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Il y a quelque chose que je n'arrive pas à saisir dans les conclusions de l'article de Monsieur Kerjean : pourquoi diantre Canaris aurait-il, tout en neutralisant la résistance anti-hitlérienne, laissé ladite résistance au sein de l'armée continuer à être active en plein conflit ?
Si l'on poursuis son raisonnement, on pourrait envisager qu'il n'avait pas repéré toutes les ramifications de la résistance, ou alors qu'il voulait assurer sa couverture... même si personnellement, je ne crois pas à ces hypothèses.
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Avant d'être irrigué par les travaux d'Eric Kerjean, mon cerveau se refusait à accorder foi à la chose au nom d'une exigence historique de base : de tout événement on doit pouvoir dater le début. Pour Stauffenberg par exemple, sa dissidence remonte à 1943, et plutôt en fin d'année. Et Canaris ? Peut-être si on en avait dit autant je ne me serais jamais méfié. Mais on la fait communément remonter à 1938, et là, non, je n'ai jamais pu marcher (enfin, depuis une vingtaine d'années que j'étudie le nazisme un peu sérieusement) : un pays aussi divisé ne fait pas mai-juin 40, impossible ! Soit Canaris, comme "tout le monde", est pris de doutes en 43, soit un pays dont le chef des renseignements militaires était un traître n'aurait jamais pu faire la guerre ou, la faisant, aller bien loin.
Et pourtant, il y eut bien des gens pour prévenir les pays occidentaux de l'offensive du 10 mai 1940.
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Au fait, savez-vous qu'il est devenu voisin de pavillon de Heydrich vers 1937, après avoir habité en appartement dans la même rue ? Une révélation des mémoires de Lina Heydrich en 1976, fâcheusement inaperçue de l'historien moyen (dont moi, avant que je lise Kerjean au printemps dernier).
André Brissaud l'avait déjà signalé. Canaris et Heydrich se connaissaient fort bien, étant du même milieu (les officiers de marine), et l'un ayant commandé le second (lors de son passage comme premier officier sur le croiseur-école
Berlin, entre 1919 et 1921). En janvier 1935, la famille de Canaris s'est installée dans le quartier de Dahlem, où vivaient déjà Heydrich et Himmler. Par la suite, au printemps 1936, Canaris déménage à Zehlendorf, bientôt rejoint par Heydrich. On trouve aussi dans ce quartier, selon Brissaud, des gens comme Gisevius, le colonel Oster ou encore Walter Schellenberg.
Autrement dit, Canaris et Heydrich vivent dans les quartiers où vivent une partie de la
nomenklatura du Troisième Reich. Cela n'en fait pas des amis très proches.