makno a écrit :
Je ne sais pas si cet argument de vouloir faire disparaître jusqu'aux restes des victimes dans une mystique exterminationiste n'est pas une construction a posteriori.
On sait que le délire exterminateur des nazis les a conduit à des actes illogiques (par rapport à notre logique), mais pour le coup, je pense qu'ils étaient plus motivés par :
1 rendre les terres propices à une future colonisation, ou du moins mise en valeur
2 effacer les traces de leurs actes, pas forcément compte tenu d'une probable défaite, mais plus par rapport aux générations futures de leur reich millénaire qui n'aurait pas forcément compris les agissements de la "mission" que les nazis étaient en train de mener
En ce qui concerne les 2 arguments suivants : faire disparaitre toutes traces de leurs victimes et effacer les traces de leurs crimes, il y a un très gros obstacle : la très tatillonne obsession administrative des allemands. Leurs administrations ont conservé des tonnes de documents administratifs signalant qu'Untel a été arrêté à tel endroit. Qu'ensuite, il a passé dans tel camp de transit. Puis qu'il est parti pour telle destination dans tel convoi. Qu'il est bien arrivé et qu'il a bien été pris en charge, ... Du moins en ce qui concerne tout ce qui était géré en-dehors de l'aktion Reinhardt. Celle-ci vidant des ghettos entiers, elle n'a pas pris le temps de tout enregistrer. C'est d'ailleurs l'un des reproches que firent les administrateurs des zones où elle officiait. Ils se sont plaint à divers niveaux en émettant l'hypothèse que ce manque de transparence pouvait masquer des détournements de fonds. De plus, ils devaient couvrir certaines actions et certains frais. Quand ils recevaient l'ordre de mettre à disposition un train pour vider tel ghetto, comme il n'y avait pas de pièce administrative, ils n'arrivaient pas à justifier la dépense envers leurs comptables, et cela perturbait le bon fonctionnement de leur administration... Mais, l'aktion Reinhardt s’autofinançait grâce à ce qu'elle confisquait à ses victimes. On peut dire que ce furent les juifs qui payèrent leurs bourreaux et leur disparition.
EN ce qui concerne les juifs déportés par la voie "classique", toutes les pièces administratives font le "bonheur" des historiens qui remontent la trace de ces juifs "disparus". Voici par exemple, le cas des juifs d'Herrlisheim-près-Colmar :
Les Stolpersteine en trois questionsChristophe Woerhlé, historien, a retrouvé la trace de 24 victimes des nazis originaires de ce village où existait una assez forte communauté juive.
Le cas de l'Alsace est assez particulier. Aucun juif n'y a été déporté. En fait, au moment de l’annexion de l'Alsace, les juifs alsaciens furent expulsés, dès juin 1940. Ils furent transportés en camion jusqu'à la frontière vosgienne où ils furent débarqués. Et ils furent raflés par la suite sur le territoire français.