig a écrit :
Je n'aurais pas osé faire un tel raisonnement si j'avais été à la place de Halder ou quelqu'autre général allemand.
Eh bien cela tombe mal, parce qu'eux, ça n'a pas eu l'air de beaucoup les émouvoir de le faire et de l'appliquer à partir du 1er septembre 1939...
Borsig a écrit :
En cas de guerre avec la France (l'hypothèse n'est pas impossible si la Pologne est attaquée par l'armée allemande), une offensive vers l'Allemagne ne serait pas une très grande surprise.
Si vous analysez rationnellement le rapport de forces, les "forces morales", la situation stratégique générale, les délais de mobilisation, bref si vous avez une idée claire des forces et des faiblesses de l'armée française à la fin août 1939, vous pouvez parier qu'elle n'est pas capable de faire grand chose avant le mois d'octobre 1939, et qu'elle privilégiera une position d'attente stratégique qui lui donne l'avantage conséquent d'attendre la BEF, d'achever sa mobilisation (notamment le volet impérial) et peut-être de faire basculer les Belges.
C'est exactement ce qui s'est passé, et c'est exactement ce sur quoi Hitler au premier chef, la haute Generalität au second, avaient parié.
Borsig a écrit :
S'il y eu une surprise en septembre 1939, c'est la faiblesse de l'opération militaire dans la Sarre.
Une surprise pour vous, peut-être. Pour ceux qui analysent rationnellement la situation au 8 septembre 1939, ça n'en est absolument pas une :
- les unités qui attaquent en Sarre n'ont pas encore reçu la totalité de leur complément de guerre, et elles ne bénéficient d'appuis organiques de corps d'armée et de réserve générale qu'à des doses homéopathiques ;
- la Pologne est déjà en train de s'effondrer, et il est impensable de réussir à inverser la tendance : les Allemands sont déjà dans Varsovie le 7 septembre ;
- cela signifie que le gros de l'armée allemande, qui bénéficie de la supériorité numérique et est mieux préparée que la nôtre (elle a mobilisé avec sept jours d'avance officiellement, et en réalité cela fait plusieurs semaines qu'elle le fait de manière camouflée), va être transféré rapidement à l'ouest, et il serait stupide de s'avancer en Sarre, qui n'a rien d'un objectif stratégique et où on risquerait de se faire sèchement contre-attaquer après avoir subi une attrition significative en essayant de brécher le "Westwall", alors qu'on pourrait économiser du sang et des moyens en restant derrière la "muraille de France".
Borsig a écrit :
L'armée française était capable de faire plus.
Non.
Borsig a écrit :
Mais l'état-major doit obéir à Hitler qui ne souhaite peut-être pas attendre jusqu'au printemps 1940. L'attaque a été reportée plusieurs fois, pour des raisons que je ne parviens pas à expliquer.
Vous interprétez mal mes propos : les Allemands ont de très fortes présomptions que la France se contentera au pire d'une démonstration à l'ouest pendant qu'ils règlent la feuillure des Polonais. Ils sont donc tranquilles jusqu'au mois d'octobre 1939 au moins. Et en octobre 1939, la Wehrmacht roque massivement à l'ouest puisque les Polonais se sont effondrés.
Vu que la totalité de l'armée allemande est disponible à compter de mi-octobre 1939, Hitler peut bien ordonner d'attaquer rapidement ou d'attendre, il a le choix du roi - même s'il s'est avéré redoutablement plus pertinent d'attendre quelques mois.
Les raisons du report de "Gelb" sont connues, elles tiennent à l'impréparation matérielle relative (stocks de munitions notamment), à la montée en puissance qui se poursuit (levée des 5. et 6. Wellen, transformation des Leichten Divisionen en divisions blindées, etc.), à la météorologie défavorable. Et surtout, je pense, au fait que le plan initial, qui est une réédition du plan "Schlieffen", ne convainc pas vraiment. Et surtout pas Hitler.
CNE EMB