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Son "plan" ne lui a permis ni d'être élu président ni d'accéder à la chancellerie.
A la fin du mois de janvier 1933, il ne vous aura pas échappé qu'il a réussi à accéder à la chancellerie et à ne plus jamais la quitter…
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Après cet échec électoral il se raccroche à l'espoir d'être chancelier avant la fin de l'année, une hypothèse catégoriquement rejetée par Hindenburg. On imagine la détresse des amis d'Adolf Hitler. Il faudrait un coup de chance inespéré pour accéder à la chancellerie. C'est ce qui va se passer avec la « manœuvre » improbable du 29-30 janvier. Une manœuvre qui n'avait pas lieu d'être si Papen n'avait pas été jaloux de Schleicher. Papen était consterné de la nomination de Schleicher par Hindenburg. Papen devait donc intervenir auprès du président de la république pour faire dégager Schleicher.
Mais cela AH l'a très bien compris et, finalement, il n'attendait que cela. Ses proches - et lui-même - ont joué de ces rivalités pour qu'elles servent le NSDAP au final. Papen n'est qu'un pantin entre les mains des nazis et sa proximité avec le vieux maréchal est la seule raison qui les intéresse. D'ailleurs, ils savent très bien qu'il a besoin des sièges du NSDAP au
Reichstag pour avoir une majorité, même relative. Le DNVP et le Zentrum, dans une moindre mesure, sont déjà noyautés par le NSDAP. Ce n'est qu'une question de temps !
Enfin, quoi ! depuis 1930 les institutions de la République de Weimar sont paralysées et ressemblent à des jouets cassés et aucune majorité ne se dégage pour soutenir un cabinet. Que fait-on alors ? On appuie la responsabilité du gouvernement sur président de la République et on gouverne par décret-loi. La Constitution le permettant, pourquoi revenir en arrière ? Par ailleurs les rêveurs du calibre de Ebert et de Stresemann sont morts, donc ?
Il n'y a pas besoin d'être un génie pour observer et remarquer que le régime est à son agonie et que les proches d'un Hindenburg - même réélu en 1932 - n'ont cure de maintenir la République de Weimar.
Le passé d'Hitler et (certaines) des idées véhiculées par le NSDAP gênent quelque peu le vieux président monarchiste. Mais au final, qui est l'ennemi commun ? Les communistes et, bien entendu, la démocratie libérale, totale hérésie (qui pourrait voir la KPD l'emporter au final…) pour les traditions politiques germaniques.
Hitler a volontairement fait croire (comme Louis Napoléon Bonaparte à Thiers un peu plus tôt ?) aux conservateurs qu'il ne serait pas dangereux. Papen a gobé une sornette aussi grosse, car il était aveuglé par le fait de revenir aux affaires, mais même le poste de chancelier (alors qu'il l'a déjà été !), il ne l'obtient pas.
Si Hitler et les nazis avaient vraiment été entre les mains de Papen, son jouet, jamais ils n'auraient obtenu le poste suprême.
Pourtant, ils l'ont eu. Qui a été le dindon de la farce ?
D'ailleurs, même sans Papen, Hindenburg n'avait aucune solution en janvier 1933 pour former un gouvernement duquel les nazis - représentant près du tiers des députés du
Reichstag - auraient été exclus. Cela fait alors des mois que la crise politique perdure, il faut trouver une solution. Qui a rendu ce choix impossible ? La stratégie hitlérienne.
Schleicher est mort politiquement en décembre 1932 : traité de "démagogue" par la bourgeoisie et les grands patrons allemands (suite à des promesses abracadabrantesques sur les salaires des ouvriers) et tentant de scinder le NSDAP en deux, il apparait comme un "combinard" qui n'est pas la solution. Faut-il aussi rappeler que lorsque Papen devient chancelier il légalise à nouveau les SA, sous la pression de Schleicher, et discute avec Hitler pour former son gouvernement. Ce dernier lui demandant le poste suprême (à vérifier, ma mémoire me joue peut-être des tours), qu'il lui refuse, l'accord de gouvernement capote. Le scénario se reproduit avec Schleicher, qui ne veut pas d'Hitler dans son gouvernement, mais joue la carte Strasser. C'est à nouveau un échec.
Bref, c'est le NSDAP et Hitler qui mènent la danse dans la vie politique allemande depuis 1930 (et encore plus en 1932) et non l'inverse !
Dans ce que vous relevez, Papen ne fait rien d'autre que de reproduire ce que Schleicher avait tenté - sans succès - en son temps.
Schleicher lorsqu'il comprend qu'Hindenburg ne le gardera pas un 3ème mois comme chancelier, lui conseille de faire appel à un certain Adolf Hitler au poste de chancelier.
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Mais c'est sans doute la désagrégation de la république de Weimar qui lui a donné l'occasion d'être chancelier.
Personne ne dit le contraire.
Mais qui permet à cette désagrégation de s'accélérer ? Lui, bien entendu.
Le front de Harzburg, cela vous dit quelque chose ?
Refuser de soutenir tout gouvernement qui ne permet pas au NSDAP d'intervenir cela constitue quoi selon vous ?
Entrainer les partis de gouvernement dans le rejet du plan Young en 1929 - pour les décrédibiliser et les remplacer sur la scène politique - cela ne vous parle pas ?
En j'en passe…
Vous semblez confondre crise économique et sociale avec crise politique. Or la seconde est essentiellement due aux manœuvres du NSDAP et de son
führer, pas au mois de janvier 1933, mais depuis 1924, avec une montée en puissance très nette à partir de 1928.
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Le 10 août 1932 Hindenburg avait déclaré à son entourage : « Faire d'un caporal bohémien le chancelier du Reich, ce serait du propre ! » Dans ces conditions Hitler est condamné à rester un personnage secondaire. Seul l'intervention d'un deus ex machina peut le conduire à la chancellerie.
Mais enfin, depuis quand des propos ("volés" et reproduits par des tiers ensuite…) d'un chef d'Etat sont à prendre au pied de la lettre ? N' avait-on pas déjà entendu murmurer un certain Louis XVI le 10 juillet 1789 au sujet d'un autre certain Necker qui ne devait jamais être rappelé aux affaires ? Que dire d'un Rocard nommé Premier ministre par un président de la République qui le détestait ? Comment qualifier l'attitude d'un Kerenski qui arme à nouveau les bolcheviks - ses ennemis jurés - contre le risque d'un putsch des troupes monarchistes de Kornilov ?
Enfin, bon, combien de chefs d'Etat se sont parjurés dans l'Histoire ? Des milliers, si ce n'est davantage.
Les propos d'Hindenburg - s'il les a vraiment prononcés - signifient seulement qu'il n'aime pas le personnage d'Hitler. Et ensuite ?
L'a-t-il seulement destitué ensuite ? Lorsqu'il a suspendu toutes les libertés individuelles et collectives après le f(u)ameux incendie du
Reichstag ? Lorsqu'il a ouvert les premiers camps de concentration ? Lorsqu'il a nettoyé les "gêneurs" de 1934 (faut-il nommer les officiers supérieurs de l'armée - dont Schleicher - qui ont été liquidés avec les SA ?). Non, bien entendu, nous le savons tous, jamais Hitler n'a même été "recadré" par Hindenburg, alors limogé, n'y pensons pas...
On dira que ces propos ne veulent pas dire grand chose dans la question qui nous occupe et ne peuvent constituer un tel argument d'autorité pour nous faire croire que le vieux maréchal (cela me fait penser à un autre quelques années plus tard) aurait été berné par un politique jaloux et que Hitler, dans tout cela, n'aurait été qu'un honnête courtier se trouvant là par hasard.
Cela révèle de réticences, certes. Mais aucune véritable opposition.
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Il a donc fait ce qu'aurait dû faire n'importe quel homme qui est chef d'un parti politique. Qu'y a-t-il de plus normal — quand on est chef de parti politique — que de garder les collaborateurs qui peuvent s'avérer utiles ?
Rien d'anormal, bien au contraire. Par contre, un bon nombre de chefs de partis politiques (d'aujourd'hui ou du passé) n'ont pas fait preuve de cette "normalité".
On peut par contre se questionner sur la lucidité - ou la "normalité" - des chefs du
Zentrum et du DNVP (Hugenberg cité plus haut) entre 1928 et 1933.
Ils ont cru renaitre en se jouant d'un NSDAP montant - faisant au passage des choix très discutables, tout en entrainant l'explosion de leurs partis (en offrant aux nazis une respectabilité publique, ainsi qu'un canal de sympathie et une force de frappe médiatique incroyable) - et ont participé à creuser leur tombe.
Vous conviendrez que cela fait (un peu) beaucoup pour un type qui se trouvait là - presque - par hasard !