Barbetorte a écrit :
Ce sont les faits qui priment et des historiens comme Delpla voient dans la succession des faits la preuve de la volonté d'Hitler de déclencher la guerre en septembre 1939.
Les historiens, à l'exception de Delpla, ne sont pas dans cette démarche. Ils observent les faits mais rejettent l'hypothèse d'une volonté de déclencher la guerre avec la France et la GB.
Il est vrai que l'armée française a subie une défaite humiliante en quelques semaines en 1940. Hitler a-t-il songé sérieusement que la victoire en France serait aussi facile et aussi rapide ? Il est permis d'en douter. On imagine aisément le soulagement de Hitler si les occidentaux avaient renoncé à tenir leurs promesses vis-à-vis de la Pologne.
Barbetorte a écrit :
A l'été 1939, le ton n'était plus du tout celui de l'année précédente. Les gouvernements alliés ne bluffaient pas et ils étaient soutenus par leurs opinions publiques. Hitler ne pouvait s'y tromper. En outre, la chronologie des évènements ne révèle rien d'autre que la volonté d'Hitler d'entrer en guerre et la ferme intention partagée par les gouvernements français et britanniques de ne plus céder.
Les historiens (Kershaw, Fest, Toland, Watt, Evans, Bloch, etc) ne disent pas que les gouvernements anglais et français ont bluffé, ils disent que plusieurs chefs nazis, notamment Hitler et Ribbentrop, ont vraiment cru que les occidentaux faisaient du bluff pour dissuader le Reich d'attaquer la Pologne.
Dans la collection Tempus se trouve une biographie de Ribbentrop. Elle me semble très utile pour comprendre comment Hitler s'est bercé d'illusions sur une éventuelle couardise des occidentaux. A noter que Goering était beaucoup plus circonspect que Ribbentrop.
Barbetorte a écrit :
Il [Hitler] était protégé vis-à-vis de l'URSS par le pacte pacte qu'il venait de conclure et il savait que la mobilisation en France prendrait plusieurs semaines avant lesquelles aucune offensive ne serait lancée, un temps suffisant pour défaire les forces polonaises.
Dans l'esprit hitlérien, ni la France ni la GB ne déclarent la guerre à l'Allemagne. Dans ces conditions il n'est pas nécessaire de se préoccuper du front ouest.
En 1939 Hitler a chargé les chefs militaires de faire un « plan blanc ». Mais aucun plan n'est prévu pour affronter l'Ouest.
Hitler est un « parieur » comme le dit Kershaw. Le témoignage de Schmidt fait apparaitre une émotion. Hitler a perdu son pari et laisse appaitre son émotion.
Pierma a écrit :
D'où vient cette information ? Que déclare-t-il exactement, et à qui ?
C'est une information que l'on trouve partout : Toland, Fest, Kershaw, Watt, Evans, etc).
Dans le bouquin de Fest, publié en 1973, il s'agit d'une allocution de Hitler devant les chefs militaires le 23 mai 1939. Hitler prend la parole :
« il n'est plus question d'épargner la Pologne (...) il ne faut pas que cela fasse éclater en même temps un conflit avec l'Occident. »Pierma a écrit :
Cette déclaration à ses généraux signifie qu'il a pris langue avec Staline et va signer un accord avec lui. C'est une évidence : quel autre événement pourrait apporter cette certitude ?
C'est pourquoi je suis sceptique sur le fait qu'il ait proclamé à l'avance, et auprès de ses militaires, ce futur pacte avec Staline, alors qu'après tout rien n'était encore signé. Son intérêt était d'agir dans la plus grande discrétion, ne serait-ce que parce qu'il y avait une délégation alliée à Moscou, à laquelle il valait mieux ne pas donner l'alarme.
Il est vrai que le pacte n'était pas encore signé. C'est pour cette raison qu'Hitler n'en parle pas immédiatement à ses généraux. Et je suppose que Hitler lui même n'a eu que tardivement la conviction que l'entente germano-soviétique avait de bonnes chances d'être acceptée par Staline.