Arkoline a écrit :
Les préparatifs de "Barbarosa" commencent en décembre 1940, c'est à dire quelques mois après la victoire contre les Français.
Il n'existe aucune preuve que Hitler aurait déclenché une offensive contre la Russie si la France n'avait pas été vaincue au préalable.
C'est faux, bien entendu. La décision d'attaquer l'URSS est prise formellement entre le 13 et le 29 juillet 1940. Les préparatifs commencent immédiatement. Ce n'est que la formalisation du plan d'invasion qui date du 18 décembre 1940, mais les cinq mois qui précèdent sont très intensément mis à profit par l'Allemagne pour préparer cette attaque.
En revanche, Hitler n'aurait jamais attaqué l'URSS sans avoir sécurisé son flanc continental occidental, de cela nous pouvons être d'accord.
D'un autre côté, il l'a bien fait alors même que le Royaume-Uni n'avait pas désarmé (et peut-être même l'a-t-il fait à cause de cela).
Vous vous reposez beaucoup sur des témoins qui rendent compte de l'attitude d'Hitler ou des mots qu'il a pu prononcer alors même que ceux-ci, par leurs contradictions et leur opposition avec ce qu'on sait d'Hitler, s'avèrent le plus souvent de très mauvaises sources.
Ce qui est sûr :
- l'Allemagne agresse la Pologne le 1er septembre 1939, après avoir minutieusement préparé son coup depuis avril 1939 et mobilisé son armée à compter du 26 août 1939. Elle a notamment signé un pacte à la portée décisive le 23 août 1939 avec l'URSS pour être sûr de ne pas compter ce pays dans les rangs de ses ennemis, et au contraire pour qu'elle puisse bénéficier de ses matières premières. Ces considérations de portée stratégique (notamment économiques) sont bien entendu à prendre en compte dans le cadre d'un conflit avec les puissances occidentales, puisque l'Allemagne n'a pas besoin de l'URSS pour régler le sien à la Pologne ;
- le Royaume-Uni et la France, comme ils s'y étaient engagés en mai précédent, déclarent la guerre à l'Allemagne les 2 et 3 septembre 1939 ;
- l'Allemagne, contrairement à février 1919, ne fait pas marche arrière et continue ses opérations contre la Pologne. Hitler aurait bien entendu pu tout arrêter - comme l'avaient fait Ebert et Hindenburg en février 1919 sous la pression des Alliés, et comme lui-même l'avait envisagé lors de la remilitarisation de la Rhénanie en mars 1936 - si jamais la déclaration de guerre susmentionnée lui avait paru plus problématique que les avantages retirés de son offensive ;
- Hitler veut mettre la France hors-jeu de manière définitive en raison de sa Weltanschauung la concernant, clairement décrite dès 1925. Et pour cela il est plus que très probable qu'il ne voit qu'un seul moyen d'arriver à ses fins : un conflit direct avec elle.
Tant la préparation minutieuse et méthodique de l'agression, qui culmine avec la signature du pacte germano-soviétique du 23 août 1939, que le fait qu'il n'ait à aucun moment envisagé de l'arrêter malgré les déclarations de guerre conjointes du Royaume-Uni et de la France (ou alors : sources ?) semblent prouver qu'Hitler avait accepté le principe d'une guerre contre les puissances occidentales à l'automne 1939.
Ce sont des faits, vérifiables et interprétables.
Les pleurs d'Hitler, ses crises de panique, la déclaration à son berger allemand qu'il n'aurait jamais voulu cela ou le fait qu'il ait paru déprimé dans le couloir menant de son bureau aux toilettes le 3 septembre 1939 à 14 heures, il est bien plus difficile d'en déduire quoi que ce soit compte tenu des talents de dissimulation et de comédien du Führer.
CEN EdG