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Message Publié : 29 Sep 2019 23:34 
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Jean Froissart
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Inscription : 29 Jan 2007 8:51
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Je voudrais dans ce nouveau fil attirer votre attention et particulièrement Pierma sur le cas Adrien Tixier. Je vous renvoie tout d'abord vers sa biographie de Wikipedia : Ici

Mais ce qui m'intéresse ici c'est son attitude vis-à-vis de De Gaulle, d'après ce qui est dit tout au long de l'ouvrage que j'ai cité maintes fois sur ce forum : François Kersaudy, De Gaulle et Roosevelt. Le duel au sommet, Tempus Perrin, 2006.

En effet dans le fil sur les 12 marins français arrêtés par les Américains en 1942, citant Kersaudy, (Ici je disais :

Oulligator a écrit :
Sachant que Tixier n'hésite pas de son côté à "descendre", à plusieurs reprises, le Général et la France libre aux États-Unis (c'est en tout cas ce que dit Kersaudy à plusieurs reprises)


Ce à quoi avait répondu Pierma sur le même fil :

Citer :
Là il y a un souci. Tixier est le représentant officiel de la France Libre aux Etats-Unis.



Je mets quasiment en intégralité les passages qui me semblent aller dans le sens de la thèse qui montre un Adrien Tixier sinon antigaulliste du moins avec une attitude très ambiguë...


François Kersaudy a écrit :
«La première tâche ne sera pas la plus simple : pour présider une nouvelle délégation, Pleven pense d’abord à Alexis Léger, au philosophe catholique Jacques Maritain à Jean Monnet - qui refusent tous les trois. Pour finir, sur recommandation de l’ambassadeur de Grande-Bretagne Lord Halifax, il contacte Étienne Boegner, jeune industriel et fils du pasteur Marc Boegner *, ainsi qu’Adrien Tixier, ancien syndicaliste socialiste et haut fonctionnaire au Bureau International du Travail; il s’adresse également à l’écrivain et journaliste franco-américain Raoul Roussy Sales, aussi célèbre aux États-Unis pour ses écrits politiques que pour son illustre ascendance. Tous trois acceptent sans grand enthousiasme - aucun d’entre eux n’étant gaulliste -, et Pleven leur adjoindra de Sieyes, ainsi que le jeune Raoul Aglion comme secretaire general. Roosevelt et Hull ayant refusé de le recevoir, Pleven s’entretient avec Hopkins, Stimson, le vice-président Henri Wallace et le ministre des Finances Morgenthau, mais il obtient partout la même réponse : il n’est pas question de reconnaître le Comité national, en conférant à la délégation un quelconque statut diplomatique. (p.90)


François Kersaudy a écrit :
Du reste, le président, dont les services secrets sont fort bien introduits au sein de délégation de la France libre note que les représentants du général de Gaulle continuent a s’entendre aussi mal que possible : après la querelle entre Sieyès et Garreau-Desbasle, ce sont maintenant Boegner, Tixier et Roussy de Sales qui s’entre-déchirent; pire encore, ils se répandent tous trois en propos hostiles au Général lui-même, qu’ils sont pourtant censés représenter! Le cas le plus extraordinaire est sans doute celui de Tixier, Vieux syndicaliste caractériel que de Gaulle a nommé chef de délégation. L'amiral Muselier écrira plus tard que Tixier «prenait parfois des initiatives contraires à ses instructions et à nos directives générales». Pour une fois, le fougueux amiral fait preuve de retenue, car ce que les Américains peuvent constater est bien plus calamiteux encore; le 26 février 1942, le secrétaire d’État adjoint Adolf Berle note que Tixier, venu l’entretenir du problème de l’aéroport de Pointe-Noire et de la demande concernant les huit avions Lockheed, lui a montré le télégramme d'instructions du Général, en lui avouant qu’il avait conservé le télégramme pendant trois jours avant d’oser le lui présenter», en ajoutant, pour mieux marquer sa désapprobation, qu’il extrêmement difficile de traiter» avec le Comité français de Londres». Un mois plus tard, Tixier, s’étant rendu à Londres pour s’entretenir avec le Général, rencontre le chargé d’affaires de l’ambassade des États-Unis, qui télégraphie au Département d’État : «Tixier est d’avis que ni le gouvernement britannique ni le notre ne comprennent la situation en France, et que le général De Gaulle et son entourage au Carlton Gardens sont tout aussi dénués de sens des réalités. [...] Les ferments de résistance en France ne se trouvent que dans “ le peuple ”. De Gaulle et ceux qui le suivent, dit-il, n’ont aucun contact avec “ le peuple ”. [...] Il trouve que ceux qui sont au QG de la France se préoccupent tant de leurs “ petites querelles mesquines” qu’ils sont hors d’état de donner au mouvement l'action “désintéressée” qui lui est nécessaire». Comment s’étonner après tout cela que le New York Times, toujours bien informé, ait pu écrire peu après : Il y a des signes de désintégration jusqu’à l’intérieur de la délégation gaulliste à Washington...» ? (p. 121-122)




Astérisque de bas de page dans un dialogue entre le général et E. Boegner (p. 127) :

François Kersaudy a écrit :
Le général De Gaulle semble faire une confiance totale à Adrien Tixier sans avoir pris la mesure de son antiaméricanisme... et de son antigaullisme.»




François Kersaudy a écrit :
«En d'autres termes, il s’est retrouvé à Washington, où il a adressé au Département d’État entre le printemps et l'automne de 1942, plusieurs mémoires dénonçant le «fascisme» du général de Gaulle... Quant aux représentants de la France libre à Washington, il continue à défendre la cause du Général avec des arguments pour le moins ambigus ainsi que le notera Sumner Welles dans un mémorandum du 28 septembre : «M. Tixier a affirmé que tout le problème venait du fait que le général De Gaulle n'était jamais allé aux États-Unis, ne connaissant rien des États-Unis en dehors de leur histoire militaire, et ne parlait même pas l’anglais. Il a ajouté que dans ces conditions, il était naturellement difficile pour le général de Gaulle de comprendre l’opinion publique de ce pays de même que l’attitude et la politique de son gouvernement.» (p. 151)



François Kersaudy a écrit :
admirera la patience et la sérénité du général De Gaulle à cette occasion... Mais deux jours plus tard, soupçonneux, il écrit au même Tixier:« J’ai l'impression qu’une certaine équipe franco-américaine s'efforce d’empêcher ou de saboter d’avance la rencontre prévue entre le président Roosevelt et moi-même. C’est la même bande qui a jusqu’à présent réussi a empêcher toute entrevue. Je ne sais pas si vous avez le moyen de faire dire cela au président en personne. Si vous avez ce moyen, il y a lieu de l’employer tout de suite. Je suis très désireux d’une conversation simple et sincère avec Roosevelt.» Hélas ! Le Général aurait été fort surpris s’il avait pu connaître le nom d’au moins un membre de cette «équipe franco-américaine», qui s’efforçait d’empêcher sa rencontre avec le président... C’est que trois jours plus tôt, Adrien Tixier en personne avait rendu visite au secrétaire adjoint Adolf Berle, qui a noté avec une évidente satisfaction les propos de son interlocuteur au sujet d’une rencontre entre de Gaulle et Roosevelt : «Tixier a déclaré que (..) le général de Gaulle avait le sentiment d'être victime d’une injustice, et il débordait d’amertume. Il [Tixier] pensait que lorsque les deux hommes se rencontreraient il y aurait une scène très violente. [___] Le Département d’État, a-t-il demandé, ne pourrait-il tenter une rupture entre le président Roosevelt et le général de Gaulle ? » Bref, Adrien Tixier, pour des raisons de lui seul connues, fait l’impossible pour empêcher toute rencontre entre les deux hommes ! Ce n’est pas la première fois que le représentant du général de Gaulle à Washington fait exactement l’inverse de ce que lui demande le Général- ce n’est pas non plus la dernière...» (p. 185)



François Kersaudy a écrit :
[…] le Général écrit a Tixier le 13 février : «D’une manière générale, je demeure naturellement désireux de me rendre aux États-Unis. Je suis convaincu en particulier que de nouvelles conversations avec le président, ainsi qu’un contact direct avec MM. Cordell Hull et Sumner Welles et avec les hautes autorités militaires américaines, seraient extrêmement utiles. Vous pouvez le dire à M. Sumner Welles en ajoutant, ce qui est vrai, que j’ai été vivement impressionné par les entretiens que j'ai eus a Casablanca avec le président et que je suis personnellement convaincu de leur grande utilité.»
Quoi qu’il ait pu écrire par la suite, le Général considère manifestement à l’époque que sa première entrevue avec le président a été un succès, et que de nouveaux entretiens permettront de dissiper tous les malentendus. Mais les choses ne sont pas aussi simples, et elles sont même singulièrement compliquées par la situation aux États-Unis. D’une part, il y a - encore et toujours - les initiatives du représentant sur place de la France combattante, Adrien Tixier; cet homme fort peu diplomate n’est guère apprécié de ses interlocuteurs américains, mais il n’en continue pas moins à dénigrer auprès d’eux le Général et son entourage... Le 28 décembre 1942, lors d’une conversation avec Sumner Welles, il avait déclaré que «du fait de l’atmosphère qui régnait à Londres, il ne pouvait plus exercer d’influence sur la politique du général de Gaulle»; Welles lui ayant fait observer que «son gouvernement considérait que l’unique objectif à l’heure actuelle devait être l’union de tous les éléments de résistance francaise [.,.] jusqu’à ce que les puissances de l’Axe aient été chassées d’Afrique», et que dans l’intervalle, «toutes les questions politiques devaient être laissées en suspens», Tixier avait répondu qu’«il n’était pas le moins du monde en désaccord avec lui à ce sujet», mais que «c’était le Comité national français de Londres qui s’opposait à cette politique». Ainsi, les vues exprimées par Tixier restent aux antipodes de celles de l’homme qu’il est censé représenter... et ce dernier ne s’en doute toujours pas!»

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Xerxès, in Hérodote,

L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
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Message Publié : 30 Sep 2019 6:59 
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Jean Froissart
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Inscription : 29 Jan 2007 8:51
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Il y a une erreur dans le titre je pense : il faudrait plutôt marquer, ce qui est la réalité de l'époque : Le cas Adrien Tixier au sein la Délégation de la France Libre

Merci au gentil modérateur qui pourrait faire ça :rool: :wink:

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Message Publié : 30 Sep 2019 15:41 
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J'étais justement en train de relire ce "De Gaulle et Roosevelt" sur lequel vous avez attiré mon attention.

Je savais, comme tout le monde, que le duel De Gaulle-Giraud cachait une lutte contre Roosevelt, acharné à éliminer De Gaulle politiquement. Mais ce qui me laisse encore stupéfait est le nombre d'agressions et d'avanies que De Gaulle a dû subir tout au long de la guerre, de la part de Roosevelt. C'est fou !

De Gaulle va réussir à s'en sortir (il affronte tout de même l'homme le plus puissant du monde, tellement indiscutable que Churchill a choisi de le suivre en tout) à mon avis pour trois raisons :

- Il joue avec un coup d'avance sur tout le monde. Robert Murphy, délégué de Roosevelt à Alger, le comprendra avec deux ans de retard. De mémoire :"Nous pensions tous que De Gaulle, comme nous, ne songeait qu'à gagner la guerre. Hors ce général politique avait calculé justement que la guerre était gagnée, et que ce qui comptait était de savoir quel pouvoir s'installerait en France au moment de sa libération. De là le fait qu'il ait réussi à devenir incontournable à ce sujet."
Il ne faudrait pas en déduire que De Gaulle oublie la guerre (ce combattant tenace tient par dessus tout à reconstituer une armée française présente sur les champs de bataille) mais De Gaulle est cet homme qui dit au lendemain de son appel du 18 juin :"En somme la guerre est gagnée. Il ne reste plus qu'à y faire rentrer la France."
(Son regard fixé sur des horizons lointains lui vaudra parfois de manquer se prendre les pieds dans le tapis, à Alger en particulier, mais il est bien entouré et ses conseillers - Catroux, en particulier - sauront lui éviter le pire.)

- Il va trouver, chemin faisant, des interlocuteurs anglais et américains qui "feront tampon" et calmeront les conflits (A Alger, spécialement) notamment en s'opposant à Roosevelt. Un groupe "d'honnêtes courtiers" qui n'hésitent pas à s'opposer à leur dirigeant respectif, simplement parce qu'ils éprouvent une certaine sympathie pour la France Libre (dont la position morale est inattaquable) et se refusent à perpétuer Vichy. Par exemple, celui qui donnera à De Gaulle toute facilité pour assurer le pouvoir en France est Eisenhower, qui vient fin mai 44 dire à De Gaulle à Alger :"Il est choquant que rien ne soit encore signé entre mon gouvernement et le votre. Mais au delà des mots il y a les faits, et je tenais à vous faire savoir que dans les faits je ne reconnaîtrai en France aucune autre autorité que la vôtre."

- Il a pour lui, quasiment en permanence, l'opinion et la presse anglo-saxonnes. A de nombreuses reprises, Roosevelt doit faire marche arrière ou atténuer une décision du fait d'une levée de bouclier des journaux américains. Non pas que l'opinion soit de parti-pris. Simplement Roosevelt ne va cesser de s'appuyer sur les cadres nommés par Vichy, pour contrer De Gaulle, et ceux-ci horrifient les journalistes anglo-saxons par le maintien des lois (antisémites, par exemple) et des pratiques de Vichy. Par contraste, De Gaulle apparait comme un démocrate authentique.

On peut être vraiment choqué de constater que les Français installés aux Etats-Unis ne seront pas un soutien pour lui, mais au contraire un nid de frelons qui passeront leur temps à le calomnier auprès de Roosevelt et de ses ministres. (Mais s'ils amplifient l'hostilité de Roosevelt, ils n'en sont pas à l'origine : dès le départ, Roosevelt a choisi de jouer la carte Pétain - pour son empire et sa marine - au point de lui envoyer un ambassadeur. Sans aucun résultat, mais il s'en tiendra à cette ligne.)

Le plus choquant est évidemment le cas Tixier, nommé par De Gaulle à la tête de la délégation de la France Libre à Washington, et dont vous rappelez ce qu'il faut bien appeler les trahisons.

Mais sur ce sujet, De Gaulle ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Mauvais choix initial, mais qui aurait pu être remis en cause rapidement. Au contraire, De Gaulle s'entête, et on connait son caractère... Il y a dans l'ouvrage de Kersaudy un extrait du dialogue avec Pascal Boegner, venu de Washington pour alerter le général : c'est un dialogue de sourds. "Tixier est un bon français, fidèle et sensé", etc...

Pascal Boegner, qui fait partie de la Délégation, il me semble, est le fils du pasteur Boegner, représentant des protestants en France, et qui fera tant pour les mobiliser dans le sauvetage des Juifs. (C'est lui qui dira, après un entretien indigné avec Laval :"J'ai laissé tombé. Je lui parlais de déportation de familles et il me répondait en parlant de jardinage [des Juifs dans leurs futurs camps de Pologne.]")

Pascal Boegner ne s'en laisse pas compter, et tiens tête à De Gaulle sans se laisser impressionner par le ton impérieux que prend celui-ci. Preuve que De Gaulle aurait pu trouver des hommes capables à la fois de le servir à Washington et de lui tenir tête. (ce qui s'avérera bientôt indispensable à qui veut travailler avec De Gaulle, cet homme est ainsi.) Curieux tout de même que De Gaulle n'ait rien voulu entendre de la part d'un homme aussi respectable, et soutien indiscutable.

Pour moi, plus que Tixier (même si celui-ci passe toutes les bornes) ce qui cloche c'est le manque d'attention que De Gaulle apporte à la situation et au combat d'opinion entre les Français aux USA. Aurait-il passé un peu de temps à se consacrer à "ce front" qu'il aurait sans doute pu nettement améliorer les choses.

Cela me fait penser à la lettre "testamentaire" que Jacques Bingen, un des hommes les plus remarquables que la Résistance ait révélé, adressera à De Gaulle avant de partir pour sa dernière mission en France. (Pris pas la Gestapo, il avalera sa pilule de cyanure) Dans ce document remarquable, Bingen, un de ceux qui osent parler fort au général, lui signale notamment qu'il a tort de considérer comme indifférent le choix entre des hommes moins doués que lui-même ("il y a foule" dit Lacouture) et qu'au contraire un choix patient, méticuleux, étudié, des hommes à qui il donne des responsabilités est indispensable. ("Tous les hommes ne se valent pas.") Tixier fait partie de ces ratages dus à la trop haute taille du général.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 30 Sep 2019 15:53 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 13 Mars 2010 20:44
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Pierma a écrit :
Cela me fait penser à la lettre "testamentaire" que Jacques Bingen, un des hommes les plus remarquables que la Résistance ait révélé, adressera à De Gaulle avant de partir pour sa dernière mission en France. (Pris pas la Gestapo, il avalera sa pilule de cyanure) Dans ce document remarquable, Bingen, un de ceux qui osent parler fort au général, lui signale notamment qu'il a tort de considérer comme indifférent le choix entre des hommes moins doués que lui-même ("il y a foule" dit Lacouture) et qu'au contraire un choix patient, méticuleux, étudié, des hommes à qui il donne des responsabilités est indispensable. ("Tous les hommes ne se valent pas.")


1000 X oui
et l'extrait chez Lacouture qui évoque la tristesse de Bingen est poignant au possible

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il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 30 Sep 2019 22:55 
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Jean Froissart
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Inscription : 29 Jan 2007 8:51
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Merci de vos réponses et éclairages.

j'ai trouvé un N° de Histoires & Mémoires dédié à ce personnage méconnu.

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Voici la présentation : Ici

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Message Publié : 30 Sep 2019 23:02 
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Jean Froissart
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Inscription : 29 Jan 2007 8:51
Message(s) : 1394
Pierma a écrit :
Mais ce qui me laisse encore stupéfait est le nombre d'agressions et d'avanies que De Gaulle a dû subir tout au long de la guerre, de la part de Roosevelt. C'est fou !



Quand j'ai découvert ce livre et la question des rapports De Gaulle/ Roosevelt, j'ai été aussi interloqué que vous, car le peu que j'en savais remontait à mes cours de Terminale et je ne soupçonnais pas qu'il y ait eu autant de problèmes entre ce qui était normalement des Alliés; d'ailleurs on se demande du coup comment la guerre a pu être gagnée, et comment de Gaulle a pu tenir jusqu'au bout, il lui a fallu de la fermeté, de la conviction et de la ténacité...enfin vous voyez ce que je veux dire..

Il faudrait lire une biographie de Roosevelt parallèlement pour maîtriser l'ensemble des données...

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Message Publié : 01 Oct 2019 15:29 
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Oulligator a écrit :
d'ailleurs on se demande du coup comment la guerre a pu être gagnée,

Déjà, non seulement la guerre aurait été gagnée par la simple entente entre Anglais et Américains (même si le concours d'une armée française ne pouvait pas faire de mal) mai il faut revenir à ce qui était une évidence pour les Français dans l'immédiate après-guerre : la guerre a été gagnée dans les plaines russes. Ce sont les Soviétiques qui ont brisé la Wehrmacht. (Pour 8 soldats allemands sur 10 l'expérience de la guerre est celle du front russe.) Au prix de pertes militaires et civiles effroyables, mais ils l'ont fait.

Après les historiens discutent encore pour savoir si l'URSS aurait réussi à se remettre debout sans l'aide matérielle anglo-saxonne, il n'empêche que Churchill - il l'a dit - a vécu 41 et 42 avec deux angoisses permanentes : les sous-marins allemands dans l'Atlantique et la crainte que les Soviétiques s'écroulent.

Citer :
comment de Gaulle a pu tenir jusqu'au bout, il lui a fallu de la fermeté, de la conviction et de la ténacité...enfin vous voyez ce que je veux dire..

De Gaulle c'est une somme de qualités morales et intellectuelles comme on n'en rencontre pas tous les jours... Cela dit toutes ces années sont marquées parfois de moments de violent découragement, ce qu'on peut comprendre.

Il faut dire qu'il avait mis la barre très haut en décidant le 18 juin de représenter, non pas l'armée française combattante, mais bel et bien la France elle-même, ce qui est fou. Militaire capable (il l'a montré sur le terrain) le plus surprenant chez De Gaulle c'est qu'il ait à ce point l'esprit politique.

Gilles Perrault, avocat débutant à l'époque, dit quelle a été sa surprise, au moment de la publication des Mémoires de Guerre, de constater que le moment où De Gaulle avait le plus craint pour le succès de son entreprise n'était pas le début, en juin 40, mais en Algérie en 43. Peu de Français soupçonnaient alors la violence de l'opposition qu'il a eue à affronter à cette période.

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Message Publié : 01 Oct 2019 16:48 
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Jean Mabillon
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Inscription : 16 Jan 2010 19:18
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Les gens d' Alger ne faisaient pas de cadeaux entre Français "retrouvés" En guise d'unité nationale,qui aurait du être de rigueur,ça flinguait sec......et définitif


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