Dédé a écrit :
Nous, dans nos métiers, on nous pose un problème qui est un VRAI problème, et on doit le résoudre. Dans la recherche universitaire, le champ est plus ouvert.
Attention, vous tendez à mettre sur le même plan la recherche pure et la science appliquée !
En recherche pure (universitaire ou non, de sciences exactes ou humaines) le champ est plus "ouvert" en effet, mais ce n'est pas parce que les chercheurs s'amusent à chercher de FAUX problèmes ainsi que le laisserait entendre votre phrase ! Le chercheur - quel que soit le type de science - s'efforce surtout de résoudre un problème qui soit NOUVEAU, histoire de proposer une nouvelle connaissance exploitable ensuite par les autres professionnels.
dans "vos" métiers - qui sont de recherche appliquée si je ne m'abuse ? - les problèmes posés sont souvent des problèmes déjà abordés ailleurs de façon théorique, mais à traiter dans un cas précis d'application concrète et matérielle. Exemple : je suis dans les transports, ma VRAIE problématique est de savoir comment relier le point A au point B au meilleur coût économique et contraintes techniques adaptées (je ferais simple en me contentant de ces deux obligations problématiques). C'est là un VRAI problème dans le sens où il est appliqué à une réalité INEDITE de notre monde contemporain : la géographie des lieux à relier, les matériaux disponibles, les contraintes du marché ; mais qui utilise les réponses apportées par d'autres chercheurs ayant soulevé d'autres VRAIES problématiques (NOUVELLES en leur temps) de physique (résistance des matériaux par exemple), de chimie ou d'économie, sans lesquelles les réponses proposées risqueraient d'être non pertinentes.
En sciences humaines, on retrouve la même chose : pour un chercheur, poser une VRAIE problématique revient à trouver l'angle d'analyse NOUVEAU qui permît d'accroître la connaissance du passé et l'offrir ainsi à d'autres qui l'utiliseront dans leurs professions respectives.
Dans le cadre d'un master, souvent, l'étudiant est invité à appliquer la problématique qui a fait la notoriété de son maître à un cas particulier. Il le fait de manière à confirmer la thèse générale ; mais tout en identifiant les différences locales qui apporteront sur ce point une connaissance NOUVELLE. Il fait, à ce titre, l'équivalent d'une recherche appliquée.
Evidemment, pour un étudiant en formation, la question ne se pose pas encore en ces termes car il n'est pas "chercheur"; il apprend son métier et la problématique de la dissertation peut être considérée comme artificielle, fausse ou inutile parce qu'elle a déjà été soulevée et résolue par un historien. L'exercice n'en est pas moins essentiel puisqu'il vise à apprendre à s'interroger sur un sujet de manière à le rendre productif ou utile. Toute la différence entre une composition (récitation ordonnée de connaissances acquises) et la dissertation (démonstration d'une thèse à l'appui de connaissances acquises) se nourrit de cette capacité de l'étudiant à appliquer une science plutôt que d'étaler sa culture !
En bref, pour moi, il n'y a pas de VRAIE et de FAUSSE problématique à opposer selon les métiers ou disciplines. Il y a une capacité à se poser de bonnes questions et à user de son esprit critique ou, au contraire, à se contenter de réciter ses connaissances. La créativité, l'imagination, le sens critique ne sont pas le propre d'une science, d'un métier ou d'une discipline plutôt que d'une autre: elles sont les outils que les hommes savent ou non utiliser.
Le problème de Rolemodel, ici, a déjà été identifié : il ne fait pas encore bien la distinction entre "sujet" d'une étude et "problématique" à lui appliquer. C'est la raison pour laquelle il reconnaît lui même ses difficultés à "trouver des problématiques".
Ce qu'il faut, d'abord, c'est donc définir le sujet (ou événement) à traiter : les deux guerres, la guerre froide, la crise économique ayant été écartés, la guerre de Vietnam est envisagée.
POurquoi pas ? C'est là un sujet qui a son intérêt.
La question est maintenant de savoir pourquoi cet événement est "intéressant" ? Si c'est uniquement par défaut, parce que tous les autres événements ont été écartés, c'est que Rolemodel ne se pose pas de question sur cette guerre ! Il y a pourtant moyen de s'interroger... sur ses conséquences ? POurquoi pas : le sujet est alors affiné. Il ne s'agit plus de traiter de la guerre elle-même mais de ses effets. Partant de ce nouvel énoncé, la problématique peut porter par exemple sur le coût humain et financier : a-t-il amené les USA à changer ses stratégies internationales ? Jusqu'à quand ? l'Irak 2003 est-il une répétition du modèle vietnamien ?
le déficit budgétaire US et ses effets sur le système monétaire international fait-t-il du Vietnam la cause première de la "crise économique" des années 1970 ?
J'arrête là, les problématiques possibles sont multiples... dès lors qu'on a défini son sujet et ses limites. C'est la première tâche à laquelle Rolemodel doit s'atteler.
cordialement