Aigle a écrit :
En effet qu'est ce que le rocardisme ? un mélange curieux d'utopisme (l'auto gestion du PSU des années 1960, le RMI, etc ...) et de pragmatisme le tout fondé sur des discours intellectuellement ambitieux (les mauvaises langues diraient fumeux) et une stratégie politique peu lisible (pourquoi entrer au PS si c'est pour s'opposer à tout ce propose la majorité du parti ? pourquoi démissionner en 1985 pour devenir PM en 1988 ?) et peu réaliste (comptant en fait sur l'aura personnelle pour compenser la faiblesse de son poids dans l'appareil, bref jouant l'électeur contre le militant).
J'ajouterais que le rocardisme, c'est la mise en avant d'un socialisme moderne contre l'archaïsme mitterrandien (Discours postérieur aux élections législatives de 1978). Ses ambitions auto-gestionnaires lui ont aliéné le soutien des cadres modérés du parti, mais son discours sur l'économie mixte (contre la politique mitterrandienne des nationalisations) avait l'avantage de permettre une forme d'ouverture à droite du parti.
Aigle a écrit :
Or qu'est ce que le PS ? c'est d'abord un parti de "petits intellectuels" (les "grands" allant vers le PCF ou vers l'extreme gauche). C'est ensuite un parti de fonctionnaires moyens (enseignants en masse). Bref des gens qui ont du mal à se sentir compris par le grand bourgeois protestant inspecteur des finances et qui se sentent vite méprisés quand on ne sait pas leur parler.
Aigle a écrit :
Un homme aurait pu aider Rocard : Mauroy qui était impregné de la culture PS et aurait pu aider Rocard à la comprendre et à s'y intégrer. En le nommant à Matignon Mitterrand l'a habilement neutralisé.
Vous me permettrez de trouver ce propos (mis en gras) très discutable, Aigle.
L'échec de Mauroy est surtout à imputer à l'action de Pierre Mauroy : le mensonge de Metz en 1978 (qui fait croire à Rocard que Mitterrand perd un allié de poids, lequel révèle son double-jeu et revient dans le giron natal), la fédération des tendances socialistes en 1981 (isolant Rocard). D'ailleurs, le stratagème empêche l'ascension politique de Rocard mais oblige à des concessions futures : l'entrée des socialistes rocardiens dans le gouvernement de Mauroy, l'introduction des idées rocardiennes dans les lois de nationalisations, etc.
Aigle a écrit :
Conclusion toute personnelle que je soumets à votre sagacité critique : Rocard était un corps profondément étranger au PS et n'a rien fait pour se "naturaliser". Ce que Mitterrand avait très bien compris.
Oui pour l'échec de Rocard à se faire naturaliser par le PS, la métaphore est bien trouvée, mais la raison est, à mon avis, plus à trouver dans l'union des cadres contre Rocard (et pour Mitterrand) que dans le rejet de Rocard par la base militante du parti socialiste.