Barbetorte a écrit :
Les carottes étaient cuites mais l'Allemagne restait en état de se battre. Qu'on me corrige si je fais erreur, je crois savoir que l'industrie d'armement allemande a produit plus en 1944 qu'en 1940 malgré les bombardements, ce qui a été possible par l'exploitation des ressources des pays occupés, la France au premier chef.
Davantage en 44 qu'en 40 c'est la moindre des choses. En 44 l'Allemagne atteint son record de production d'armement pour toutes les années de guerre - c'est le cas d'ailleurs pour tous les belligérants, mais c'est un tour de force pour l'Allemagne, qui la même année mène aussi à bien la mise à l'abri de ses usines, soit décentralisées et camouflées, soit en utilisant toutes les installation souterraines possibles, les mines désaffectées, les tunnels de chemin de fer - détournés - et jusqu'à certaines sections du métro de Berlin.
Pourtant - on le sait peu - la production allemande de chars est inférieure à la production soviétique dès 1942, et largement surpassée en 43, avant une augmentation très nette en 44. (Speer fait des miracles - le malheur veut que le ministre de l'armement du Reich soit un organisateur remarquable.)
Voici les chiffres 1943 puis 1944 pour les principaux belligérants, hors Japon, pour les chars et les avions : (Source : Philippe Masson, Une guerre totale. chap. "des armes et des armées" tableau récapitulatif p.377)
CHARS : (et canons d'assaut)
Allemagne : 12 000 puis 19 000
USA : 29 000 puis 18 000
Angleterre 7500 puis 4500
URSS 24 000 puis 29 000
AVIONS :
Allemagne 25 000 puis 40 000
USA 86 000 puis 96 000
Angleterre 26 000 puis 26 000
URSS 37 000 puis 40 000
(Ici la Luftwaffe est complètement surclassée, compte-tenu des pertes, en particulier à l'est. Sur le front ouest elle restera malgré tout active jusqu'à la fin, il suffit de lire Clostermann.)
A partir de la toute fin 44 la production d'armements allemande s'effondre, du fait de la guerre aux transports menée par l'aviation alliée : les ateliers produisent, mais l'approvisionnement des usines d'assemblage par les sous-traitants est bloqué. La Ruhr, en particulier, est complètement encagée.
Citer :
En outre, si la population allemande pouvait déplorer les soldats morts au combat, elle n'a pas subi de restrictions. Les magasins étaient approvisionnés, les services publics fonctionnaient. De la sorte, la propagande aidant, l'arrière a tenu, ce qui est important.
Elle n'a pas subi de restrictions - jusqu'à la libération de la France - mais en revanche elle a subi les bombardements. Anglais et Américains s'étaient donné pour objectif TOUTES les villes allemandes de plus de 100 000 habitants, les plus grandes zones urbaines étant d'ailleurs bombardées à plusieurs reprises. (ça commence avec Hambourg, qui subit 7 raids massifs en 10 jours, à l'été 43 - et devient la première ville allemande à étrenner le phénomène de la tempête de feu.)
Cela dit vous avez raison, l'arrière a tenu. (Il est vrai que l'augmentation des effectifs industriels repose assez peu sur les femmes allemandes, et porte plutôt sur les réquisitionnés et les déportés de toute l'Europe.)