Faget a écrit :
Il y a quand même le problème non résolu de l'obstination de Staline qui recevait à Moscou toutes les rumeurs recueillies par les ambassades soviétiques dans le monde plus son service de renseignement qui déjà à l'époque n'était pas mauvais du tout. Je ne sais si des auteurs ont proposé une explication à ce manque de méfiance.
Sans doute pas un manque de méfiance, plutôt une méfiance mal orientée. On peut aussi avancer d'autres hypothèses à ce manque de "lucidité": en juin 41, Staline doit prendre en compte certains paramètres qu'il ne faudrait pas oublier:
- performance médiocre de l'armée rouge en Finlande
- impréparation du corps des officiers supérieurs (les purges sont passées par là)
- tout au contraire, efficacité et rapidité de l'armée allemande en juin 40 (avec en prime la grande victoire sur "la première armée du monde")
- l'URSS peut se voir (et avec quelques raisons) comme le fournisseur de matières premières du Reich, celui qui permet à Hitler de continuer le combat contre l'empire britannique
Bref, Staline a tout intérêt à temporiser (il semble qu'il estimait à 1943 l'année du choc possible). Il sait aussi que l'URSS est la seule chance de l'Angleterre sur le continent.
Autant de facteurs qui peuvent l'induire en erreur sur les signes avant-coureurs, en particulier s'ils viennent pour partie de l'Anglais.
C'est un raisonnement logique et rationnel, surtout en 1941.
Quand aux espions et aux rumeurs...
Enfin, et comme le dit si bien Cne, il est assez amusant de constater que d'après beaucoup de post ici, le monde entier était informé sauf l'Italie, le Japon et quelques autres qui ne sont après tout que les alliés de l'Allemagne.
En 1941, Staline est logique et rationnel: Hitler n'a aucune raison d'attaquer l'URSS, du moins pas encore. Il lui faut d'abord faire plier l'Angleterre de façon à éviter la guerre sur deux fronts qui a toujours été fatale à l'Allemagne.
Si on poursuit le raisonnement, on peut aussi imaginer un Staline intervenant en 1943 avec une armée reconstruite, au moment ou l'Angleterre fléchit mais avant qu'elle ne succombe... De toutes façons, le combat contre l'Angleterre aurait demandé des ressources telles (marine, aviation...) que l'industrie allemande en aurait tout autant été saturée qu'elle l'a été par les demandes en armement terrestre dans le combat contre l'URSS. A ce jeu, celui qui intervient à la bonne heure remporte le gros lot au moindre coût.
Staline était sans aucun doute un tyran sanguinaire mais en faire un idiot aveugle est à mon avis tout à fait ridicule.