Jerôme a écrit :
Hitler n'a-t-il pas attendu le débarquement allié en AFN pour envoyer des renforts en quantité importante ? On peut même dire trop importante dans cette Tunisie qui n'était finalement qu'un cul de sac. parfois on a l'impression que l'Afrika korps n'était qu'une équipe de tournage d'un film de propagande pour détourner l'opinion des événements moins glorieux de l'hiver russe ! Bon j'exagère volontairement le trait !
Lordblackadder a écrit :
D'ailleurs c'est assez curieux cet envoi massif de troupes en 1943 alors qu'il a refusé tout renfort à Rommel durant sa poussée vers l'Egypte.
Si, mais envoyer des soldats, des chars, des canons et des avions est une chose, les soutenir durablement en est une autre. Deux aspects principaux limitaient l'effort militaire allemand en Italie : 1) les capacités de soutien (carburant, mais aussi en eau - les premières unités envoyées en début février 1941 sont entre autres une colonne de filtrage d'eau, la Filtergerätkolonne 877, ainsi que deux colonnes légères de transport d'eau, les kleinen Kraftwagen Kolonnen (Wasser) 800 et 803 - vivres, munitions, maintenance mécanique, etc, etc) de la Libye sont notoirement insuffisantes pour suffire à un corps expéditionnaire dépassant une petite poignée de divisions ; 2) les capacités de transit par la Méditerranée sont saturées et incapables d'acheminer à la fois des combattants, leur équipement, des unités logistiques et du ravitaillement.
C'est pire encore quand la Panzerarmee "Afrika" est engagée en Egypte, avec des lignes de ravitaillement en surextension qui obligent par exemple, pour ravitailler en carburant par voie routière, à n'acheminer qu'une quantité identique à celle consommée pendant l'acheminement, et plus de pneus que ce qu'un plateau de camions de 2 tonnes est capable d'en transporter !
On peut rajouter que les capacités de transport par voie aérienne ont toujours été limitées et insuffisantes à assurer un renforcement ou un ravitaillement d'ampleur, excepté peut-être dans les premiers jours de "Torch".
Il est d'ailleurs notable que parallèlement, l'une des difficultés majeures à laquelle sera confrontée la Heeresgruppe "Afrika" en Tunisie dès avant qu'elle n'y soit isolée par le quasi-blocus maritime et aérien allié, à partir de la fin de l'hiver 1942-1943, est une carence logistique qui condamnera tous ses efforts offensifs à l'échec. Le soutien de la force italo-allemande déployée en Tunisie (plus les restes de celle d'Egypte) était insuffisamment dimensionné pour en assurer la durabilité. Et contre ça, la valeur des chefs, des combattants ou des matériels n'est que bien peu de choses...
A partir de juin 1941, en sus, se pose la question de savoir quelles unités peuvent être envoyées, la priorité étant clairement ailleurs qu'en Libye ou même en Egypte. En novembre 1942, l'enjeu est différent, puisque là où ce n'était qu'une coûteuse diversion de temps et de moyens pour épauler l'allié italien en grande difficulté en février 1941, il s'agit désormais de le sauver tout bonnement et de couvrir le "ventre mou" méridional de l'empire nazi contre l'attaque non seulement des Britanniques - encore bien incapables de reprendre durablement seuls pied sur le continent - mais aussi et surtout des Américains.
Votre sortie sur la volonté de masquer les échecs en URSS par une exploitation par la propagande de succès africains est manifestement erronée : a) l'envoi du Deutsches Afrikakorps débute en janvier 1941, soit près de six mois avant le déclenchement de "Barbarossa" ; b) Rommel a des ordres stricts concernant son attitude, qui doit être essentiellement défensive, et s'il y a désobéi sciemment, il ne peut s'agir d'une préméditation cachée de l'OKH ou de Hitler ; c) rien ne laissait présager que de tels succès seraient remportés sur ce théâtre d'opérations périphérique et totalement secondaire ; d) les victoires obtenues en URSS entre juin et octobre 1941 sont d'une telle ampleur que je ne vois pas ce qu'elles ont à envier aux comparativement petits succès de l'"Afrikakorps". Pire : le premier revers de Rommel en Afrique du nord, lors de l'opération "Crusader" lancée le 18 novembre, intervient le 27 novembre lorsque la garnison de Tobruk assiégée depuis plusieurs semaines fait sa jonction avec les forces chargées de la dégager ; c'est-à-dire avant les premières crises d'importance sur le front oriental, qui adviennent au cours du mois de décembre 1941, ou au pire simultanément au premier échec significatif rencontré par l'Ostheer qui évacue Rostov le 27 novembre 1941.
CEN EMB