Citer :
Mais, petit à petit, ils arrivent à faire en sorte qu'on trouve normal que les juifs soient expulsés de la vie politiquer, sociale, économique, .... allemande.
Complètement d'accord avec cette fine analyse . Rendre tout le monde complice, attendre que les gens se soient habitués à la marginalisation des juifs (la fameuse théorie de la grenouille plongée subitement dans l'eau chaude/la grenouille dans une eau chauffée peu à peu), plus la mise à profit des circonstances favorables de la guerre (les gens avaient d'autres chats à fouetter que de se préoccuper du sort des juifs, et puis l'on pouvait dire que la guerre empêchait toute solution basée sur un départ massif des juifs d'Allemagne, les transports étant devenus impossibles).
L'intention était là depuis le départ, mais il fallait du temps pour mettre au point les méthodes et technologies, les tester sur les malades euthanasiés, préparer patiemment les allemands à intégrer comme allant de soi la non-humanité des juifs, les isoler complètement du reste de la nation, et rendre ainsi leur élimination acceptable, sans importance sinon souhaitable etc.)
Je pense à la phrase prononcée par le jeune homme à tout faire (et souffre-douleur) de l'institution religieuse où se déroule le film de Louis Malle "Au revoir les enfants". Les bons pères cachaient des enfants juifs, il les a dénoncés, et les Allemands fouillent tout le collège , les arrêtent ainsi que les dirigeants du collège. Le jeune héros du film, en fait Louis Malle enfant, était ami avec un enfant juif, et ami aussi avec le dénonciateur.
A la fin du film, alors que les enfants sont emmenés par les soldats allemands, le héros regarde son "ami" dénonciateur avec horreur et recule devant lui comme s'il était un pestiféré. Celui-ci, gêné, lui dit: "Ben quoi, c'est que des juifs!".
Créer cette attitude, cette réaction d'indifférence ennuyée, cette insensibilité totale aux atrocités antijuives, ça prend du temps, même si le terrain était déjà préparé de longue date.