Vézère a écrit :
Narduccio a écrit :
Vous pouvez citer un exemple ? J'ai eu la "chance" de suivre des cours de management. Je ne me souviens pas qu'on m’ait indiqué le nom d'un allemand comme penseur du management. Et dans les exemples de sociétés qui m'ont été fournis, je ne me souviens pas d'une seule société allemande. Mais, ma mémoire … Ah non, même dans mes notes de cours, il n’y a rien là-dessus.
Idem. Mes cours de management sont très, très loin, mais je ne me souviens d'aucune référence allemande. On apprenait Taylor, Ford. Pour la France, on parlait d'Henri Fayolle, de Michel Crozier. On écoutait les conférences d'Octave Mélinié... et beaucoup d'autres. Les modèles étudiés étaient avant tout américains, un peu japonais, jamais allemands.
Quant à la réalité
(car le management est un art tout d'exécution...), je pratique au quotidien le management interlculturel, je suis régulièrement des formations de remise à niveau, et bien le modèle allemand de cogestion serait plutôt un épouvantail, que ce soit pour les entreprises de secteurs ultra-compétitifs-à-la-dure ou au contraire en mode baba-cool
google-like.
J'ai des proches qui se sont tapés récemment l'intégration d'Opel dans PSA, cela les a tout sauf emballés.
Donc une influence allemande sur le management occidental, jusqu'à voir des preuves,
a priori je n'y crois pas. Et une influence nazie, moins encore.
Mais je suis curieux, si ce livre contient des exemples concrets, avec une filiation suivie, je suis preneur.
Pour compléter, voici un pdf qu'on pourrait nommer "une histoire du management pour les nuls" :
https://biblio.helmo.be/opac_css/doc_num.php?explnum_id=4665Alors, une des bases de nos méthodes de management actuelles est bien née durant la SGM ... c'est celle qui se base sur une planification "tous azimuts", et l'exemple-type, c'est la construction des Liberty Ships (cf page 5) :
Citer :
Au début des années 30, l'ensemble du processus de production commence à être contesté. La chaîne favorise la productivité, mais elle n'est pas flexible et, surtout, elle ignore l'homme. On s'en aperçoit au « spleen industriel », une sorte d'abattement qui frappe de plus en plus l'ouvrier. Elton Mayo, psychologue, professeur à Harvard, a mené aux ateliers Hawthome de la Western Electric de Chicago une série d'expériences scientifiques qui l'ont conduit à cette conclusion : le seul fait qu'on s'intéresse à eux redonne aux travailleurs de la motivation. A la logique des coûts et de l'efficacité, il oppose donc la « logique du sentiment ». Le courant des relations humaines prend sa source là ; illustré par Thomas Watson chez IBM, Robert Wood chez Sears Roebuck et quelques autres. En aval viendront les théories de Kurt Lewin, Abraham Maslow, Chris Argyris, Douglas McGregor ... mais Taylor surnage ! Lors du second conflit mondial, quand il faut produire vite matériels, armes et véhicules, c'est encore son système qui triomphe, par exemple avec le Liberty ship. Les Liberty ships, ce sont ces cargos fabriqués à la chaîne à partir de 1942 (un navire toutes le 15 heures) et qui vont assurer notamment la logistique du Débarquement en Normandie. Grâce à eux, l'opération du jour J ne va pas seulement entraîner l'écroulement du Reich, elle va aussi démontrer aux Européens sidérés la supériorité de l'organisation américaine. La victoire de1945 signe le triomphe du management tel qu'on le conçoit outre-Atlantique et le début d'une grande fascination sur notre rive. Les diplômes MBA (Master of business Administration),délivrés aux États-Unis, font rêver les jeunes gens ambitieux. Les patrons à la page se tournent vers le cabinet McKinsey, le née plus ultra des consultants. Et la société de consommation voit le jour, favorisée par les principes d'organisation apparus depuis trente ans. La 4 CV Renault sort des chaînes en 1946, suivie bientôt par la 2 CV Citroën, tandis qu'un Breton de 23 ans commerce à faire du bruit à Landerneau. Il s'appelle Édouard Leclerc, il s'apprête a révolutionner les magasins comme d'autres ont révolutionne les usines.
En France, l’État a pris les choses en main. On administre les entreprises plus qu'on ne les manage. Arrive pourtant d'Amérique une voix neuve : Péter Drucker.
A l'heure de la reconstruction, le leader communiste Maurice Thorez l'a dit à ses militants : «Produire, c'est aujourd'hui la forme la plus élevée du devoir de classe. » La France s'est retroussé les manches. Elle construit des voitures, des aciéries, des barrages ...Et devinez qui se pointe avec sa boîte à outils ? L'increvable Taylor, mort depuis trente ans. Les contremaîtres ont à nouveau un chronomètre en sautoir, un Bureau des temps élémentaires voit le jour, de même qu'un Commissariat à la productivité. Le voyage à la Mecque du management est devenu quasi obligatoire : conformément au plan Marshall d'aide à l'Europe, des 'milliers de patrons s'en vont aux États-Unis pomper un savoir-faire qu'ils rapportent en pièces détachées. Parmi leurs découvertes, le TWI (Training Within Industry), qui apprend aux agents de maîtrise à former les ouvriers : instruction, relations de travail, simplification des tâches, sécurité. Les chefs du personnel - souvent d'anciens militaires – se chargent de tout organiser sur le terrain. Ces «missions de productivité » en Amérique sont aussi, pour les Français, l'occasion de s'immerger dans une culture faite de recherche, de vente, de contrôle de gestion, et que la Cegos enseigne dans des stages interentreprises à l'exemple de ce fait outre-Atlantique l'American Management Association.
Bref, le système de management des Trente glorieuses est bien né à l'armée, mais c'est de l'armée américaine dont on parle et pas de la Reichwehr !