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Message Publié : 22 Mars 2016 11:08 
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Polybe
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Hitler voulait attaquer à l'est. La Pologne est à l'est. Il est surpris par l'attaque anglaise. Il pensait que les Anglais avaient compris que son but était l'est, pas l'ouest ; il pensait que les Anglais le laisserait faire, après tout qu'y-a-t-il à l'est ? La Pologne ? l'URSS ? l'Angleterre n'a là aucun intérêt vital... ce n'est pas l'Inde, pas l'Egypte, pas la Grèce... Hitler a toutes les raisons d'être surpris.
Hitler avait-il l'intention de s'allier aux bolchéviks ? Certainement pas. Le pacte est signé le 23 août. Dans la précipitation. Hitler avait bien prévu d'attaquer fin août-début septembre la Pologne. Il pensait avoir les mains libres comme en Tchécoslovaquie. Car comme pour la Tchécoslovaquie l'Allemagne a des revendications territoriales saines en Pologne, les Anglais le savent.
Les Anglais poussent à la négociation entre l'Allemagne et la Pologne pour trouver un accord amiable, sans guerre. Comme pour la Tchécoslovaquie.
Hitler ne veut pas d'une alliance avec les bolchéviks, ses ennemis jurés... il n’apparaît pas d'ailleurs au moment de la signature du pacte, il envoie Ribbentrop. En effet, c'est Ribbentrop le véritable artisan de ce pacte. C'est une erreur, Hitler le sait mais se laisse convaincre. Hitler avait dans l'idée de foncer à l'est, après la Pologne, l'URSS... pas besoin d'une alliance bidon... il autorise le pacte devant la pression de Ribbentrop et d'autres qui craignent un affrontement avec l'Angleterre.... Hitler lui est persuadé que l'Angleterre, frère de race, n'interviendra pas, c'est sa logique. Mais alors qu'il est sur le point de lancer ses armées pour la première fois, sa conquête de l'Europe, voilà Hitler qui commence à être nerveux.... il engage le destin de l'humanité, il doute, ou plutôt il se demande pourquoi Ribbentrop et d'autres sont si inquiets.... il est vrai qu'Hitler n'est jamais allé en Angleterre (des rumeurs disent le contraire), Ribbentrop est connu pour ses liens avec la gentry anglaise.... Hitler craque, il ne s'écoute plus mais écoute Ribbentrop. Le pacte avec Staline sera signé. C'est trop tard. La fatalité va s'abattre.
Les Anglais qui ont toujours vu la Russie comme le principal ennemi sont horrifiés par ce retournement d'alliance allemand... les Anglais ont laissé Hitler tout faire jusqu'à ce jour.... ils s'étaient contenté de vaines protestations et de gesticulations oratoires.... contents de pouvoir assister en spectateur au prochain affrontement GroB Deutschland -Russie depuis leur balcon insulaire. Quelle stupéfaction quand on apprend à Londres que le Frankenstein allemand s'allie au géant russe... qu'il n'y aura pas de guerre à l'est contrairement à tout ce qui était prévu (!).
L'Angleterre réagit pour la première fois et s'engage ouvertement et signe une alliance avec la Pologne le 25 août.
C'est la veille de l'attaque de la Pologne fixée par Hitler. Hitler ne s'attendait pas à ça.... les Anglais finiront-ils par bouger finalement ? Il ne peut pas prendre ce risque... il doit tout revoir.... il convoque Ribbentrop, lui demande ce qu'il se passe... Ribbentrop le rassure... tout ria bien.... les Anglais n'interviendront pas. Il faudrait tout de même prendre soin de camoufler l'attaque de la Pologne, la présenter comme une action de légitime-défense, pour donner des arguments aux Anglais soucieux de ne pas intervenir. Ce sera fait. Hitler monte le "coup de Gleiwitz" : le 1er septembre, des déportés sont déguisés en soldats polonais qui attaquent une station radio allemande près de la frontière.... ils sont tués, leurs dépouilles exhibées aux actualités... l'Allemagne a son casus belli propre. L'Angletrre interviendra-t-elle ? Hitler est rassuré... le 1er septembre l'Angleterre ne bouge pas... tout va bien... le 2 septembre, toujours rien ! Hitler est ravi.... puis c'est la douche froide ! Le 3 septembre Hitelr reçoit un ultimatum... qui se transforme en déclaration de guerre.... c'est la stupeur dans le repère de Hitler ! Tout s'effondre... Hitler avait raison, il a céouté Ribbentrop, il le regrette... il se retourne vers lui et lui lance un "et maintenant?" plein de reproches... maintenant, il a une guerre sur deux fronts, c'est foutu ou presque...

Quel était le plan de Hitler ? Ses armées doivent se lancer sur la Pologne, en occuper la moitié, en donner l'autre moitié à Staline.... mais ça ce sont des accords secrets qui le disent.... si tout se passe comme prévu Hitler mange la moitié de la Pologne en 1 mois maximum, l'Ouest ne bouge pas (on croise les doigts) et ensuite derechef ce sera la route vers Moscou. Le monde sera horrifié de constater l'expansion territoriale bolchévique.... cela soudera un peu plus les occidentaux à Hitler.... cela lui donnera des arguments pour attaquer l'URSS peu de temps après.

C'est sans doute cela le grand projet de Hitler. Mais, il a laissé un grand de sable s'immiscer dans se belle mécanique bien pensée (!). Ce grain de sable c'est Ribbentrop, qui l'a convaincu de s'allier ouvertement à la Russie. Il pensait que c'était un bon coup, d'autres le penseront encore des années plus tard (comme H. Kissinger) c'était "le plus grand coup diplomatique de génie du xxe siècle".... en fait, c'est un fiasco...


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Message Publié : 22 Mars 2016 11:54 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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C'est malheureusement le genre de discours qu'on entend de plus en plus souvent. Des vérités premières assénées sans être étayées par des faits, un récit orienté (dire que Hitler met en jeu "le sort de l'humanité", il faut oser!) et des sous entendus étranges... Désolé mais je n'adhère pas du tout à cette vision.


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Message Publié : 22 Mars 2016 13:06 
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Vision incantatoire. Je ne parlais pas de la motivation d'Hitler à attaquer l'URSS, uniquement du tempo retenu.

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Message Publié : 22 Mars 2016 13:12 
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IsaacLevi a écrit :
Il pensait que c'était un bon coup, d'autres le penseront encore des années plus tard (comme H. Kissinger) c'était "le plus grand coup diplomatique de génie du xxe siècle".... en fait, c'est un fiasco...

Attention, Henry Kissinger pensait que c'était un coup diplomatique de génie... de la part de l'URSS.

En apparence Staline est tranquille pour une longue période et met son pays à l'abri en rejetant la guerre sur la France et l'Angleterre. Mauvaise pioche, il sera surpris comme tout le monde par l'effondrement rapide de l'armée française et au total il n'aura gagné que 18 mois avant d'être à son tour victime d'une surprise lors de l'attaque allemande.

Hitler signe ce pacte pour éviter une guerre sur deux fronts, mais c'est finalement ce qu'il fait face à la fermeté de Churchill. Jeu de dupes : c'est d'abord l'Union Soviétique qui en fait les frais, puis viendra le tour de l'Allemagne.

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Message Publié : 22 Mars 2016 17:22 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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Quoiqu'il en soit, à l'été 39, Hitler n'a plus le choix, il doit poursuivre sa politique d'annexion ne serait-ce qu'en raison de la situation économique du pays.
Rétrospectivement, la Pologne est effectivement une proie facile mais je pense qu'à l'époque et alors que la Wermacht n'a pas encore eu à faire ses preuves dans le cadre d'une véritable guerre, le doute est permis. L'alliance avec Staline donne du temps, assure le succès en Pologne et surtout garanti un approvisionnement en matières premières et en nourriture. Quand bien même les occidentaux ne seraient pas intervenus pour la Pologne, la réaction de Staline en voyant Hitler arriver sur ses marches de l'ouest aurait été sans doute assez fraiche et la Wermacht de septembre 1939 n'est pas encore la formidable machine qu'elle sera en 1941.
D'autre part, il ne faut pas négliger l'apport de la capacité industrielle occidentale (en particulier française) pour la suite de la guerre. Il semble donc assez logique de s'assurer une base assez forte avant de s'attaquer à l'ours.


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Message Publié : 24 Mars 2016 23:06 
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Polybe
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J'ai recherché dans le livre de Kissinger cette phrase.... et je ne l'ai pas retrouvé... Seul wikipédia français la cite... le wikipédia anglais (plus sérieux) ne la cite pas. Le wikipédia français ne renvoie pas à une page particulière. Donc, je pense que c'est une erreur de wikipédia français (une de plus). Ça m’apprendra. >:)

Je pense que tout est clair : Hitler n'avait pas l'intention d'attaquer à l'ouest, d'où sa surprise quand les Anglo-français lui déclarent la guerre "je n'ai pas voulu cela".
Nier à Hitler une weltanshcauung comme il disait lui-même n'avance à rien. Oui, Hitler avait une conception à lui de l'humanité. Elle n'est pas la vôtre peut-être, mais elle est la sienne. Le nier ne mène à rien. Il faut bien accepter et comprendre sa vision du monde, sinon vous ne comprenez pas ses actes et vous en venez à cette incongruité : "il est fou"... Hitler avait peut-être une vision du monde différente de la vôtre, mais cela n'en fait pas un fou pour autant.


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Message Publié : 25 Mars 2016 7:45 
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IsaacLevi a écrit :
Je pense que tout est clair : Hitler n'avait pas l'intention d'attaquer à l'ouest, d'où sa surprise quand les Anglo-français lui déclarent la guerre "je n'ai pas voulu cela".
Nier à Hitler une weltanshcauung comme il disait lui-même n'avance à rien. Oui, Hitler avait une conception à lui de l'humanité. Elle n'est pas la vôtre peut-être, mais elle est la sienne. Le nier ne mène à rien. Il faut bien accepter et comprendre sa vision du monde, sinon vous ne comprenez pas ses actes et vous en venez à cette incongruité : "il est fou"... Hitler avait peut-être une vision du monde différente de la vôtre, mais cela n'en fait pas un fou pour autant.

C'est vous qui ne comprenez pas la place que tenait la France dans sa Weltanschauung.

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Message Publié : 15 Avr 2016 19:40 
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Polybe
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Le fil a été créé le jeudi 4 février. Avec onze pages à lire, j'ai peur que certains lecteurs se découragent et qu'ils restent à l'écart du débat. Je propose une sélection des interventions de Pierma ; marc30 ; CNE_EMB ; IsaacLevi ; Lord Foxhole ; Commode-le-clément ; Narduccio ; cush.
De onze pages, on passe à une seule.


Pierma a écrit :
D'après Philippe Masson il a répété à plusieurs reprises :"Je n'ai pas voulu cette guerre." ("Une guerre totale" p.24)
En revanche je ne sais pas quelle est la source de Philippe Masson.



Pierma a écrit :
Hitler aurait réagi à la déclaration de guerre des alliés en déclarant : "Je n'ai pas voulu cela !"

Ce propos peut paraître déconcertant venant de quelqu'un qui voulait tôt ou tard sa revanche contre la France, inscrite de longue date dans son programme.

On peut penser qu'il s'agit d'un propos à usage interne, destiné à ses généraux et à ses sbires, pour se donner le beau rôle.

Ou alors il le pensait sérieusement. Comme personne n'était dans sa tête, on ne peut que raisonner. A l'appui de cette "surprise", je vois deux arguments :
- L'armée allemande n'était pas encore prête, comme le prouvera l'épisode de la drôle de guerre.
- Français et Anglais n'en finissaient pas d'accumuler les reculades. Ils venaient de le prouver une fois de plus en restant inertes à l'invasion de la Tchécoslovaquie, alors qu'il s'agissait d'une violation des accords de Munich signés quelques mois plus tôt, et qui aurait justifié une déclaration de guerre. S'ils laissaient tomber un allié aussi important (et sa base industrielle militaire) pourquoi auraient-ils défendu la Pologne, allié beaucoup plus léger ?

Qu'en pensez-vous ? Baratin ou surprise réelle ?



Lord Foxhole a écrit :
Possible que cela ait été une réelle surprise...
Hitler était comme un joueur de poker : il bluffait souvent, et pensait que ses adversaires pouvaient bluffer autant que lui.
Le fait que des démocraties, perçues comme « molles », puissent se résoudre à finalement lui déclarer la guerre n'était peut-être pas prévu...



marc30 a écrit :
Citer :
Qu'en pensez-vous ? Baratin ou surprise réelle ?

C'est la seconde hypothèse qui est la meilleure : il était absurde pour les Alliés de défendre Les polonais après avoir abandonné les Tchèques sans avoir sérieusement réarmé.
+ le mépris de Hitler pour les démocraties dont il a toujours surestimé la pusillanimité et le pacifisme



CNE_EMB a écrit :
Au-delà du fait qu'il me semble bien que c'est Guillaume II qui a prononcé cette phrase (mais peut-être a-t-il été copié par Hitler ?), je trouve que ce débat part sur de mauvaises bases : Hitler a voulu tout cela, quoi qu'il ait pu en dire. Il veut la guerre avec la France, en particulier, pour solder l'ancien équilibre européen né de 1918 et en créer un nouveau à l'avantage de l'hegemon allemand.

A-t-il prononcé cette phrase qu'il aurait clairement menti, tant son calendrier est méticuleusement établi et rigoureusement suivi. Si les puissances occidentales ne lui avaient pas déclaré la guerre le 2 et le 3 septembre 1939, nul doute qu'il aurait veillé à provoquer un nouveau casus belli pour les y amener peu après... C'est tout l'intérêt du pacte germano-soviétique que de lui laisser les coudées franches pour rééquilibrer les relations européennes au profit exclusif de l'Allemagne. En aurait-il gâché le bénéfice parce qu'en bon "chantre de la paix" il n'a pas "voulu tout cela" ? Ca ne peut pas tenir si on analyse la construction minutieuse de ses "coups de poker" (qui se révèlent finalement ne pas en être si souvent qu'on le dit), qui sont pensés, pesés et... voulus.



Commode-le-clément a écrit :
Pour en revenir au sujet, à savoir est-ce qu'Hitler voulait ça, je vais vous synthétiser ce que j'ai lu sur le sujet (ayant notamment lu la biographie de Kershaw).

Ce qu'un forumeur a dit, que chaque camp avait ses bellicistes, c'est loin d'être faux. Malheureusement pour les démocraties, ils ne furent pas écoutés assez tôt (l'Allemagne était prenable en 1938, mais pour des raisons électorales, la France n'a rien fait).
Dire qu'Hitler ne voulait pas ça n'est pas faux, mais il faut nuancer! Ce qu'il voulait ce n'est pas la paix avec les Occidentaux, mais plus de temps. Contrairement, à une idée reçue, les forces allemandes ont galéré en Pologne, Hitler avait estimé avoir perdu beaucoup de temps lors de cette campagne. Mais ajoutons à ça que les déclarations de guerre du Royaume Uni et de la France étaient inattendue! C'est ça qu'Hitler ne voulait pas.
Qui plus est, rappelons que la France était considéré comme la meilleur armée d'Europe à l'époque (voir du monde). Ce qui s'est passé en juin 1940, fut de fait une victoire inattendue. Hitler pensait probablement un jour faire la guerre à la France, mais pas dans ces conditions, la Drôle de Guerre qui porte totalement bien son nom, lui a permis de gagner du temps aussi, car l'Allemagne occupée en Pologne était tout à fait prenable.

Donc pour résumé, ce que n'a pas voulu Hitler, c'est une guerre aussi rapide. Mais en tout cas, ça n'en fait pas un innocent pacifiste, car ça vaut ce que ça vaut, mais dans Mein Kampf il rappelle bien que la France est l'un des grands adversaire du Reich Allemand, ce qui prouve qu'il avait au moins le projet de faire la guerre à la puissance voisine...



Commode-le-clément a écrit :
Je le répète, entre vouloir et pouvoir, il y a une différence. Il voulait écraser la France (par vengeance etc.). Mais il ne pensait pas que son pays en avait la capacité, donc il ne voulait à mon sens, pas cette guerre en 1939.



Narduccio a écrit :

Je pense qu'Hitler pensait pouvoir manipuler les démocraties pendant encore un certain temps. Le temps de mieux se préparer à la confrontation. Divers témoins rapportent qu'il était convaincu d'être un excellent diplomate et qu'il réussirait à refaire plusieurs fois le coup de Munich. Et d'ailleurs, de nombreuses personnes de son entourage pensaient que cela était faisable. Du coup, il n'y avait personne pour lui conseiller de faire montre de prudence et d'attendre encore un peu. La surprise d'Hitler viendrait donc de la découverte que les démocraties ne se laissent pas aussi aisément manipuler.



CNE_EMB a écrit :
(...) Hitler ordonne à plusieurs reprises, entre novembre 1939 et janvier 1940, de prendre l'offensive contre les Franco-Britanniques.



Commode-le-clément a écrit :
Et comme le débat porte sur la phrase d'Hitler, c'est ce qu'elle illustre : Hitler a déclenché trop tôt une guerre qu'il voulait plus tard.



Narduccio a écrit :
Avec le recul, il est évident qu'en 1939 la France n'avait plus la "première armée du monde". Effectivement, son écroulement en 6 semaines le démontre. Cet écroulement fut une surprise pour bien des observateurs. Mais, ce fut surtout la vitesse de l'écroulement qui a surpris.



CNE_EMB a écrit :
(...) on peut légitimement prétendre que Hitler a totalement voulu la situation qu'il crée lui-même à partir du 1er septembre 1939.



CNE_EMB a écrit :
Une petite analyse comparée permettra de distinguer pourquoi on peut légitimement prétendre que Hitler a totalement voulu la situation qu'il crée lui-même à partir du 1er septembre 1939.

1) si Hitler craignait à ce point la guerre avec les Franco-Britanniques, et qu'il n'a attaqué la Pologne qu'en pensant que les puissances occidentales refuseraient l'escalade comme elles l'avaient fait en mars 1936, en octobre 1938 et en mars 1939, pourquoi n'a-t-il pas reculé, abandonnant aussitôt son offensive en Pologne ? Tout simplement parce que ce cas de figure a été envisagé, prévu, et librement accepté. Il est possible qu'Hitler ait pensé que la France et le Royaume-Uni ne rentreraient pas en guerre, mais il est impensable qu'il n'ait pas prévu un "branch plan", comme on dirait aujourd'hui, une hypothèse qui prendrait en compte l'alternative opposée, qui était évoquée par son entourage civil et militaire, celle d'une guerre contre les puissances occidentales. Et dans cette hypothèse, la poursuite de l'agression même dans le cas où la France et le Royaume-Uni déclaraient la guerre à l'Allemagne était le choix retenu. C'est d'ailleurs celui qui a été joué.
(...)
4) le pacte germano-soviétique du 23 août 1939 suffit de toute manière à prouver la fermeté de son intention, quelles qu'en soient les conséquences. Hitler a accepté de traiter avec son archi-ennemi pour neutraliser le flanc oriental de l'Allemagne. Afin d'avoir les mains libres pour anéantir la Pologne, mais surtout dans l'optique d'un conflit avec les puissances occidentales, seul conflit qui mérite une telle alliance contre nature.

Le fait qu'Hitler obtienne un rapport de forces favorable à l'Allemagne grâce au pacte germano-soviétique, qu'il persiste dans son intention offensive en Pologne malgré l'entrée en guerre successive du Royaume-Uni et de la France les 2 et 3 septembre 1939, en dépit d'exemples qui illustrent non seulement que l'Allemagne, mais lui-même, étaient capables d'opter pour la désescalade et le recul, souligne bien qu'Hitler avait pris la mesure du risque d'une guerre avec les puissances occidentales. Et l'avait accepté sciemment.



CNE_EMB a écrit :
(...)
Mais bon, j'ai bien compris que vous évacuez les arguments qui ne vous plaisent pas. Je n'ai ainsi rien lu sur le fait qu'Hitler enjoigne à son armée de prendre l'offensive à plusieurs reprises entre novembre 1939 et janvier 1940, ce qui est tout à fait étonnant pour quelqu'un qui ne croit pas du tout qu'elle est capable de vaincre, non ?



Commode-le-clément a écrit :
Et encore une fois, que ça plaise ou non, mon point de vue (que j'ai argumenté, sourcé), c'est qu'à mon sens, Hitler craignait la France et le Royaume-Uni. Que si cette phrase est apocryphe ou non, elle a très bien pu illustrer la peur du dictateur allemand, face à la réaction des français et des britanniques, qu'il était loin d'être certain de battre.



CNE_EMB a écrit :
Et ce ne sont pas les Franco-Britanniques qui font peur à Hitler, puisqu'il ne change pas un iota de ses intentions après leur déclaration de guerre des 2 et 3 septembre 1939 - ce qui suffit à prouver qu'il ne les craint pas tant que vous vous plaisez à le dire



Macsen Wledig a écrit :
Grâce au pacte, Hitler n'a rien à craindre de Staline pour envahir la Pologne (qu'ils se partagent), espérant que les démocraties se couchent devant le fait accompli comme pour la Tchécoslovaquie.
Malgré tout, celles-ci lui déclarent la guerre, une surprise pour Hitler qui "n'a pas voulu cela", pas de sitôt.



cush a écrit :
A l'été 1939, Hitler doit déclencher sa guerre pour de multiples raisons, entre autres économiques (l'Allemagne est financièrement "sur les rotules") et il ne peut plus éluder, chaque mois qui passe voit l'URSS se renforcer et les puissances occdentales durcirent leur position (et elles aussi renforcer leur armée). Si les déclarations de guerre de la France et de l'Angleterre furent une surprise alors ce dut être pour lui une "heureuse" surprise!



Commode-le-clément a écrit :
Pour moi le pacte germano-soviétique ne prouve qu'Hitler veut une guerre à l'Ouest. Qu'il craint certainement les puissances Occidentales (même si quand on lit beaucoup d'auteur sur le sujet, disons le franchement, il prend les Alliés pour des pleutres).



CNE_EMB a écrit :
(...) un faisceau de présomptions qui ne sont pas des analyses par trop psychologisantes mais des faits ([...]exhortation à lancer une offensive dès novembre 1939 à plusieurs reprises [...]) montre qu'Hitler voulait d'un conflit avec la France.



Pierma a écrit :
Peut-être espérait-il que les alliés allaient reculer une fois de plus - après toutes les reculades précédentes c'est imaginable - mais il ne craignait sûrement pas d'être vaincu.



IsaacLevi a écrit :
Hitler faisait du bluff... il souhaitait mettre la pression sur les aristocrates britanniques dans l'espoir qu'ils se défassent de l'influence juive. Hitler savait bien qu'il ne pourrait pas à la fois conquérir l'est et en même temps bâtir une flotte conquérant les mers (il n'était pas fou!)... C'est pourquoi quelque part il a perdu la guerre au moment où les Anglais la lui déclarent, car il n'avait pas prévu cela... "il n'avait pas voulu cela"... il prend ça comme un coup de couteau dans le dos... d'ailleurs, quand Hess prend son envol en mai 41 pour convaincre les Anglais de revenir à la raison...



cush a écrit :
Hitler, qui dit dans Mein Kampf, que la France est l'ennemi héréditaire, qui prévoit de la faire plier et de la réduire à l'état de vassal imagine t-il que cette même France va tranquillement rester les bras croisés en attendant son tour?
(...)
Que vous pensiez qu'Hitler ait été pris au dépourvu et surpris par les réactions occidentales, libre à vous. Mais les faits sont tétus et tous les signes donnés par divers intervenant dans ce sujet montrent que la guerre avec l'ouest était non seulement inévitable mais encore voulue par Hitler.



IsaacLevi a écrit :
L'Angleterre réagit pour la première fois et s'engage ouvertement et signe une alliance avec la Pologne le 25 août.
C'est la veille de l'attaque de la Pologne fixée par Hitler. Hitler ne s'attendait pas à ça.... les Anglais finiront-ils par bouger finalement ? Il ne peut pas prendre ce risque... il doit tout revoir.... il convoque Ribbentrop, lui demande ce qu'il se passe... Ribbentrop le rassure... tout ria bien.... les Anglais n'interviendront pas. Il faudrait tout de même prendre soin de camoufler l'attaque de la Pologne, la présenter comme une action de légitime-défense, pour donner des arguments aux Anglais soucieux de ne pas intervenir. Ce sera fait. Hitler monte le "coup de Gleiwitz" : le 1er septembre, des déportés sont déguisés en soldats polonais qui attaquent une station radio allemande près de la frontière.... ils sont tués, leurs dépouilles exhibées aux actualités... l'Allemagne a son casus belli propre. L'Angleterre interviendra-t-elle ? Hitler est rassuré... le 1er septembre l'Angleterre ne bouge pas... tout va bien... le 2 septembre, toujours rien ! Hitler est ravi.... puis c'est la douche froide ! Le 3 septembre Hitelr reçoit un ultimatum... qui se transforme en déclaration de guerre.... c'est la stupeur dans le repère de Hitler ! Tout s'effondre... Hitler avait raison, il a céouté Ribbentrop, il le regrette... il se retourne vers lui et lui lance un "et maintenant?" plein de reproches... maintenant, il a une guerre sur deux fronts, c'est foutu ou presque...


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Message Publié : 16 Avr 2016 23:42 
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Polybe
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Inscription : 10 Avr 2016 21:26
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Ce débat est passionnant. Le sujet n'est pas nouveau puisque les historiens en ont déjà beaucoup parlé. Par exemple J. Fest, auteur d'une biographie d'Adolf Hitler. Il évoque « l'erreur d'Hitler quant aux dispositions guerrières de l'Angleterre ». Le mois de septembre 1939 fut un tournant dans la vie d'Hitler qui « s'était à ce moment laissé emporter dans une guerre à l'encontre de tous ses projets. » A la page 279 de la magistrale biographie on peut lire : « Si la pensée et les visées d'Hitler aspiraient presque exclusivement à la guerre, ce n'était pourtant pas celle qui commença le 3 septembre 1939 par la déclaration de guerre des puissances occidentales qu'il avait recherché. »

Hitler considérait que l'affrontement avec les puissances occidentales était inévitable. Mais il n'était pas souhaitable avant 1943 (Kershaw, 2000, p. 357).

Que faut-il penser du pacte germano-soviétique ? Il permet de neutraliser la menace qui pèse sur le flanc oriental de l'Allemagne. Je pense qu'il avait un effet dissuasif. Hitler pensait que le pacte dissuaderait l'Angleterre de déclarer la guerre à l'Allemagne. Si le pacte n'avait pas été signé, l'invasion de la Pologne par l'armée allemande aurait facilité la tâche de ceux qui, à Londres, encourageait Chamberlain à être très ferme vis-à-vis de Hitler. Ils auraient eu beau jeu de dire : "n'ayons pas peur de l'Allemagne ; si elle fait la guerre sur deux fronts, elle est vulnérable". Ce que Hitler n'avait pas osé croire, c'est que l'Angleterre était assez téméraire pour s'en prendre à l'Allemagne même si celle-ci parvenait, à l'aide d'un pacte, à neutraliser le flanc oriental.

Comme le dit un forumeur (marc30), Hitler a sans doute surestimé la pusillanimité et le pacifisme des démocraties occidentales. Pendant le mois d'août 1939 il a plusieurs fois expliqué à son entourage que cette pusillanimité était une chance pour l'Allemagne et qu'il fallait la saisir. Il est vrai que Ribbentrop l'a conforté dans cette orientation. Je suis étonné que personne sur le forum, hormis IsaacLevi, n'évoque le rôle déterminant de Ribbentrop.

Dans l'esprit hitlérien, l'Angleterre n'osera pas présenter un ultimatum à l'Allemagne. Une telle éventualité est peu probable. Mais elle n'est pas impossible. C'est donc un pari risqué qui est fait par Hitler. Il joue « le tout pour le tout ». C'est d'ailleurs le titre du chapitre dans lequel Ian Kershaw analyse ce moment cruciale. Et Kershaw d'ajouter « le parieur doit penser qu'il gagnera ».

Je me tiens à la disposition des forumeurs qui voudraient quelques précisions sur ce que dit Kershaw sur ce sujet capitale dans l'histoire de l'Europe.

C'est une grande déception pour Hitler quand la GB et la France présente l'ultimatum. Le témoignage de Weizsacker est tout à fait révélateur à cet égard. L'inquiétude de Goebbels est perceptible également.

Pendant les huit ou dix jours qui précèdent l'invasion de la Pologne, l'Allemagne a mené des initiatives diplomatiques pour inciter l'Angleterre à se désolidariser de la Pologne. N'est-ce pas la preuve que Hitler voulait éviter une confrontation avec l'Angleterre ?

Comme le dit un forumeur (IsaacLevi), Hitler n'avait nul besoin de s'inquiéter de la France puisqu'elle était à la remorque de l'Angleterre. Si l'Angleterre restait neutre, malgré ses obligations envers la Pologne, la France resterait tranquille.

Je me suis longuement interrogé sur l'agitation de Hitler pendant l'automne 1939. Pourquoi un tel empressement à lancer une offensive à l'Ouest malgré les réticences de ses généraux qui veulent attendre le printemps 1940 ? Je crois que la raison d'un tel empressement n'est pas difficile à deviner. L'Allemagne est officiellement en guerre depuis que la GB et la France ont déclaré la guerre le 3 septembre. Si la situation avait été différente Hitler n'aurait pas manqué de dire à ses généraux : "tout va bien pour nous, nous pouvons préparer tranquillement la guerre contre ces maudits Français ; nous les attaquerons quand le moment sera propice".

Une autre question mérite d'être soigneusement étudiée : pourquoi Hitler n'a-t-il pas accepté l'ultimatum présenté par la GB et la France en septembre ? Je pense tout simplement que cela était quasiment impensable. Cela aurait été un « signe de faiblesse » pour paraphraser Ian Kershaw. Hitler ne pouvait pas accepté une telle humiliation. Tout cela est bien expliqué dans le bouquin de cet excellent historien britannique.

Un forumeur évoque l'hypothèse selon laquelle la petite phrase "je n'ai pas voulu cela" serait un propos à usage interne, destiné à ses généraux, pour se donner le beau rôle. Je suis très dubitatif à ce sujet. Je suis convaincu que Hitler ne devait montrer aucun « signe de faiblesse » une fois que la guerre est déclarée. Il est sans doute préférable pour lui de montrer qu'il maitrise la situation et que le danger, même s'il est inquiétant, n'est pas insurmontable. S'il est indéniable que Hitler n'a pas réussi à cacher sa déception pendant les premiers instants, il a peut-être dû se ressaisir très rapidement et montrer qu'il avait confiance en l'avenir.

Depuis longtemps je m'interroge sur la passivité de l'armée française en septembre 1939. La plupart des divisions allemandes étaient engagées en Pologne. Hitler était-il étonné par la passivité des militaires français ? Je suppose qu'il a cru, après la double déclaration de guerre de la GB et de la France, à une attaque de l'armée française contre la ligne Siegfried. Pourquoi les Français ont-ils déclaré la guerre s'ils ne sont pas résolus à attaquer ? Hitler était probablement étonné (disons agréablement surpris) par la passivité de l'armée française.


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Message Publié : 27 Avr 2016 12:31 
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Lorsqu'il apprit l'arrestation d'Heinz Linge et d'Otto Günsche, Staline ordonna au NKVD de soumettre ces deux précieux prisonniers à un interrogatoire serré. Linge et Günsche sont ainsi cuisinés jusqu'en 1949 par Fiodor Parparov, lieutenant-colonel du NKVD.
Le rapport issu de ces interrogatoires fut remis à Staline le 30 décembre 1949. Tout ceci fut conservé dans les archives du Kremlin, jusqu'en 1994, date à laquelle l'historien allemand Matthias Uhl retrouva le document. Il fut publié en langue allemande sous le nom de "Das Buch Hitler". La traduction en français, réalisée par Danièle Darneau, fut publiée aux Presses de la Cité en 2006.
Un passage du dossier relate la colère d'Hitler en septembre 1939 :

Citer :
Hitler répondit par cette remarque :
- On va bien voir s'ils volent au secours de la Pologne. Ils vont encore se dégonfler.

Au matin du 3 septembre, Henderson et Coulondre remirent à Ribbentrop des notes communiquant que l'Angleterre et la France se trouvaient en état de guerre avec l'Allemagne. Hitler fut pris d'un accès de rage. L'écume aux lèvres, il se mit à arpenter le jardin d'hiver de long en large, en présence de Ribbentrop, Hess, Goebbels, Himmler et d'autres, en hurlant : Les Polonais sont une bande de bons à rien, des grandes gueules ! Les Anglais le savent aussi bien que nous. (...) C'est inouï, nous présenter les Tchèques et les Polonais, cette racaille qui ne vaut pas plus cher que des Soudanais ou des Indiens, comme des Etats souverains. (...) C'est une incroyable infamie !


Pendant leurs années de captivité, Linge et Günsche n'avaient pas oublié la déception d'Hitler au début de la guerre. Mais je crois qu'ils se sentaient obligés d'exagérer la colère du dictateur. Sans doute craignaient-ils Fiodor Parparov. Les interrogatoirs de ces deux hommes par le NKVD ont fait l'objet d'un excellent documentaire réalisé par Jean-Charles Deniau et Stéphane Khémis: http://www.france3.fr/emissions/documen ... 2-a_117314
Je ne peux pas imaginer Hitler hurler de la sorte en présence de Ribbentrop et autres chefs nazis. Nous savons que ces derniers étaient au complet en ce jour fatidique (voir le témoignage de Paul-Otto Schmidt).
A ma connaissance Linge et Günsche sont les seuls à mentionner les hurlements d'Hitler lors de la déclaration de guerre.
Nous savons que le document de Henderson et celui de Coulondre n'ont pas été remis à Ribbentrop. Ils ont été remis à Schmidt qui les a transmis à Ribbentrop. Il faut pardonner à Linge et Günsche d'avoir oublié ce détail. Avec les années qui passent les souvenirs s'estompaient.

Que faut-il penser des propos rapportés par Linge et Günsche : "On va bien voir s'ils volent au secours de la Pologne. Ils vont encore se dégonfler." Hitler a-t-il vraiment parlé ainsi lorsque la France et la GB ont exigé le retrait des troupes allemandes ? Cela me semble crédible eu égard au contexte de l'époque (voir mon post du 16 avril). Même si je ne suis pas certain qu'il a prononcé ces paroles, je suis persuadé qu'il n'en pensait pas moins.





Guido Knopp est l'auteur d'un excellent ouvrage intitulé "Hitler - Eine Bilanz" traduit en français aux éditions Grancher sous le titre "Hitler". Même s'il n'est pas un historien, Guido Knopp a lu les travaux des spécialistes et a parfaitement compris la personnalité d'Hitler. A la page 220 de son bouquin on peut lire :
Citer :
Secrètement, Hitler espérait que les Occidentaux ne réagiraient pas davantage à l'invasion de la Pologne qu'ils ne l'avaient fait lors de l'entrée des troupes allemandes en Tchécoslovaquie. Il ignorait toutefois que, à la différence de ce qui s'était passé en 1938, la Grande-Bretagne était cette fois déterminée à garantir l'existence et la souveraineté de la Pologne dans le cas d'une menace évidente.


A la page 221 Guido Knopp évoque la "fébrilité" du dictateur le matin du 3 septembre alors qu'il attend la réaction de la France et de la GB. Si Hitler est "pour le moins fébrile" c'est qu'il n'est pas certain de gagner son paris. Il joue le tout pour le tout comme dirait Ian Kershaw.


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Message Publié : 27 Avr 2016 14:19 
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Iturraspe a écrit :
A la page 221 Guido Knopp évoque la "fébrilité" du dictateur le matin du 3 septembre alors qu'il attend la réaction de la France et de la GB. Si Hitler est "pour le moins fébrile" c'est qu'il n'est pas certain de gagner son paris. Il joue le tout pour le tout comme dirait Ian Kershaw.

Son pari. (Paris viendra plus tard.)

Il ne joue pas le tout pour le tout. Cette expression signifie qu'il fait tapis et que si les Alliés lui déclarent la guerre il perd tout. Or ce n'est absolument pas le cas : il a les moyens militaires de sa politique. Il n'a absolument rien à craindre.

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Message Publié : 27 Avr 2016 18:49 
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Hitler considérait que l'affrontement avec les puissances occidentales était inévitable. Il avait songé à la guerre contre l'Ouest autour de 1943-1945, et contre l'Union soviétique un peu après (Kershaw, 2000, p. 357). Lorsque Hitler donne l'ordre aux militaires de lancer l'attaque sur la Pologne, on est encore loin de l'année 1943.

Dans l'esprit hitlérien, les dirigeants anglais n'auraient pas le courage de voler au secours de la Pologne par le biais d'un ultimatum à l'Allemagne.

Tout se joue le 3 septembre. A la page 221 du livre de Knopp on peut lire : « cette double déclaration de guerre est un choc pour Hitler. »


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Message Publié : 27 Avr 2016 20:47 
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Iturraspe a écrit :
« cette double déclaration de guerre est un choc pour Hitler. »

On le comprend ! Entre l'armée de terre anglaise qui n'existait pas et l'armée française, à peine réarmée, et qui ne pouvait pas traverser la Belgique (neutre) il devait être terrifié !

(C'est cette situation qui me laisse penser qu'il a pu croire que les Alliés reculeraient une fois de plus. Après tout, ce n'était pas un problème de déclarer la guerre à la France après avoir écrasé la Pologne : il suffisait de fabriquer un prétexte. A noter qu'il s'est même donné le mal d'en fabriquer un pour la Pologne, avec la fausse attaque polonaise de Gleiwitz, dont on se demande vraiment à quoi elle pouvait servir. Convaincre le peuple allemand qu'il n'était pas l'agresseur ?)

Preuve qu'il ne croyait absolument pas à la combativité des Alliés : il envoie pratiquement toute son armée en Pologne sans se soucier du front ouest. Et il a raison, malgré les inquiétudes de ses généraux. (Noter aussi qu'il a des services de renseignement, mauvais certes, mais pas au point de ne pas détecter la préparation par les Français d'une offensive de grand style. Parions même que si les plans de l'offensive de la Sarre ne lui sont pas connus, en revanche il connaît à peu près le temps nécessaire à la mobilisation complète de l'armée française, alors que la sienne est déjà à pied d'oeuvre.)

Je ne crois pas à cette histoire de guerre prévue pour 1943. D'abord, à peine a-t-il pris Varsovie qu'il ordonne l'offensive à l'ouest, ce qui n'est pas la marque d'un esprit inquiet sur l'état de préparation de son armée. Elle était prête pour la guerre contre la France et il le savait parce que c'est ce qu'il voulait. Mais surtout, dans son agenda il y avait les Bolcheviks, et ceux-là il ne pouvait pas se permettre de les laisser se préparer jusqu'en 1943. (Dans les faits il attendra pour prendre l'offensive contre la France, un peu à cause de la météo mais surtout parce qu'il attend que son état-major lui trouve un plan décisif, ou en tout cas qui lui donne un avantage initial conséquent. Au passage on prendra le temps de corriger les quelques défauts constatés en Pologne dans l'organisation des Panzerdivisionen, ce qui ne peut pas faire de mal.)

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Message Publié : 28 Avr 2016 22:13 
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Merci Iturraspe de relancer un peu le débat.

Je pense pour faire court que le meilleur argument pour dire qu'Hitler ne voulait pas de guerre avec l'Angleterre est que ce n'est tout simplement pas Hitler qui a déclaré la guerre à l'Angleterre et à la France, mais c'est bien l'inverse.

D'autre part, j'aimerais savoir quelles sont les propositions que Hitler a faites à l'Angleterre le 27 août 1939 ? il devait s'agir des conditions que Hitler fixait pour éviter la guerre avec la Pologne. Ces propositions étaient secrètes. Je ne me souviens pas en avoir entendu parler, pourtant je les ai lu évoquées par Ciano (ministre italien des affaires étrangères) : "les Anglais nous communiquent de propositions faites par les Allemands à Londres - où il en est fait grand état - et que IGNORIONS absolument. Voilà qui est fort : Hitler propose aux Anglais une alliance ou presque et naturellement à notre insu (...) Halifax (ministre anglais des affaires étrangères) m'assure qu'il ne rejette pas l'offre allemande à condition de pouvoir maintenir ses obligations envers la Pologne (...) Loraine (ambassadeur anglais à Rome) me communique le résumé de la réponse anglaise. Elle n'est pas mauvaise et laisse même la porte ouverte à de multiples possibilités. D'autre part sous l'influence des Anglais la Pologne s'est résignée à plus de docilité. C'est peut-être là que se trouve la clef de toute la situation".


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Message Publié : 29 Avr 2016 12:47 
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Comparaison n'est pas raison, mais :
1) les Allemands, en février 1919, ont été contraints d'arrêter leur contre-offensive contre les Polonais sous la pression des Alliés occidentaux, ce qu'ils n'ont pas fait en 1939 ;
2) Hitler avait prévu, en avril 1936, de procéder à une retraite des maigres forces qu'il avait déployées en Rhénanie en cas de réaction ferme des Français, ce qui souligne qu'il n'était pas hermétique au concept du coup de poker, mais qu'en septembre 1939 la reculade n'a pas été retenue ;
3) il est évident qu'il a pu envisager que les puissances occidentales ne reculeraient pas en septembre 1939 comme elles l'avaient fait avant, ne serait-ce qu'à titre d'hypothèse. Et il a donc dû déterminer en amont son attitude en un tel cas ;
4) le pacte germano-soviétique du 23 août 1939 en est une confirmation. C'est une garantie obtenue justement pour dissuader les puissances occidentales de lui faire la guerre, et surtout pour se mettre en état de la gagner si elle venait à éclater. Cela témoigne de sa préparation au conflit ;
5) son attitude très pugnace, relançant sans cesse l'OKH pour qu'il déclenche une offensive dès novembre 1939, souligne assez qu'il ne craignait pas le sort d'une campagne.

Il est donc évident qu'Hitler savait ce qu'il faisait, qu'il était prêt à un affrontement militaire avec les puissances occidentales, voire même qu'il le désirait.
Le reste est littérature, posture d'acteur et souvenirs imprécis et partiels (partiaux ?).

CNE EMB

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