Lord Foxhole a écrit :
Kershaw affirme que Hitler et ses généraux étaient parfaitement conscients de la puissance industrielle des États-Unis, et craignaient fort de les voir intervenir dans leur brouille avec la Grande-Bretagne. Ce qui explique l'empressement à vouloir absolument trouver une « solution » : amener le plus vite possible les Britanniques à la table des négociations... Avant que les USA n'aient l'occasion de s'en mêler.
[...] Un choix stratégique qui, finalement, reposait sur une certaine logique : en liquidant l'URSS, on pouvait également régler l'affaire avec la Grande-Bretagne. Donc, on fait d'une pierre deux coups...
D'autant plus tentant que les Allemands paraissaient alors très optimistes, et misaient sur une opération liquidée en cinq mois (on attaque en mai, et on espère que tout se termine en octobre au plus tard).
"Logique" un peu dingo quand même : ce n'est pas sur l'Union soviétique que comptait la Grande-Bretagne, mais sur les Etats-Unis.
Même si l'Union soviétique avait été vaincue, remettre en état ses mines et ses champs de pétrole aurait pris du temps. Et il aurait fallu des forces d'occupation importantes. Il est douteux que la position de l'Allemagne face aux Anglo-Américains en aurait été plus forte que si elle n'avait pas attaqué l'Union soviétique. Et y avait aussi, naturellement, la possibilité que la victoire ne soit pas au rendez-vous... A la vérité, liquider l'Union soviétique pour avoir la paix avec l'Angleterre, ou pour être fort face aux Anglo-Américains, c'était le discours manifeste de Hitler. Mais il y avait aussi, dans sa motivation profonde, sa passion pour le
Lebensraum de l'Est.
Si Hitler avait été plus prudent, il aurait dû :
. Ne pas engager la Bataille d'Angleterre.
. Faire des propositions de paix sérieuses à l'Angleterre (comprenant une proposition d'évacuation des côtes de France, de Belgique et des Pays-Bas).
Soit l'Angleterre aurait fait la paix tout de suite.
Soit il y avait des chances pour qu'elle se lasse de la guerre et fasse la paix plus tard.
Ayant la paix avec l'Angleterre (et donc les Etats-Unis), H. aurait pu attaquer l'Union Soviétique.
S'il avait été prudent, il aurait pu traiter correctement les soldats prisonniers et les populations. Vu comment Staline traitait ses soldats et ses populations, ça n'était pas si difficile de faire beaucoup mieux...
Victorieux, il aurait pu se mettre à massacrer, puisque c'était une de ses grandes passions.
Pas victorieux, il aurait pu faire combattre pour lui les prisonniers, les populations, et chercher à vaincre. Puis il aurait massacré puisque...
Ou bien il aurait pu chercher une paix de compromis. Par exemple, Ukraine et Biélorussie indépendantes mais s'appuyant sur l'Allemagne pour éviter le retour des Soviets, et occupation des champs de pétrole de la Caspienne. La Crimée comme Côte d'Azur.
Mais Hitler n'était pas prudent et répondait à l'incertitude par la radicalisation. Et il a fini par avoir une guerre contre le monde entier ou à peu près.
Mais je me rends compte qu'on est là pas mal sorti du sujet titre...