Le fichier des Juifs de la préfecture de policeUne étude d’ensemble :
https://www.persee.fr/doc/gazar_0016-5522_1997_num_177_1_3475Le fichier de la préfecture de police de Paris a été créé sous l’autorité d’André Tulard sur la base des recensements ordonnés par les autorités allemandes ainsi que par le gouvernement de Vichy. Il n’est pas extrait d’un « fichier des résidents ».
Dans la discussion
Comment 75 % des Juifs de France ont échappé à la mort, il est relevé que certains documents administratifs mentionnent la religion et l’on donne en exemple une fiche de l’Ecole Polytechnique datant de 1878 indiquant qu’Alfred Dreyfus était Israëlite. L’Ecole Polytechnique n’est absolument pas représentative et la fiche en question est antérieure à la loi de 1905. Il est néanmoins possible qu’il ait été demandé aux militaires lors de leur incorporation de faire connaître leur religion dans le but de leur faciliter les services des aumôneries. En temps de guerre, il était important d’apporter, dans la mesure du possible, les secours de leur religion aux soldats qui risquaient leur vie. Quelles collections de données personnelles susceptibles d’indiquer la religion des individus pouvaient bien exister en 1940 ? Je n’en vois pas en dehors, peut-être, des dossiers militaires.
Pour la plupart, les Juifs sont allés se déclarer eux-mêmes. Avant la fin de l’année 1940, 150 000 juifs avaient pu être recensés, principalement à la suite des convocations auxquelles les intéressés avaient répondu spontanément.
Ce fichier a été détruit sur instruction ministérielle en 1948 et 1949. Ce qu’a découvert Serge Klarsfeld n’est qu’un fichier des personnes poursuivies ou arrêtées.
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Etonnant cette révérence envers l'Etat en France, qui peut revêtir parfois l'aspect d'une docilité impensable dans d'autres pays.
Dans
Si c’est un homme Primo Levi observe que, dans la République de Salo, des Juifs s’étaient fait recensés spontanément, simplement par discipline. Ils avaient pourtant beaucoup plus de raisons de se méfier que les Parisiens n’avaient à se méfier du gouvernement de Vichy en 1940. La première arrestation massive, la rafle du billet vert, n’a eu lieu qu’en mai 1941. Jusqu’alors, les Juifs ne pouvaient s’attendre au sort qui les attendait. Les réfugiés étrangers, allemands, autrichiens ou encore polonais pouvaient s’inquiéter mais non les citoyens français. Le premier train de déportation n’est pas parti qu’en juin 1942.
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Autre question: combien de "rafles" y a-t-il eu au total? Quelle était la raison ? (Y avait-il un plan d'envoyer à terme tous les juifs vers le Reich?). Quelle fréquence (tous les 6 mois, tous les ans)? Pourquoi le 11e fut-il le premier arrondissement frappé? Avant et entre les rafles, les arrestations étaient-elles effectuées tout au long de l'année en continu?
Le 11e était simplement l’arrondissement où résidaient le plus de Juifs.
Ces questions sont traitée en détail dans les ouvrages de Serge Klarsfeld
La Shoah en France, le calendrier des déportations (septembre 1942-août 1944) et
Vichy-Auschwitz : le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France.
Les rafles massives ont été peu nombreuses. L’effet de surprise a joué pour les premières. Ensuite leur efficacité était moindre. Le régime de Vichy était d’un côté sous la pression de l’occupant mais de l’autre cherchait à ne pas provoquer l’hostilité de la population. Des arrestations individuelles ont eu lieu en continu et de manière croissante surtout après la constitution de la Milice.
L’objectif du Reich était d’exterminer les Juifs en totalité sur tous les territoires placés sous sa domination. Le gouvernement de Vichy a cherché à composer. Il a notamment privilégié les citoyens français au détriment des étrangers. Dans les derniers temps, il ne contrôlait plus rien. Tout Juif interpellé par la police allemande ou la Milice était arrêté et déporté.