Mes chers compagnons,

Pour des soucis évidents de clarté historique on a souvent opposé le général de Gaulle et le maréchal Pétain, du fait de leur rôle pendant la deuxième guerre mondiale. En effet, le premier a été le symbole de la résistance active à Londres, le second celui de la collaboration avec l'occupant allemand.
Pourtant, pendant l'entre-deux-guerre ces deux hommes se connaissaient et avaient l'un pour l'autre une grande affection.
A la fin de la première guerre mondiale, le vainqueur de Verdun connu un jeune capitaine, qui prisonnier en Allemagne, voulait révolutionner l' Art de la guerre. Le maréchal prit cet officier sous sa protection et il lui permis d' enseigner à l' école de guerre.
Au départ, le style de de Gaulle - légèrement "cassant" - n'avait pas l' accord de l' état-major enseignant. Un jour, Pétain, dut même venir en personne pour que de Gaulle puisse faire son cours...
En effet, rares étaient ceux qui suivaient les théories de la "nouvelle stratégie" du futur général : il préconisait la création de divisions cuirassés, composées d'infanterie, d'unités d'aviation et de blindés. Il fallait coordonner les trois forces afin de percer les lignes ennemies et faciliter, ensuite, l'avancée d'autres troupes plus "régulières".
Mais, dans son écrasante majorité, l'Etat Major français privilégiait l'action séparées de ces unités. On ne croyait pas en la stratégie de de Gaulle et on le faisait passer pour un original loufoque...
Sur le plan personnel, les deux hommes s'appréciaient profondément et l'on dit qu'à la naissance du premier fils de de Gaulle, celui-ci choisit le prénom de Philippe en l'honneur du maréchal. De plus, de Gaulle théorisa ses pensées ( Vers l'armée de métier, Au fil de l'épée... ) et à chaque reprise, en préface, de Gaulle remerciait le maréchal pour ses conseils et son aide. Certaines préfaces ou chapitres ont même été rédigés par Pétain.
Alors pourquoi la rupture ? Tout simplement, car les deux hommes se sont brouillés en 1936, quand Au fil de l'épée est paru et que Pétain a trouvé que la dédicace à son égard était un peu courte et pas assez "vibrante". Les deux hommes entraient donc dans un froid qui dura jusqu'en 1945...
Biensûr la politique internationale n'a pas arrangé cela : de Gaulle ( alors sous-secrétaire d'Etat dans le gouvernement Reynaud ) prit la tête de ceux qui refusaient la capitulation ( une infime minorité...) et Pétain, encore auréolé par Verdun et l'année 1917, voulu rester avec le peuple français et partager ses souffrances.
Mais une chose est certaine, les deux hommes s'apprécaient encore même pendant la guerre et même si de Gaulle a été condamné à mort par Vichy ( décision politique pour éviter la désobéissance ), de Gaulle l'a compris bien et grâcia Pétain en octobre 1945 ( il était alors chef du gouvernement provisoire ) et atténua son rôle pendant cette triste époque - en mettant beaucoup de mauvais actes réalisés par Vichy sur la responsabilité Pierre Laval ( président du Conseil ) - dans ses Mémoires de guerre.
En effet, il parla d'un Pétain à moitié sénile, ne possédant plus toute sa faculté de réflexion et en laissant sous-entendre sa tristesse à son égard quand il parle du "naufrage de l'âge"...
L'Histoire des Hommes n'est donc pas si simple qu'elle peut paraître et souvent elle est beaucoup plus compliquée.
Que pensez-vous qu'il fut advenu, si la guerre n'avait pas éclaté, entre les deux hommes ? Est-ce que cette opposition politique pendant la guerre ( ce que les Américains ont longtemps repproché aux Français : quoiqu'il arrive il y avait un "représantant" chez chaque vainqueur potentiel de la guerre) ne cachait-elle pas encore une certaine "amitié" entre les deux hommes, qu'en pensez-vous ?

duc de Raguse.
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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Si je me souviens bien, il y a aussi une histoire de livre (une histoire de l'armée française) écrit par De Gaulle et que Pétain voulait signer de son nom, qui a contribué à ce que les relations se dégradent.

Tout à fait Florian, la brouille a lieu car de Gaulle n'avait pas été assez "reconnaissant" vis-à-vis de son ainé...

duc de Raguse.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Je ne crois pas à la théorie qui fut défendue pendant le procès de Pétain par les collabos, qui dit que Pétain était sénile. Justement pendant son procès Pétain se montre énergique et tout à fait d'applomb, au début du procès il commence par faire une déclaration, il se lève d'un coup, droit comme un "I" sur un ton énergique il parle, sa voix porte bien, il annonce que ce sera sa seule déclaration pendant le procès, et qu'à partir de ce moment il gardera le silence. Le procès se poursuit, Pétain reste digne, assit bien droit, il n'est pas du tout avachit, il ne tiendra pas sa promesse à plusieurs reprises lorsque les témoignages ne lui conviennent pas, il répond avec véhémence, ce qui veut dire qu'il suit avec attention le déroulement du procès, et qu'il a toute sa tête.

Pour avoir déjà vécu avec des personne agées séniles, je peux vous dire que Pétain lors du procès est très alerte, et qu'il ne montre aucun signe de sénélité. De Gaulle essaye certainement de décharger Pétain en reportant toute la responsabilité de la collaboration sur Laval, en souvenir de la vielle amitié que De Gaulle avait pour Pétain, et c'est pour la même raison qu'il gracie Pétain.

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Le sage n'affirme rien qu'il ne puisse prouver. proverbe latin

Juste, mais je n'ai pas dit que c'était les "collabos" qui avaient assuré ce système de défense, mais de Gaulle qui cherchait à minimiser...

duc de Raguse.

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Alphonse de Lamartine

Duc de Raguse je parlais du procès, et pendant celui-ci ce sont les collabos de Vichy témoin de la défense qui défendront la théorie de la sénélité du maréchal.

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Le sage n'affirme rien qu'il ne puisse prouver. proverbe latin

Le livre qui les oppose est "La France et son armée". C'est une commande de Pétain à de Gaulle en vue de son entrée à l'Académie française. Mais de Gaulle publie finalement l'ouvrage sous son nom. Ce fut un sujet discorde entre les deux hommes au début des années 30.

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"The soul's joy lies in doing" Shelley

le 17 aout 1944 Renthe Finck annonce a Petain que le gouvernement allemand lui donne l'autorisation de transferer sa residence en zone nord en raison des risque d'encerclement de Vichy et donc de rester en relation avec le gouvernement deja a Paris. Petain accepte de partir pour Paris mais vu l'avancee alliee on lui parle de Nancy ce qu'il refuse. Le 19 Renthe Finck lui apprend que Laval est a Belfort ce que le marechal refuse de croire. Les allemands devant cette opposition menacent de bombarder Vichy. Petain cede mais cette scene a l'hotel du parc s'est passee devant des temoins dont Petain avait pris soin de s'entourer. Temoins auquels il laissera ce message a l'attention des farncais mais plus particulierement de De Gaulle : "ceux qui vous tiendront un langage propre a vous conduire vers la reconciliation, ceux la sont des chefs francais.Ils continuent mon oeuvre, soyez a leurs cotes.". Cette petite mise en scene, cette facon de se presenter comme prisonnier des allemands montre bien la totale lucidite de Petain. Absolument aucune trace de senilite de la part d'un homme qui veut se proteger des actes qu'il a accompli ayant compris que la victoire avait change de camp et que l'heure des reglements approchait.

Ce qui prouve bien que malgré la fin de la guerre ( et toutes les passions qui se sont déchainées ), de Gaulle sauve son ancien "maître", le "poulain" se souvient du guide de ses premiers pas...

duc de Raguse.

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Alphonse de Lamartine

pour ses 90 ans Petain a ete accueilli par des crachats et des pierres. Cela se passait a Pontarlier dans le train venant de Vallorbe vers Paris. Petain avait en vain demande a Sigmaringen a Hitler de lui permettre de rentrer en France pour "defendre son honneur".Reibeck et Tangstein seront moins regardants et au lieu d'amaner comme prevu Petain en Baviere, lui permettront d'attendre son visa en Suisse, qu'il obtiendra le 22 avril 45. A piene la frontiere franchie a Sainte Marguerite, le gouvernement francais demande son extradition.De Gaulle fait savoir secretement qu'il ne le souhaite pas, que Petain finisse ses jours en Suisse! L'extradition accordee Petain se rend a Vallorbe ou l'attend le general Koenig qui refusera de le saluer..Ce brave Petain mis quelques temps a comprendre qu'il etait prisonnier...

Il me semble que les deux hommes s'opposaient en beaucoup de choses, parce qu'ils étaient fondamentalement différents.

Philippe Pétain est un homme du XIXème siècle ; il finit sa carrière (colonel du régiment d'infanterie de Lille) lorsque le lieutenant Charles De Gaulle, frais émoulu de Saint-Cyr, y est nommé lieutenant. La grande chance de Pétain, c'est la guerre, en août 14 : elle viendra donner un nouvel élan à sa carrière militaire, et le fera entrer dans l'histoire comme le vainqueur de Verdun. Pourquoi ne s'est-il pas arrêté là ?

De Gaulle, lui, regarde en avant. Il sait que la guerre à venir sera différente. Il en fera l'expérience, notamment devant le fort de Vaux où il sera blessé et fait prisonnier. après la guerre de 14, Pétain et son "école militaire" se croira encore à Verdun (qu'est ce que la ligne Maginot, si ce n'est une énorme tranchée couverte) tandis que De Gaulle, qui a vu les chars du colonel Estienne, se mettra en croisade pour le "moteur combattant".

Et puis De Gaulle est un vrai homme de lettres, un vrai écrivain. Pétain, lui, n'a pas dépassé le niveau de culture d'un instituteur. Il veut "des phrases simples : un sujet, un verbe et un complément ; le moins d'adjectifs possibles "

Et enfin, une divergeance d'opinions politiques est sous-jacente à leur querelle : une fois Pétain auréolé de gloire, il apparaît qu'il n'est pas un républicain convaincu (s'il a jamais été républicain...) tandis que de Gaulle a depuis longtemps pris ses distances avec les idées maurassiennes de son père : il tient la république pour durablement -définitivement- établie, et n'y voit pas d'inconvénient.

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Sujets lorrains :
===> Bibliothèque lorraine
et aussi : Histoire lorraine sur Facebook

Certains on cru mais je crois que cela tombe en désuitude que de Gaulle fut l'épée et Pétain le bouclier!

L'objet de la brouille entre de Gaulle et Pétain fut bien l'ouvrage La France et son armée et Philippe de Gaulle n'avait pas Pétain pour parrain, mais il est juste que son prénom troubla l'entourage des deux hommes...
Il n'empêche que sans cette brouille bien des choses auraient été différentes, ou bien tout simplement elle aurait eu lieu le 17 juin 1940, qui sait ?

duc de Raguse.

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Alphonse de Lamartine

Crillon
Citation:
De Gaulle, lui, regarde en avant. Il sait que la guerre à venir sera différente. Il en fera l'expérience, notamment devant le fort de Vaux où il sera blessé et fait prisonnier

Petite rectification: le capitaine De Gaulle n'a pas été fait prisonnier mais s'est rendu le 2 mars 1916 après que la 10ème compagnie qu'il dirigeait(du 3ème bataillon de la 33ème division pour les obsessionnels des wargames...) ait été attaqué par des sections d'assaut allemandes.
Il venait juste la veille de prendre possession des ruines du village de Douaumont. Le drapeau blanc a été hissé à l'issue de la première attaque allemande.
Quant à sa blessure c'est un grand débat qui ne présente en fait pas de véritable interêt...
Par ailleurs concernant les liens qui l'unissait à Pétain, outre les dédicaces et les querelles d'écrivains il faut rappeller que le Maréchal était le filleul de son fils (qui s'appellait Philippe également en effet)

Roy-Henry
Pétain n'a jamais été le parrain de Philippe de Gaulle: c'est de l'intox pure et simple! C'est tout juste si l'on peut dire que de Gaulle a prénommé ainsi son fils en l'honneur du maréchal...

lamy
Ah et c'est qui alors le parrain de Philippe De Gaulle ?
Je crois que vous vous trompez, je crois aussi que la brouille entre les deux hommes (qui étaient assez intimes jusque-la malgré leur différence d'age) est survenue avant la guerre, lorsque de Gaulle a publié un ouvrage reprenant pas mal d'idées de Pétain sous son seul nom, et sans l'en avoir averti...

Roy-Henry
Mon cher Lamy,
Le parrain de Philippe de Gaulle est son oncle Xavier de Gaulle !
Il est des bobards d'extrême-droite comme ceux de l'extrême-gauche: ils sont méprisables !
Note: baptême le 8 janvier 1922, en l'église Saint-François-Xavier, à Paris. Source: Philippe de Gaulle, Mémoires accessoires, tome 1: 1921-1946, p.82.

duc de Raguse
Je vais me "mettre" entre vous deux...
Il est clair que, jamais, Pétain n'a été le parrain de Philippe de Gaulle, mais à l'époque certains ont dit que ce n'était pas pour rien ce prénom avait été choisis.
N'oublions pas que De Gaulle, à l'école de guerre, fut "installé" par Pétain, qui croyait en lui. ( un des seuls...)
Quant à la brouille, Lamy, ce n'est pas tout à fait cela. C'était bien les idées de de Gaulle dans Le fil de l'épée, mais comme dans d'autres ouvrages, le maréchal l'aidait et il y avait toujours des dédicaces pompeuses du général pour son protecteur. Dans ce dernier, la dédidace était plus terne, moins limpide, ce qui offusqua le maréchal.
Car, au niveau de l'art de la guerre, je doute que Pétain était plus calé que De Gaulle !
Mais, dans les années 1920, il était un des seuls à le suivre, sans tout comprendre parfois ( n'oublions pas que Pétain allait être mis à la retraite en 1914 avec le grade de colonel, qu'il n'avait obtenu... qu'à l'ancienneté )

Crillon
Mea culpa ou pan sur le bec comme vous préférez… de bonne foi j’évoquais, après l’épisode de Douaumont de 1916, le baptême du fils de De Gaulle me basant sur une revue assez ancienne (que j’essaie de retrouver péniblement…) mais il apparait en effet que ce soit de l’intox pure et simple.
Par contre je suis tombe par hasard sur un article reprenant l’historique de la brouille… avec les differentes lettres envoyées par Pétain à De Gaulle (dont seule la première est manuscrite : il semble qu’après l’entourage de Pétain ait rajouté de l’huile sur le feu…), lui demandant d’inclure la fameuse dédicace dans «La France et son armée « (sincèrement je ne pense pas qu’il s’agisse du « fil de L’épée » mais bon…).
A la base , en 1922, Pétain désire écrire un livre (« Le Soldat ») et demande a ses officiers d’y travailler…finalement De Gaulle rédige le manuscrit qui une fois fini n’est cependant pas édité. Les années passent, De Gaulle insiste pour le faire paraitre et le ton monte. En 1938 finalement c’est la crise ouverte et De Gaulle sort « La France et son armée » où il inclut plusieurs chapitre du « Soldat » avec la fameuse dédicace
« A Mr le maréchal Petain qui a bien voulu au cours des années 1925-1927 m’aider de ses conseils pour la préparation des chapitres II et V de ce volume, j’adresse l’hommage de ma reconnaissance »
Après il y a eu des échanges épistolaires assez nombreux ou manifestement De Gaulle accepte l’essentiel des demandes de Pétain (il accepte également de supprimer « l’hommage de ma reconnaissance » qui dérangeait manifestement le maréchal…).

duc de Raguse
Tout à fait Crillon, je me suis trompé d'ouvrage , je ne l'avais pourtant pas fait au début du sujet.
Vous renotez bien l'étrange brouille entre les deux hommes.
Merci pour ces précisions, car je n'avais plus les références d'où je l'avais lu...

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Oncques ne rebrousse

Philippe De Gaulle vient de sortir un livre comme vous le savez ("De Gaulle, mon père"). Interviewé sur le fait de savoir si oui ou non il était le filleul de Pétain il a répété une fois de plus que non... Le bruit aurait été lancé en 40...