Pierma a écrit :
Quand Henri Laffont, l'épouvantable chef de la Gestapo française (la "Carlingue", donc) apprit que c'était Joanovici qui l'avait donné, il eut ce mot :"C'est bien la première fois que Joano donne quelque chose".
L'homme s'est enrichi dans les mêmes trafics que la Carlingue, et arrosait à toutes mains : ses "associés", les nazis et la résistance.
J'ai oublié sa condamnation, mais il s'en est tiré assez bien.
Pas mieux. Ajoutons également quelques beaux spécimens comme Pierrot le Fou, tueur implacable (et bien d'autres): loin d'être l'antre disciplinée, la gestapo française était aussi affaire de sous-fifres criminels, tueurs en séries, prisonniers qui opéraient de manière officieuse les pires méfaits, du crime au pillage.
Il semble bien que pendant que le français de base était au ticket de rationnement, a la rutabaga, topinambour, gélatine de choses étranges, faux beurre (dont j'ai oublié le nom), saucissons étonnants etc Laffont recevait du monde, arrosait tout le monde, prenait du caviar à la louche. Un mot célèbre de lui assume finalement qu'il a su bien en profiter avec ce caviar et que toutes les bonnes choses ont une fin.
Dans mes souvenirs pas plus de 5-6 ans de prison. Il faut dire que ses relations étaient tentaculaires (moins post 45) et qu'il a su jouer le résistant auprès des tribunaux sans être vraiment contredit. Tout le procès est résumé par Boudard et à la fin même l'auteur trouve que Monsieur Joseph scène sort très très bien, de manière assez inexplicable.
Déclaration de Lafont auprès de Joanovici selon wikipédia et Boudard :
« Après tout, Joseph, tu n'es qu'un sale youpin ! ». Joanovici aurait alors levé sa coupe de champagne et répliqué : « Ça coûte combien pour ne plus l'être, Hauptsturmführer ? »
Donc même un criminel de la pire espèce comme Lafont a faire fi de la judaïté de Joanovici.Il faut bien dire que Joanovici avec ses r qui roulent, sa démarche trapue et ses origines roumaine / russe ne levait guère de soupçons chez le quidam de la Carlingue je pense.
Cela amène à deux suppositions : 1) Joanovici était précieux 2) Lafont l'aimait bien (et là on rapporte aussi qu'ils fumaient de gros cigares ensemble etc... Cela sort du ferrailleur couteau-suisse uniquement utilitaire).